samedi 26 octobre 2024

Le soutien inconditionnel de la France à Israël a encouragé le génocide des Palestiniens



"Le soutien inconditionnel de la France à Israël a permis à ce dernier de poursuivre un génocide en toute impunité", déclare Olivia Zemor.

La présidente de l'association EuroPalestine ne mâche pas ses mots : selon elle, les dirigeants français, à commencer par le président Emmanuel Macron, se sont rendus "complices" des crimes commis contre les Palestiniens, notamment à Gaza.


Une plainte déposée à la Cour pénale internationale



EuroPalestine a déposé une plainte officielle, ou plus précisément "une communication" comme l'explique Olivia Zemor, auprès de la Cour Pénale Internationale (CPI), accusant Emmanuel Macron, ainsi que ses anciens ministres Gabriel Attal et Stéphane Séjourné, d'avoir "facilité la commission de crimes de guerre, crimes contre l'humanité et génocide". Selon Zemor, il ne s'agit pas d'une simple démarche symbolique : "Nous accusons le président Macron et ses ministres d’avoir violé leurs obligations, alors que la France est signataire du Statut de Rome", affirme-t-elle.

Interrogée par Anadolu lors d'un rassemblement à Paris contre les agressions israéliennes à Gaza et au Liban, Zemor critique sévèrement le rôle de la France, soulignant que les dirigeants français "ont tourné le dos à leurs responsabilités", en soutenant Israël non seulement sur le plan militaire, mais aussi sur les plans diplomatique et économique. "Depuis le début des massacres, ils ont apporté un soutien sans faille à Israël", explique-t-elle, en insistant sur l'ampleur du problème.

Soutien militaire et économique sans faille

L'un des points les plus accablants de l'interview concerne le soutien militaire de la France à Israël. Olivia Zemor déclare : "Macron continue d’envoyer des armes à Israël, et nous avons appris que le deuxième plus grand contingent étranger dans l’armée israélienne est français, avec 4 185 soldats". Elle précise que certains d'entre eux se vantent publiquement de leur participation aux opérations militaires, notamment sur les réseaux sociaux. "Il existe des preuves tangibles de la participation active de Français dans les crimes commis par l’armée d’occupation israélienne", poursuit-elle.

Le soutien économique est également au centre des accusations. Zemor évoque un commerce bilatéral qui, selon elle, s'est poursuivi sans entrave, malgré les violations des droits humains. "La France continue d’exporter pour plus de 2 milliards d’euros vers Israël, même pendant le génocide", déplore-t-elle. Selon elle, cette relation commerciale inclut même des produits issus des colonies israéliennes illégales, exemptés de droits de douane en France.

Un rapport de 27 pages, fruit d’une expertise multidisciplinaire

EuroPalestine ne se contente pas de simples déclarations publiques. Zemor met en avant un rapport de 27 pages, transmis au Bureau du Procureur de la CPI. Ce document, résultat d'un travail pluridisciplinaire mené par des juristes et des experts, compile les preuves des crimes commis et le rôle de la France. "Ce rapport établit que les dirigeants français, par leurs actes et leurs déclarations, ont encouragé Israël à poursuivre ses crimes contre l'humanité", précise-t-elle.

Elle mentionne également que malgré les condamnations formelles du Quai d’Orsay ou de l'Élysée, ces dernières restent "superficielles" et n'ont jamais été suivies de sanctions concrètes contre Israël. "Il faut bien plus que quelques phrases pour faire bouger les choses", insiste Zemor, avant d’ajouter : "Ce sont des sanctions qui sont nécessaires pour stopper ce génocide".

Les conséquences d'un soutien politique explicite

Zemor critique également la façon dont le gouvernement français a accueilli certains dirigeants israéliens, citant l'exemple du président Isaac Herzog, qui a été reçu à l'Élysée avec les honneurs. "Herzog, qui a incité à tuer un maximum de Palestiniens, a été reçu sur tapis rouge par Macron et Hidalgo pendant la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques", fustige-t-elle.

Elle va plus loin en accusant Macron d'être au courant des intentions génocidaires des dirigeants israéliens. "Dès le 7 octobre 2023, ils ont dit qu’ils allaient 'raser Gaza' et ont déshumanisé les Palestiniens en les traitant d'animaux", explique-t-elle. Pour Zemor, il est impensable que Macron puisse prétendre ne pas avoir été informé. "Il savait, et pourtant il a continué à soutenir ces crimes", déclare-t-elle avec une gravité manifeste.

Impunité des soldats franco-israéliens et absence de sanctions

L’un des points centraux soulevés par Olivia Zemor est l’impunité dont jouissent les soldats franco-israéliens impliqués dans les crimes de guerre. "Le gouvernement français a tout fait pour que ces soldats ne soient pas inquiétés", dénonce-t-elle. Elle ajoute que les actions militaires françaises en coopération avec Israël n’ont jamais été remises en cause : "Lorsqu’un procès a été intenté contre ces livraisons d’armes, le gouvernement a déclaré que cela relevait d'une décision politique et qu'aucune poursuite pénale ne pouvait être engagée".

Pour Zemor, cette situation démontre une complicité active de l'État français. "Le jour où les armes s’arrêteront, les dirigeants israéliens tomberont. Mais la France, en continuant à leur fournir du soutien, retarde ce jour", conclut-elle.

Vers une enquête internationale

L'initiative d’EuroPalestine est ambitieuse, mais Zemor est consciente que la procédure sera longue. "Nous savons que la Cour pénale internationale prend du temps", dit-elle. Elle rappelle toutefois que les crimes dénoncés sont imprescriptibles et que les dirigeants français seront un jour confrontés à leurs responsabilités : "Peut-être qu'Emmanuel Macron ne portera pas les menottes demain, mais un jour, une enquête sera menée", assure-t-elle avec conviction.

Ainsi, bien que les chances d’une mise en accusation immédiate soient minces, Olivia Zemor continue de croire fermement que les efforts de son association finiront par porter leurs fruits.

Situation à Gaza et au Liban

Depuis une attaque transfrontalière du Hamas en octobre 2023, Israël poursuit son agression sur la bande de Gaza, malgré une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies appelant à un cessez-le-feu immédiat.

Depuis, plus de 42 300 personnes ont été tuées, principalement des enfants et des femmes, et plus de 99 000 autres ont été blessées, selon les autorités sanitaires palestiniennes.

L'agression israélienne a déplacé la quasi-totalité de la population du territoire dans le cadre d'un blocus permanent qui a entraîné de graves pénuries de nourriture, d'eau potable et de médicaments.

Israël fait également l'objet d'une accusation de génocide devant la Cour internationale de Justice pour ses actions dans l'enclave palestinienne.

Depuis le 23 septembre, Israël a également lancé des frappes aériennes massives à travers le Liban contre ce qu'il prétend être des cibles du Hezbollah, tuant au moins 1 542 personnes, en blessant plus de 4 555 autres, avec plus de 1,34 million de personnes déplacées. Israël a également lancé une opération terrestre au Liban au début du mois.

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