Les États-Unis ont annoncé vendredi qu'Israël ne participerait pas à leur plan de distribution d'aide alimentaire dans la bande de Gaza. Elle pourrait être distribuée via une Fondation pilotée par d'anciens responsables militaires américains, mais elle ne serait pas gérée par l'ONU.
Depuis des semaines, des responsables de l'ONU et d'ONG multiplient les avertissements sur la pénurie de nourriture, de médicaments et de carburant dans le territoire palestinien, où l'aide est vitale pour les 2,4 millions d'habitants après plus de 19 mois de guerre.
La Défense civile palestinienne a fait état vendredi de 15 morts dans de nouvelles frappes israéliennes en divers endroits de la bande de Gaza.
À Jérusalem, l'ambassadeur des États-Unis en Israël a levé un coin du voile sur une nouvelle "fondation" que son pays dit vouloir mettre prochainement en place pour venir en aide aux Palestiniens dans la bande de Gaza.
"Les Israéliens vont être impliqués dans la fourniture de la sécurité militaire nécessaire, car c'est une zone de guerre, mais ils ne participeront ni à la distribution de la nourriture, ni même à son acheminement dans Gaza", a affirmé Mike Huckabee lors d'un point-presse.
La sécurité aux points de distribution sera assurée "par des prestataires privés", tandis que l'armée israélienne se chargera de la sécurité "à distance" pour les protéger des combats en cours, a-t-il indiqué.
Israël n'a pas commenté ces annonces.
"D'ici deux ou trois jours, ils ne trouveront plus rien à manger"
Des enfants palestiniens font la queue pour obtenir un repas chaud lors d'une distribution assurée par une cuisine solidaire au camp de réfugiés de Nousseirat, dans le centre de la bande de Gaza, le 5 mai 2025.
"Aujourd'hui est le dernier jour où l'association peut fonctionner, nous sommes contraints de la fermer", explique Hani Abu al-Qasim, responsable du point de distribution. "D'ici deux ou trois jours, ils ne trouveront plus rien à manger."
"Quand (les enfants) nous disent qu'ils ont faim, qu'est-ce qu'on peut faire ? Il n'y a pas de farine, pas de pain, pas de nourriture, rien", se lamente Ilham Jargon, une habitante de la ville.
À rebours de la position israélienne, Mike Huckabee a affirmé qu'il y avait "évidemment une crise humanitaire", en imputant la responsabilité au Hamas, accusé de voler l'aide. "C'est précisément pour cela que nous avons besoin d'un programme d'aide humanitaire", a-t-il souligné.
"L'administration Trump cherche à redorer son image"
Un membre du bureau politique du Hamas, Bassem Naïm, a noté que le plan américain, sans participation israélienne, reflétait une "divergence" entre le président américain, Donald Trump, et le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu.
"Cependant, ce désaccord reste purement tactique et il ne faut pas trop s'y fier, car l'administration Trump cherche à redorer son image dans la région avant la visite prévue" du président américain au Moyen-Orient du 13 au 16 mai, a-t-il dit à l'AFP. "Le plan américain proposé n'est pas éloigné de la vision israélienne consistant à militariser l'aide humanitaire."
L'initiative américaine a été froidement accueillie par des organisations de défense des droits telles qu'Amnesty International, inquiètes du recours à des personnels militaires privés, qui pourrait, selon elles, contrevenir au droit international.
L'agence onusienne pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), critiquée par Israël et les États-Unis, juge, elle, être irremplaçable pour distribuer l'aide à Gaza.
"Il est très, très difficile d'imaginer toute opération humanitaire sans l'Unrwa", a déclaré sa porte-parole, Juliette Touma, lors d'un point-presse à Amman.
La guerre a été déclenchée par l'attaque du Hamas le 7-Octobre, qui a entraîné la mort de 1 218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.
Sur les 251 personnes enlevées en Israël ce jour-là, 58 sont encore retenues à Gaza, dont 34 déclarées mortes par l'armée israélienne. Le Hamas retient également la dépouille d'un soldat israélien tué lors d'une précédente guerre à Gaza, en 2014.
Les représailles israéliennes ont fait au moins 52 787 morts à Gaza, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.
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