Gérard Haddad, d'origine séfarade, né le 21 juin 1940 à Tunis, psychanalyste et grand connaisseur des religions du Livre, clôt par son ouvrage, "Ismaël et Isaac", une trilogie consacrée au fanatisme religieux et à ses conséquences.
Il démontrait dans "Dans la main droite de Dieu" (Psychanalyse du fanatisme, Premier parallèle, 2015) et dans "Le complexe de Caïn" (Terrorisme, haine de l'autre et rivalité, Premier parallèle, 2017, voir Études n° 4237, avril 2017, p. 133) que la haine et la jalousie étaient inhérentes à toute relation fraternelle, qu'en chacun de nous gisait un possible Caïn.
Voici, avec "Ismaël et Isaac", une histoire inversée, toujours extraite de la Bible, celle de deux frères que tout oppose et qui, pourtant, parviennent à cohabiter. Abraham a deux fils : Ismaël, l'aîné, l'enfant de la servante Agar, et Isaac, le cadet, celui de l'épouse Sarah. Alors que la jalousie de leurs mères attise leur rivalité, les deux frères préservent leur lien et parviennent à vivre séparément, dans la paix. La parabole est évidente : la haine n'est pas un destin, elle peut être dépassée. Pourquoi le peuple juif descendant d'Isaac et les musulmans héritiers d'Ismaël n'inventeraient-ils pas la paix ? Ne seraient-ils pas ainsi les fidèles héritiers de leur père, Abraham, figure imposante de la Bible et du Coran ? Certes, dans le passé, les échanges entre les juifs, les musulmans et les chrétiens ont permis l'essor de la pensée, de la science et de la culture. Hélas ! Aujourd'hui, malgré les pistes suggestives et les tentatives de dialogue qui constituent la troisième partie du livre, le souhait de Haddad que « juifs et musulmans [se souviennent] du pacte tacite qui liait Isaac à Israël » semble encore irréalisable.
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BONUS
Alain Finkielkraut, un intellectuel juif en France