dimanche 31 août 2025

Le Silence du Vatican sur le Génocide de Gaza expliqué




14 mars 1937, l'encyclique de Pie XI, "Avec une brûlante inquiétude" (Mit brennender Sorge) s'élève contre l'hitlérisme et le racisme nazi.

Dans son livre sur le Judaïsme en Palestine, le R. P. Bonsirven, S.J. insiste sur l’aspect racial de la religion juive : " Le nationalisme juif... existe, ardent et sans compromis, sous la forme d’une religion nationale, ou plus exactement sous la forme d’une religion raciale. Cette expression semble dépourvue de sens, reliant deux termes et concepts rigoureusement opposés l’un à l’autre : le concept de religion, par nature supranational et universel, et celui de nation et de race, qui inclut l’exclusivisme. Tel est le paradoxe fondamental, constitutif, que recèle le Judaïsme ". (R.P. Bonsirven, S.J. : "Le Judaïsme palestinien au temps de Jésus-Christ")

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Palestine – Mit brennender Sorge (Avec une brûlante inquiétude)



Ceux qui se souviennent de l’encyclique de 1937, qui annonçait une guerre d’extermination, pourraient s’étonner du silence du Vatican à propos de Gaza aujourd’hui.


L’encyclique du 14 mars 1937 Mit brennender Sorge


Le 14 mars 1937, le Vatican fait lire en chaire dans toutes les églises d’Allemagne, en langue allemande et non en latin comme c’est la règle, une encyclique du pape Pie XI, en réalité rédigée par le cardinal Pacelli, le futur pape Pie XII.

C’est une véritable action clandestine et subversive qui vise à soulever, ou au moins, à pousser à la résistance passive, les catholiques allemands contre le Reich, à miner l’unité du pays, à saper l’autorité et la légitimité des nationaux-socialistes, à retourner le monde entier contre Hitler.

Dans sa réaction, note du 12 avril 1937, le Reich fait remarquer que :

« Le fait que l’impression et la diffusion de l’encyclique aient été menées dans le plus grand secret démontre que les instances ecclésiastiques responsables de sa rédaction et de sa diffusion étaient fort bien conscientes de l’illégalité du procédé et de la violation de leurs devoirs civiques. »

C’est très étonnant parce que dans le même temps :

• L’Allemagne et le Vatican avaient signé un concordat qui assurait l’assise matérielle de l’Église en Allemagne. La note poursuit : « Qu’on se rappelle, enfin, les nombreuses constructions d’églises nouvelles, la fondation de nombreuses nouvelles paroisses depuis 1933, les grands efforts financiers consentis en faveur de l’Église catholique au-delà des lourdes obligations du concordat et l’aide importante assurée par l’État pour la perception d’un impôt ecclésiastique grâce auquel l’Église se voit garantir une part importante de son assise matérielle. »

• Toujours selon la note : « Il suffit de porter l’attention sur le fait, reconnu par l’Église elle-même, que c’est grâce au national-socialisme que l’Église catholique d’Allemagne a été sauvée du chaos bolchevique. »

• Le Reich a fait tout son possible pour rompre avec la corruption des mœurs de la république de Weimar : on dit que les nazis ont brûlé des livres, c’est vrai, mais on ne dit jamais lesquels ; or, ce n’étaient pas les livres de Spinoza ni les partitions de Mendelssohn, de Mahler, ou de Schoenberg, mais des opuscules pornographiques particulièrement abjects et dégradants.

• Le Reich se battait aux côtés de Franco et des catholiques d’Espagne, contre les communistes.

• L’Église aurait eu bien plus de motifs de se plaindre d’un pays comme la France, avec son « droit d’inventaire » et son expulsion des congrégations ; or, le Vatican s’est rallié à cette république. La note fait remarquer à juste titre : « Pour ce qui est de son attitude à l’égard de l’Église et des efforts consentis pour elle, l’État national-socialiste n’a absolument pas à craindre qu’on le compare à d’autres États, même purement catholiques. »

De 1962 à 1965, Vatican II

Pour comprendre le silence sur Gaza, il nous faut passer par un nouvel épisode, dans le prolongement direct de Mit brennender Sorge : Vatican II.

Vatican II, c’est essentiellement la reconnaissance par l’Église, à l’instigation du B’nai B’rith (présidé par Label Katz), du World Jewish Congress (présidé par Nahum Goldman) et en France, de Jules Isaac (inspecteur général de l’Instruction publique en 1936), de sa responsabilité dans l’antisémitisme millénaire qui a conduit à Auschwitz. Ni plus, ni moins.

À cette occasion, l’Église va rejeter l’enseignement des Évangiles, puis des pères de l’Église, au sujet de la Passion du Christ, jusque-là présentée comme un déicide dont le peuple Juif porte collectivement la responsabilité principale.

Le 19 novembre 1964, les évêques et les cardinaux de l’Église catholique, réunis en concile à Rome, passent à une écrasante majorité le schéma traitant de l’attitude de l’Église par rapport au judaïsme. (Voir aussi Nostra Aetate le 28 octobre 1965).

Le 20 novembre 1964, il y a une déclaration du concile des pères dont voici un passage :


« […] Puisque tel est l’héritage accepté des Juifs par les chrétiens, le saint Concile se résout expressément à poursuivre et à recommander la compréhension et l’estime mutuelle par le biais d’études théologiques et de discussions fraternelles, et, au-delà, dans la mesure où elle désapprouve sévèrement tout mal infligé à qui que ce soit, de même, elle déplore et condamne la haine et la maltraitance (vexation) des Juifs […] »

Voici par exemple deux des vingt-et-une propositions d’Isaac qui ont pu inspirer les Cardinaux :


Proposition I – La religion chrétienne est fille de la religion juive. Le Nouveau Testament s’est édifié sur la base de l’Ancien Testament juif. À ce seul titre, le judaïsme doit inspirer le respect.

Proposition XIX – Pour établir la responsabilité du peuple juif dans le procès romain – l’arrêt de mort romain – le supplice romain, il faut attribuer à certains textes évangéliques une valeur historique qui est ici particulièrement contestable ; il faut passer sur leurs divergences, leurs invraisemblances, il faut en donner une interprétation qui, pour être traditionnelle, n’en est pas moins tendancieuse et arbitraire.

Autrement dit, le christianisme est un héritage juif, le témoignage des Évangiles sur la Passion n’a aucune valeur historique.

Sont ainsi rejetés pour leur « enseignement du mépris » Marc, Luc, Jean et Matthieu, mention spéciale pour Matthieu, le pire dans cette surenchère contre le peuple juif.

On rejette aussi l’enseignement des pères de l’Église, saint Paul, saint Grégoire de Nysse, saint Hilaire de Poitiers, saint Jérôme de Stridon, saint Éphrem le Syriaque, le pape saint Grégoire le Grand, saint Ambroise de Milan, saint Cyril de Jérusalem, saint Agobard primat des Gaules, et les deux pires saint Jean Chrysostom et saint Augustin d’Hippone.

Le Silence du Vatican sur le Génocide de Gaza expliqué

Il y a eu une Mit brennender Sorge en 1937 parce que le national-socialisme s’en prenait aux Juifs, et que les Juifs sont le peuple élu.

C’est la seule explication, quand on relit l’encyclique. On est frappé de voir que tous les arguments développés pourraient s’appliquer à n’importe quel État non théocratique (qui ne reconnaît pas la primauté de Dieu, et donc, de la hiérarchie ecclésiastique), en particulier, à la démocratie libérale et au communisme : or seule l’Allemagne nazie se fait taper sur les doigts. C’est logique, les autres, même s’ils s’en prennent à l’Église bien plus que ne le ferait le national-socialisme, ne s’en prennent pas aux Juifs, au contraire, le communisme est du pur judéo-bolchevisme, aussi bien dans la théorie que dans la pratique ; quant à la démocratie, le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elle est partout et toujours judéo-compatible – le Vatican s’est d’ailleurs rallié à la République et, de nos jours, LFi n’est plus considéré dans l’arc républicain en raison de son antisémitisme, autrement dit, l’arc républicain, c’est le CRIF et la LICRA.

Le primat du peuple élu dans le catholicisme sera consacré par Vatican II – et tant pis pour le primat du Christ que les Juifs ne reconnaissent pas –, mais ce primat du peuple élu était déjà en germe dans l’encyclique de 1937.

