mardi 18 novembre 2025

Le contrôle israélo-étasunien de Gaza



Le 11 novembre 2025, Rima Hassan :

Les États-Unis poussent pour une nouvelle tutelle coloniale sous drapeau onusien : alors que Gaza est en ruine, Washington pousse une résolution au Conseil de sécurité de l’ONU pour encadrer la gouvernance de Gaza et déployer une « force internationale de stabilisation” et un “Conseil de la paix”.

1- Ce projet veut créer une mission internationale jusqu’en décembre 2027, renouvelable, sous l’égide d’un comité présidé par Donald Trump. L’enjeu est clair : institutionnaliser le contrôle israélo-étasunien du territoire

2- Cette “force de stabilisation” ne serait pas sous mandat de l’ONU, mais simplement “autorisée”, pour que Washington garde la main. Autrement dit : une opération internationale sous contrôle américain, sans véritable supervision multilatérale.

3- Cette force internationale de stabilisation devra mener la "destruction et prévenir la reconstitution d’une infrastructure militaire et terroriste offensive", des termes flous justifiant le renouvellement d’une présence étrangère sur le Territoire palestinien aussi longtemps que le souhaite les États-Unis;

4- De même, alors que les missions annoncées mentionnent la démilitarisation du Hamas ou encore la sécurisation des frontières (avec Israël et l’Égypte), le projet ne prévoit aucun retrait israélien, ni même la fin des incursions dans les zones occupées et de l'occupation. L’armée israélienne garde toute liberté d’action pendant que la “force internationale” sera chargée de contenir les Palestiniens.

5- Aucune mention n’est faite du futur État palestinien ou du droit à l'autodétermination : ce plan ne vise pas la paix, mais la gestion militaire d’un territoire colonisé en écartant tout horizon politique palestinien.

6 - Le rôle de l’Autorité palestinienne et de représentants palestiniens dans la gouvernance de ce conseil de paix est minimisé. Les Palestiniens ne gouverneraient pas leur terre “libérée” mais «collaboreraient» avec une force étrangère pour sécuriser leur propre enfermement. Ce projet est pensé pour neutraliser la question palestinienne et renforcer la domination israélienne sous couverture diplomatique.

7- Le texte élude également le rôle des Nations unies et de son Conseil de sécurité dans la supervision de la mise en œuvre de la résolution. Alors que rien n’est envisagé sur le financement de cette mission de stabilisation, elle devrait être largement portée par les Etats du Golfe, notamment l’Arabie Saoudite selon les Américains.

8- Les États-Unis veulent un vote au Conseil de sécurité d’ici fin novembre, pour un déploiement dès janvier 2026, mais aucune date n’est encore fixée pour un vote sur ce projet. Encore une fois : tout est décidé sans les Palestiniens, sur les Palestiniens.

9- Alors qu'il existe des désaccords sur certains points, dont les mécanismes de gouvernance et la responsabilité de la Force de stabilisation internationale, les 15 États du conseil de sécurité doivent s’opposer à cette nouvelle forme de colonisation déguisée : Gaza sous tutelle, sans reconstruction, sans souveraineté, sans justice.


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Les États-Unis vont établir une «grande base militaire» à la frontière de Gaza


Les États-Unis prévoient d’établir une grande base militaire près de la bande de Gaza pour accueillir les forces internationales chargées de maintenir le cessez-le-feu, a rapporté le média israélien Shomrim le 9 novembre.

Selon le rapport, la base pourra accueillir plusieurs milliers de soldats et coûtera environ 500 millions de dollars.

Un responsable de la sécurité a déclaré aux médias que ce projet marque un changement majeur pour Israël, qui s’est toujours opposé à l’implication étrangère dans les territoires occupés.

Cette décision souligne l’intention de Washington d’assumer le contrôle direct des opérations à Gaza.

Michael Milshtein, chercheur senior au Dayan Center de l’université de Tel Aviv et ancien responsable des affaires palestiniennes au sein des services de renseignement militaire israéliens, a déclaré que le Centre de coordination civilo-militaire (CMCC) dirigé par les États-Unis à Kiryat Gat «sera responsable de la plupart des opérations à Gaza, et que le statut d’Israël en tant qu’acteur central dans la bande de Gaza est sur le point de changer».

L’installation prévue devrait servir de quartier général à la Force internationale de stabilisation (ISF) pour Gaza, qui s’inscrit dans le cadre d’après-guerre défini par le président américain Donald Trump.

L’ISF comprendrait des troupes égyptiennes et qataries, et travaillerait aux côtés d’unités de police palestiniennes triées sur le volet pour sécuriser les frontières et empêcher la contrebande d’armes.

Shomrim a rapporté que les États-Unis ont déjà progressé dans les discussions avec les responsables israéliens, et qu’ils étudiaient actuellement des sites le long du périmètre de Gaza. Des sources sécuritaires citées par le média ont déclaré que la création de cette base «témoigne du rôle majeur de Washington dans le Gaza d’après-guerre».

Les États-Unis ont toutefois nié à plusieurs reprises leur intention de déployer des troupes à l’intérieur même de Gaza, insistant sur le rôle de supervision des troupes au sol.

Le CMCC de Kiryat Gat, créé le mois dernier pour coordonner la surveillance du cessez-le-feu et l’acheminement de l’aide, remplace déjà Israël en tant que principal «superviseur» des opérations humanitaires, selon le Washington Post.

Plus de 40 pays participent aux travaux du centre, qui, selon le capitaine de la marine américaine Tim Hawkins, aide à «faire la part des choses entre la réalité et la fiction et à mieux comprendre ce qui se passe sur le terrain».

Malgré la prise de contrôle de Washington, l’acheminement de l’aide à Gaza reste fortement restreint.

Le bureau des médias du gouvernement de Gaza a déclaré que depuis l’entrée en vigueur du plan soutenu par les États-Unis, seuls 28% des 600 camions d’aide quotidiens convenus sont entrés dans l’enclave, et que plus de 240 Palestiniens ont été tués depuis l’instauration du prétendu cessez-le-feu entré en vigueur le mois dernier.

source : The Cradle via Spirit of Free Speech


https://reseauinternational.net/les-etats-unis-vont-etablir-une-grande-base-militaire-a-la-frontiere-de-gaza