mercredi 28 mai 2025

Horreurs inimaginables : plus de 50 000 enfants auraient été tués ou blessés dans la bande de Gaza




AMMAN, 27 mai 2025 – « En 72 heures ce week-end, les images de deux attaques horribles ont apporté une preuve supplémentaire du coût exorbitant de cette guerre impitoyable contre les enfants de la bande de Gaza. »

« Vendredi, nous avons vu des vidéos montrant les corps calcinés et démembrés des enfants de la famille al-Najjar, extraits des décombres de leur maison à Khan Younis. Sur les dix enfants de moins de 12 ans, un seul aurait survécu, grièvement blessé. » Lundi matin, nous avons vu les images d'un jeune enfant pris au piège dans une école en feu à Gaza. Cette attaque, survenue aux premières heures du matin, aurait fait au moins 31 morts, dont 18 enfants.

Ces enfants – des vies qui ne devraient jamais être réduites à des chiffres – s'ajoutent désormais à une longue et poignante liste d'horreurs inimaginables : les graves violations contre les enfants, le blocus de l'aide humanitaire, la famine, les déplacements forcés constants et la destruction des hôpitaux, des réseaux d'approvisionnement en eau, des écoles et des habitations. En résumé, la destruction de la vie elle-même dans la bande de Gaza.

Depuis la fin du cessez-le-feu le 18 mars, 1 309 enfants auraient été tués et 3 738 blessés. Au total, plus de 50 000 enfants auraient été tués ou blessés depuis octobre 2023. Combien de morts, filles et garçons, faudra-t-il encore ? Quel niveau d'horreur doit être diffusé en direct avant que la communauté internationale n'intervienne pleinement, n'use de son influence et ne prenne des mesures audacieuses et décisives pour mettre fin à ce massacre impitoyable d'enfants ?

L'UNICEF exhorte une fois de plus toutes les parties au conflit à mettre fin à la violence, à protéger les civils, y compris les enfants, à respecter le droit international humanitaire et le droit international des droits de l'homme, à autoriser l'acheminement immédiat de l'aide humanitaire et à libérer tous les otages.

Les enfants de Gaza ont besoin de protection. Ils ont besoin de nourriture, d'eau et de médicaments. Ils ont besoin d'un cessez-le-feu. Mais plus que tout, ils ont besoin d'une action immédiate et collective pour mettre fin à cette situation une fois pour toutes. 

Ricardo Pires

https://www.unicef.org/press-releases/unimaginable-horrors-more-50000-children-reportedly-killed-or-injured-gaza-strip



Début chaotique pour la "Fondation humanitaire de Gaza" soutenue par les Etats-Unis

 



Dans le sud de la bande de Gaza, des milliers de personnes affamées se sont précipitées mardi sur le nouveau centre de distribution d'aide humanitaire de la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), créée de toutes pièces et soutenue par les Etats-Unis.



Le nouveau camp de concentration d'Israël déguisé en zone de « distribution d'aide humanitaire »




Le nouveau camp de concentration d'Israël déguisé en zone de « distribution d'aide humanitaire »

Que faut-il savoir ?

Les images satellites montrent les avant-postes/entrepôts créés et construits par Israël dans la partie sud de Gaza, ces zones ont été construites après des mois de nivellement par les forces israéliennes de toute la zone de Rafah et de déplacement des résidents.

Le plan a été lancé sous le nom d'une nouvelle opération, « Les Chariots de Gédéon », annonçant le déplacement forcé de tous les Gazaouis vers une zone de 45 km² au sud de l'axe Morag, à Rafah – la seule zone où l'aide sera autorisée. Avec 2,2 millions d'habitants, la densité de population dépassera 49 000 habitants par km². Il ne s'agit pas d'une zone humanitaire, mais d'un camp d'extermination.

Le plan de distribution d'aide américano-israélien ne vise pas à apporter de l'aide, comme on le prétend. Son objectif premier et ultime est de repousser par la force les habitants de la bande de Gaza vers le sud.

Besoin de nourriture ? Oui, elle existe, mais en petites quantités distribuées chaque semaine. Pour s'en procurer, il faut entreprendre un long, épuisant et dangereux voyage vers l'extrême sud, en direction de Rafah. C'est une méthode détournée pour réaliser la première étape du plan israélien : concentrer la population dans le sud, s'emparer des terres, puis la déplacer de force, le tout sans intervention militaire intense.

Fondamentalement, ce plan a été conçu au sein des cercles israéliens et a reçu l'approbation sans réserve de l'ensemble du cabinet, y compris des ministres les plus extrémistes. Pourtant, aujourd'hui, il est commercialisé sous un couvert américain pour lui donner une couverture internationale, une fausse légitimité et atténuer l'embarras des pays complices de cette farce.

Comment cela sera-t-il mis en œuvre ?

La Fondation humanitaire pour Gaza (GHF), soutenue par les États-Unis, joue un rôle central dans le nouveau plan d'aide israélien, contrôlant la distribution après 68 jours de siège total de Gaza. Composée d'anciens combattants et de financiers américains, la GHF exploitera quatre plateformes d'aide privées et blindées, desservant jusqu'à 2 millions de personnes, en étroite coordination avec l'armée israélienne.

Bien que présenté comme indépendant et neutre, l'accès nécessite un contrôle biométrique via des couloirs contrôlés par Israël. Les groupes de défense des droits de l'homme mettent en garde contre le fait que le GHF crée un système d'aide militarisé, excluant les agences palestiniennes et la société civile.

L'ONU et les organisations humanitaires ont refusé de participer à ce plan. Le chef des affaires humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher, a condamné ce plan, le qualifiant de « spectacle cynique » et de « paravent pour de nouvelles violences », avertissant qu'il alimente les déplacements massifs de population et limite l'aide à certaines parties de Gaza, utilisant la famine comme monnaie d'échange.

Il a accusé Israël d’« imposer délibérément et sans vergogne des conditions inhumaines aux civils » et a appelé le Conseil de sécurité de l’ONU à agir de manière décisive pour prévenir le génocide et faire respecter le droit international humanitaire.

Ce plan autorisera une occupation permanente et l'accès des Palestiniens pour leur permettre ensuite de « migrer volontairement » de Gaza par le point de passage de Karam Abou Salem, puis vers l'aéroport de Ramon, afin de vider Gaza de sa population. Le problème est que ce n'est pas volontaire, car Israël a détruit tout ce qui permettait aux habitants de Gaza de vivre, ne leur laissant finalement pas le choix.

Suppressed News.

Un programme soi-disant humanitaire : La totale déshumanisation de la population de Gaza





Suppressed News :

Au milieu de la famine à Gaza, des dizaines de milliers de Palestiniens affamés ont pris d'assaut le centre de distribution d'aide américano-israélien [GHF] à Rafah, dans le sud de Gaza.

Le personnel de sécurité américain gérant le site a fui la zone et la société américaine gérant le site s'est retirée.

L’armée a tenté d’humilier les Palestiniens en contrôlant l’aide, en les forçant à faire des queues interminables sous le soleil et en décidant qui recevrait de la nourriture.

Mais des dizaines de milliers d'enfants, de femmes et de personnes âgées affamés ont pris d'assaut le centre humanitaire israélien de Rafah pour obtenir des paniers de nourriture. En réponse, des hélicoptères ont ouvert le feu et le personnel américain s'est retiré.



Tomy le Magnifique sur X :

Dès le premier jour du programme soi-disant humanitaire, des membres de la compagnie d’aide américaine ont fui en panique, abandonnant la distribution après que les terroristes israéliens ont ouvert le feu sur la zone ouest de Rafah.

Sur les images, on voit des Palestiniens parqués derrière des barrières, assignés à des routes clôturées, attendant un simple repas dans un dispositif israélien qui ressemble plus à un enclos qu’à un point de secours.

Comment peut-on appeler ça de « l’aide » ?

C’est une mise en scène de domination.

Une humiliation collective, filmée et organisée.

Une déshumanisation totale.




Gaza News :

Ce qui s'est produit aujourd'hui constitue une preuve irréfutable de l'échec de l'occupation à gérer la situation humanitaire qu'elle a elle-même créée délibérément, par le biais d'une politique de famine, de blocus et de bombardements. Cela s'inscrit dans la continuité d'un crime de génocide pleinement constitué au regard du droit international, en particulier de l'article 2 de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide de 1948.

L'établissement de "ghettos tampon" pour distribuer une aide limitée sous la menace de la mort, des balles et de la faim ne reflète aucune volonté réelle de résoudre la crise. Il s'agit au contraire d'une stratégie politique délibérément conçue pour perpétuer la famine, désintégrer la société palestinienne, et imposer des voies humanitaires politisées au service du projet sécuritaire et militaire de l'occupation.

Warfare Analysis :

Les Américains et les Israéliens ont tué 3 Palestiniens affamés et en ont blessé 46 autres lors de tirs directs sur des civils près du point de distribution d'aide de la société américaine à Rafah, dans le sud de Gaza.

Parmi les personnes tuées se trouvait un adolescent palestinien, vu souriant sur une photo peu avant d'être abattu d'une balle dans la tête par un sniper israélien ou un sniper mercenaire américain.





Israel-Gaza war: desperate Palestinians storm aid depot


A controversial new US and Israeli-backed aid organisation began operating in Gaza today.

But their distribution site quickly descended into chaos as Palestinians, desperate after weeks of an Israeli aid blockade, over-ran the facility.

