Les firmes qui participent au génocide en cours à Gaza pourront faire tranquillement leur marché au salon de la sûreté et de la sécurité intérieure Milipol, qui doit se tenir du 18 au 21 novembre, à Villepinte, en Seine-Saint-Denis. Ainsi en a décidé Emmanuel Macron, jeudi 13 novembre.
Dans une communication alambiquée, l’Élysée a indiqué que « dans le contexte de la guerre à Gaza, la doctrine relative à la participation des entreprises israéliennes aux salons spécialisés dans les domaines de La Défense et de la sécurité reste valable ». Sous-entendues, des interdictions d’accès sont possibles, comme cela avait été décidé au salon Eurosatory consacré à la défense terrestre, au printemps 2024.
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Malgré le récent avis extrêmement sévère de la Cour Internationale de Justice vis à vis de l’action de l’état d’Israël à Gaza et des pays le soutenant, malgré la qualification juridique de génocide la situation à Gaza par une Commission internationale indépendante d’enquête de l’ONU, le gouvernement français continue de soutenir les compagnies fournissant les armes à Israël pour perpétrer ce génocide. En continuité avec la vente autorisée par S. Lecornu pour 27 millions d’armes à Israël en 2024.
Zeyna lors du bombardement de son école (Photo de Salama Nabel Younis).
« L’état français et les organisateurs du salon Mirepol prennent le risque d’être poursuivis en justice en soutenant indirectement le génocide et autres crimes internationaux commis par Israël »
C’est la mise en demeure adressée au 1er ministre et aux organisateurs du salon Milipol par les organisations Al-Haq, Avocats pour la Justice au Proche Orient (AJPO), l’Union juive française pour la paix (UJFP), Survie, Nidal et Stop Fuelling War, soutenues par la coalition Guerre à la Guerre et dans la stratégie juridique par Droit et Mouvements Sociaux (DMS)
Nous reproduisons ici l’appel de ces organisations :
"Plus de deux ans après le début du génocide à Gaza dont la qualification juridique a récemment été confirmée par une Commission internationale indépendante d’enquête de l’ONU, Al-Haq, Avocats pour la Justice au Proche Orient (AJPO), l’Union juive française pour la paix (UJFP), Survie, Nidal et Stop Fuelling War, soutenues par la coalition Guerre à la Guerre et dans la stratégie juridique par Droit et Mouvements Sociaux (DMS), adressent une mise en demeure au 1er ministre et aux organisateurs du salon Milipol.
Alors que le procès contre Lafarge mise en examen pour complicité de crimes contre l’humanité en Syrie s’ouvrait hier sur le volet de financement de terrorisme, l’Etat et les organisateurs du salon Milipol prennent le risque d’être poursuivis en justice en soutenant indirectement le génocide et autres crimes internationaux commis par Israël.
Les associations estiment que la participation à 24e édition du salon Milipol Paris, « salon de la sécurité intérieure des Etats », du 18 au 21 novembre prochain au parc des expositions de Villepinte, d’entreprises et délégations qui livrent directement ou indirectement des armes à Israël, favorise la perpétration de violation graves et répétées du droit international telles que des atteintes d’une ampleur considérable à la vie et à l’intégrité physique ou psychique de civils, de destructions de biens à caractère civil, situés sur le territoire palestinien occupé, et au Liban.
Bien que le salon accueille des personnes morales et physiques potentiellement impliquées dans la commission de crimes internationaux (crimes de guerre, crimes contre l’humanité et génocides) sur d’autres territoires, tels que l’Ukraine ou le Soudan, nos associations concentrent leurs efforts et attention sur ceux actuellement commis par Israël en Palestine et au Liban.
La continuité des frappes israéliennes à Gaza, malgré un accord cessez-le-feu conclu le 9 octobre 2025 entre Israël et le Hamas, qui n’a pas suffi à protéger les Palestinien.ne.s témoigne de l’urgence de la situation à Gaza. Ce cessez-le-feu ne saurait être invoqué pour contester que le génocide à Gaza, qui se poursuit avec un bilan humain de 68 643 morts et 170 655 blessés au 29 octobre 2025.
Nous rappelons que la France s’est positionnée à plusieurs reprises sur la nécessité d’une halte des livraisons d’armes à Israël, que ce soit en votant en faveur de la résolution A/ES-10/L.31/Rev.1 adoptée par l’Assemblée Générale des Nations Unies le 18 septembre 2024, ou encore par une déclaration conjointe adoptée avec le Royaume-Uni et le Canada le 19 mai dernier. Ces prises de position reflètent les engagements internationaux de la France ainsi que les dispositions d’ordre public du code pénal français sur les crimes internationaux et sur la complicité et le recel de ces mêmes crimes, telles qu’interprétées par la Cour de cassation dans la jurisprudence Lafarge, que tous les acteurs, publics et privés sont tenus de respecter.
Pourtant, nombre d’entreprises annoncées au salon Milipol entretiennent encore des relations commerciales directes ou indirectes avec Israël, et les délégations israéliennes et intermédiaires sont autorisées à être visiteurs au salon et y faire leur marché d’armes. Or, promouvoir depuis des mois sur le site internet de Milipol des entreprises israéliennes et d’autres nationalités qui continuent de livrer des armes à Israël, et à fortiori leur visite ou l’exposition de leurs armes au salon Milipol renforce leur pouvoir économique et accroit leur visibilité.
Les mises en demeure rappellent donc aux organisateurs du salon et à l’exécutif que maintenir la participation de ces entités conduirait à soutenir indirectement les auteurs ou complices du genocide et des autres crimes internationaux commis par Israël dans le Territoire Palestinien Occupé. Les contrats de promotion, d’accueil ou d’exposition de telles entités seraient illicites en ce qu’ils violeraient des dispositions légales d’ordre public.
