mardi 6 mai 2025

Ils enterrent l’humanité




Les forces israéliennes sont en train d’achever, à un rythme soutenu, la destruction totale de Rafah, dernier refuge pour plus d’un million de Palestiniens déplacés. Quartier après quartier, les bombardements aériens et les opérations terrestres effacent ce qu’il reste d’infrastructures, d’abris de fortune, de mosquées, d’écoles, et de vies suspendues à un fil.

Cette offensive marque l’un des chapitres les plus sombres de la guerre à Gaza. Officiellement présentée comme une opération visant à éradique les dernières poches de résistance du Hamas, elle s’apparente dans les faits à un anéantissement systématique d’une ville déjà brisée, piégeant une population civile sans issue.

Pendant que Rafah tombe, les ONG peinent à accéder aux blessés, les journalistes sont tenus à distance, et les appels à un cessez-le-feu résonnent dans un silence assourdissant.

Mais ce qui glace encore davantage, c’est de constater que certains, aveuglés par leur propre camp, refusent même d’ouvrir les yeux. Leur soutien est devenu inconditionnel, irrationnel, presque pavlovien. Par réflexe partisan, par conditionnement idéologique ou par un racisme discret mais enraciné, ils justifient l’injustifiable, minimisent l’indicible.

Sans parfois même en avoir conscience, ils sont devenus complices — génocidaires par consentement passif.

Ils croient défendre une cause, mais ils enterrent l’humanité.

Bertrand Scholler