Israël : l'Europe s'indigne-t-elle trop tardivement ?
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"L'UE fustige l'escalade à Gaza", titre France 24 ce mercredi 21 mai. "Alors que l'État hébreu promet d'aller 'jusqu'au bout' de son offensive à Gaza, l'Europe agite la menace de sanctions", explique La Dépêche.
Mardi 20 mai, "une majorité de ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne s'est prononcée en faveur d'une révision de l'accord d'association UE-Israël dans le but d'accentuer la pression sur le pays afin qu'il lève son blocus humanitaire de la bande de Gaza", rapporte Euractiv.
"Nous ne resterons pas les bras croisés pendant que le gouvernement israélien poursuit ces actions scandaleuses", ont par ailleurs déclaré conjointement Paris, Londres et Ottawa [La Dépêche].
Contexte abrasif
"Après avoir bloqué depuis le 2 mars le passage de toute aide humanitaire vitale pour la population de Gaza, Israël a annoncé que 93 camions de l'ONU y étaient entrés mardi [20 mai], après neuf camions la veille", indique France 24, qui explique que la situation humanitaire y demeure "catastrophique".
L'article 2 de l'accord d'association va être réexaminé
"Il existe une forte majorité en faveur du réexamen de l'article 2 de notre accord d’association avec Israël. Nous allons donc nous lancer dans cet exercice", a-t-elle indiqué dans une déclaration à l'AFP, reprise par le quotidien régional. Cet article stipule que les relations "sont fondées sur le respect des droits de l'homme et des principes démocratiques, qui guident leur politique intérieure et internationale et constituent un élément essentiel du présent accord" [Euronews].
Les répercussions peuvent être importantes. Dans la pratique, "l'accord d’'association de l'UE avec Israël crée un cadre de coopération économique, politique, scientifique, culturelle et sécuritaire entre les États de l'Union européenne et Israël" [Ouest-France]. Surtout, l'UE est le premier partenaire commercial du pays, "avec des échanges de marchandises évalués à 42,6 milliards d'euros en 2024" d'après la Commission européenne.
Un consensus fragile
Preuve du tournant en train de s'opérer, "les Pays-Bas avaient [déjà] demandé à la Commission européenne un réexamen de l'accord d'association entre l'UE et Israël" une semaine plus tôt, précise La Dépêche. Une révision à laquelle Emmanuel Macron "s'est dit ouvert, tout comme son ministre de l'Europe et des Affaires étrangères", complète le média régional. "'J'appelle la Commission européenne à faire cet examen, à instruire cette demande et à montrer si oui ou non Israël respecte ses obligations vis-à-vis des droits de l'homme'", a ainsi renchéri Jean-Noël Barrot.
Israël a répondu à ces annonces par la voix de son porte-parole au ministère des Affaires étrangères israélien, Oren Marmorstein. "Nous rejetons totalement l'orientation de la cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, qui reflète une incompréhension totale de la réalité complexe à laquelle Israël est confronté et encourage le Hamas à rester sur ses positions", a-t-il déclaré dans un communiqué [Le Monde]. En l'état, "une entente des 27 au sujet d'une suspension totale de l'accord de coopération avec Israël semble périlleuse, certains pays comme l'Allemagne et la Hongrie demeurant des soutiens solides de l'État hébreu", conclut La Dépêche.