The Gaza Humanitarian Foundation had already attracted criticism from other aid groups who have refused to work with it.





L’histoire oubliée de l’antisionisme juif

par Zachary J. Foster


Des juives antisionistes, du groupe Judies por una Palestina Libre, protestent contre le génocide des Palestiniens par Israël à Mexico, le 29 novembre 2024. Une manifestante porte une pancarte sur laquelle on peut lire «Pas en notre nom», une autre pancarte indique «Expulser Israël de l’ONU». Photo Zachary Foster.


Le sionisme a été impopulaire parmi la plupart des juifs pendant les six premières décennies de son existence juive, des années 1870 aux années 1930. Il est devenu dominant dans les années 1940 avec l’anéantissement des juifs d’Europe et la conversion des juifs usaméricains et arabes, qui sont passés de non sionistes à sionistes. Au cours des six décennies suivantes, le sionisme a prospéré, transformant l’affiliation religieuse des institutions juives du monde entier du judaïsme à l’israélisme. Cependant, au cours des deux dernières décennies, et surtout des deux dernières années, la communauté juive mondiale s’est divisée : alors que le sionisme s’est ancré parmi les juifs d’Israël, il a reculé parmi les juifs des USA, où résident 70% des juifs en dehors d’Israël et où le soutien au sionisme s’effondre à la vitesse la plus rapide de l’histoire. Ceci est l’histoire de la montée, de la chute et de la résurgence de l’antisionisme juif.

L’antisionisme juif avant 1948

USA et Europe occidentale

La plupart des juifs usaméricains, qui étaient entre 4 et 5 millions dans les années 1930, se sont opposés au sionisme depuis ses origines jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. Le mouvement réformé a clairement exprimé son rejet institutionnel du sionisme dans sa plate-forme de Pittsburgh de 1885 et dans une déclaration de 1898, puisque «la mission du judaïsme est spirituelle et non politique». Après la Première Guerre mondiale, 299 éminents juifs usaméricains ont écrit une lettre ouverte pour protester contre «la ségrégation politique des juifs et le rétablissement en Palestine d’un État spécifiquement juif». Selon eux, c’était «totalement contraire aux principes de la démocratie». Ils estimaient qu’un État juif dans un pays composé à 90% de non-juifs était antidémocratique. Allez savoir pourquoi. Pour citer l’historien juif usaméricain Morris Jastrow Jr. en 1919, «la présence de tant de nationalités en Palestine» est la raison pour laquelle il devrait y avoir «un État palestinien – pas un État juif, pas plus qu’un État mahométan ou chrétien…». Le problème du sionisme était évident pour la plupart des juifs usaméricains.

Même au milieu des années 1930, le sionisme n’attirait qu’une minorité de juifs usaméricains. Les principales organisations sionistes usaméricaines comptaient environ 1,5% de juifs usaméricains parmi leurs membres, soit 65 000 sur 4 400 000. La plupart des juifs se sont tenus à l’écart du sionisme parce qu’ils pensaient que la défense d’un État juif en Palestine jetterait le doute sur leur allégeance aux USA et confirmerait ainsi les accusations antisémites de double loyauté. Même les intellectuels juifs qui soutenaient la revitalisation de la culture juive, comme Samuel Untermyer et Felix Warburg, étaient de cet avis. Beaucoup d’autres, cependant, gravitaient autour du communisme, ridiculisant les sionistes en tant que nationalistes et impérialistes. Comme l’a dit un universitaire, les sionistes étaient «une petite minorité souvent moquée au sein de la gauche socialiste juive».

En Europe occidentale, l’attitude prédominante parmi les dirigeants et les intellectuels juifs avant la Grande Guerre était également un antisionisme déclaré. La plupart des juifs d’Europe occidentale, tout comme ceux des USA, cherchaient à s’intégrer dans leur société et considéraient le mouvement sioniste comme une menace à cet égard. Après tout, la frange sioniste de l’Europe a conclu des alliances avec les ennemis des juifs, les antisémites, convenant avec eux que les juifs n’avaient pas leur place en Europe. C’est pourquoi le seul membre du cabinet britannique à s’opposer à la déclaration Balfour de 1917, qui réclamait un foyer national pour le peuple juif en Palestine, était un juif, Edwin Samuel Montagu, qui pensait que le sionisme amènerait l’opinion britannique à remettre en question la loyauté des juifs britanniques. Les socialistes juifs britanniques ont également attaqué le sionisme dans les années 1930, le qualifiant d’«outil de l’impérialisme britannique… dépossédant les paysans arabes et menant une colonisation par la conquête avec l’aide des baïonnettes britanniques».

Jusqu’en 1937, les plus de 500 000 juifs allemands étaient également, dans leur grande majorité, non sionistes ou antisionistes. Comme le disait un responsable sioniste de l’Agence juive en Allemagne en 1932, «en Allemagne, nous devons compter non seulement avec l’indifférence de vastes cercles juifs, mais aussi avec leur hostilité». Le sionisme était impopulaire parmi les juifs allemands parce que les sionistes partageaient avec les fascistes et les nazis la croyance en des théories raciales non scientifiques, des généralisations mystiques sur le «caractère national-populaire» (Volkstum) et étaient enclins à l’«exclusivisme racial». Cet antagonisme a été exacerbé par le soutien que le mouvement sioniste allemand a reçu des nazis.

Dans les années 1930, cependant, le sionisme avait fait certaines percées. Un chercheur a décrit un changement de paysage parmi les juifs des USA, d’Allemagne, de France et du Royaume-Uni, qui sont passés d’un antisionisme avoué avant la Première Guerre mondiale à un non-sionisme plus «soft» dans les années 1930. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, ces communautés ont été victimes du génocide nazi et n’étaient plus que l’ombre d’elles-mêmes en 1948.

Europe de l’Est

En Europe de l’Est, le parti politique juif le plus populaire était le Bund antisioniste, fondé en 1897. Établi dans l’Empire russe, il s’est scindé en 1917 en deux organisations, russe et polonaise, et avait des sections en Lituanie, en Lettonie, en Roumanie et ailleurs. «Pour chaque jeune juif qui rejoignaitt le mouvement sioniste», a écrit un historien, «beaucoup d’autres rejoignaient les rangs du Bund». Le Bund considérait le sionisme comme une diversion par rapport à la lutte des classes et comme «l’ennemi le plus malfaisant du prolétariat juif organisé». Les bundistes gardaient un souvenir amer de la tentative de Herzl de s’associer avec les antisémites les plus notoires de l’Empire russe, tels que le ministre de l’Intérieur, Vyacheslav von Plehve, et le ministre des Finances, Sergei Witte. Ce dernier avait dit à Herzl qu’il avait déclaré au tsar Alexandre III qu’il n’aurait pas d’objection à «noyer nos six ou sept millions de juifs dans la mer Noire». Les bundistes étaient très populaires et méprisaient les sionistes.

En 1925, l’organisation sioniste en Pologne comptait quelque 110 000 membres cotisants sur les 2,8 millions de juifs polonais, soit environ 4%. Un an plus tard, en 1926, ce nombre avait chuté de 90%, passant à 10 670 membres, car des milliers de juifs polonais revenant d’un séjour raté en Palestine avaient fait part de leur désillusion à grand renfort de publicité en Pologne. Les sionistes de droite ont également soutenu les nationalistes polonais «virulemment antisémites», dont les membres «chantaient l’hymne national polonais pendant qu’ils tabassaient les socialistes juifs». Il n’est pas surprenant que le soutien au sionisme, qui a culminé à 25-30% parmi les juifs polonais avant la Seconde Guerre mondiale, ait pâli en comparaison du soutien au Bund, qui a recueilli quelque 55% des voix exprimées pour tous les partis juifs lors des élections municipales dans des dizaines de villes et de villages polonais en 1938.

Il va sans dire que les juifs d’Europe de l’Est ont connu le pire sort et ont été anéantis par les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale.

Les juifs orthodoxes d’Europe

Notre discussion sur les juifs usaméricains et européens n’est cependant qu’une partie de l’histoire, car de nombreux juifs s’identifient comme orthodoxes, et les juifs orthodoxes étaient largement hostiles au sionisme. Si certains ont adhéré au mouvement sioniste pendant l’entre-deux-guerres, la plupart des grandes autorités en matière de halakha (loi juive) ne voulaient rien avoir à faire avec lui. La première objection était d’ordre théologique : les autorités rabbiniques estimaient que la rédemption divine signifiait la rédemption divine, et non la rédemption humaine. La seconde objection était plus viscérale : les sionistes étaient des laïcs, menaient des styles de vie laïques et défendaient des idéologies laïques, de «Gentils», comme l’a dit un érudit. Après tout, les sionistes ont dit à leurs partisans de ne pas enrouler les tefillins ni d’étudier la Torah, mais de se rendre en Palestine. La troisième objection était d’ordre existentiel, les sionistes essayant de modifier l’essence même du judaïsme, la définition du juif, ce qui rendrait les autorités religieuses traditionnelles inutiles. [Un compromis a finalement été trouvé : les sionistes ont défini un «juif» pour les besoins de l’immigration et de la naturalisation, les rabbins ont défini un «juif» pour les besoins du mariage et du divorce dans l’État d’Israël.]

