mercredi 13 août 2025

Le discours dominant change subitement de ton sur Gaza



Un des symptômes des maux de la civilisation occidentale tient à ce que des personnalités éminentes n'expriment leurs scrupules face aux abus monstrueux et prolongés commis par Israël qu’aujourd’hui, alors tous les yeux étaient braqués sur eux.

Le principal groupe de défense des droits humains en Israël, B'Tselem, a fini par déclarer qu'Israël commet un génocide, tout comme l'organisation Physicians for Human Rights, basée en Israël.

Ces organisations israéliennes rejoignent ainsi Amnesty International, Human Rights Watch, des experts des droits humains de l'ONU et la grande majorité des autorités de référence en la matière dans leur conclusion.

Le débat est clos. Les apologistes d'Israël ont perdu. Et cette réalité se reflète dans le discours dominant.

La mégastar de la pop Ariana Grande s'exprimer en faveur de Gaza, déclarant à ses abonnés sur les réseaux sociaux que “laisser mourir de faim des gens, c'est franchir une ligne rouge”. Le seuil a été franchi. S'opposer au génocide perpétré par Israël est désormais plus mainstream que jamais.

MSNBC vient de publier un article intitulé “Israël affame Gaza. Et les États-Unis sont complices”, dans lequel le virulent pro-israélien Morning Joe fustige désormais Israël à l’antenne pour sa campagne de famine délibérément orchestrée..

Wolf Blitzer, ancien collaborateur de l'AIPAC et présentateur de CNN, a changé de discours et critique désormais Israël pour sa campagne de famine délibérément orchestrée.

Le New York Times a enfin surmonté sa phobie du mot “génocide” avec un éditorial intitulé “Je suis spécialiste du génocide. Je sais le reconnaître quand j'en vois un”.

On voit maintenant des monstres notoires du marécage sioniste au sein du Parti démocrate, comme Barack Obama, Hakeem Jeffries, Cory Booker et Amy Klobuchar, changer de discours et attaquer le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu et le président américain, Donald Trump, pour leur projet commun de génocide à Gaza. Cette initiative rencontre une opposition de plus en plus forte de la part de certains membres de la droite, comme Marjorie Taylor Greene, qui, mardi, est devenue la première membre républicaine du Congrès à qualifier cela de génocide.

Alors que les experts, les hommes politiques et les personnalités occidentales dénoncent soudainement les atrocités génocidaires d'Israël après deux ans de silence, on a du mal à croire qu'il y a quelques semaines à peine, dire “mort à l'armée israélienne” était considéré comme un crime de haine.

Ceux qui ont suivi ce génocide depuis le début se sont constamment posé la question : que va-t-il falloir pour que notre société cesse de faire la sourde oreille, suroccupée à des futilités insignifiantes et des distractions insipides et commence à s'opposer à l'holocauste de notre époque ?

Faire pleuvoir des bombes sur un gigantesque camp de concentration bondé d'enfants n'a pas suffi.

Brûler vifs ces enfants n'a pas suffi.

Détruire systématiquement toute les infrastructures sanitaires de Gaza, y compris en attaquant les hôpitaux et en détruisant les équipements médicaux un à un, n'a pas suffi.

Tuer plus de journalistes que pendant les deux guerres mondiales, de Sécession, de Corée, du Vietnam, en Yougoslavie, en Afghanistan et en Ukraine n'a pas suffi.

Le viol et la torture systématiques des prisonniers non plus.

Les soldats de l'armée israélienne partageant régulièrement des photos et des vidéos vêtus d'habits de Palestiniennes mortes et déplacées, et jouant avec les jouets d'enfants palestiniens morts et déplacés, n'ont pas suffi.

Entendre les responsables israéliens exprimant ouvertement leur intention génocidaire à l'égard de la population de Gaza n'a pas suffi non plus.

Les déclarations publiques du président américain et du Premier ministre israélien, affirmant explicitement leur intention de procéder à un nettoyage ethnique complet d'un territoire palestinien, n'ont pas suffi.

Tester de nouvelles armes de guerre sur les Palestiniens comme s'ils étaient des cobayes dans un laboratoire n'a pas suffi davantage.

Ne pas porter secours à d'innombrables civils piégés sous les décombres de bâtiments bombardés et les laisser mourir lentement par suffocation ou déshydratation n'a pas suffi.

Créer un système d'intelligence artificielle pour s'assurer que les combattants présumés du Hamas soient bombardés chez eux, avec leurs enfants, et nommer ce système “Où est papa ?” n'a pas suffi.

