mardi 31 décembre 2024

Pourquoi "l’immense majorité" du Parlement français soutient Israël






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L’article de Mediapart, intitulé « Elnet, un agent d’influence pro-Israël au cœur de l’Assemblée nationale », publié le 29 décembre 2024, examine le rôle d’Elnet (European Leadership Network) en tant que lobby pro-israélien influent au sein du Parlement français.

Depuis 2017, Elnet a financé des voyages en Israël pour une centaine de parlementaires français, visant à renforcer les relations franco-israéliennes et à influencer la position de la France en faveur de l’État hébreu. Le PDG d’Elnet revendique avoir contribué significativement au soutien de « l’immense majorité » du Parlement français envers Israël, notamment depuis les événements du 7 octobre.

L’article souligne les méthodes employées par Elnet pour exercer son influence, notamment l’organisation de voyages et de rencontres avec des responsables israéliens, et interroge la transparence et l’éthique de ces pratiques au sein de la démocratie française.


Aymeric Caron, député français :

À lire dans Mediapart, une enquête très intéressante sur ELNET, groupe de lobbying au service du gouvernement d’extrême-droite israélien.

Depuis 2017 ce groupe a payé des voyages en Israël à des dizaines de députés et sénateurs français.

Au cours de ces voyages, ELNET fait rencontrer aux parlementaires français des membres de Tsahal ou Netanyahou lui-même.

Parmi celles et ceux qui ont profité plusieurs fois de ces voyages : l’actuel ministre Benjamin Haddad, Aurore Bergé, Caroline Yadan…

Le président d’ELNET-France, Arié Bensemhoun, déclarait récemment : « je reste relativement optimiste sur la capacité de changer les paramètres du discours diplomatique. (…) Je rappelle que l’immense majorité du parlement [français] soutient Israël. (…) et c’est le résultat de décennies de travail. »

Ce même Bensemhoun dénonce le mandat d’arrêt de la CPI contre Netanyahou et conteste les chiffres de l’Unicef sur le nombre d’enfants tués a Gaza,attribuant ces morts au Hamas.

Enfin, ne reculant devant rien, ce groupe ELNET qui prétend ne pas faire de politique ( et pas d’ingérence évidemment) a été jusqu’à écrire à la présidente de l’Assemblee nationale pour lui demander de me sanctionner, en raison de mon engagement pour dénoncer le génocide en cours à Gaza.



Une organisation incarne le lobby pro-israélien dans l’Hexagone, au nom très neutre : Elnet, soit European Leadership Network, et affiche ainsi son ambition : « Œuvrer au renforcement des relations bilatérales entre Israël et la France ». [...]

Avec des bureaux à Paris, Bruxelles, Londres, Berlin, Madrid et Varsovie, Elnet se veut très européenne et dispose également d’une association d’amis, Friends of Elnet, basée pour sa part à New York et à Los Angeles et qui se charge de lever des fonds aux États-Unis. Son gala virtuel organisé le 15 novembre 2020 pour « renforcer les liens euro-israéliens » et collecter de l’argent dans ce but [...]

Changer les positions de la France

Inconnue du grand public, Elnet se soucie en réalité fort peu des réalités d’une société fracturée où, malgré la crise sanitaire, des milliers de personnes manifestent chaque semaine contre la politique de Netanyahou le corrompu. L’organisation s’intéresse plutôt à la « relation stratégique », à l’offensive contre l’Iran et à la lutte contre la campagne Boycott-Désinvestissement-Sanctions (BDS), mais aussi au soutien des colonies. Autant de sujets qui sont au cœur, évidemment, de l’action du premier ministre israélien.

Faire venir des Israéliens influents à Paris, mais surtout envoyer des Français en Israël est au cœur de la mission d’Elnet. « Beaucoup de gens font le voyage en Israël, et Elnet y contribue, avec des élus, des hommes d’affaires, des délégations régionales et locales. [...]

Ainsi 37 députés de sensibilités diverses ont fait « de l’avis général un beau voyage en Israël en 2018 », ironise le député de Saint-Brieuc Bruno Joncour. Bien sûr organisé par Elnet, ce voyage a conduit la plus importante délégation parlementaire française dans ce pays depuis la fondation de l’État d’Israël en 1948. Les élus ont visité la controversée Cité de David à Siwan, un quartier palestinien de Jérusalem considéré comme « occupé » par les autorités françaises, rencontré Benyamin Nétanyahou, diné avec le ministre de la justice Amir Ohana, un ancien du Shin Beth, de droite et membre du Likoud, actuel ministre de la sécurité publique depuis mai 2020. « Ils ont mis les grands moyens, poursuit Bruno Joncour. Cela fait partie de la stratégie du gouvernement israélien, de sa volonté de redorer son image sur une politique qui par ailleurs laisse à désirer ». « Les parlementaires français ont toujours été très sollicités par l’ambassade d’Israël en France, mais depuis une vingtaine d’années, la pression d’organisations pro-israéliennes est plus forte, ajoute Gwendal Rouillard, député de Lorient. L’impact des voyages en Israël a ses conséquences, d’autant qu’ils sont orientés. J’ai constaté cette pression pendant le quinquennat Hollande et durant le quinquennat actuel. Mais si Elnet m’invite, je n’irai pas, je sais le rôle de ce lobby et je n’ai pas envie d’y participer ».