Pour Gaza, il est clair que l’assassinat de journalistes, le bombardement de civils, notamment à des points de ravitaillement, le blocage de l’aide alimentaire, la destruction des récoltes et des champs, bref, l’organisation de la famine, ne sont justifiables par aucun des préceptes chrétiens, néanmoins, là encore, le peuple élu est en jeu, ces actions sont le fait des Juifs, et on ne peut pas condamner les Juifs. Donc, là encore, c’est logique, il n’y aura pas de condamnation d’Israël par le Vatican.

Et ne nous y trompons pas, au-delà de ces considérations vaseusement théologiques, il y a une réalité politique : pendant deux mille ans, l’Église a dominé la Synagogue ; aujourd’hui, c’est la Synagogue qui domine partout. Qu’on ne vienne pas nous faire prendre des vessies pour des lanternes, ni ce qui n’est qu’un simple et banal changement de rapport de forces, pour des vertus théologales.

Comme le RN aujourd’hui, le Vatican a voulu se démarquer du national-socialisme, se dédiaboliser, c’est-à-dire, concrètement, ne plus être antisémite (contrairement à ce qu’elle a toujours été).

Donc, il n’y aura pas, il ne peut pas y avoir, de Mit brenennder Sorge pour la Palestine.

On nous permettra pourtant une question : en admettant que le témoignage des Évangiles sur la Passion n’ait pas de valeur historique, pourquoi ce témoignage ?
Francis Goumain



Sources :

• Pierre Maximin (Pierre Moreau) – Une encyclique singulière sous le IIIe Reich

• Vicomte Léon de Poncins – Les Juifs et le Concile Vatican II, chez Kontre Kulture

• Jules Isaac – Jésus et Israël, livre achevé en 1946, paru en 1948 chez Albin Michel, puis en anglais en 1959 avec le sous-titre : A Call for a Necessary Correction of Christian Teaching on the Jews

• Jules Isaac – Les 21 Propositions de Jésus et Israël

Nostra aetate

Mit brennender Sorge en français

Mit brennender Sorge, copie de la version originale





Cela signifie-t-il quelque chose pour vous, sionistes chrétiens ?





"Israeli soldiers’ psychopathic behavior with toys hits again, this time from one of their bases in Lebanon, where an Israeli terrorist posted a crucified monkey toy in his story. Does that mean anything to you, Christian Zionists?"

Israel Genocide Tracker.


Depuis un des avant-postes de l'armée israélienne au sud Liban, un militaire israélien a publié un article avec la photo d'un singe en peluche crucifié, rappelant la série télévisée « Toffee et le Gorille ».

« Toffee et le Gorille »
est une série télévisée israélienne mettant en vedette l'actrice israélienne Dawn Rosenzweig dans le rôle de Toffee. Intitulée « L'émission historique de Toffee le Gorille », l'émission, diffusée en 2007, a été scénarisée par l'écrivain israélien Roy Arad.

Bien que cette émission puisse surprendre de nombreux Américains, de telles opinions antichrétiennes existent depuis longtemps. Un livre publié par Princeton University Press, « Jésus dans le Talmud », de l'universitaire Peter Schafer, détaille les passages talmudiques concernant Jésus.



Jesus In The Talmud
Peter Schafer

Le Talmud, document fondateur du judaïsme rabbinique de l'Antiquité tardive, regorge de références à Jésus, et elles ne sont guère flatteuses. Dans cet ouvrage clair, richement détaillé et accessible, Peter Schfer examine comment les rabbins du Talmud ont lu, compris et utilisé le récit de Jésus dans le Nouveau Testament pour affirmer, en définitive, la supériorité du judaïsme sur le christianisme. 

Les récits talmudiques se moquent de la naissance de Jésus d'une vierge, contestent avec ferveur sa prétention à être le Messie et le Fils de Dieu, et soutiennent qu'il a été exécuté à juste titre comme blasphémateur et idolâtre. Ils subvertissent l'idée chrétienne de la résurrection de Jésus et insistent sur le fait qu'il a subi le châtiment qu'il méritait en enfer, et qu'un sort similaire attend ses disciples.

Schfer soutient que ces récits trahissent une remarquable connaissance des Évangiles, en particulier de Matthieu et de Jean, et constituent une polémique antichrétienne délibérée et sophistiquée qui parodie les récits du Nouveau Testament.

 

À Jéricho, le monastère de Saint-Gérasime sous pression des colons israéliens





Au cœur du désert de Judée, un des plus anciens monastères chrétiens est aujourd’hui menacé par l’expansion des colonies israéliennes. 

Début août, un avant-poste israélien a été érigé sur les terres du monastère grec orthodoxe de Saint-Gérasime, situé à quelques kilomètres de Jéricho, faisant planer une nouvelle menace sur la présence chrétienne en Terre Sainte.

Situé au nord de la mer Morte, il s’agit d’un des plus anciens monastères du désert de Judée. Il a été construit en 455 par saint Gérasime, ermite et grande figure du monachisme palestinien qui avait établi sa « laure » dans le wadi voisin. Ses moines grecs, héritiers d’une tradition vieille de plus de quinze siècles, y entretiennent la prière au cœur du désert. Le lieu incarne donc la continuité vivante de la foi chrétienne en Terre Sainte.

Pourtant, les terres qui entourent ce sanctuaire sont désormais convoitées. À une centaine de mètres du monastère se dresse déjà la colonie de Machana Nevo, composée d’une quarantaine de maisons préfabriquées. L’implantation récente d’un nouvel avant-poste, signalé par un drapeau israélien, marque une nouvelle étape dans la pression foncière exercée autour du monastère.

Le monastère se trouve en zone C de Cisjordanie, sous contrôle civil et militaire israélien. Cette zone, où vivent de nombreux Palestiniens et où se trouvent des sites chrétiens majeurs, est au cœur de la politique de colonisation. Selon l’ONG israélienne Peace Now, l’extension des colonies a connu un essor inédit depuis 2023, encouragé par certains membres du gouvernement israélien qui affirment vouloir « enterrer l’idée d’un État palestinien ».

Dans la région de Jéricho, au moins cinq avant-postes ont été établis ces derniers mois. Leur objectif est clair : quadriller le territoire, fragmenter l’espace et rendre impossible tout développement local. Les monastères, pourtant protégés par leur statut historique, se retrouvent progressivement encerclés. L’accès au monastère Saint-Georges de Choziba, voisin de Saint-Gérasime, a déjà été entravé par des barrières installées par les colons.

Face à cette situation, la Grèce, très attachée à ses biens ecclésiastiques en Terre Sainte, a réagi. Une réunion de haut niveau s’est tenue à Athènes afin d’examiner les mesures diplomatiques à entreprendre. Si la Grèce ne peut infléchir la politique globale de colonisation, elle cherche à mobiliser ses canaux diplomatiques pour préserver les propriétés de l’Église orthodoxe.

Dans un communiqué, le ministère grec des Affaires étrangères a exprimé sa « vive préoccupation » devant ce qui constitue, selon lui, une atteinte aux droits des communautés chrétiennes locales et au patrimoine spirituel universel.

Cette affaire met en lumière une réalité trop souvent passée sous silence : la présence chrétienne en Terre Sainte se réduit sous la pression combinée de l’exode, des violences et de la confiscation des terres. Chaque avancée coloniale fragilise un peu plus ces communautés qui, bien qu’ancrées depuis les origines du christianisme, se trouvent de plus en plus marginalisées sur la terre de leurs ancêtres.

Au-delà du cas du monastère Saint-Gérasime, c’est tout l’équilibre de la région qui est en jeu. L’avenir des chrétiens d’Orient, en Terre Sainte comme ailleurs, dépend de la capacité à défendre leurs lieux de vie, de prière et de mémoire contre les logiques d’expansion et d’appropriation. 



Palestine : les évangéliques américains, ou la politique de l’Apocalypse



L'ambassade chrétienne internationale de Jérusalem

Les signes sont là mais ils sont discrets. Le retour de Donald Trump à la Maison Blanche marque le retour en force de la philosophie évangélique dans les affaires américaines.

Donald Trump est, d’ailleurs, entouré à Washington par des pasteurs protestants extrémistes comme Paula White Caïn, sa conseillère spirituelle et cheffe du bureau de la Foi, ou Pete Hegseth. Le secrétaire d'État à la Défense est aussi très proche de ces milieux religieux.

Ce n’est donc pas un hasard si dès son arrivée au pouvoir, le président américain a nommé Mike Huckabee au poste d’ambassadeur des Etats-Unis en Israël. Ancien gouverneur de l'Arkansas et pasteur influent, il incarne l’aile dure des évangéliques américains. Fer de lance de ce courant, il refuse par exemple d’utiliser le terme “Cisjordanie”, lui préférant les appellations bibliques de “Judée” et “Samarie”.

