Le procès du Talmud
par Paul de Lacvivier
Cet épisode s'inscrit dans un contexte d'accroissement des tensions religieuses, de méfiance à l'égard des Juifs, et de tentatives de contrôle de leurs pratiques par les autorités ecclésiastiques.
Au Moyen Âge, la chrétienté européenne connaissait un regain de ferveur religieuse, notamment après les Croisades, et les relations entre chrétiens et juifs se dégradaient progressivement. Le Talmud, recueil fondamental de commentaires rabbiniques sur la Torah, avait depuis longtemps suscité la méfiance des autorités chrétiennes, car il était perçu comme une opposition intellectuelle et religieuse aux Évangiles.
En 1239, Nicolas Donin, un juif converti au christianisme, joue un rôle central dans le déclenchement du procès. Donin, qui avait rejoint l'ordre franciscain, adresse une lettre au pape Grégoire IX, dans laquelle il accuse le Talmud d'être rempli de blasphèmes contre le Christ et le christianisme. Il affirme que le Talmud empêche les Juifs de se convertir et contient des passages hostiles aux non-juifs.
En réponse, le pape ordonne, par une bulle émise en 1239, la saisie des exemplaires du Talmud dans toutes les communautés juives de France et la tenue d'un procès pour déterminer si ces textes devaient être censurés ou même détruits.
Le procès du Talmud se tient à Paris en 1240, sous la supervision de l'Église et avec l'appui du roi de France, Louis IX (futur Saint Louis), qui est connu pour son zèle religieux. Le débat oppose des rabbins éminents, notamment le célèbre Yehiel de Paris, à Nicolas Donin, qui représente l'accusation chrétienne.
Pendant le procès, les rabbins défendent la valeur religieuse et morale du Talmud, affirmant que les passages incriminés ont été mal interprétés ou sortis de leur contexte. Donin, quant à lui, persiste dans ses accusations, soulignant des passages qui, selon lui, sont injurieux envers le Christ, la Vierge Marie et le christianisme. Le tribunal est résolu à considérer le Talmud comme une œuvre dangereuse pour la foi chrétienne.
Malgré la défense des rabbins, le procès se solde par la condamnation du Talmud. En 1244, en application de la décision du tribunal, environ 24 charrettes remplies de manuscrits du Talmud, soit environ 10 000 volumes, sont brûlées publiquement à Paris sur l'ordre de Louis IX.
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BONUS
Un "grand" rabbin israélien : Le feu à Notre-Dame est un châtiment divin
Shlomo Aviner, un rabbin radical, a suggéré que l'incendie de la cathédrale pouvait être la réponse divine aux textes juifs qui avaient été brûlés sur la place de Grève en 1242.
Un éminent rabbin sioniste religieux israélien connu pour ses positions extrémistes a suggéré que l’incendie qui a ravagé l’emblématique cathédrale Notre-Dame de Paris au début de la semaine pourrait être le châtiment divin venu punir l’autodafé du Talmud, au cours duquel des charrettes entières de textes juifs avaient été brûlés par les prêtres catholiques français, il y a huit siècles.
Il a tenu ces propos au site sioniste-religieux Srugim dans le cadre d’une interview (en hébreu).
Après avoir initialement rejeté l’idée que l’incendie de Notre-Dame était une sanction divine – « Nous ne connaissons pas les secrets de Dieu » – Shlomo Aviner, d’origine française, a finalement déclaré qu’il était « possible de le dire ».
Le christianisme, a-t-il expliqué, « est notre ennemi numéro un à travers l’histoire. On a tenté de nous convertir que ce soit par la parole ou par la force, nous avons été les victimes de l’Inquisition menée contre nous, on a brûlé des Talmud, il y a eu des expulsions, des pogroms. L’antisémitisme occidental est né de la haine des ‘assassins de Dieu’. Tout cela a aussi eu un rôle dans la Shoah ».
Il a suggéré que l’incendie de Notre-Dame pouvait être le châtiment de Dieu sanctionnant l’autodafé des Talmud qui avait eu lieu aux abords de la cathédrale en 1242, à la suite de ce que les historiens ont appelé le « Procès du Talmud ».
« Le premier important autodafé de textes du Talmud s’est déroulé à Paris, sur la place de la cathédrale Notre-Dame », a expliqué Aviner. « Il a résulté de la disputation de Paris, au cours duquel des sages juifs avaient été contraints de débattre avec des sages chrétiens, et ces Talmud en flammes en avaient été la conséquence. Des volumes du Talmud avaient été transportés dans 20 charrettes et brûlés : 1 200 volumes du Talmud. Et cet incendie est donc la démonstration ‘qu’il y a une justice et qu’il y a un juge' », a-t-il indiqué, citant une référence de la littérature juive faite à la justice divine.
La disputation de Paris (1240), durant laquelle des rabbins avaient été dans l’obligation de se défendre contre des accusations qui affirmaient le caractère anti-chrétien du Talmud, avait été un traumatisme pour les Juifs au Moyen-Age. Le « procès » public avait débouché sur un gigantesque autodafé au cours duquel 1 200 volumes du Talmud et autres textes sacrés étaient partis en fumée.
Dans une période où l’imprimerie n’avait pas encore été inventée, la destruction d’un si grand nombre de manuscrits avait été considérée comme une attaque significative contre l’enseignement juif dans la région.