Mais bien avant cela, la plupart des grands rabbins européens détestaient le sionisme. Le chef spirituel des juifs orthodoxes allemands du XIXe siècle, le rabbin Samson Raphael Hirsch, a déclaré que promouvoir l’émigration juive en Palestine était un péché, car toute action entreprise par des humains pour faire venir le Messie était considérée comme hérétique selon la loi juive. Le rebbe de la communauté hassidique Chabad de Beregszász, qui faisait alors partie de la Tchécoslovaquie, Shlomo Zalman Ehrenreich, était également un fervent opposant au sionisme, car il s’agissait d’une idéologie séculière qui contredisait les principes fondamentaux de la foi juive, outre le fait qu’elle s’écartait de la conception halakhique de l’exil et de la rédemption.

Les dirigeants hassidiques de Transylvanie (Roumanie) et de Transcarpatie (Ukraine) comptaient parmi les critiques juifs les plus virulents du sionisme. Le plus hostile était le rabbin hassidique de Munkacz (Hongrie), Hayyim Elazar Shapira. Pour lui, le cœur de l’entreprise sioniste était «un renoncement à la foi dans la gouvernance divine absolue du monde, et en particulier dans le contrôle total de Dieu sur le destin juif». Le sionisme représentait pour lui «l’abandon par les juifs de la promesse messianique et l’abdication de leur statut de peuple élu de Dieu».

L’establishment juif orthodoxe organisé était dirigé par Agudath Yisrael, représentant un demi-million de juifs en Europe de l’Est à son apogée avant la Seconde Guerre mondiale, et qui était antisioniste jusqu’en 1948, voire au-delà. Dans les années 1920 et 1930, ils ont élu des représentants aux parlements de Pologne, de Lettonie et de Roumanie, aux conseils municipaux, aux conseils scolaires et aux mouvements de jeunes et de travailleurs dans le but de lutter contre le sionisme et le judaïsme réformé.

Leur opposition a commencé par une objection théologique au rassemblement des juifs en Palestine. Comme nous l’avons vu, la plupart des autorités religieuses s’accordaient à dire que ce rassemblement s’inscrirait dans le scénario de la fin des temps, qui ne pouvait être déclenché que par une intervention divine. Mais elles considéraient également le sionisme comme une menace concurrentielle, car les institutions sionistes cherchaient souvent à remplacer les institutions halakhiques traditionnelles en tant que principe d’organisation de la vie juive, ce qui aurait mis l’Agudath Yisrael hors-jeu. «Le sionisme constitue un danger, spirituel et physique, pour l’existence de notre peuple», affirmaient les délégués du mouvement de jeunesse de l’Agudath Yisrael en 1948.

Le Moyen-Orient

Les juifs «orientaux», ou Mizrahim, concentrés au Maroc, en Algérie, en Tunisie, en Irak, au Yémen, en Iran, en Égypte, en Turquie et en Syrie, étaient au nombre de 900 000 dans les années 1930 et 1940, et étaient pour la plupart indifférents ou hostiles au sionisme depuis ses origines jusqu’aux années 1940. Ces juifs vivaient dans des sociétés à majorité musulmane ou arabe et pensaient que la transformation d’une autre société à majorité musulmane ou arabe en un État juif pourrait entraîner des réactions négatives. Tragiquement, ils avaient raison sur ce point.

En Palestine ottomane, la communauté juive était divisée. De nombreuses élites soutenaient le mouvement sioniste, comme Nissim Malul, Shimon Moyal, Gad Frumkin, Avraham Elmalih et Bechor Shalom Shitrit. Moyal et Malul se consacraient tous deux à la réfutation d’articles antisionistes dans la presse arabe, et Malul travaillait même à ce titre pour le Bureau sioniste de Jaffa.

Mais la plupart des juifs ashkénazes de Palestine, soit la moitié de la population juive du pays à la veille de l’immigration sioniste, y étaient hostiles. Il s’agissait pour la plupart de juifs pieux qui s’étaient installés en Palestine au cours des décennies et des siècles précédents pour des raisons spirituelles et non politiques, convaincus que la terre était sainte, mais considérant qu’une politique juive dans le pays était une hérésie totale.

Parmi eux, le rabbin Yosef Chaim Sonnenfeld, qui créa en 1913 une branche del’Agudath Yisrael pour s’opposer au sionisme parce que les sionistes avaient «affirmé leur point de vue selon lequel toute la différence et la distinction entre Israël et les nations réside dans le nationalisme, le sang et la race, et que la foi et la religion sont superflues».

La communauté juive pré-sioniste de Palestine s’est rendu compte qu’également elle était confrontée à une nouvelle concurrence en matière de dons philanthropiques. Les deux communautés – l’ancien yishuv et le nouveau yishuv, comme les appellent les sionistes – dépendaient des contributions caritatives des communautés juives à l’étranger pour survivre. Les nouveaux arrivants représentaient donc une menace directe pour les moyens de subsistance des anciens.

Après la Première Guerre mondiale, les Britanniques ont établi un mandat pour la Palestine, promettant de faire de ce pays un foyer pour les juifs. C’est ainsi que les sionistes sont parvenus à dominer les juifs de Palestine, mais non sans résistance de la part de deux factions. Tout d’abord, un petit contingent de juifs plaidait en faveur de diverses unions binationales ou judéo-arabes, notamment Arthur Ruppin, Martin Buber, Judah Magnes, Pinhas Rutenberg et Mordechai Avi Shaul. Toutefois, ces mouvements n’ont attiré que peu d’adeptes et se sont essoufflés dans les années 1930 et 1940, après les violences de 1929 et de 1936-1949.

Deuxièmement, les juifs ashkénazes religieux ont cherché à convaincre les Britanniques de reconnaître les autorités rabbiniques pacifistes et antisionistes en Palestine. Mais leur pouvoir politique est considérablement affaibli lorsque des agents sionistes assassinent leur porte-parole, Jacob Israel de Haan. «Il n’y avait personne pour le remplacer», comme l’a dit un chercheur, et les juifs orthodoxes antisionistes de Palestine ont été mis à l’écart.

Pour en revenir à la fin de l’époque ottomane, les juifs ottomans ne voyaient pas d’un bon œil le projet d’État juif de Theodor Herzl. En 1909, le grand rabbin de l’Empire ottoman, Haim Nahum, s’est prononcé contre le sionisme, estimant que l’installation des sionistes en Palestine mettrait en colère les populations turques et arabes. David Fresko, rédacteur en chef d’El Tiempo, un journal ladino d’Istanbul, a fréquemment attaqué les sionistes, les qualifiant de mouvement séparatiste qui sapait les principes ottomans fondés sur des valeurs communes telles que le constitutionnalisme, la liberté de la presse et une identité civique qui rejetait le chauvinisme ethnoreligieux du sionisme. De nombreux juifs ottomans ont soutenu la revitalisation de la culture juive, mais presque tous ont rejeté l’objectif du mouvement sioniste, à savoir un État juif au cœur de l’État ottoman.

Cette tendance s’est poursuivie après la Première Guerre mondiale. Le sionisme n’a séduit qu’un faible pourcentage de juifs égyptiens dans les années 1920 et 1930.

Le grand rabbin d’Égypte Chaim Nahum s’est également prononcé publiquement contre l’immigration sioniste en Palestine dans les années 1930. En 1946, des membres juifs du mouvement communiste clandestin, connu sous le nom d’Iskra et dirigé par Ezra Harari, ont fondé la Ligue juive antisioniste au Caire et à Alexandrie, en Égypte.

En fait, le sionisme était encore une opinion minoritaire parmi les juifs égyptiens dans les années 1950, car les classes moyennes juives égyptiennes, en particulier les marxistes et autres gauchistes, se considéraient comme faisant partie de l’Égypte, comme des Égyptiens, et rejetaient le sionisme.

La situation était similaire en Afrique du Nord. Au Maroc, le sionisme est resté marginal pendant l’entre-deux-guerres. De nombreux juifs, sinon la plupart, étaient associés à l’association philanthropique franco-juive connue sous le nom d’Alliance israélite universelle, dont le programme éducatif était assimilationniste et non sioniste. Comme le disait le leader juif marocain Yomtov D. Semach dans les années 1920, «le sionisme est comme une voix sans écho dans le désert». Le mouvement sioniste n’a commencé à prendre de l’ampleur que dans les années 1940, surtout après les violences antijuives de 1948, qui ont poussé quelque 90 000 juifs marocains à se rendre en Israël entre 1948 et 1956.

En Tunisie, le sionisme était également impopulaire. Plusieurs émissaires sionistes arrivent en 1931 pour renforcer les liens avec la communauté juive et l’encourager à immigrer. Mais la poignée de jeunes juifs tunisiens qui ont accepté l’offre et sont partis en Palestine sont rentrés en Tunisie frustrés et désillusionnés par le projet sioniste. Ils ont même déclaré que le sionisme «encourageait la colonisation» et «privait les Bédouins et les Arabes de leurs terres et de leurs moyens de subsistance».

En Algérie, les colonisateurs français ont accordé aux juifs algériens la citoyenneté française [décret Crémieux de 1871, NdT]. Ils jouissent ainsi de la plupart des droits des colons français et européens en Algérie et peuvent, s’ils le souhaitent, se réinstaller en France, destination considérée comme beaucoup plus souhaitable que la Palestine. Dans les années 1920, les sionistes comptent environ 300 membres cotisants sur une population de plus de 100 000 habitants et sont souvent attaqués par les membres de la communauté juive. Et malgré la propagande nazie qui imprègne l’Algérie avant sa libération en 1942, le mouvement sioniste y bat de l’aile tout au long des années 1940 et 1950. Sur les quelque 130 000 juifs algériens qui ont quitté l’Algérie dans les années 1950 et 1960, plus de 90% sont partis pour la France, tandis que moins de 10% ont émigré en Israël.