André Gagné, professeur de théologie à l’Université Concordia à Montréal insiste sur l’importance de cette personnalité :

“Il est persuadé que pour que les Etats-Unis soient prospères, il faut qu’ils soutiennent Israël. L’homme a une vision du monde purement théologique et Israël est au cœur du plan religieux d’Huckabee”.

Mike Huckabee nie l’existence du peuple palestinien, estimant que cela est une création du XXème siècle.

Cet homme est aujourd’hui en mesure d’influencer en profondeur la politique américaine au Proche-Orient. Le chercheur canadien estime d’ailleurs qu’il n’y aurait pas eu, ces derniers jours, la décision d’accélérer le développement de colonies pour couper la Cisjordanie occupée en deux, ni l’annonce d’une opération militaire visant à prendre le contrôle de Gaza, si Huckabee n’occupait pas le poste d’ambassadeur en Israël.

Ce plan religieux est également celui de Johnnie Moore, pasteur et proche de Donald Trump. Il a été nommé le 3 juin à la tête de la Fondation humanitaire pour Gaza, co-créée par Washington et Tel Aviv pour distribuer de l’aide alimentaire aux Gazaouis affamés. Cette fondation, créée par Israël et les États-Unis pour se substituer au dispositif de distribution de l’ONU, ne prévoit que quatre centres de distribution, contre près de 400 points auparavant.

Face aux critiques visant sa fondation après la mort de plus d’un millier de civils venus chercher de l’aide dans l’un des quatre centres de distribution, il balaie les accusations en parlant de “désinformation” et rejette la responsabilité sur le Hamas — malgré les preuves accablantes recueillies par des journalistes, qui montrent des soldats israéliens ou des agents de sécurité privés ouvrant le feu sur la foule.

Comme tous les évangéliques, le révérend Johnnie Moore est un ardent défenseur d’Israël. Depuis sa prise de fonction, il répète sans discontinuité le narratif du gouvernement israélien, l’aide alimentaire était contrôlée par le Hamas, assure-t-il et dans une interview le 25 juillet avec l’Institut Hudson. Il va même jusqu’à prétendre que la moitié des employés de l’UNRWA appartenaient Hamas.

Le retour du Christ en toile de fond

Les évangéliques soutiennent Israël envers et contre tous pour des raisons bibliques. Ainsi fin octobre 2023, 90 pasteurs évangéliques ont publié un soutien à Israël indiquant que la guerre était une guerre “juste”. Certains défendent même la mort des enfants palestiniens.

Quel scénario se joue en Palestine aujourd’hui avec ces deux hommes de foi ? Les pasteurs évangéliques sont persuadés qu’Israël doit prendre le contrôle de toute la Palestine pour permettre le retour du Christ sur terre.

Les évangéliques lisent en effet le livre de l’Apocalypse de manière littérale.

André Gagné revient sur ce scénario eschatologique.

“C’est une interprétation littérale du texte, une interprétation particulière de la Bible. Il y a cette idée que les bons chrétiens vont être ‘enlevés’ par Dieu, ce qui va lancer le scénario de la fin du monde”.

Un Antéchrist, une grande tribulation des peuples et une bataille sanglante à Armageddon marquera la fin du monde, et ensuite Jésus reviendra sur terre pour diriger le monde depuis le Mont du Temple à Jérusalem. Dans cette interprétation, la guerre est une nécessité qui va amener la suprématie des Chrétiens sur le monde considérant que les Juifs vont se convertir en masse (cf. Le livre de l’Apocalypse, dernier livre du Nouveau Testament).

Pour ces évangéliques américains, Gaza comme la Cisjordanie occupée relèvent sans conteste d’Israël. À leurs yeux, les débats sur le droit international, l’occupation ou la colonisation sont dénués de sens. Ils militent activement au Congrès en faveur d’un “État juif” sans État palestinien, rejetant toute perspective de solution à deux États. Ils défendent la colonisation au nom de la conviction que la terre de Palestine appartient au peuple juif.

Si cette lecture littérale peut prêter à sourire, elle n’en demeure pas moins préoccupante.


“Ces pasteurs ont l’oreille du président américain. Ils constituent aujourd’hui le lobby le plus puissant aux États-Unis. On peut dire que la politique américaine est directement influencée par cette vision théologique. Leur poids au Congrès est considérable et leur objectif est clair : assurer la domination de la religion chrétienne. C’est inquiétant, d’autant qu’il s’agit des États-Unis, une puissance mondiale”, s’inquiète André Gagné.

Le professeur canadien rappelle que 85% de ces protestants évangéliques ont voté pour Donald Trump en 2024.

En 25 ans, un homme a réussi à ériger cette croyance en stratégie et diplomatie américaines à force d’avancer ses pions au sein du parti Républicain. Le pasteur texan, John Hagee, a développé le “sionisme chrétien”. Il a créé un lobby qui compte pas moins de dix millions de membres, les Chrétiens Unis pour Israël (CUFI) et son projet se résume en une simple phrase : “Nous aimons Israël parce que Dieu aime Israël”.

Des évangéliques très actifs en Israël

Depuis le 7 octobre 2023, des évangéliques du monde entier viennent en Israël aider bénévolement les entreprises en difficulté ou les kibboutz qui manquent de main d'œuvre. Nous sommes toujours dans cette logique qu’il faut aider Israël par tous les moyens.

Le mouvement a même une “ambassade” en Israël, “l’ambassade chrétienne internationale de Jérusalem”. En juin 2025, l’ambassade organise la venue de milliers de chrétiens américains pour la fête des cabanes. Cela se termine par une messe et un discours vidéo du Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu.

Cette ambassade a été créée principalement pour lever des fonds aux Etats-Unis pour Israël, elle verse 25 millions de dollars en moyenne chaque année au gouvernement israélien et finance même l’installation de familles juives du monde entier.

Ce soutien sans limite à Israël a ses racines dans une forme non assumée de racisme, estime le pasteur palestinien Munther Isaac, directeur de l’institut pour la paix et la justice de Bethléem. Il vient de publier “Le Christ dans les décombres : la foi, la Bible et le génocide à Gaza” (Eerdmans, 2025). Dans cet ouvrage, il dénonce la complicité des Eglises occidentales face au génocide des Palestiniens qui, selon lui, a ses racines dans une culture coloniale encore vivante en Occident.

“Comment peut-on expliquer que le monde regarde depuis plus de vingt mois un génocide sans broncher ? Les responsables religieux ont condamné très durement les attaques du 7 octobre 2023 mais aucun n’a condamné les actions d’Israël en des termes aussi durs”, dénonce le pasteur palestinien dans le podcast Madang.

Ce génocide a commencé quand la Palestine a été décrite en 1948 comme “une terre sans peuple” conclut-il. (Le révérend écossais, Alexander Keith a utilisé cette expression en 1843 pour défendre l’idée d’implantations juives en Palestine).

Source : TRT Global

samedi 30 août 2025

“Global Sumud Flotilla” : “la plus grande mission civique navale jamais réalisée” va tenter d’atteindre Gaza





À partir du dimanche 31 août, une multitude de bateaux vont partir de plusieurs ports européens pour tenter d’atteindre Gaza et d’y apporter de l’aide alimentaire. Pour y parvenir, l’initiative nommée “Global Sumud Flotilla” devra réussir à franchir le blocus naval imposé par Israël. Une mission quasi impossible.

“Des dizaines de bateaux, avec à bord des équipages venant de 44 pays, et une liste de plus de trente mille personnes prêtes à monter à bord et mettre le cap sur Gaza.” Les chiffres dévoilés par La Repubblica sont impressionnants et rendent bien compte des dimensions imposantes de la Global Sumud Flotilla, “la plus grande mission civique navale jamais réalisée”, qui vise à rejoindre le territoire palestinien pour ouvrir un canal humanitaire permanent.

Le départ de cette expédition est prévu le dimanche 31 août, lorsque les premières embarcations partiront des ports de Gènes et de Barcelone. “Le 4 septembre, poursuit le journal romain, le reste de la flotte prendra le large depuis la Sicile, la Tunisie et la Grèce.”

Tous ces navires, détaille de son côté Il Post, devraient ensuite se rejoindre quelque part dans la Méditerranée orientale, d’où ils chercheront à rompre le blocus naval imposé par Israël, pour acheminer de l’aide à la population de Gaza.” Quant à savoir s’ils y parviendront, c’est une tout autre question.

