mardi 10 décembre 2024

Quand Paris était antisémite

 


A la fin du siècle dernier (19ème siècle), l'antisémitisme se retrouve aussi bien à droite qu'à gauche. Et même à l'extrême-gauche. L’antisémitisme est alors une forme d'expression de la lutte des classes.

On peut lire dans "Le Père Peinard", canard anar : « Le youtre ... c'est l'exploiteur par excellence, le mangeur de prolos».

Jules Guesde, marxiste et fondateur du Parti Ouvrier français, déclarera : « La république n'existera qu'au jour où Rothschild sera devant un peloton d'exécution ».

Le chanteur de gauche, Bruant, inscrira à son répertoire une chanson qui aujourd'hui lui ouvrirait toute grande les portes de la Correctionnelle : 

"Ils sont marioli's, i sont rupins/Ils ont du pognon plein leurs poches/Les youpins.../Comme i sont les rois de la finance/ i’s tripotent avec les anglais/ pour barboter l'or de la France"

Renan, pourtant partisan du droit du sol, n'hésitera pas à écrire : "Ce ne peut être sans raison que ce pauvre Israël a passé sa vie de peuple à être massacré. Quand toutes les nations et tous les siècles vous ont persécuté, il faut bien qu'il y ait à cela quelques motifs".

Signalons pour conclure, que face à cette haine et à ce rejet de l'autre, il se trouvait certains responsables nationalistes pour souhaiter l'intégration des juifs. Ainsi, Jules Lemaitre, chef de la Ligue de la Patrie Française qui reconnaissant "la grande valeur intellectuelle des fils d'Israël" regrettait que ceux ci ne soient pas plus nombreux dans son mouvement.

UN PROGRAMME-SLOGAN : "LA FRANCE AUX FRANÇAIS !"

La Ligue antisémitique (fondée par Drumont en 1889) a pour but de "créer une puissante organisation essentiellement française et antijuive, pour défendre la Patrie contre les ennemis de l’intérieur et de l’extérieur, de protéger le Travail national sans distinction de classes sociales, contre les efforts de la concurrence étrangère, de libérer la Nation du joug des juifs, qui possèdent en France tous les éléments de la production : argent, banque, crédit, chemins de fer, et les principales entreprises industrielles et commerciales, et d’interdire aux juifs l’accès de toutes les fonctions publiques, quelles qu’elles soient, en attendant de leur enlever les droits de citoyens français, dont ils n’ont fait usage que pour asservir le pays ..."


Internet Archives :

"Le Père Peinard", virulent hebdomadaire publié par Émile Pouget en 1889, est vite devenu une référence incontournable de l'argot. 

La renommée de ce fameux périodique va au-delà des milieux anarchistes. Il la doit à son style très coloré, et fort violent, utilisant un argot parisien plein de verve, dont il constitue un précieux conservatoire. Il faut cependant distinguer entre le vrai langage populaire de ces années et les créations de son rédacteur quasi unique, Emile Pouget - un des fondateurs de la CGT. Sa (re)lecture, ici proposée en chronologie, illustre ainsi l'évolution de l'anarchisme français vers le syndicalisme, à travers des événements comme le boulangisme, le scandale de Panama, les attentats à la dynamite et l'affaire Dreyfus. 

Avec ses nombreux échos d'entreprises, Le Père Peinard constitue aussi un témoignage de première main sur la condition des ouvriers de l'époque, ainsi que sur leurs luttes contre les "capitalos" et les "vautours", les "endormeurs" et les "ratichons", les "sergots" et les "galonnards", sans oublier les "bouffe-galette" du "Palais-Bourbeux". Mais là aussi il faut faire la part des exagérations de Pouget quant à la combativité de la classe ouvrière et à l'ampleur de ses combats.