Aviner, qui avait quitté la France dans les années 1960 pour s’installer en Israël, est un auteur et commentateur prolifique de l’actualité. Il a souvent adopté des positions radicales qui, insiste-t-il, trouvent leurs racines dans la loi religieuse. Il a ainsi clamé que la Halakha (loi juive) interdisait aux Juifs de louer des appartements aux Arabes en Israël – une affirmation dénoncé par un grand nombre d’autres rabbins sionistes religieux. Il prône également les « thérapies de conversion » à l’encontre des homosexuels.
Alors qu’il a déclaré ne pas se réjouir des incendies touchant les églises à l’étranger, Aviner a estimé que la « question est plus compliquée » en Israël, qualifiant « d’idolâtre » le christianisme.
« Parmi les arguments du Rebbe Satmar [antisioniste] s’opposant au retour sur la terre d’Israël, il y a le commandement d’y brûler les églises et cette idée que ne pas le faire s’apparente à une transgression » – avec cette logique que les Juifs, qui ne désirent pas mettre le feu à des églises, ne peuvent donc envisager d’immigrer en Israël.
Aviner a également ajouté qu’incendier des églises n’était pas une solution à retenir dans la mesure où, ce faisant, les auteurs du sinistre ouvraient inconsciemment la porte à la reconstruction.
Construire une église sur la terre d’Israël « est une transgression plus importante que de la laisser intacte », a-t-il clamé.
Un éminent rabbin sioniste religieux israélien connu pour ses positions extrémistes a suggéré que l’incendie qui a ravagé l’emblématique cathédrale Notre-Dame de Paris au début de la semaine pourrait être le châtiment divin venu punir l’autodafé du Talmud, au cours duquel des charrettes entières de textes juifs avaient été brûlés par les prêtres catholiques français, il y a huit siècles.
Il a tenu ces propos au site sioniste-religieux Srugim dans le cadre d’une interview (en hébreu).
Après avoir initialement rejeté l’idée que l’incendie de Notre-Dame était une sanction divine – « Nous ne connaissons pas les secrets de Dieu » – Shlomo Aviner, d’origine française, a finalement déclaré qu’il était « possible de le dire ».
Le christianisme, a-t-il expliqué, « est notre ennemi numéro un à travers l’histoire. On a tenté de nous convertir que ce soit par la parole ou par la force, nous avons été les victimes de l’Inquisition menée contre nous, on a brûlé des Talmud, il y a eu des expulsions, des pogroms. L’antisémitisme occidental est né de la haine des ‘assassins de Dieu’. Tout cela a aussi eu un rôle dans la Shoah ».
Il a suggéré que l’incendie de Notre-Dame pouvait être le châtiment de Dieu sanctionnant l’autodafé des Talmud qui avait eu lieu aux abords de la cathédrale en 1242, à la suite de ce que les historiens ont appelé le « Procès du Talmud ».
« Le premier important autodafé de textes du Talmud s’est déroulé à Paris, sur la place de la cathédrale Notre-Dame », a expliqué Aviner. « Il a résulté de la disputation de Paris, au cours duquel des sages juifs avaient été contraints de débattre avec des sages chrétiens, et ces Talmud en flammes en avaient été la conséquence. Des volumes du Talmud avaient été transportés dans 20 charrettes et brûlés : 1 200 volumes du Talmud. Et cet incendie est donc la démonstration ‘qu’il y a une justice et qu’il y a un juge' », a-t-il indiqué, citant une référence de la littérature juive faite à la justice divine.
La disputation de Paris (1240), durant laquelle des rabbins avaient été dans l’obligation de se défendre contre des accusations qui affirmaient le caractère anti-chrétien du Talmud, avait été un traumatisme pour les Juifs au Moyen-Age. Le « procès » public avait débouché sur un gigantesque autodafé au cours duquel 1 200 volumes du Talmud et autres textes sacrés étaient partis en fumée.
Dans une période où l’imprimerie n’avait pas encore été inventée, la destruction d’un si grand nombre de manuscrits avait été considérée comme une attaque significative contre l’enseignement juif dans la région.
Aviner, qui avait quitté la France dans les années 1960 pour s’installer en Israël, est un auteur et commentateur prolifique de l’actualité. Il a souvent adopté des positions radicales qui, insiste-t-il, trouvent leurs racines dans la loi religieuse. Il a ainsi clamé que la Halakha (loi juive) interdisait aux Juifs de louer des appartements aux Arabes en Israël – une affirmation dénoncé par un grand nombre d’autres rabbins sionistes religieux. Il prône également les « thérapies de conversion » à l’encontre des homosexuels.
Alors qu’il a déclaré ne pas se réjouir des incendies touchant les églises à l’étranger, Aviner a estimé que la « question est plus compliquée » en Israël, qualifiant « d’idolâtre » le christianisme.
« Parmi les arguments du Rebbe Satmar [antisioniste] s’opposant au retour sur la terre d’Israël, il y a le commandement d’y brûler les églises et cette idée que ne pas le faire s’apparente à une transgression » – avec cette logique que les Juifs, qui ne désirent pas mettre le feu à des églises, ne peuvent donc envisager d’immigrer en Israël.
Aviner a également ajouté qu’incendier des églises n’était pas une solution à retenir dans la mesure où, ce faisant, les auteurs du sinistre ouvraient inconsciemment la porte à la reconstruction.
Construire une église sur la terre d’Israël « est une transgression plus importante que de la laisser intacte », a-t-il clamé.