Mettre fin au “blocus injuste”

Comme le rappelle le site d’information transalpin, en effet, “au cours des dernières décennies, des dizaines d’embarcations ont tenté de forcer le blocus pour atteindre les côtes de Gaza, mais les bateaux ont toujours été arrêtés par la marine israélienne”. Le mouvement Freedom Flotilla n’en est d’ailleurs pas à son coup d’essai, car rien que cette année, il a déjà fait trois tentatives pour atteindre Gaza. Elles se sont toutes soldées par un échec. Celle de juin avait été particulièrement médiatisée, notamment à cause de la présence à bord du navire Madleen, de la députée européenne Rima Hassan, et de l’activiste écologiste suédoise Greta Thunberg.

Cette dernière devrait par ailleurs embarquer dans le premier bateau qui partira le 31 août de Barcelone, tout comme une autre “vedette” qui a déjà confirmé sa participation, l’ancienne maire de la capitale de la Catalogne Ada Colau. Comme le rapporte le quotidien espagnol El País, Colau s’est d’ailleurs déjà publiquement félicitée de participer à “la plus grande mobilisation jamais organisée par voie maritime” afin d’ouvrir “le couloir humanitaire dont Gaza a besoin” et ainsi mettre fin au “blocus absolument injuste” imposé par “l’État génocidaire d’Israël”.



Les Palestiniens sont les victimes d'un grand jeu géopolitique



A Gaza, l'humanité est seule, face à elle-même.

La crise morale que révèle le génocide des Palestiniens à Gaza est abyssale.

Les nazis ou les Khmers Rouges se cachaient pour commettre leurs crimes. A Gaza un génocide est commis en direct ! Le reste de la planète est témoin en temps réel des bombardements, des destructions, des meurtres arbitraires, de la famine organisée, des déplacements forcés, du nettoyage ethnique...

Les peuples du monde crient. Et pendant ce temps les gouvernants occidentaux nient la réalité - plusieurs sont les livreurs de munitions pour Tsahal. De l'autre côté, chez les BRICS, on se lave les mains: ce sont les turpitudes des Occidentaux.

En fait, les Palestiniens sont les victimes du grand jeu géopolitique : l'Occident pousse Israël pour empêcher la Chine de maîtriser les nouvelles routes commerciales. Le Hub israélien au débouché de routes commerciales qui empêchent la prédominance du One Belt One Road chinois.

Prenons la mesure de l'effondrement moral ainsi révélé. Aucun gouvernement- à part les Yéménites d'Ansarallah ou les Iraniens, seuls à se battre pour les Palestiniens- ne sortira intact.

Aucun motif, ni religieux, ni politique, ni économique, ni financier, ne peut justifier de laisser faire le génocide des Palestiniens de Gaza.

Une onde de choc terrible va parcourir la planète. A vrai dire elle a déjà commencé.

Un jour, tous diront: mais comment nos parents ont-ils pu laissé faire? Mais chaque génération, chaque peuple peut tomber dans l'abject.

Ce qui va rendre l'onde de choc dévastatrice, c'est un contrat simple: tout a lieu en direct et se déroule sous nos yeux.


Edouard Husson.


Le massacre des civils palestiniens se poursuit en toute impunité



Un bombardement israélien a TUÉ une famille de cinq membres dans leur maison du camp de réfugiés d'Al Nuseirat pendant la nuit !



Motasem A Dalloul, journaliste.

Les records macabres de Tsahal à Gaza


Rassemblement de Gazaouis autour de l’aide humanitaire, régulièrement pris pour cible par Tsahal.


Une mortalité infantile supérieure à celle de tous les conflits récents. L’équivalent « d’une classe d’enfants massacrée chaque jour depuis près de deux ans ». 70 kilotonnes de bombes larguées – six fois la bombe de Hiroshima, sur un territoire six fois plus peuplé. Un nombre record de mineurs amputés. Des tueries à un rythme inégalé depuis le génocide des Tutsis de 1994. Le carnage de Gaza aura porté le piétinement de la vie civile à de nouveaux sommets au XXIè siècle. Des crimes dont l’État israélien et son armée (« la plus morale du monde ») cherchent de moins en moins à dissimuler l’ampleur.

Deux mois après le début de la guerre, Jacobin avertissait : ce qui se déroulait à Gaza n’était « pas une guerre terrible de plus, mais une opération d’une autre nature ». La masse de faits, chiffres et témoignages horrifiques qui en émanaient autorisait à la croire. [Jacobin est un média américain partenaire de LVSL NDLR]

Dix-neuf mois ont passé, et il est désormais clair que les crimes de l’armée israélienne feront date dans l’histoire contemporaine.
D’atrocités en atrocités

Les expressions « sans précédent » et « du jamais vu » reviennent sans cesse à propos de Gaza, dans la bouche de médecins, travailleurs humanitaires, experts en droit et autres habitués des pires théâtres de guerre. Les chiffres leur donnent raison.

Trois mois seulement après le début de l’offensive, le taux moyen de mortalité infligé par l’armée israélienne – 250 morts par jour – dépassait celui des grands conflits du siècle ; Ukraine, Irak et Yémen compris. Le suivant sur la liste, la guerre civile syrienne, pourtant particulièrement sanglante, affichait un taux inférieur de moitié (96,5 morts par jour). Pour retrouver un conflit dont les cent premiers jours furent aussi meurtriers que ceux de Gaza, il faut remonter jusqu’au génocide des Tutsis de 1994 au Rwanda – les autres guerres ne s’en approchent même pas.

Depuis, le rythme des morts a « ralenti », mais uniquement parce que la destruction méthodique des hôpitaux par Israël rend plus difficile le comptage des victimes. En se fondant sur le chiffre officiel du 30 juillet – plus de 60 000 morts, sans doute très en-dessous de la réalité – on obtient encore un taux de 91 Palestiniens tués par jour, supérieur à celui de tous les autres conflits récents, Syrie exceptée. Comme le relevait le journaliste Peter Beinart, c’est aussi davantage de Palestiniens tués chaque jour que lors de certains des massacres les plus célèbres de l’histoire, qui avaient pourtant bouleversé l’opinion mondiale et provoqué des virages politiques : celui de Sharpeville en Afrique du Sud (69 morts) ou le Bloody Sunday en Irlande (26 morts).

Plus encore que le nombre total de morts, c’est l’identité des victimes qui frappe. Après un an, 902 lignées familiales avaient totalement disparu du registre civil de Gaza : aucun survivant, et autant de noms effacés à jamais. Près de 3 500 familles ne comptaient plus que deux membres, 1 364 un seul. Dans certains cas de figure, trois ou quatre générations d’une même famille ont été anéanties d’un seul bombardement. Un tel phénomène est familier des conflits précédents, mais n’a jamais atteint une telle échelle au XXIè siècle.

Gaza détient le record mondial du nombre d’amputés parmi les mineurs, rapporté à la population. En raison du blocus israélien, nombre de ces opérations ont été effectuées sans anesthésie.

Israël a tué une proportion exceptionnellement élevée de civils. En septembre 2024, alors que le bilan était bien plus bas qu’aujourd’hui, plus de femmes et d’enfants avaient déjà été tués que dans la période équivalente pour tout autre conflit des vingt dernières années. Même en adoptant l’estimation la plus basse – en excluant les corps non identifiés et en acceptant l’affirmation délirante d’Israël selon laquelle 20 000 combattants du Hamas auraient péri – les femmes, enfants, personnes âgées et hommes non affiliés au Hamas représentent encore 64 % du total. Cette proportion, largement sous-évaluée, place déjà Gaza au-dessus de la plupart des conflits les plus meurtriers des soixante-dix dernières années, Vietnam, guerres yougoslaves, Syrie et Yémen compris – et bien au-dessus de la moyenne de 50 % observée en moyenne au XXe siècle.

[Que 20 000 combattants du Hamas aient péri sous les bombes israéliennes, comme l’affirme Tel-Aviv, impliquerait que la quasi-totalité des hommes tués par Tsahal appartiennent à l’organisation. De multiples preuves et indices permettent de contrecarrer cette assertion invraisemblable, mais la plus probante réside peut-être dans les programmes israéliens d’intelligence artificielle utilisés durant les premiers mois après le 7 octobre 2023 : ils permettaient aux drones de tuer 100 civils pour un combattant du Hamas, et 300 civils pour un cadre du Hamas, ainsi que le rapportait LVSL à partir d’une enquête du média indépendant israélien +972Mag NDLR].

