Depuis 22 mois, nous faisons le travail que la plupart des médias n’ont pas fait. S’ils avaient consacré 1/10e de l’énergie mise à relayer la propagande israélienne à informer et prévenir le génocide, les choses auraient pu être différentes. Mais l’histoire ne s’écrit pas à l’envers.
Je ne reviens pas sur les éléments du génocide, ni sur mon analyse personnelle (cf. ma tribune dans Le Monde, mai 2024). L’intention génocidaire est toujours extrêmement complexe à établir, surtout pour les procureurs qui doivent la prouver pour chaque accusé poursuivi.
D’où l’accent de la Convention de 1948 sur la prévention et la notion de « risque de génocide ». Dès octobre 2023, le Lemkin Institute for Genocide Prevention publie une alerte à la lumière des premières déclarations israéliennes, notamment d’un tweet retiré par la suite par B. Netanyahu.
Le 15 oct. 2023, près de 800 juristes, universitaires et praticiens du droit international signent une déclaration alertant également sur le risque de génocide à Gaza, dénonçant les massacres, les déplacements forcés et l’incitation à la destruction du peuple palestinien.
Le 16 oct. 2023, Raz Segal, historien israélien spécialiste des génocides, décrit à Democracy Now ce qui se passe à Gaza comme un « cas d’école de génocide » notamment en raison de la privation systématique des ressources vitales pour les Palestiniens et des discours du gouvernement israélien.
Le 28 oct. 2023, Craig Mokhiber, alors directeur du bureau du Haut Commissariat aux droits de l’Homme à New York , parle de « cas d’école de génocide » dans sa lettre de démission / départ à la retraite.
Le même jour, Jewish Voice for Peace publie une liste des 2913 enfants palestiniens tués par Israël (en 20 jours) en indiquant : « Voila à quoi ressemble un génocide ».
16 novembre 2023. Une trentaine d’experts indépendants des Nations Unies alertent, dans une nouvelle déclaration conjointe sur « le génocide en cours » à Gaza.
29 déc. 2023. L’Afrique du Sud saisit la Cour internationale de justice en accusant officiellement Israël de génocide à Gaza. Depuis, plusieurs États, dont le Nicaragua, la Colombie, la Libye, la Palestine, le Chili, l'Espagne, la Turquie, le Mexique, la Bolivie ou les Maldives ont rejoint la procédure.
27 févr. 2024. Michael Fakhri, rapporteur spécial de l’ONU pour le droit à l’alimentation, accuse Israël, dans un entretien au Gardian, de vouloir « détruire le peuple palestinien » et qualifie la situation de « génocide ».
25 mars 2024. Dans son rapport « Anatomie d’un génocide » (A/HRC/55/73), la rapporteuse spéciale des Nations unies sur les territoires palestiniens occupés, Francesca Albanese, conclut qu’il existe des « motifs raisonnables de croire qu’un génocide est en cours à Gaza ».
24 juil. 2025. Mohsen al Attar, Doyen associé de l’Université Xi’an Jiaotong-Liverpool, publie, dans le symposium d’Opinio Juris consacré à la Palestine, un article: “What Will Gaza Become After Genocide?”, imaginant trois futurs post-génocidaires pour Gaza.
2 août 2024. M. Jamshidi, Prof. de droit à l'Université Colorado Law, explique dans l’article “Reflecting on Genocidal Intent in the ICJ Case”, que l’objectif déclaré d’Israël de « détruire tout le Hamas » y compris son administration civile, rempli les critères du génocide.
13 août 2024. Omer Bartov, historien de la Shoah et des génocides à
Brown University, déclare au Guardian que les actes d’Israël à Gaza remplissent la définition du génocide et qu’il n’y a plus « aucun doute » sur l’intention génocidaire.
26 sept. 2024. Luigi Daniele, Nicola Perugini et Francesca Albanese accusent, dans un article intitulé “Humanitarian Camouflage”, Israël d’instrumentaliser le langage du droit international humanitaire pour justifier « un génocide à Gaza ».
29 octobre 2024. Dans une tribune du Monde, Amos Goldberg, historien israélien, titulaire de la chaire d’études sur la Shoah à l’Université hébraïque de Jérusalem, réaffirme ce qu’il affirme depuis plusieurs mois : « Israël commet un génocide à Gaza ».
1er nov. 2024. Neve Gordon, professeur de droit international à
Queen Mary University of London, publie “Shields and the Genocide in Gaza”, expliquant comment Israël instrumentalise la notion de « boucliers humains » pour légitimer un génocide à Gaza.
29 novembre 2024. W. Schabas, spécialiste du génocide, affirme dans Der Spiegel qu’il existe « un solide argument » pour qualifier ce qui se passe à Gaza de génocide. Désormais, il en est sûr : un jour, l’Occident reconnaîtra le génocide, comme pour l’apartheid en Afrique du Sud.