L’Irak comptait parmi les plus grandes communautés juives de la région, parmi les mieux intégrées, mais aussi parmi les plus hostiles au sionisme. En 1942 encore, un agent sioniste en Irak déclarait : «Il n’y a pas de conscience politique sioniste, même chez les jeunes qui se sont organisés pour la défense juive… Ils n’ont pas de pensée sioniste, ni même d’instinct sioniste». En 1948, moins de 10% des 400 enseignants juifs de Bagdad étaient membres ou partisans du mouvement sioniste.

La communauté juive irakienne s’est même organisée contre le sionisme. En 1945, des communistes juifs irakiens ont fondé une Ligue antisioniste pour faire face à la haine envers les juifs irakiens résultant de la colonisation sioniste de la Palestine. Ils ont appelé à l’établissement d’un gouvernement arabe indépendant et démocratiquement élu en Palestine et à l’interdiction de l’immigration sioniste et de la vente de terres en Palestine.

Pour les juifs orientaux, le sionisme ne promettait pas la libération mais l’anéantissement. L’immense succès du mouvement, en particulier l’expulsion massive du peuple palestinien en 1948, a déclenché des pogroms antijuifs en Égypte, en Irak, au Yémen et en Libye et a accéléré l’adoption de lois antijuives. Le mouvement sioniste a cherché à convaincre le monde que les juifs appartenaient à Israël, et voilà qu’il y est parvenu. Au milieu et à la fin des années 1950, quelque 350 000 juifs orientaux se sentaient chez eux en Israël. Des dizaines, voire des centaines de milliers d’autres ont afflué au cours des décennies suivantes. Ils deviendront les sionistes les plus chauvins d’Israël.


L’antisionisme juif : du courant dominant à la frange, des années 50 aux années 2000


L’anéantissement des juifs d’Europe a conduit les juifs usaméricains à faire volte-face sur l’idée d’un État juif en Palestine, tandis que la migration massive des juifs des pays à majorité arabe et musulmane vers Israël après 1948 les a également conduits à faire volte-face. En l’espace d’une décennie, les juifs du monde entier se sont débarrassés de leurs racines non sionistes et antisionistes pour embrasser le sionisme.

Bien que le sionisme ait prospéré dans les décennies qui ont suivi la création d’Israël, une minorité de juifs a tiré de l’Holocauste une leçon non pas chauvine, mais universaliste. Pour eux, «plus jamais ça» signifiait «plus jamais ça pour personne». Ils pensaient que le génocide des juifs d’Europe n’était pas anhistorique ou incomparable, mais plutôt que des génocides se produisent tout le temps et qu’ils découlent d’idéologies qui diabolisent ou déshumanisent un peuple, le marquant comme un danger inhérent à la nation et une menace pour sa pureté ethnique, religieuse ou raciale.

Ce point de vue existait en 1942, au plus fort de l’anéantissement du judaïsme européen, lorsque des juifs réformés des USA, dont Morris Lazaron, ont fondé l’organisation antisioniste American Council for Judaism (Conseil américain pour le judaïsme). Ils appelaient à la transformation de la Palestine en un État ni arabe ni juif, mais en un État démocratique où juifs et Arabes seraient des citoyens égaux. Ils pensaient qu’une société libre et démocratique offrirait la meilleure garantie pour le bien-être des juifs, où qu’ils vivent. C’est d’ailleurs la croyance la plus répandue parmi les juifs dans tous les pays du monde aujourd’hui, à l’exception d’Israël.

D’éminents juifs britanniques ont également fondé le Jewish Fellowship in Britain en 1942 afin de «raviver l’esprit religieux juif parmi les juifs et de placer la Torah, la synagogue et l’éthique du judaïsme au cœur de la vie juive», rejetant totalement le sionisme. De nombreux juifs britanniques ont également continué à soutenir l’association non sioniste Anglo-Jewish Association jusque dans les années 1950.

Il ne fait aucun doute que l’antisionisme a persisté à la marge après 1948. En Israël, le mouvement Young Hebrew ou «Canaanite» a vu le jour dans les années 1950, réclamant «la plénitude des droits et obligations politiques, civils et sociaux pour tous les citoyens de l’État, indépendamment de leur religion, de leur communauté confessionnelle ou de leur origine». Le Matzpen, un parti socialiste antisioniste fondé en 1962 en Israël et comptant une centaine d’adeptes, prônait également la «désionisation d’Israël et son intégration dans une union socialiste du Moyen-Orient».

Bien qu’ils soient rares, il est possible de trouver des juifs israéliens antisionistes. En 1975, l’antisioniste juif israélien Vitold Yadlitzky, ancien prisonnier des nazis d’origine polonaise, a déclaré que les antisémites pensaient que «le juif ne comprend que le langage de l’argent», ou «le juif ne comprend que le langage de la force», ou encore «le juif est celui en qui on ne peut pas avoir confiance». «Toutes ces choses, je les entends encore et encore dans ce pays [Israël], à ceci près que ce n’est pas en polonais, mais en hébreu et qu’au lieu du mot «juif», c’est le mot «arabe» qui apparaît».

Le Dr Israel Shahak, également survivant de l’Holocauste, estimait lui aussi que le racisme est une erreur, qu’il profite ou non aux juifs. En 1975, il a déclaré : «Vous pouvez définir la société israélienne comme une société dans laquelle il n’y a pas d’Israéliens, mais seulement des juifs et des non-juifs. Vous avez des tables séparées pour les nourrissons juifs mourants et les nourrissons non juifs mourants, et ainsi de suite. Il s’agit là d’une nazification de la société juive, qui risque d’entraîner la même calamité qu’en Europe, mais une calamité pour les Arabes. Si l’on peut tirer une leçon de l’expérience nazie, c’est qu’il faut s’opposer au nazisme. Et je suis contre le nazisme, qu’il soit allemand, juif ou arabe».

On oublie souvent que de nombreuses institutions juives usaméricaines ont tenu Israël à l’écart jusqu’en 1967. En 1949, le mouvement reconstructionniste s’est opposé au drapeau bleu et blanc d’Israël avec l’étoile de David, car il s’agissait d’une discrimination évidente à l’égard des Arabes palestiniens. «Le drapeau israélien doit représenter l’aspiration nationale commune de tous les citoyens d’Israël», a déclaré le mouvement.

L’American Jewish Committee, qui représentait de nombreux juifs usaméricains du courant dominant, de l’élite et laïques, n’était pas sioniste pour des raisons assimilationnistes jusqu’en 1967.

Un certain nombre d’intellectuels juifs usaméricains se sont également prononcés contre le sionisme. Alfred Lilienthal a attaqué Israël peu après sa création, affirmant qu’«une Palestine qui protège «les droits et les intérêts des musulmans, des juifs et des chrétiens», pour citer le Comité [la commission d’enquête anglo-américaine de 1946 sur la Palestine], n’a jamais été acceptable pour les sionistes». Il a également mis en garde contre les accusations de double loyauté que les juifs usaméricains pourraient recevoir en raison du sionisme. L’écrivain Moshe Menuhin, les journalistes William Zukerman, Henry Hurwitz et Morris Schappes, l’universitaire Noam Chomsky, le rabbin Elmer Berger et l’homme d’affaires Lessing Rosenwald ont également appelé à l’égalité des droits pour tous en Israël/Palestine, citant le traitement réservé par Israël aux Palestiniens comme leur principale objection au sionisme. De nombreux critiques juifs d’Israël aux USA dans les années 1960 et 1970 ont été inspirés par les mouvements de libération, des droits civiques et d’opposition à la guerre de l’époque, et ont vu la lutte des Palestiniens sous un jour similaire.

Au milieu et à la fin des années 1970, les graines d’une nouvelle génération d’antisionistes juifs ont été plantées en Australie, aux USA et au Royaume-Uni. De petits groupes antisionistes ont vu le jour, tels que l’Australian Jews Against Zionism and Anti-Semitism (JAZA), formé par un petit groupe de juifs marxistes en 1979, qui considéraient le sionisme comme une tentative de transformer les juifs en une race ou une nation, à l’instar de ce que le nazisme avait tenté de faire avec les Allemands ; ou la British Anti-Zionist Organization (BAZO), créée par George Mitchell en 1975, ou la Jewish Alliance Against Zionism (JAAZ), formée par des militants juifs antisionistes de la région de la baie de San Francisco entre la fin des années 1970 et le début des années 1980.

L’État d’Israël a écrasé certains de ces mouvements, réduisant au silence les critiques du sionisme dans le pays et à l’étranger par des campagnes de diffamation, la censure et les brutalités policières. Les sionistes disposaient désormais d’un État, d’un noyau diplomatique et d’une armée, qu’ils utilisaient pour écraser les juifs antisionistes partout où ils surgissaient.