La violence subie par les enfants dépasse l’entendement. Quatre mois après le début des hostilités, Gaza affichait le pire taux de mortalité infantile de tous les conflits récents : dix fois celui de la Syrie, quarante-cinq fois celui du Yémen. Au 30 juillet, on comptait un enfant tué chaque heure. Comme le résumait la directrice exécutive de l’UNICEF, cela équivaut à « une classe entière d’enfants tuée chaque jour depuis près de deux ans » – une classe dans laquelle on trouverait des nourrissons et des enfants de moins de deux ans. Lorsque le ministère gazaoui de la Santé a publié en juin la liste complète des victimes, classées de la plus jeune à la plus âgée, il a fallu onze pages et 486 noms avant de trouver un enfant âgé de plus de six mois.

Trois mois après le début de la guerre, plus de dix enfants par jour perdaient une ou deux jambes. Gaza détient désormais le triste record mondial du nombre d’amputés parmi les mineurs, rapporté à la population. En raison du blocus israélien, nombre de ces opérations ont été effectuées sans anesthésie. Certains de ces enfants figurent parmi les plus de 17 000 orphelins produits par la guerre. Une nouvelle expression a dû être inventée pour décrire cette réalité devenue courante : « « enfant blessé, sans famille » (Wounded Child, No Surviving Family – WCNSF). Des médecins étrangers rapportent que certains de ces enfants, mutilés à vie et sans personne pour s’occuper d’eux, demandent à mourir.

Des preuves attestent que des enfants ont été délibérément pris pour cibles. Depuis plus d’un an, de nombreux soignants témoignent avoir traité des enfants touchés volontairement à la tête, au cou, à la poitrine ou aux organes génitaux – comme si des soldats israéliens les utilisaient pour « s’entraîner au tir ». D’autres fois, de jeunes garçons ont servi de boucliers humains à Tsahal. Des centaines d’enfants de Gaza ont été arrêtés et emprisonnés en Israël, où beaucoup ont subi des actes de torture. Les adultes ne sont pas épargnés : des dizaines de détenus sont morts sous la torture, qui inclut électrocutions, attaques de chiens et violences sexuelles si extrêmes qu’elles ont nécessité des hospitalisations.

Aujourd’hui, alors que la totalité de la population gazaouie vit dans une insécurité alimentaire aiguë, le nombre de morts, notamment d’enfants, va encore s’envoler. Un expert de la famine estime que celle qui sévit désormais à Gaza est « la plus minutieusement conçue et exécutée depuis la Seconde Guerre mondiale ». Officiellement, elle a déjà causé des dizaines de victimes – mais ces chiffres représentent sans doute à peine 10 % du total.

La destruction de biens culturels par les talibans ou l’État islamique fut un argument central pour en faire des menaces mondiales. Pareille action revendiquée par Israël n’a provoqué aucune réaction en Occident.

Des milliers d’enfants ont déjà dépassé le point de non-retour : ils mourront ou resteront handicapés à vie dans les semaines et mois à venir. Le directeur des opérations d’urgence du Programme alimentaire mondial (PAM) parle d’une situation « sans équivalent au XXIe siècle », comparable seulement à des famines du siècle dernier. C’est un nouveau sommet dans l’accumulation d’actes de cruauté qui caractérise cette guerre, tandis que l’armée israélienne continue chaque jour de massacrer des Palestiniens par dizaines, à coups de bombes et de balles.

Dévastation physique sans équivalent

Ce qui distingue Gaza, ce n’est pas seulement le massacre massif de sa population, mais l’ampleur de la destruction matérielle : une campagne systématique, d’une envergure inédite, visant chaque structure et institution rendant possible la vie organisée dans l’enclave.

En février 2025, 92 % des habitations avaient été endommagées ou détruites, les deux tiers du parc immobilier anéantis. Selon l’ONU, un tel niveau de destruction, « sans précédent » depuis la Seconde Guerre mondiale, ne pourrait être réparé avant 2040 si la guerre s’arrêtait immédiatement – et cet avertissement date déjà de quatorze mois.

Dès le premier mois, le blocus israélien privant Gaza d’électricité et de carburant a conduit à l’arrêt complet des cinq stations d’épuration et de la plupart des postes de pompage des eaux usées. Les déversements non traités ont contaminé les eaux côtières, les sols et les nappes phréatiques. Après un an, 70 % des installations de traitement de l’eau et de l’assainissement étaient hors d’usage. En juin dernier, à peine 49 % des unités de production d’eau potable fonctionnaient encore.

La dévastation écologique inclut, en avril 2025, la destruction de 83 % des terres cultivées, l’abattage de 95 % du cheptel bovin et d’environ deux cinquièmes des moutons et des chèvres. Le nord de Gaza, autrefois couvert aux deux tiers de terres agricoles, est devenu un désert. À cela s’ajoutent le bombardement de l’unique moulin à blé, la fermeture de toutes les boulangeries, la destruction de 72 % de la flotte de pêche et l’arrêt total du secteur halieutique. Gaza a perdu toute capacité à se nourrir seule – aujourd’hui et pour longtemps.

Ce désastre a eu pour effet pervers de rendre la population presque entièrement dépendante de l’aide humanitaire – aide qu’Israël a transformée, selon un ancien béret vert américain, en « piège mortel », où une moyenne de vingt-quatre Palestiniens meurent chaque jour, pris pour cibles alors qu’ils attendent de recevoir de la nourriture.

Plus de la moitié des sites du patrimoine culturel et un tiers des mosquées ont été endommagés ou détruits, certaines estimations avançant des chiffres bien plus élevés. Parmi eux, les deux plus anciens bâtiments de la bande de Gaza : la Grande mosquée al-Omari, lieu sacré pluriséculaire presque entièrement rasé par un bombardement aérien, et le hammam samaritain, bâti par une communauté antique se réclamant des tribus bibliques d’Israël, démoli à coups de bombes et de bulldozers. La destruction de biens culturels par les talibans ou l’État islamique fut un argument central pour en faire des menaces mondiales, tandis que l’anéantissement de la culture juive par les nazis est reconnu comme une composante clé de leur entreprise d’extermination.

Selon les estimations les plus basses, Israël a largué depuis le début de la guerre plus de 70 000 tonnes de bombes sur Gaza – l’équivalent d’environ six bombes d’Hiroshima

L’attaque contre le secteur de la santé a été particulièrement intense : au moins 94 % des hôpitaux ont été touchés, le dernier établissement pleinement fonctionnel ayant été partiellement détruit en avril dernier. Près de la moitié ne fonctionnent plus. Ce niveau de destruction est comparable aux neuf années de guerre au Yémen (50 % d’hôpitaux hors service) et dépasse largement les chiffres de la Syrie (37 %), de l’Ukraine (37,5 %) ou de l’Irak en 2003 (7 % partiellement détruits).

Comme les écoles ou les sites religieux, les hôpitaux sont protégés en temps de guerre. Les attaques qui les visent sont considérées comme si inacceptables que, lorsqu’en 2015 l’administration Obama avait bombardé par erreur un hôpital afghan, le Pentagone a désespérément cherché une justification, trois enquêtes ont été ouvertes, le président a présenté des excuses publiques et seize personnes ont été sanctionnées. Le scandale a été mondial.

L’État d’Israël, lui, a assumé et justifié ses centaines d’attaques délibérées contre des hôpitaux, écoles et lieux de culte.

Les personnels de santé sont également protégés. Pourtant, en deux mois, Israël avait déjà tué plus de soignants à Gaza que dans l’ensemble des conflits mondiaux survenus en une année depuis 2016. Ce chiffre n’a cessé de croître. Même dans les estimations les plus basses, les 557 soignants tués entre le 7 octobre 2023 et le 30 juillet 2025 représentent un peu plus du tiers du total mondial des victimes dans ce corps de métier pendant les huit années précédant la guerre. À cela s’ajoutent des centaines de soignants enlevés par l’armée israélienne, certains torturés à mort.

À la veille du premier anniversaire de la guerre, Israël bombardait en moyenne un centre ou un entrepôt de distribution d’aide tous les quinze jours, une école ou un hôpital tous les quatre jours, un abri temporaire toutes les dix-sept heures, et une habitation toutes les quatre heures. Résultat : une série de records funestes – le plus grand nombre de soignants tués en au moins une décennie, le plus grand nombre de personnels de l’ONU tués, la guerre la plus meurtrière jamais enregistrée pour les travailleurs humanitaires, et la plus meurtrière pour les journalistes, avec plus de reporters tués que dans les sept dernières grandes guerres impliquant les États-Unis réunies, y compris les deux guerres mondiales et la guerre de Sécession.
Bombardements industriels

Une grande part de cette dévastation tient à une campagne de bombardements d’une intensité et d’une indiscrimination rares.