10 décembre 2024. L’ONG allemande spécialisée dans les droits humains de Berlin, European Center for Constitutional and Human Rights (ECCHR), conclut, après une analyse minutieuse des massacres, des destructions massives, et des discours incitant à l’anéantissement des Palestiniens, qu’Israël commet un génocide à Gaza.
8 déc. 2024. Dans son rapport “Gaza: Life in a Death Trap”,
Médecins Sans Frontières alerte sur les bombardements massifs, la famine organisée et la destruction des infrastructures sanitaires, ce qui la pousse à conclure à son tour à l’existence d’un « génocide en cours à Gaza ».
19 déc. 2024. Dans un rapport de 175 pages, documentant comment Israël a privé intentionnellement les civils de Gaza d’eau depuis oct. 2023, Human Rights Watch conclut également qu’ « Israël commet le crime d’extermination et des actes de génocide à Gaza ».
30 janv. 2025. Les historiens israéliens spécialistes de la Shoah, Amos Goldberg et Daniel Blatman, affirment dans une tribune publiée dans le journal israélien Haaretz : "There's No Auschwitz in Gaza – but It's Still Genocide".
24 fév. 2025. L’historien spécialiste des génocides, Raz Segal, publie dans the Journal of Imperial and Commonwealth History : « l’assaut israélien sur Gaza depuis est un cas d’école de génocide colonial, nourri par la suprématie juive & le soutien américain ».
3 mars 2025. La Commission d’enquête indépendante de l’ONU pour la Palestine et Israël conclut dans son rapport intitulé « Plus qu’un être humain ne peut supporter »(A/HRC/58/CRP.6), que « les attaques contre la santé reproductive à Gaza constituent des actes génocidaires.
11 avr. 2025. Dans Le Monde, les professeurs Julian Fernandez & Olivier de Frouville notent : « rarement un responsable d’État s’est exprimé aussi ouvertement en faveur d’un projet correspondant à la définition du génocide », citant le ministre israélien de la Défense Katz : partir ou mourir.
22 avr. 2025. Dans “Gaza and the Structure of Genocide in Palestine”, Martin Shaw, expert international du génocide, explique comment, selon-lui, l’offensive israélienne visant à détruire Gaza est « un génocide enraciné dans un siècle de colonialisme ».
14 mai 2025. Pour le journal hollandais NRC, 7 experts du génocide (Shmuel Lederman, Dirk Moses, Melanie O’Brien, Raz Segal, Martin Shaw, Uğur Ümit Üngör, Iva Vukusic) affirment qu’Israël « commet un génocide à Gaza » et que la quasi-totalité de leurs pairs partagent ce constat.
23 mai 2025. Selon Saskia Kluit, rapporteuse de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (PACE), les actes israéliens à Gaza « vont dans le sens d’un nettoyage ethnique et d’un génocide ».
6 juin 2025. Le Parquet national antiterroriste français ouvre deux informations judiciaires, notamment pour « complicité de génocide » et « incitation au génocide », contre des Franco-Israéliens soupçonnés d’avoir bloqué l’aide humanitaire à Gaza.
9 juin 2025. Dans le même article, Ralph Wilde, professeur de droit international à l’University College London (UCL), affirme « il n’y a aucun doute, juridiquement [que les crimes commis à Gaza constituent un génocide] … C’est déjà le cas depuis un certain temps ».
10 juil. 2025. Dans une lettre au Gvt israélien, 16 professeurs de droit international, dont Orna Ben-Naftali, Eyal Benvenisti, Yuval Shany, Moshe Hirsh et Yael Ronen, avertissent : le plan d’Israël Katz de concentrer les Gazaouis « peut être interprété comme un génocide ».
4 août 2025. Dans un nouvel entretien au Guardian, Michael Fakhri, Rapporteur spécial de l’ONU sur le droit à l’alimentation, affirme que « la famine imposée à Gaza constitue un acte de génocide, et ce, depuis au moins le début de l’année 2024 ».
4 août 2025. Dans un article clair et précis, publié dans Opinio Juris, Melanie O’Brien, présidente de l’International Association of Genocide Scholars, conclut qu’Israël « commet un génocide à Gaza ».
6 août 2025. Pour The Conversation, cinq experts australiens (Mélanie O’Brien, Ben Saul, Eyal Mayroz, Shannon Bosch, Paul James) expliquent pourquoi, selon eux, « les actes d’Israël à Gaza remplissent la définition juridique du génocide ».
7 août 2025. Dans une interview accordée à Politico, Teresa Ribera, vice-présidente de la Commission européenne, déclare que les crimes israéliens à Gaza « ressemblent fortement à un génocide ».
12 août 2025. The Elders, groupe fondé par Nelson Mandela, réunissant d’anciens chefs d’État et prix Nobel, qualifient la situation à Gaza de « génocide en cours », dénonçant « l’obstruction délibérée de l’aide humanitaire » par Israël.
Johann Soufi, avocat international.