Pendant ce temps, les institutions juives en dehors d’Israël ont abandonné le judaïsme au profit de l’israélisme, une philosophie qui considère le caractère juif d’Israël comme sacré, au-dessus de toutes les autres lois, principes et pratiques juives. Dans les années 1970, des organisations juives usaméricaines telles que l’Anti-Defamation League et l’American Jewish Committee ont redéfini leur mission, passant de la lutte contre l’antisémitisme à la défense de l’État d’Israël. Israël est devenu plus sacré que Dieu, la Torah, le Talmud ou les principes juifs tels que le monothéisme, «sauver une vie» ou «réparer le monde». Israël a remplacé le judaïsme en tant que principe essentiel, déterminant ou unificateur de la communauté.

Aujourd’hui, le Board of Deputies of British Jews ne songerait pas à éjecter un de ses membres pour avoir professé l’athéisme, par exemple, mais il vient d’éjecter deux de ses membres pour avoir signé une lettre ouverte critiquant la conduite d’Israël à Gaza.

Imaginez qu’ils éjectent un membre pour avoir professé son athéisme ? Si cela devait se produire, ils devraient peut-être éjecter leur propre président, Philip Rosenberg, qui m’a personnellement avoué son athéisme à d’innombrables reprises.

Bien entendu, certains juifs prenaient les textes fondateurs de la religion plus au sérieux que le Board of Deputies of British Jews. La majorité des juifs ultra-orthodoxes d’Israël a continué à pencher davantage vers le non-sionisme que vers le sionisme bien après 1948, tandis que l’écrasante majorité des juifs ultra-orthodoxes rejettent plus généralement l’autorité des institutions de l’État israélien à ce jour, selon un sondage réalisé en 2020.

Les Hassidim Satmar, le K’hal Adath Jeshurun (Communauté Breuer), les Neturei Karta et d’autres ont continué à s’opposer au sionisme pour des raisons religieuses. Le fondateur de la secte Satmar, Joel Teitelbaum, était convaincu que le premier des trois serments de la théologie juive, selon lequel les juifs ont juré de ne pas «s’élever comme un mur» pour réclamer la terre d’Israël, était une réfutation explicite du sionisme. Ce serment fait appel à la prérogative divine, et non humaine, pour déclencher le retour sur la Terre d’Israël. Le rabbin Amram Blau, fondateur de Neturei Karta, était également un militant antisioniste virulent qui refusait de reconnaître Israël, de payer des impôts ou même de manipuler de la monnaie israélienne. Cela a fait et fait encore du sionisme un grave péché pour au moins 120 000 juifs religieux aujourd’hui.


Le renouveau de l’antisionisme juif 

L’antisionisme juif laïque renaît


Alors que les institutions juives du Royaume-Uni, des USA et d’ailleurs ont adopté l’israélisme, les individus juifs ont commencé à s’en éloigner. Si l’anéantissement des juifs par les nazis a renforcé le soutien au sionisme, la détérioration du traitement des Palestiniens par Israël l’a affaibli.

Et, pour faire court, le traitement des Palestiniens par Israël se détériore depuis des décennies, en particulier depuis les années 1980. Uri Davis, par exemple, a estimé que la politique d’Israël à l’égard des Palestiniens, y compris qui ont des papiers israéliens, était comparable à la politique d’apartheid de l’Afrique du Sud dans les années 1980 ; Gayle Markow a été incitée par l’invasion du Liban par Israël en 1978 à créer le groupe antisioniste JAAZ ; Ilan Pappe attribue son réveil à l’invasion du Liban ; Norman Finkelstein fait référence à la première Intifada pour l’évolution de ses positions.

Comme l’a dit l’universitaire antisioniste Daniel Boyarin, «lorsque j’ai entendu Yitzhak Rabin dire qu’il fallait briser les bras et les jambes des enfants qui lançaient des pierres pour préserver l’État, je me suis complètement repenti de mon ancien sionisme».

En d’autres termes, l’occupation militaire belliqueuse de Gaza et de la Cisjordanie par Israël, son invasion du Liban en 1978 et 1982, les massacres qu’il a facilités à Sabra et Chatila et sa violente répression de la première Intifada (1987-1993) ont donné naissance à une nouvelle génération de juifs hostiles au sionisme.

Les années 1980 et 1990 ont également été marquées par la montée du «post-sionisme». Des personnalités comme Tom Segev, Gershon Shafir, Baruch Kimmerling et Hillel Cohen ont formulé des critiques fondamentales à l’encontre du sionisme, même s’ils portaient l’étiquette de sionistes. [D’ailleurs, au moins l’un d’entre eux, Segev, a déclaré récemment que le sionisme était probablement «une erreur»].

Puis est arrivé le processus d’Oslo. Pour de nombreux juifs, il semblait promettre une résolution de la question israélo-palestinienne. Ces espoirs se sont estompés à la fin des années 1990 avec l’arrivée au pouvoir du leader de droite Benjamin Netanyahou.

Ces espoirs ont été brisés en 2000 avec l’échec de Camp David et le déclenchement de la seconde Intifada, au cours de laquelle 1038 Israéliens et 3189 Palestiniens ont été tués entre 2000 et 2005.

La grande divergence

La réalité a continué à influencer la perception, du moins parmi les juifs usaméricains.

L’image d’Israël s’est détériorée alors que l’occupation continuait à montrer sa face hideuse. Israël a resserré l’étau autour de Gaza en 2005, 2006 et 2007, imposant un blocus cruel et meurtrier à 1,8 million de Palestiniens. Après la guerre de 2008-2009, au cours de laquelle l’objectif premier Israël était de «punir, humilier et terroriser la population civile de Gaza», comme l’a conclu la mission d’enquête des Nations unies connue dans le «rapport Goldstone», le plan pour les Palestiniens de Gaza est devenu de plus en plus clair : les enfermer, les mettre au régime, jeter la clé et les punir tous les deux ou trois ans par des campagnes de terreur et des meurtres de masse, ou «tondre la pelouse», comme le disent les responsables israéliens, qui comparent les Palestiniens à de la mauvaise herbe envahissante.

Mais la plupart des juifs usaméricains s’identifient comme libéraux ou progressistes, des valeurs incompatibles avec les blocus médiévaux, les punitions collectives, le massacre en masse de centaines d’innocents dans le but d’en terroriser des millions d’autres, la rhétorique génocidaire des dirigeants politiques et religieux israéliens ou le consensus croissant au début des années 2020 sur le fait qu’Israël était un État d’apartheid. En conséquence, les juifs usaméricains ont commencé à abandonner le sionisme en plus grand nombre. L’establishment juif a demandé aux juifs de laisser leur libéralisme à la porte du sionisme, comme l’a dit Peter Beinart en 2010, «et maintenant, à leur grande horreur, ils constatent que de nombreux jeunes juifs ont laissé leur sionisme à la place».

Alors que les juifs usaméricains se sont détournés du sionisme, les juifs israéliens ont redoublé d’ardeur. Au milieu des années 2000 et 2010, la société juive israélienne est devenue de plus en plus chauvine : 68% des juifs israéliens refusent de vivre dans le même immeuble qu’un Arabe ; 46% des juifs refuseraient qu’un Arabe se rende chez eux ; 50% des adolescents israéliens ne veulent pas d’Arabes dans leur classe ; 63% des juifs israéliens déclarent que les Arabes représentent une menace pour la sécurité et la démographie de l’État ; 50% des juifs israéliens pensent qu’Israël devrait encourager ses citoyens arabes à émigrer.

Le sionisme chauvin s’est épanoui parmi les juifs presque partout, du fleuve à la mer. Les juifs israéliens ont continué à coloniser la Cisjordanie, puis se sont dirigés vers des destinations à l’intérieur d’Israël, cherchant à remplacer les Arabes par des juifs dans le Néguev, en Galilée, à Jérusalem, à Jaffa, à Acre et à Lydda/Lod. Ils ont continué à défiler dans les rues de Jérusalem chaque année le jour de l’apartheid – alias le Jour de Jérusalem – en scandant ««Mort aux Arabes». La droite sioniste a dominé la politique israélienne tandis que la gauche sioniste s’est désintégrée. Depuis les années 2010, la plupart des dirigeants israéliens prônent le Grand Israël, c’est-à-dire la domination juive du fleuve à la mer.

Les juifs israéliens antisionistes sont devenus une espèce rare. Beaucoup ont quitté Israël, comme Atalia Omer, Ilan Pappe et d’autres. Le fondateur de Zochrot, qui appelle à la reconnaissance de la Nakba et du droit au retour des réfugiés palestiniens par la société juive israélienne, a trouvé refuge en Europe. Ceux qui sont restés et se sont exprimés ont dû faire face à des conséquences désastreuses et ont été rejetés par l’État, l’armée, les médias et les classes professionnelles. Ceux qui ont agi, comme Jonathan Pollak, Jeff Halper, Ofer Cassif ou Andrey X, ont été suspendus, intimidés, victimes de violences physiques ou emprisonnés. Sans parler de la remise en question des principes fondamentaux du sionisme, depuis le 7 octobre 2023, ceux qui ont simplement partagé des messages inoffensifs sur les réseaux sociaux en solidarité avec les enfants amputés de Gaza ont été renvoyés de leur travail, détenus et emprisonnés.

La montée de l’antisionisme aux USA

Israël a peut-être fait taire la plupart de ses détracteurs à l’intérieur du pays, mais il n’a pas réussi à écraser ses détracteurs à l’étranger, en particulier aux USA, où le sionisme a connu un déclin au cours des deux dernières décennies.