Selon les estimations les plus basses, Israël a largué depuis le début de la guerre plus de 70 000 tonnes de bombes sur Gaza – l’équivalent d’environ six bombes d’Hiroshima, sur un territoire deux fois plus petit que la ville japonaise mais six fois plus peuplé. Les trois premiers mois furent les plus destructeurs : 25 000 tonnes d’explosifs, soit l’équivalent de deux Hiroshimas, avaient déjà été larguées en février 2024.

En six semaines à peine, le nord de Gaza a subi un niveau de destruction comparable à celui des villes allemandes de Dresde, Hambourg ou Cologne pendant la Seconde Guerre mondiale. Au troisième mois, Israël avait rasé 33 % des bâtiments de Gaza – un taux trois fois supérieur à celui infligé par les Alliés aux zones urbaines allemandes en trois ans. Robert Pape, historien militaire américain spécialiste de la puissance aérienne, a qualifié Gaza à ce stade de « l’une des campagnes de punition contre les civils les plus intenses de l’histoire », figurant « dans le quart supérieur des bombardements les plus dévastateurs jamais menés ».

Des chercheurs ont relevé que, dès cette période initiale, la destruction dépassait celle d’Alep, de Marioupol, de Mossoul ou de Grozny – cette dernière ayant été qualifiée par l’ONU de « ville la plus détruite au monde ». En décembre 2023, un spécialiste de la cartographie des destructions en temps de guerre soulignait que « rien n’égale ce rythme en si peu de temps ». Après dix-huit mois, Paul Rogers, professeur émérite et auteur de nombreux ouvrages sur la guerre moderne, estimait que le nivellement de Gaza était « sans précédent dans l’ère post-Seconde Guerre mondiale », comparable seulement à l’incendie de Tokyo en 1945.

Des bombes israéliennes de 900 kilogrammes, capables de tuer dans un rayon de 300 mètres, ont été larguées sur des zones dites « sûres », un marché bondé, un camp de réfugiés

Les chiffres illustrent cette intensité : en trois mois, Israël a largué bien plus de bombes que les Alliés lors de l’incendie de Hambourg (9 000 tonnes) ou du bombardement de Dresde (3 900 tonnes), que le musée américain de la Seconde Guerre mondiale qualifie d’« apocalyptique ». C’est aussi davantage que les 18 300 tonnes larguées par les nazis sur Londres pendant huit mois de Blitz.

En moins de deux mois, Israël a mené 22 000 frappes aériennes – un chiffre 60 % supérieur au n nombre de bombes de la coalition dirigée par les États-Unis contre Daech en Irak en plus de quatre ans, sur un territoire mille fois plus vaste. Ce chiffre dépassait aussi celui des frappes en Syrie durant la même période, alors que le pays est cinq cents fois plus grand que Gaza. L’opération américaine Inherent Resolve avait pourtant été décrite comme une « guerre d’anéantissement ».

En cinq jours seulement, Israël annonçait avoir largué 6 000 bombes sur Gaza. À titre de comparaison, le maximum annuel de bombes larguées par les États-Unis sur l’Afghanistan était d’un peu plus de 7 000 – un total également proche de celui de l’OTAN sur la Libye en huit mois, en 2011. Entre 2013 et 2018, jamais les États-Unis n’ont dépassé 4 400 bombes par an sur l’Afghanistan, pourtant 1 800 fois plus grand que Gaza.

Deux mois après le début de la guerre, Israël avait déjà utilisé 29 000 munitions, un chiffre « nettement supérieur à tout autre conflit des vingt dernières années », selon le directeur d’Airwars. La seule comparaison possible est la campagne de « choc et effroi » de 2003 en Irak, sur un territoire bien plus vaste. Ce total dépassait aussi celui des bombes larguées par les États-Unis dans le monde entier en 2016, et même le chiffre « inédit » atteint par Donald Trump au cours de ses six premiers mois à la Maison-Blanche.

Avec près de 500 bombes par jour, ce rythme surclasse de loin la moyenne américaine de 46 bombes quotidiennes sur tous les théâtres de guerre depuis vingt ans, et dépasse l’intensité des bombardements russes sur l’Ukraine en 2024, dont la plupart ont été interceptés par des systèmes de défense – absents à Gaza.

À cette létalité s’ajoute le recours massif aux munitions les plus destructrices et les moins précises. Entre 40 et 45 % des frappes des deux premiers mois ont utilisé des bombes non guidées, un taux « choquant » pour un expert du Pentagone.

Alors que les États-Unis privilégient généralement des bombes de 200 kilogrammes depuis le Vietnam, 90 % des munitions israéliennes durant les deux premières semaines de la guerre pesaient entre 450 et 900 kilogrammes. Ces dernières, capables de tuer ou blesser dans un rayon de 300 mètres et de creuser d’énormes cratères, ont été larguées sur des zones dites « sûres », un marché bondé, un camp de réfugiés, des immeubles résidentiels et à proximité d’hôpitaux.
Quand les mots manquent

À un certain stade, il importe peu de savoir si les responsables israéliens agissent ainsi intentionnellement (même si cela ne fait aucun doute) ou si cette guerre relève du génocide (ce qui est tout aussi incontestable). Même un survol de ces faits et chiffres suffit à le comprendre : quoi que l’on décide de l’appeler, ce qu’Israël inflige à Gaza est intolérable et d’une cruauté historique.

Dans l’histoire contemporaine, d’autres guerres ont fait davantage de morts ou proportionnellement plus de victimes civiles. D’autres pays ont subi un volume d’explosifs plus important. D’autres gouvernements ont tué davantage d’enfants et les ont torturés avec sadisme. D’autres nations ont été tout autant anéanties physiquement et ravagées sur le plan environnemental. Dans d’autres conflits, des travailleurs humanitaires et du personnel médical ont été tués, des hôpitaux détruits. Et il y a eu ailleurs des famines délibérément provoquées.

Ce qui distingue Gaza, ce n’est pas seulement de cumuler toutes ces caractéristiques ; c’est d’atteindre, dans chacun de ces domaines, des degrés parmi les pires observés depuis des décennies. C’est pourquoi tant de personnes qui ont passé leur vie à vivre, combattre, observer, mener des actions humanitaires ou étudier des conflits affirment avec constance n’avoir jamais rien vu d’aussi atroce que ce qui se déroule à Gaza.

Ce que nous avons vu, ce que nous continuons de voir, c’est l’effacement pur et simple d’une société de deux millions d’êtres humains. Chaque aspect de la civilisation moderne, jusqu’aux aspects les plus élémentaires nécessaires à la survie d’une communauté humaine, a été méthodiquement et presque totalement détruit par l’armée israélienne à Gaza. Et nous assistons désormais à la lente, mais de plus en plus rapide, disparition massive de ses habitants – par la faim, la maladie et le meurtre.

Cet article a été originellement publié par notre partenaire Jacobin sous le titre « Israel’s Gaza War Is One of History’s Worst Crimes Ever ».




vendredi 29 août 2025

Jordanie : des enfants évacués de Gaza pour recevoir des soins

 

Un nouveau groupe d'enfants malades de Gaza, composé de 19 patients et de 62 membres de leur famille, est arrivé en Jordanie pour y recevoir des soins médicaux. Il s'agit du 10e groupe d'enfants malades de Gaza à arriver en Jordanie pour y être soigné. 

Depuis le 4 mars 2025, la Jordanie a évacué 518 personnes de Gaza, dont 153 patients et 365 membres de leur famille, en coopération avec l'Organisation mondiale de la santé (OMS), selon l'armée jordanienne.



29 août. Bombardements violents à Gaza, des quartiers entiers sont rasés

 

Gaza is under a massive Israeli attack right now



Israeli occupation forces are pounding Gaza City with robot-detonations and relentless airstrikes, especially in Al-Sabra and Al-Zaytoun, as part of a wider push to occupy the city.

Displacement spreads quickly under catastrophic conditions, with bombardment hitting areas from Al-Saftawi and Jabalia Al-Nazla to Abu Iskandar and Sheikh Radwan.

Quadcopters drop bombs and explosives on crowded homes and streets, leaving civilians with no safe path.

The army has declared Gaza City a “dangerous combat zone,” demolishing houses nonstop and attacking without mercy.

Suppressed News.


L'armée israélienne met en œuvre en ce moment le plan extrême de Smotrich contre Gaza.