Utiliser les Palestiniens comme boucliers humains n'a pas suffi non plus.

Enterrer vivants des civils blessés avec des bulldozers était insuffisant.

L'armée israélienne a admis gérer une chaîne Telegram très populaire baptisée “72 Virgins”, qui diffusait des films snuff sanglants et sadiques de civils de Gaza massacrés par l'armée israélienne, mais tout cela n'a visiblement pas suffi.

Les snipers de l'armée israélienne qui tirent régulièrement sur des enfants à la tête et à la poitrine dans toute la bande de Gaza n'ont pas suffi.

Les drones de l'armée israélienne diffusant des cris de bébés la nuit pour attirer les civils et les assassiner n'ont manifestement pas suffi.

Les soldats de l'armée israélienne déclarant à la presse israélienne avoir reçu l'ordre de massacrer les civils affamés venus chercher de quoi nourrir leur famille dans les sites d'aide humanitaire n'ont toujours pas suffi.

Les snipers israéliens qui visent différentes parties du corps de civils affamés lors de journées thématiques (jour des jambes, jour de la tête, jour des parties génitales, etc.) semblent ne pas suffire.

Les citoyens israéliens d'extrême droite dressant des barricades pour empêcher les camions d'aide humanitaire d'entrer à Gaza, alors qu'ils font la fête et des barbecues aux abords du blocus, n'ont pas suffi.

Propager des mensonges et de la propagande pour démanteler le système d'aide qui acheminait des denrées alimentaires essentielles et des fournitures vitales à Gaza, et le remplacer par une opération américano-israélienne où ceux qui sollicitent de l'aide sont massacrés chaque jour, n'a pas suffi davantage.

Affamer délibérément Gaza par le biais d'un blocus pendant les 22 derniers mois n'a pas suffi.

Mais maintenant que la famine a atteint un point critique, que les décès dus à la malnutrition se multiplient, que les images d'enfants squelettiques morts envahissent nos écrans et que les séquelles irréversibles de la famine sur les organes et le cerveau se profilent, là, tout à coup, ça suffit.

C'était apparemment la ligne à ne pas franchir. C'est ce que la conscience occidentale dominante a décidé de ne pas tolérer davantage. Tout allait bien jusque-là, mais maintenant, rien ne va plus.

Et les massacres continuent. L'éveil soudain des consciences ne s'est pas encore traduit par des actions concrètes ni par de réels changements.

Si cela s'était produit en octobre ou en novembre 2023, comme cela aurait dû être le cas, nous verrions peut-être aujourd'hui cette opposition se traduire par le sauvetage de Gaza. Mais les lumières viennent seulement d'être allumées. Il n'est même pas garanti que ceux qui s'expriment aujourd'hui continueront à le faire.

Je me réjouis que les gens prennent conscience de la cruelle réalité de ce cauchemar. Je sais gré à toutes les voix influentes d'utiliser leur tribune pour s'exprimer, même à ce stade tardif. Je le dis sincèrement.

Mais il me semble aussi que nous devons porter un regard très dur et très dérangeant sur nous-mêmes en tant que société. Si tous ces abus monstrueux ont été tolérés par notre société au cours des deux dernières années, c'est que notre civilisation est profondément malsaine.

Nous ne vivons pas sainement. Nous ne pensons pas sainement. Nous ne percevons pas correctement les choses. Nous sommes pervertis et tordus. Les informations que nous consommons et avons été conditionnés à accepter ont corrompu nos cœurs.

Nous avons été métamorphosés en êtres mauvais. Nous sommes devenus laids. Des êtres honteux. Nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour y remédier.

Il faut nous débarrasser de ce que nous sommes devenus. Nous devons nous transformer en profondeur et de manière radicale pour que de telles choses ne se reproduisent plus jamais.

Notre mode de fonctionnement actuel ne va pas. Notre vision du monde est clairement erronée. Tout ce qu'on nous a appris à croire sur notre société, notre nation, notre gouvernement et notre monde est faux.

Nous devons lutter contre la dissonance cognitive qui nous aveugle et nous pousse à nier l'échec de notre vision collective, et trouver un nouveau modus vivendi.

Sans quoi, nous continuerons à subir des chocs de plus en plus effroyables, conséquences de ce que nous avons laissé se produire.

Les avertissements se répéteront jusqu'à ce que nous comprenions.

Et on ferait bien de s'y mettre sans tarder.

Caitlin Johnstone.

Source : Consortium News. Traduit par Spirit of Free Speech.