Jewish Voice for Peace (JVP) représente le plus grand bloc de juifs antisionistes aujourd’hui. Elle n’a pas pris position sur le sionisme lors de sa fondation en 1996, mais a officiellement déclaré son rejet du sionisme en 2015. À cette date, les militants de JVP avaient déclenché un débat public sur Israël qui, si l’on en mesure l’intensité et la visibilité, «est un conflit comme la communauté juive américaine n’en a jamais connu», comme l’a remarqué un éminent historien en 2016.

JVP est l’organisation juive qui connaît la croissance la plus rapide depuis plus d’une décennie, revendiquant quelque 500 membres cotisants en 2011, 9000 en 2015 et plus de 32 000 en août 2024. D’octobre 2023 à février 2024, JVP a augmenté le nombre de ses abonnés par courriel de 43 000 à 343 000 et semble être la plus grande organisation politique antisioniste des USA, si l’on en juge par le nombre de ses employés à temps plein. L’antisionisme juif usaméricain connaît une croissance comparable à celle d’une crosse de hockey. Il est en train de se généraliser.

Les données des sondages racontent une histoire similaire. En 2021, un sondage a révélé que 25% des juifs usaméricains pensaient qu’Israël était un État d’apartheid, un chiffre qui atteignait 38% chez les juifs de moins de 40 ans. Il s’agissait du premier d’une série de sondages publiés dans les années 2020 soulignant la fragilité du sionisme parmi les juifs usaméricains, en particulier parmi les milléniaux et la génération Z.

Puis, en 2022, la politologue Mira Sucharov a mené une enquête sur les opinions des juifs usaméricains sur le sionisme, indiquant que 58% des juifs américains s’identifient comme sionistes, tandis que 22% s’identifient comme antisionistes (10%) ou non sionistes (12%), et que 12% déclarent que «c’est compliqué», tandis que 7% répondent «incertain». Autrement dit, bien avant le 7 octobre 2023, 42% des juifs usaméricains ont choisi de ne pas s’identifier comme «sionistes».

Mais Sucharov a révélé un malaise plus profond à l’égard du sionisme. Elle a présenté aux personnes interrogées une définition du sionisme, puis leur a demandé si elles la soutenaient. Comme on pouvait s’y attendre, le soutien au sionisme a augmenté lorsqu’on leur a présenté des définitions inoffensives ou ambitieuses du sionisme. Mais lorsqu’on leur présente l’expérience vécue du sionisme par ses victimes, les juifs sont repoussés par l’idéologie. Lorsqu’on a dit aux personnes interrogées que le sionisme «signifie la croyance en la priorité des droits juifs sur les droits non juifs en Israël», Sucharov a rapporté que «le soutien des personnes interrogées au «sionisme» s’est effondré : seulement 10% des personnes interrogées ont déclaré qu’elles étaient «certainement» (3%) ou «probablement» (7%) sionistes. Au total, 69% des personnes interrogées ont déclaré qu’elles n’étaient «probablement pas» ou «certainement pas» sionistes selon cette définition».

Alarmé par les données des sondages, le lobby israélien tente maintenant de fabriquer et d’obscurcir les données des sondages pour masquer l’effondrement du sionisme. La Jewish Majority, fondée en 2024 par Jonathan Schulman, collaborateur de longue date de l’AIPAC, vient de publier un sondage, vendant aux médias non pas les résultats du sondage mais une déformation de ceux-ci. Dans son résumé des données, Jewish Majority souligne que «70% des juifs américains pensent que l’antisionisme est antisémite par définition», tout en omettant de mentionner un autre point de l’enquête, à savoir que «50% des personnes interrogées ont déclaré que les mouvements antisionistes ne sont pas antisémites par définition». Ils ont intentionnellement masqué leurs propres résultats pour gonfler le soutien au sionisme.

Les chiffres ne disent cependant pas tout. Des conférences sur le non-sionisme ou l’antisionisme juif ont vu le jour à l’université Brown et à Vienne, en Autriche. Des minyans non sionistes ou antisionistes ont vu le jour à New York et dans le New Jersey. Au moins deux nouveaux groupes juifs antisionistes se sont formés à Mexico à la suite du génocide, AMJI et JPL. Aux USA, Making Mensches facilite les expériences éducatives juives radicales et met en relation et soutient le développement communautaire juif antisioniste. Des acteurs et des dramaturges juifs montent des pièces antisionistes. L’Institut pour l’étude critique du sionisme a organisé son premier atelier en octobre 2023. Des juifs antisionistes des USA ont également lancé Undoing Zionism, une série de huit sessions axées sur la politique juive au-delà du sionisme, qui met l’accent sur la sécurité, la libération et le bien-être des Palestiniens et des juifs.

Nous assistons également à une explosion cambrienne de la création de contenu antisioniste juif. De plus en plus de juifs antisionistes s’expriment sur leur antisionisme dans des podcasts, sur TikTok, Instagram, Youtube, Substack et ailleurs, notamment Katie Halper, Max Blumenthal, Katherine Wela Bogen, Raven Schwam-Curtis, Hadar Cohen, Alon Mizrahi, Jasper Diamond Nathaniel, Daniel Maté, Aaron Maté, Mira Sern, Simone Zimmerman, Jacob Berger, Jessie Sander, Elana Lipkin, Nora Barrows-Friedman, David Sheen, Rabbi Andrue Kahn, Rafael Shimunov, Rabbi Danya Ruttenberg, Michael Schirtzer, Miko Peled, Matt Lieb, Jen Perelman, Lily Greenberg Call, Peter Beinart, Alice Rothchild, Marjorie N. Feld, Alissa Wise, Benjamin Moser, Rebecca Alpert, Max Weiss, Maura Finklestein, Eli Valley, Tony Greenstein, Antony Loewenstein, Sim Kern, Michael Schirtzer, Yaakov Shapiro, Brant Rosen, Anna Baltzer, Norman Solomon, Liz Rose Shulman, Jamie Stern-Weiner, Medea Benjamin, Naomi Klein, Jesse James Rose, Brace Belden, Hilton Obenzinger, Ofer Neiman, Rotem Levin, Noam Shuster-Eliassi, Alon Nissan-Cohen, Avi Shlaim, Molly Crabapple, Shir Hever, Elik Harpaz, Yahav Erez, Becca Strober, ainsi que les pseudos kvetcher, noneisntoff, jewpinolove, tumblemaiadryer, realitywithali, clios world, judeshimer, imthebalaban et mikaelaswildlife, pour n’en citer que quelques-uns. Tous ces contenus inspireront une nouvelle génération de juifs convaincus que tous les individus doivent être traités sur un pied d’égalité, dans tous les pays, y compris en Israël. Ce n’est probablement qu’une question d’années, et non de décennies, lorsqu’une majorité de juifs américains redeviendra hostile au sionisme.

Et ce, parce que le génocide des Palestiniens de Gaza par Israël a fait tomber le masque de la logique sous-jacente du sionisme. Comme l’a dit Patrick Wolfe dans son essai classique sur le sujet, les mouvements coloniaux, «sans exception», conduisent à une logique d’«élimination de l’autochtone». Et dans le cas de la Palestine, la logique de l’élimination de l’autochtone n’a pas besoin d’être théorisée par un universitaire, elle s’étale au grand jour en direct tous les jours depuis 583 jours, et ce n’est pas fini.

Zachary J. Foster est un historien usaméricain dont les recherches portent sur l’idée de Palestine ainsi que sur les origines de l’identité palestinienne au XIXe siècle. Zach est Maître de conférences en droit au Rutgers Center for Security, Race and Rights. Il est titulaire d’une maîtrise en études arabes de l’université de Georgetown et d’un doctorat en études du Proche-Orient de l’université de Princeton. Il est le fondateur des archives numériques Palestine Nexus et rédige une lettre d’information intitulée Palestine, in Your Inbox. Zach contribue fréquemment à des médias internationaux, dont le journal israélien Haaretz et TRT, le radiodiffuseur public national de Turquie.

source : Palestine Nexus via Tlaxcala


mardi 27 mai 2025

Les enfants meurent




Ce qui se passe aujourd’hui à Gaza dépasse l’acceptable. Ce n’est pas un conflit. Ce n’est pas une guerre. C’est un étranglement systématique d’une population entière. Et chaque heure compte.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) vient de lancer un cri d’alarme concernant la situation humanitaire à Gaza. Depuis maintenant plus de douze semaines, aucun des camions de l’OMS transportant du matériel médical n’a pu franchir les points de passage pour entrer dans l’enclave assiégée. Le blocus total imposé par Israël empêche non seulement l’acheminement de l’aide humanitaire mais détruit littéralement les dernières capacités de survie de la population.

La docteure Margaret Harris, porte-parole de l’OMS, a rappelé aujourd’hui que les besoins médicaux sont urgents et dramatiques. Les hôpitaux n’ont plus d’antiseptiques, plus d’antibiotiques, plus d’analgésiques. Les enfants blessés ne peuvent plus être soignés, et ceux qui souffrent de brûlures voient leurs plaies s’infecter par manque d’éléments nutritionnels et de soins. Leur système immunitaire, affaibli par la faim et le stress prolongé, ne parvient plus à les protéger. Ce sont des corps d’enfants qui pourrissent lentement, dans l’indifférence générale.

« Nous devons pouvoir faire entrer ces camions. Nous devons avoir un cessez-le-feu. Nous devons protéger les hôpitaux. C’est la base du droit international », a déclaré la docteure Harris.

