mercredi 21 mai 2025

Sept spécialistes du génocide qualifient les actions d'Israël à Gaza de génocidaires


Paul-Éric Blanrue :

"Une enquête incroyablement percutante publiée dans le journal néerlandais NRC : sept des plus grands spécialistes du génocide au monde, dont des experts renommés de l'Holocauste, qualifient les actions d'Israël à Gaza de génocidaires.

Il ne s'agit pas de militants. Parmi eux figurent des spécialistes de l'Holocauste et les directeurs de grands centres de recherche sur le génocide. Des chercheurs d'Israël, des États-Unis, du Royaume-Uni, d'Australie et des Pays-Bas. Et ils ne sont pas divisés. Sans exception, ils qualifient les actions d'Israël de « génocidaires ».

Raz Segal (universitaire israélien) : « Puis-je citer quelqu'un dont je respecte le travail et qui ne le considère pas comme un génocide ? Non. »

Uğur Ümit Üngör (Université d'Amsterdam et NIOD) : « Je ne les connais pas. »

Les preuves sont accablantes : plus de 53 000 Palestiniens tués, au moins 15 000 enfants morts, nourriture, eau et médicaments bloqués, bombardements incessants d’hôpitaux et de camps de tentes, et appels répétés des ministres israéliens à la famine et à la destruction de Gaza.

Ces chercheurs soulignent que le génocide est un processus, et non un simple changement de paradigme. Il s’agit de politiques délibérées — comme la famine forcée, le déplacement et les massacres de masse — qui visent à détruire un groupe, en tout ou en partie.

Pour Melanie O'Brien, présidente de l'Association internationale des spécialistes du génocide, le facteur décisif a été la privation délibérée de nourriture, d'eau, d'abris et d'installations sanitaires. Pour Raz Segal, ce sont les « déclarations ouvertement génocidaires » des dirigeants israéliens qui ont été mises en cause.

Le schéma est tout simplement trop familier : massacres, discours déshumanisant, mépris flagrant pour la vie civile. Et un refus de se conformer aux ordres de la Cour internationale de justice d’autoriser l’aide et de mettre fin à l’incitation.

Même les voix prudentes ont changé. L'universitaire israélien Shmuel Lederman s'est opposé à l'étiquette de génocide, jusqu'à ce qu'il constate que la décision de la CIJ a été ignorée, que le point de passage de Rafah a été fermé et que des estimations crédibles font état de plus de 100 000 morts. Maintenant, il dit : c’est un génocide.

Les experts de l’Holocauste ont d’abord été plus réticents à qualifier cela de génocide, mais l’écart avec les autres spécialistes du génocide se réduit. « Ce n’est pas facile », déclare Uğur Ümit Üngör, « surtout quand on pense à la continuité de son financement. »

L’accusation d’antisémitisme a eu un effet dissuasif sur la liberté d’expression concernant la conduite d’Israël. Harvard a limogé deux directeurs de son centre Moyen-Orient. La nomination de Raz Segal à la tête du Centre d'études sur l'Holocauste et le génocide de l'Université du Minnesota a été révoquée.

Un éminent chercheur allemand dans le domaine, s’exprimant sous couvert d’anonymat, décrit le sujet comme « toxique » en allemand. Le simple fait d’évoquer la possibilité d’un génocide, dit-il, vous fait immédiatement qualifier d’antisémite.

Il ajoute que si un autre pays était responsable de ces actes, les Allemands tireraient la sonnette d'alarme sans hésiter et les qualifieraient de violence génocidaire.

En vertu de la Convention sur le génocide, les pays sont tenus d’agir, non pas lorsque le génocide est prouvé, mais lorsqu’il existe un risque de génocide. Ce seuil a été franchi depuis longtemps."