Avec 39 exposants, Israël fait partie du top 10 des États les plus représentés au salon Milipol, permettant à Israël de promouvoir et d’exporter non seulement des équipements et technologies militaires mais également une idéologie destructrice et coloniale.
Au Bourget, le gouvernement avait la veille de l’ouverture ordonné de recouvrir les stands d’entreprises israéliennes dont les armes participaient aux offensives à Gaza, n’empêchant nullement les entreprises et délégations israéliennes de passer des contrats au salon. Or, les associations rappellent dans leur mise ne demeure que “l’argument selon lequel ces entreprises ne présenteraient au salon que des armes n’ayant pas été utilisées lors des offensives à Gaza est totalement irrecevable. D’une part, il est illusoire — à moins d’en apporter la preuve et de détailler les mesures prises en ce sens — de prétendre pouvoir distinguer, parmi des armes fongibles ou interchangeables, celles destinées à la défense de celles employées dans des offensives.
La campagne génocidaire d’Israël est une seule et même stratégie globale, incluant sa stratégie de défense. De la même manière, une entreprise qui vend du matériel militaire à Israël ne peut garantir que celui-ci sera utilisé exclusivement sur certains territoires (par exemple en Cisjordanie et non à Gaza)”.
En autorisant la venue de ces entreprises et délégations sur le sol français, la France bafoue les engagements et dispositions d’ordre public rappelés ci-dessus. Elle renforce la campagne génocidaire d’Israël, s’en rend à nouveau complice, et légitime par la même le sentiment d’impunité de l’appareil politique et militaire israélien.
Cette nouvelle action judiciaire s’inscrit dans un mouvement de mobilisation plus large, qui s’intensifie en France et dans le monde, pour dénoncer la course à la militarisation, encouragée par les Etats comme la France et Israël, pour permettre d’enrichir leurs industries d’armement. Le petit pays qu’est la France est devenue le 2e exportateur d’armes au monde, et le chiffre d’affaires d’armement d’Israël a doublé en 5 ans sur le dos des palestinien.ne.s. Les armes israéliennes sont parfois vendues en étant étiquetées “testées au combat”, en violation flagrante de la dignité des victimes. Les services publics sont par ailleurs de plus en plus degradés partout au profit du budget militaire.
La coalition Guerre à la guerre fait partie de ce mouvement et soutient ces nouvelles mises en demeure. Elle écrivait hier dans un communiqué que “Milipol illustre aussi les liaisons incestueuses entre la sécurité d’État et l’industrie de l’armement. Civipol est une société anonyme dont le capital est contrôlée à 40% par le ministère de l’Intérieur et à 60% par des multinationales de la « sécurité » (Thales, Airbus Defence&Space et Idemia), tandis que que la marque Milipol est détenue par un groupement d’intérêt (GIE) dont font partie l’inévitable Thales et deux autres acteurs privés, Visiom et Protecop ».
Selon elle, les armes utilisées par l’occident, pour coloniser ou exterminer des peuples comme le peuple palestinien, sont issues du même système qui reprime en interne des militant-es, des défenseur-es des droits humains et des personnes migrantes qui luttent pour leurs droits. L’action en justice est un pas supplémentaire vers un droit de regard du justiciable sur le commerce de l’armement, et la fin de ce système."
La France doit respecter le droit international
La France, une des plus anciennes démocraties, a l’obligation de respecter le droit international :
- Arrêt immédiat de toute vente d’armes à Israël et interdiction aux compagnies de faire commerce avec les colonies illégales en Palestine.
- Retrait immédiat de l’accord commercial entre Israël et la communauté européenne.
- Arrestation des dirigeants israéliens qui survolent la France.
- Poursuites juridiques des citoyens français qui font l’apologie du génocide, notamment des soldats binationaux qui excécutent ce génocide.
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Meyer Habib met la pression sur Macron qui lui obéit
L’ancien député Meyer Habib affirme avoir obtenu la réintégration de huit sociétés israéliennes au salon Milipol à Paris, après leur exclusion par le gouvernement français. Il assure avoir sollicité directement Emmanuel Macron, qu’il dit avoir convaincu via messages privés. Cette révélation, illustrant la proximité entre le président français et le député pro-israélien, a suscité une vive polémique et des accusations d’ingérence politique dans une décision sensible liée au conflit à Gaza.
L’ancien député Meyer Habib a revendiqué avoir joué un rôle central dans la réintégration de huit sociétés israéliennes au salon Milipol, à Paris, après leur exclusion initiale par le gouvernement français.
“C’est totalement grâce à moi”, a-t-il déclaré, affirmant avoir directement contacté le président Emmanuel Macron pour faire annuler une décision qu’il jugeait “frisant l’antisémitisme”.
Selon Habib, il aurait envoyé plusieurs messages personnels au chef de l’État afin de plaider la cause des entreprises israéliennes. “Pas du tout. Il m’a même mis un petit smiley”, a-t-il ajouté, lorsqu’on lui a demandé si Emmanuel Macron pourrait lui reprocher la divulgation de ces échanges privés.
Cette révélation a déclenché une vague d’indignation au sein de la classe politique et sur les réseaux sociaux. Beaucoup y voient le signe d’une proximité dérangeante entre le président français et l’ancien député, connu pour ses positions ouvertement pro-israéliennes.
Le salon Milipol, grand rendez-vous international de la sécurité intérieure, avait dans un premier temps exclu plusieurs entreprises israéliennes à la suite de pressions diplomatiques et de protestations liées à la guerre à Gaza. Leur retour, attribué à l’intervention de Meyer Habib, relance le débat sur les influences politiques dans les décisions gouvernementales sensibles.
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