L’OMS, vidée de ses stocks à Khan Younès, tente d’envoyer depuis l’Égypte des dizaines de camions vers le nord de Gaza, mais sans succès. Les passages sont fermés, les demandes restent lettres mortes, et les enfants meurent. Dans le silence.

Bertrand Scholler.


Tensions dans la vieille ville de Jérusalem

 

Les célébrations de la Journée de Jérusalem émaillées par des échauffourées. Des dizaines de milliers de militants de l'extrême droite religieuse israélienne ont envahi les rues de la ville sainte.




"Mort aux Arabes", "Gaza est à nous".... Des nationalistes israéliens perturbent la "Journée de Jérusalem"


Au cours de cette journée, des groupes de jeunes israéliens ont été vus en train de s'en prendre à des commerçants palestiniens, des passants, des écoliers, mais aussi à des militants israéliens des droits humains et à la police.

De nombreux Israéliens ont défilé ce lundi 26 mai à Jérusalem-Est lors d'une marche émaillée d'échauffourées avec des Palestiniens, à l'occasion des célébrations annuelles marquant l'occupation par Israël de la partie orientale de la ville sainte.

Le ministre israélien d'extrême droite, Itamar Ben Gvir, s'est rendu sur l'esplanade des Mosquées à Jérusalem-Est, une visite considérée comme une provocation par les Palestiniens et les pays arabes.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a promis, lui, de garder Jérusalem "unifiée, indivisible et sous la souveraineté d'Israël".

Des commerçants palestiniens attaqués

Israël a conquis et annexé Jérusalem-Est à l'issue de la guerre israélo-arabe de 1967, une annexion non reconnue par la communauté internationale.

"Yom Yerushalaïm" ("la Journée de Jérusalem" en hébreu) commémore pour les Israéliens ce qu'ils estiment être la "réunification" de la ville.

Chaque année, à l'occasion de cette journée, des milliers de nationalistes israéliens, en majorité religieux, marchent dans les rues de Jérusalem, y compris dans la Vieille ville, en brandissant des drapeaux israéliens.

Lundi après-midi, des groupes de jeunes israéliens ont été vus en train de s'en prendre à des commerçants palestiniens, des passants, des écoliers, mais aussi à des militants israéliens des droits humains et à la police.

Certains ont craché sur des passants, proféré des insultes et tenté de forcer l'entrée de maisons. D'autres ont crié "Mort aux Arabes", ou "Gaza est à nous". Dans la soirée, de grandes foules se sont rassemblées sur l'esplanade des Mosquées pour y célébrer l'événement.

Une "nouvelle provocation inacceptable"

Troisième lieu saint de l'islam et site le plus sacré du judaïsme, l'esplanade est une poudrière où le moindre incident peut dégénérer.

"Je suis monté sur le Mont du Temple pour la Journée de Jérusalem et j'ai prié pour la victoire dans la guerre (à Gaza), pour le retour de tous nos otages (...) Joyeux Jour de Jérusalem!", a écrit le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, dans un message sur Telegram, accompagné de photos le montrant sur le site, désigné sous le nom de mont du Temple par les Juifs.

La Jordanie, qui administre l'esplanade mais dont les points d'entrée sont contrôlés par Israël depuis l'occupation de Jérusalem-Est en 1967, a condamné "les pratiques de ce ministre extrémiste". La France a dénoncé une "nouvelle provocation inacceptable".

Les célébrations se déroulent sur fond de guerre dans la bande de Gaza, déclenchée par l'attaque du Hamas en Israël le 7 octobre 2023.

En 2021, le mouvement islamiste palestinien avait lancé un barrage de roquettes en direction de Jérusalem alors que la marche commençait à se diriger vers la Vieille ville, ce qui a été suivi d'une guerre de 12 jours entre Israël et le Hamas.

L'armée israélienne a fait état lundi de trois "projectiles" tirés depuis Gaza, affirmant avoir intercepté l'un d'entre eux et que les deux autres sont "tombés" à l'intérieur du territoire palestinien.

L'événement marque "le jour où nous avons conquis Jérusalem, le mont du Temple, le Mur occidental" (mur des Lamentations), explique auprès de l'AFP Yosef Azoulai, 21 ans, étudiant d'une yéchiva, centre d'études des textes rabbiniques.

"Nous avons vaincu nos ennemis ce jour-là. Nous sommes tous venus, tous les étudiants de yéchivas, unis, pour célébrer", a-t-il ajouté.

Dès lundi matin, des groupes de jeunes se sont réunis près de la porte de Jaffa, arborant des T-shirts blancs comme c'est souvent le cas pour cette marche.

Une "marche des fleurs" pour contrer les nationalistes

Comme les années précédentes, une "marche des fleurs" était aussi organisée par des militants israéliens désireux de contrer la marche nationaliste.

"Nous donnerons des fleurs de paix aux résidents de Jérusalem, tout particulièrement aux musulmans, aux chrétiens", a précisé l'organisateur, Gadi Gvaryahu, qui préside Tag Meir, organisation fédérant des ONG œuvrant pour une co-existance pacifique.

Dans la vieille ville, des Palestiniens surpris ont accepté les fleurs tendues. Mais un vieil homme a décliné: "vous voyez ce qui se passe à Gaza? Je suis désolé mais je ne peux pas accepter".

Plus loin, des adolescents venus participer à la marche principale ont déchiré les fleurs. La police a dit dimanche déployer "des milliers" d'agents dans toute la ville pour éviter des incidents.

Un drapeau israélien géant a été déployé dimanche soir sur l'esplanade du mur des Lamentations alors que des milliers de visiteurs se pressaient dans les rues de la Vieille ville.

*Source : BFMTV


Hasna Abu Shakra






Hasna Abu Shakra a survécu aux bombardements israéliens sur Gaza.

Que son regard hante pour le reste de leurs vies ceux qui apportent encore un soutien aux génocidaires.

Taoufiq Tahani.



Cardinal Jean-Paul Vesco : "Et cela s’appelle un génocide"






Cela fait maintenant 18 mois que Gaza est ravagée par la guerre, avec plus de 50 000 morts. Un génocide à ciel ouvert, filmé en direct. Le Vatican appelle à l’apaisement. Que peut-on faire, aujourd’hui, pour arrêter ce carnage ?

Ce carnage est sous nos yeux, mais paradoxalement, il n’est pas si visible. Gaza est devenue un angle mort. Les caméras n’y ont plus accès. Le drame palestinien est devenu un drame mondial. Depuis longtemps, ce peuple est pris en otage par des politiques qui ont pour objectif qu’il n’y ait plus d’État palestinien, plus de réalité palestinienne.

Ce peuple est traité de la manière la plus violente qui soit. C’est terrible de voir le monde sidéré, impassible. J’ai vécu à Jérusalem, j’ai fait de longs séjours à Gaza. J’ai connu les checkpoints, j’ai vécu la seconde Intifada. Avec Caritas, j’ai participé à des convois pour apporter vivres et soins dans toute la Palestine et à Gaza. J’ai vu tout cela.

Donc, oui, je vis ce drame d’une manière particulière. Ce qui se passe aujourd’hui à Gaza, c’est une négation d’un peuple. Et cela s’appelle un génocide.

Extrait de l'interview du Cardinal Jean-Paul Vesco : « Il y a un angle mort dans la conscience française quant aux blessures de la colonisation »


Jean-Paul Vesco, né le 10 mars 1962 dans le 6ᵉ arrondissement de Lyon, est un dominicain et cardinal catholique franco-algérien.


"Les criminels de guerre israéliens n’ont rien à faire en France"


Thomas Portes, député français :

VICTOIRE. Le porte-parole de l’armée génocidaire israélienne Olivier Rafowicz qui devait être ce soir à Paris annule sa présence. La mobilisation paie. Jamais nous n’accepterons que les criminels de guerre israéliens paradent en France.

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Au moment où le génocide entre dans sa phase finale avec l’utilisation de la faim comme arme de guerre, la France ne peut accepter que cet homme pose un pied sur le sol national.

Les criminels de guerre israéliens n’ont rien à faire en France.
Nous ne laisserons pas faire.

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Gaza : Une enseignante suspendue pour une minute de silence à la fin de son cours


Trois syndicats jugent cette mesure « insensée », d’autant plus que la ministre avait indiqué en février que les enseignants ont « la liberté pédagogique d’aborder le sort des victimes du conflit israélo-palestinien […] pour leur rendre hommage »


Une minute de silence avait été observée en 2012 dans les établissements scolaires de France, à la demande du président Nicolas Sarkozy, pour rendre hommage aux enfants et au professeur tués dans une école juive de Toulouse. - Pierre Verdy


Une professeure de physique-chimie d’un lycée de Sens (Yonne) a été suspendue pour avoir organisé une minute de silence en hommage aux victimes de Gaza, rapportent plusieurs syndicats. Cette minute de silence a été organisée le 26 mars dernier, selon le rectorat de Dijon, alors même que l’armée israélienne venait de rompre quelques jours plus tôt le cessez-le-feu, tuant plus de 400 Palestiniens dans la matinée du 18 mars, selon le ministère de la santé du Hamas.


La réaction du rectorat n’a pas tardé. L’enseignante a été suspendue le 31 mars, et une enquête disciplinaire a été lancée, selon les syndicats Sud, CGT Education et FO de l’Yonne, qui ont rédigé un communiqué commun, dévoilé par Le Café pédagogique. « Cette mesure est insensée. Cet hommage ne relève en aucune manière d’une rupture avec son devoir de neutralité : le massacre d’une population, et notamment d’enfants, n’est pas un avis politique, c’est un fait », dénoncent les trois syndicats.