L'Orient-Le Jour, quotidien francophone libanais :

"(...) l'armée israélienne mène une offensive pour prendre le contrôle de la ville de Gaza, la plus grande du territoire, dans le nord, en dépit des inquiétudes qui montent à l'international sur le sort des civils y vivant.

Les Nations unies estiment que la quasi-totalité des plus de deux millions de Gazaouis ont été déplacés au moins une fois en raison des combats et des bombardements, depuis le début de la guerre à Gaza.

Jeudi, des dizaines d'habitants ont emprunté la route côtière pour quitter le nord du territoire et rejoindre le sud, a constaté un photographe de l'AFP dans les environs de Nousseirat, dans le centre."




Cisjordanie occupée : les communautés bédouines face au nouveau plan de colonisation d'Israël

 

Le gouvernement israélien a approuvé le plan de construction de colonie baptisé E1. Un projet majeur de 3 400 logements qui risque de diviser la Cisjordanie en deux parties, le nord et le sud. La semaine dernière, le ministre d’extrême droite des Finances, Bezalel Smotrich, promettait, avec ce plan, « d’enterrer l’idée d’un État palestinien ». Dans l’immédiat, ce projet menace une vingtaine de communautés bédouines qui redoutent d’être chassées de leurs terres.



Gaza : l'exode contraint se poursuit vers le sud de l'enclave



Le secrétaire général de l'ONU met en garde contre "ce qui pourrait constituer de graves violations du droit international" alors que l'exode des Palestiniens du nord de Gaza se poursuit vers le sud de l'enclave sur fond d'intensification de l'opération armée israélienne.



Israël. Quand le fanatisme devient doctrine d’État


Des Israéliens tentent de coloniser la Syrie

“Cette région doit être annexée immédiatement” : des colons israéliens sont entrés en Syrie pour tenter de créer une colonie.


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En Cisjordanie occupée, Airbnb et Booking louent des logements de rêve sur des terres volées aux Palestiniens

Dans les colonies israéliennes illégales de Cisjordanie, les plateformes Airbnb et Booking.com continuent de proposer des dizaines d’hébergements. Des associations ont déposé plainte contre elles. En France, un collectif s’apprête à saisir la justice. La pression des ONG s’accroît.

Source

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Quand le fanatisme devient doctrine d’État

L’avocate franco-israélienne Nili Kupfer-Naouri prône inlassablement la violation du droit international humanitaire le plus élémentaire, en militant pour la destruction totale de Gaza et affirmant : 

- "Il n’y a pas de population civile innocente à Gaza."

- "Le grand Israël, c'est du Nil à l'Euphrate. Il arrivera un jour où nous l'aurons aussi."

- "L’application de notre souveraineté doit être immédiate parce que cette terre est nôtre par droit divin au peuple juif."

"Qu’est-ce que cela, écrit Tomy, sinon du terrorisme juif ?

Revendiquer la possession d’une terre au nom d’un « droit divin », justifier l’expropriation, le meurtre et le nettoyage ethnique par une mission religieuse, c’est exactement le discours des talibans, de Daech ou d’Al-Qaïda.

La différence ? Quand il s’agit de fanatiques musulmans, le monde entier crie au terrorisme. Quand il s’agit de fanatiques juifs israéliens, on appelle ça « souveraineté » et on leur déroule le tapis rouge.

Le deux poids deux mesures n’est pas seulement une hypocrisie, c’est un feu vert donné au pire : un terrorisme d’État, sanctifié par le silence occidental."


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"Ces fanatiques sont d’ignobles criminels protégés par l’armée"


En Cisjordanie illégalement occupée. Des colons Juifs ont volé 13 vaches appartenant au citoyen Nader Allan, du village d'Einabus, au sud de Naplouse. Il convient de noter que les colons avaient auparavant volé 41 vaches à ce même citoyen. La police israélienne l'a arrêté pour le contraindre à retirer sa plainte contre ces colons. À ce jour, il n'a reçu aucune indemnisation de qui que ce soit.

Ces fanatiques sont d’ignobles criminels protégés par l’armée la plus "morale" du monde. Et par Françoise Degois, Raphaël Enthoven, et Éric Naulleau qui insultent et traitent d’antisémites ceux qui s’indignent de ces ignominies.

Régis de Castelnau.


GAZA, quasiment 2 années d'horreurs avec la complicité de l'Occident

 
Abier Khatib :

"Regardez ce bébé… et cette main à sa gauche… quelqu'un d'autre est enterré à côté de lui, My God !"




Régis de Castelnau :

"L'Occident continue à s'effondrer dans une bouffonnerie sanglante, dont il y a peu d'exemples dans l'Histoire.




Un des pires criminels génocidaires de l'Histoire, poursuivi pour cela, propose celui qui l'arme pour continuer le massacre, à un prix occidental « de la paix ». Et le pitre de Washington inconscient de l'obscénité atroce de la séquence, boit du petit lait."


Gaza : les lignes bougent, il y a urgence !

 



Que la Une du journal populaire britannique à grand tirage, The Mirror, montre une photo de Karim Muammer, trois ans, hospitalisé dans le sud de Gaza pour malnutrition, avec la légende suivante : « Arrêtez d’affamer les enfants de Gaza », est un signe indéniable d’un tournant dans l’opinion publique internationale.

Le journal a également publié une lettre ouverte de 12 survivants de l’Holocauste, implorant Israël de mettre fin aux souffrances des enfants palestiniens, suite à l’annonce officielle de la famine à Gaza par l’ONU.

Vite, vite, Israël tue plus d’une centaine de Palestiniens par jour, sans compter les blessés, les morts de faim, et les destructions.




Holocaust survivors’ desperate plea to stop starvation as Gaza famine declared

En tant que survivants de l'Holocauste, leurs voix portent le poids de l'histoire.

Et aujourd'hui, alors que la famine est déclarée à Gaza, une douzaine de Juifs ayant échappé aux nazis lancent un appel urgent pour aider les affamés de l'enclave sinistrée. Dans une lettre ouverte poignante, les 12 survivants « implorent tous les responsables de nourrir les plus vulnérables et d'empêcher la famine des Palestiniens de Gaza ».

Des enfants font partie des centaines de personnes déjà décédées de malnutrition, alors que l'enclave sinistrée est en ruines après quasiment deux ans de bombardements israéliens. Mais la déclaration de famine, par le Système intégré de classification de la sécurité alimentaire (SISA), soutenu par l'ONU, marque une étape importante dans la crise humanitaire.


En tant que journaliste occidental, j’ai honte de voir mes collègues des médias faire l’apologie des crimes de guerre




Le massacre ciblé de leurs collègues palestiniens n’a toujours pas ébranlé les journalistes occidentaux dans leur lâcheté.


Le 9 novembre 2023, un peu plus d’un mois après le début du génocide israélien à Gaza, un groupe de journalistes basés aux États-Unis a publié une lettre ouverte.

« Nous nous tenons aux côtés de nos collègues de Gaza et saluons leurs courageux efforts de reportage au milieu du carnage et de la destruction », écrivent les auteurs de la lettre.

« Nous demandons également aux rédactions occidentales de rendre compte de la rhétorique déshumanisante qui a servi à justifier l’épuration ethnique des Palestiniens ».

Signée par 1 200 journalistes au cours de la première semaine de sa publication, la lettre appelait les reporters à « utiliser des termes précis » et à « dire toute la vérité sans crainte ni faveur » – en d’autres termes, à faire exactement ce que les reporters sont censés faire. Au lieu de cela, de nombreuses rédactions occidentales se sont rebiffées face à cette exigence de clarté morale et d’éthique journalistique. La couverture des réactions des employeurs à l’encontre des signataires de la lettre a rapidement noyé le contenu de la lettre elle-même. Sous peine de mesures disciplinaires, des employés de l‘Associated Press, du Washington Post, de Bloomberg et d’autres grands médias ont demandé à ce que leur signature soit retirée ; le Los Angeles Times a interdit aux employés signataires de la lettre de couvrir Gaza pendant au moins trois mois.

Au moment de la publication de la lettre, le siège israélien de quatre semaines avait tué au moins 36 journalistes palestiniens. Au 11 août 2025, ce bilan s’élevait à plus de 270 morts – et plus de journalistes ont été assassinés à Gaza que pendant la guerre civile américaine, les deux guerres mondiales, la guerre de Corée, la guerre du Viêt Nam, les guerres de Yougoslavie et d’Afghanistan réunies. Pourtant, le massacre généralisé (et parfois ciblé) de leurs collègues palestiniens n’a pas réussi à ébranler la lâcheté des journalistes occidentaux. Se cachant derrière un masque d’objectivité fallacieuse, les principaux médias continuent à éviter des mots tels que « génocide » et « apartheid », tout en donnant du crédit aux arguments souvent démentis de l’armée israélienne.

