jeudi 5 décembre 2024

Un génocide est bel et bien en cours à Gaza




Un génocide est bel et bien en cours à Gaza : c'est la conclusion sans appel d'Amnesty International. L'ONG vient de remettre un rapport à la Cour internationale de Justice.


Pierre Barbancey
(Grand reporter, lauréat du prix Bayeux des Correspondants de guerre) :

Dans le rapport explosif qu’elle publie ce jeudi, Amnesty International ne se contente pas de dénoncer les crimes commis par Israël dans l’enclave palestinienne, mais démontre la volonté de pratiquer un véritable génocide. Une démonstration accablante qui va être transmise aux juges de la Cour internationale de justice et doit pousser les États à agir.

Le volumineux rapport produit par Amnesty International – 296 pages dans sa version anglaise – va-t-il faire basculer la guerre à Gaza ? Il faut l’espérer, mais le chemin reste d’autant plus long qu’on doit s’attendre à une contre-offensive tous azimuts d’Israël et de ses soutiens.

Lors de la conférence de presse organisée à La Haye, la secrétaire générale de l’ONG, Agnès Callamard – qui condamne l’attaque perpétrée par le Hamas le 7 octobre 2023 –, a précisé qu’Amnesty est présente dans 72 pays, dont certains soutiennent Tel-Aviv sans aucune nuance.

À l’image du procureur britannique de la Cour pénale internationale (CPI), Karim Khan, qui a subi des pressions et des menaces, y compris de la part d’un groupe de sénateurs états-unien, l’organisation de défense des droits de l’homme fait part de ses « craintes de représailles visant les institutions et les personnes » qui ont participé à la publication de ce rapport.
Un travail de fourmi pour prouver le génocide

Celui-ci contient un examen des attaques meurtrières et destructrices d’Israël, ainsi que l’ampleur des meurtres et des blessures des Palestiniens depuis le mois d’octobre 2023. Mais ce qui est sans doute plus compliqué pour le gouvernement de Benyamin Netanyahou est le chapitre 7 consacré aux « intentions d’Israël à Gaza ».

Il y a pratiquement un an, à la suite de la plainte déposée par l’Afrique du Sud, les juges de la Cour internationale de justice (CIJ) avaient pointé un « risque de génocide » et avaient demandé à Israël de prendre un certain nombre de mesures. Si l’intention génocidaire est prouvée, rien ne devrait plus arrêter la CIJ, qui va recevoir ce rapport d’Amnesty International.

« Nous avons passé énormément de temps à nous pencher sur l’intention génocidaire, a souligné Agnès Callamard. Les actes génocidaires ont été démontrés. Mais ce qui fait la spécificité d’un génocide, c’est l’intention. Le critère pour déterminer cette intention génocidaire est très strict. Il existe très peu de jurisprudence en la matière au niveau des États. Il en existe un peu plus pour les responsabilités individuelles. »

Source : l'Humanité.