« Liberté pédagogique »

« Le rectorat nous a laissé entendre que cela n’aurait pas posé de problème si la collègue avait été professeure d’histoire, et que cet hommage intervenait dans le cadre d’un cours sur le sujet, explique Cyrille Bernizet, élu CGT éducation de l’académie de Dijon contacté par 20 Minutes, qui accompagne l’enseignante. Mais cela n’a pas été fait de manière partisane. C’était un hommage aux victimes civiles. Et la collègue a fait ça après la sonnerie, en dehors de son cours. »

Pour les syndicats, cette mesure est d’autant plus incompréhensible que la ministre de l’Éducation nationale a reconnu le 13 février dernier, au Sénat, que les enseignants ont « la liberté pédagogique d’aborder le sort des victimes du conflit israélo-palestinien et notamment des otages français et des victimes du 7 octobre, pour leur rendre hommage afin d’entretenir leur mémoire, mais aussi pour réaffirmer l’attachement sans faille de la République aux valeurs démocratiques et à la paix ».

Conseil de discipline, avertissement ou blâme ?

« Cette mesure constitue une nouvelle pression arbitraire, s’ajoutant à la longue liste des accusations contre toute personne exprimant, de près ou de loin, son humanité et son soutien à une population anéantie, notamment d’enfants victimes de bombardements, de la famine, de l’absence de soins… À l’heure où un génocide se poursuit sous nos yeux, c’est indécent », s’insurgent les syndicats.

Une procédure disciplinaire a été enclenchée contre l’enseignante, selon le rectorat. « On ne sait pas si cela va déboucher sur un conseil de discipline, un avertissement ou un blâme », constate Cyrille Bernizet. Contacté, le rectorat affirme que « le respect de la neutralité est un devoir pour les fonctionnaires, inscrit dans leur statut, et tout manquement à cette obligation déclenche une procédure disciplinaire. Ce principe a été rappelé à cette enseignante lors d’un entretien avec la direction des ressources humaines du rectorat début avril ».

Depuis le début du conflit, de nombreuses personnalités ont été accusées d’apologie du terrorisme ou inquiétées par la police pour des tweets ou messages dénonçant l’action d’Israël. C’est le cas du syndicaliste Anasse Kazib, qui avait qualifié l’Etat hébreu de « boucher ».





The shadow will continue to haunt us





"On ne peut pas faire comme si on n’avait pas vu. Cette image, qui a été filmée il y a quelques heures, doit nous hanter à tout jamais. La silhouette de cette petite fille qui marche dans les ruines de son immeuble en flammes.

Qu’est-elle devenue? 

J’apprends à l’instant qu’elle est vivante. Elle s’appelle Ward Jalal al-Sheikh Khalil. La seule survivante de sa famille. Six frères et sœurs tués." Aymeric Caron.

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"Plus de 16 civils palestiniens ont été tués et certains brûlés vifs, dont des enfants et des femmes après que les forces armées israéliennes ont commis un massacre ciblant l'école surpeuplée Fahmi Al-Jargawi, abritant des civils déplacés, dans le quartier d'Al-Daraj, au centre de la ville de Gaza." Monica, le 26 mai sur X.

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"The shadow will continue to haunt us, and the fire will remain within us!" Emelia.




lundi 26 mai 2025

Aymeric Caron : "Gaza est un camp de concentration"

 



Séquence lunaire :

J-J B :
« - C'est le Hamas qui affame la population à Gaza.

A C :
- Quelles sont vos sources ?

J-J B :
- Tout le monde le sait.

A C :
- C'est pas une source "tout le monde le sait".

J-J B :
- Ok mais est-ce que vous condamnez le Hamas ? » 

Rapporté par L_Wcrdt 
(secoue X en dénonçant le génocide à Gaza 
et les hypocrisies politiques.)


L'embourbement journalistique de Bourdin
 
Commentaires :

- "Il est regrettable de constater à quel point Jean-Jacques Bourdin semble déconnecté du sujet et mal préparé dans cette intervention. Son approche manque de rigueur et de profondeur, ce qui nuit à la qualité du débat. Une fois encore, La France Insoumise et la situation à Gaza sont abordées de manière superficielle et orientée, sans réelle volonté d’analyse. On attendrait d’un journaliste de son expérience un minimum de travail en amont, surtout sur des sujets aussi sensibles !" M
arouanh.

- "Un journaliste doit vérifier ses informations, chose que na pas fait. Bourdin qui fait bourde sur bourde." Max.

- "Le journalisme est mort en France." Pierrette Cadet.

- "Bourdin est un très mauvais journaliste ! Est-il réellement journaliste d'ailleurs ? Citer des aberrations sans preuves." Farah.

Réponse à la question de Farah :

La détention d'un diplôme n'est pas obligatoire : on peut aussi devenir journaliste en démarrant « sur le tas », comme Jean-Jacques Bourdin (76 ans)présent dans le paysage journalistique depuis la fin des années 70.

"Né le 15 juin 1949 à Bois-Colombes, issu d’un milieu aisé de confession protestante, Jean-Jacques Bourdin n’a pas tout de suite embrassé la carrière de journaliste. Après un bac littéraire, il occupe plusieurs petits jobs, comme VRP, chauffeur-livreur ou vendeur d’assurances.

C’est en 1976 que Jean-Jacques Bourdin commence sa carrière dans le monde du journalisme. Il entre à la rédaction des sports de RTL, d’abord en tant que journaliste sportif, avant d’occuper le rôle de reporter, puis de présentateur."

Source : Sud  Radio.

Gaza : au moins 33 morts après le bombardement d’une école

 



Le HuffPost :

Gaza dénonce un bombardement israélien sur une école qui a fait au moins 33 morts, « pour la plupart des enfants »

L’intensification des frappes de l’armée israélienne sur l’enclave palestinienne fait encore drastiquement grimper le bilan humain des dernières 24 heures.

Terroristes ou pas, le bilan humain est déjà très lourd. Après une précédente salve de bombardements israéliens sur l’enclave palestinienne dimanche, l’armée israélienne a provoqué la mort d’au moins 33 personnes dans un nouveau bombardement survenu à l’aube ce lundi 26 mai et qualifié de « massacre » sur l’école Fahmi AlJarjaoui de Gaza, un établissement scolaire abritant des déplacés.

La frappe aérienne a fait des dizaines de blessés, principalement des enfants ainsi que plusieurs femmes, a précisé à l’AFP le porte-parole de la défense civile, Mahmoud Bassal. Précédemment, ce membre de l’organisation de secours avait recensé « au moins 20 martyrs, pour la plupart des enfants ». Annonçant également que « plus de 60 blessés ont été transférés (dans des hôpitaux) » après cet « horrible massacre perpétré par l’occupation à l’école Fahmi AlJarjaoui, qui abrite des centaines de personnes déplacées dans le quartier d’Aldaraj ».

Dans un autre bombardement ce lundi, cette fois sur une habitation, la défense civile a déploré la mort de 19 personnes. Et lors de précédentes frappes menées dimanches, 22 personnes avaient trouvé la mort, toujours selon la défense civile, qui évoquait déjà la mort d’enfants mais aussi d’une femme enceinte.


Trop c’est trop


le 22 mai 2025

Extrait d’un commentaire de Debs is Dead :

Ces derniers temps, j’ai évité de lire des articles sur le génocide de la Palestine par les sionistes, car je suis trop vieux et ratatiné pour sortir et faire quelque chose à ce sujet, et il semble qu’écrire des mots qui ne valent pas grand-chose soient la seule chose que je puisse faire maintenant.

Mais aujourd’hui, trop c’est trop. Regardez l’agitation stupide de tous les journaux occidentaux et des news de Google à propos d’une paire de sionistes morts aujourd’hui, le jour même où les services de santé de Gaza signalent que, pour la première fois, cinq enfants sont morts de faim, où l’armée sioniste a tiré sur un groupe de diplomates occidentaux pour les chasser d’un endroit où les sionistes se livrent aux habituels viols, tortures et meurtres de civils. Cette même armée qui a annoncé aujourd’hui l’ordre d’évacuation de tous les habitants du nord de Gaza, soit plus de 500 000 êtres humains chassés de leur terre, une fois de plus.

Dans ces conditions, comment peut-on considérer que l’assassinat d’une paire de diplomates sionistes soit autre chose qu’un coup monté par la machine de propagande de l’entité. Comme je l’ai dit plus haut, la photo publiée par les sionistes des deux morts faisant l’apologie du génocide était bien plus qu’une photo classique, puisqu’elle montrait les deux diplomates bras dessus bras dessous, debout devant les logos des ambassades ; un portrait de relations publiques apparemment idéal de deux jeunes gens photogéniques, comme si les preneurs de photos savaient qu’ils auraient besoin de quelque chose de sympathique pour le sionisme car ces derniers jours, les journaux occidentaux n’ont pas été tendres avec les sionistes (ils s’en remettront), donc c’est une photo idéale pour la première page de tous les journaux occidentaux, une fois que ces deux-là auront été abattus et tués.

Le timing pue trop pour être une coïncidence, tout comme l’apparition opportune de la photo.

Même Starmer avait quelque chose « d’antisémite » à dire aux médias hier.

Hmm …