Vingt-deux mois après le début de l’assaut vertigineux et incessant d’Israël sur Gaza, il est facile de perdre de vue à quel point les règles du jeu ont changé. Au début du génocide, Israël a nié avec véhémence avoir ciblé des journalistes, malgré de nombreuses preuves du contraire. Cette semaine, Israël a admis avoir assassiné Anas al-Sharif, un reporter de 28 ans lauréat du prix Pulitzer et largement célébré comme « la voix de Gaza ». Une frappe aérienne israélienne ciblée a tué Anas al-Sharif et cinq collaborateurs et pigistes d’Al Jazeera alors qu’ils s’abritaient dans une tente pour journalistes à l’extérieur de l’hôpital Al-Shifa.

Se cachant derrière un masque d’objectivité fallacieuse, les principaux médias continuent à éviter des mots tels que « génocide » et « apartheid » tout en donnant du crédit aux arguments souvent démentis de l’armée israélienne.

Les responsables israéliens affirment, sans fournir de preuves, qu’al-Sharif était un dirigeant du Hamas et qu’il s’agissait donc d’une cible militaire légitime. (Aucune explication n’a été donnée pour la mort des autres membres de et de l’équipe d’Al Jazeera). Mais Israël lance si souvent des accusations sans fondement qu’en faire état avec crédulité serait une faute professionnelle journalistique : Si l’on en croit la comptabilité de l’armée israélienne, il suffit de lancer un caillou d’un mètre cinquante dans Gaza pour toucher un dirigeant du Hamas. Le camp de réfugiés de Jabalia, détruit par les forces israéliennes à la fin de l’année 2023 ? Israël prétend qu’il s’agit d’un « bastion du Hamas« . L’école Al-Tabaeen, transformée en refuge, massacrée en août 2024 ? « Quartier général du Hamas ». L’hôpital Al-Shifa, attaqué en novembre 2023, puis en novembre 2024 ? « Centre de commandement du Hamas ».

Lorsque l’armée israélienne a donné 24 heures à 1,1 million de Palestiniens pour évacuer le nord de Gaza en octobre 2023, elle a déclaré qu’il était nécessaire d’éradiquer les membres du Hamas qui se cachaient dans les tunnels sous la ville de Gaza. Puis, lorsqu’Israël a attaqué la ville de Rafah, dans le sud de Gaza, il a affirmé qu’il éliminerait les derniers bataillons militaires du Hamas. Le Hamas n’opère pas en Cisjordanie occupée, mais depuis le 7 octobre 2023, l’armée israélienne et les colons y ont tué au moins 964 Palestiniens. L’armée israélienne a également expulsé les résidents des camps de réfugiés du territoire, installé des points de contrôle et des barrages routiers, et détruit des habitations et des infrastructures civiles. Et même si Israël a déjà réussi à tuer les principaux dirigeants du Hamas, dont Yahya Sinwar et Ismail Haniyeh, ainsi que des hauts responsables du Hezbollah comme Ibrahim Aqil au Liban, le siège de Gaza se poursuit.

En octobre 2023, les médias occidentaux ont passé des semaines à débattre pour savoir si une explosion meurtrière à l’hôpital Al-Ahli Arab dans la ville de Gaza avait été causée par une frappe aérienne israélienne ou par une roquette mal tirée lancée par le Jihad islamique palestinien. En 2025, seuls 19 des 36 hôpitaux de Gaza sont encore opérationnels et 94 % ont été endommagés ou détruits par les attaques israéliennes.

En tant que journaliste occidental, j’ai honte de voir mes collègues des médias faire l’apologie des crimes de guerre. L’armée israélienne a directement menacé la vie d’al-Sharif pendant plus d’un an : En novembre 2023, il a déclaré avoir reçu plusieurs appels téléphoniques d’officiers de l’armée lui demandant de cesser ses reportages et de quitter le nord de Gaza ; peu après, le père d’al-Sharif, âgé de 90 ans, a été tué lors d’une frappe aérienne israélienne sur la maison familiale. En octobre dernier, Israël a publié une liste de six journalistes d’Al Jazeera, dont al-Sharif, et les a accusés d’avoir des liens avec des groupes militants. En juillet, le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) a demandé la protection d’Al-Sharif, craignant que les menaces publiques de l’armée israélienne ne soient un précurseur de l’assassinat du journaliste.

Malgré la campagne de diffamation israélienne documentée, à la suite de l’assassinat d’Al-Sharif, les médias occidentaux ont amplifié sans esprit critique les affirmations d’Israël selon lesquelles Al Jazeera est un porte-parole du Hamas. Un présentateur de la BBC s’est demandé si Al-Sharif travaillait vraiment en tant que journaliste indépendant, étant donné qu’Israël a interdit aux organes de presse internationaux d’entrer dans la bande de Gaza. Cette argumentation raciste occulte le fait qu’il incombe à Israël de ne pas supprimer la presse. Et si l’interdiction faite par Israël aux journalistes internationaux discrédite de facto tous les reporters restants à Gaza – par nécessité, des Palestiniens – comment la population de Gaza peut-elle espérer avoir une voix ? Israël est en mesure de légitimer son assaut en diffusant de la propagande à l’Ouest, et depuis près de deux ans, les journalistes palestiniens travaillent avec courage et diligence pour partager la vérité de ce qui se passe avec le monde. (N’oublions pas non plus qu’en 2021, des années avant l’attaque du Hamas du 7 octobre, Israël a détruit le bâtiment de Gaza abritant les bureaux de l’Associated Press et d’Al Jazeera).

Depuis le début, les responsables israéliens ont clairement indiqué que leurs objectifs militaires dans la région ne se limitaient pas au retour des otages capturés le 7 octobre, mais à l’expulsion totale du Hamas et, pour certains membres du parlement israélien, à la prise de contrôle de Gaza par Israël.

« Effacer Gaza. Rien d’autre ne nous satisfera », a déclaré le vice-président de la Knesset, Nissim Vaturi, le 9 octobre 2023. Aujourd’hui, près de deux ans plus tard, le cabinet de sécurité israélien a approuvé la proposition du Premier ministre Benjamin Netanyahu d’occuper la ville de Gaza, affirmant que c’est le seul moyen de vaincre le Hamas. Il est à noter qu’avant l’offensive prévue, Israël a éliminé al-Sharif ainsi que toute l’équipe d’Al Jazeera à Gaza.

« Ce n’est pas une coïncidence si les calomnies contre al-Sharif – qui a fait des reportages jour et nuit pour Al Jazeera depuis le début de la guerre – ont fait surface chaque fois qu’il a rendu compte d’un développement majeur de la guerre », a déclaré Sara Qudah, directrice régionale du CPJ, dans un communiqué. « Israël assassine les messagers. »

Depuis la première publication de la lettre ouverte des journalistes en novembre 2023, il est devenu de plus en plus évident qu’Israël s’engage dans une campagne d’épuration ethnique. Les médias occidentaux auraient dû être clairs à ce sujet dès le début. Il n’y a cependant aucun plaisir dans ce type de justification. Je n’éprouve qu’une profonde admiration pour les journalistes palestiniens qui continuent à partager leur message avec le monde entier en dépit d’une violence et d’une destruction horribles.

Après qu’une frappe aérienne israélienne a tué le correspondant d’Al Jazeera Ismail al-Ghoul en juillet 2024, des journalistes palestiniens, dont al-Sharif, ont été filmés en train de jeter leurs gilets pare-balles par terre. Maintenant que M. al-Sharif a lui aussi été tué, je me surprends à revenir sur les paroles qu’il a prononcées à l’époque.

« Ce gilet de presse est le gilet que les institutions mondiales et locales prêchent. Ce gilet n’a pas protégé notre collègue Ismail. Il n’a protégé aucun de mes collègues », a déclaré M. al-Sharif. « Qu’a fait Ismail ? Qu’a-t-il fait ? Diffuser l’image ? Diffuser la souffrance des gens ? Désolé Ismail, nous continuerons à diffuser le message après toi ».

Schuyler Mitchell est une écrivaine, éditrice et vérificatrice de faits originaire de Caroline du Nord, actuellement basée à Brooklyn. Ses travaux ont été publiés dans The Intercept, The Baffler, Labor Notes, Los Angeles Magazine et ailleurs. Retrouvez-la sur X : @schuy_ler

Source: Arrêt sur Info

Version originale : Truthout.org