Trois couards armés contre un enfant palestinien terrorisé, voici l'armée israélienne, l'armée la plus "morale" du monde selon Netanyahou.
L'Etat juif est un Etat virtuel qui perd rapidement le lien ténu qui le relie à la réalité. Cet Etat-fantôme tue les gens tout en collectant des fonds en Amérique ; il poursuit une sorte d'existence scélérate, comme l'illustre l'expression juridique "propriété du défunt". Ses champs sont entretenus par des travailleurs-hôtes importés, gardés par des Russes et des Ethiopiens, importés eux aussi, et font l'objet de conférences en amphi par des professeurs israéliens, enseignant (à temps plein et à vie) dans les universités américaines et de braves généraux, toujours à l’affût d’un brusque revirement des fabriquants d’armes américains. Le chômage augmente de jour en jour, les services publics sont en grève quasi-permanente ; le tourisme s'est effondré, les hôtels sont fermés et d'autres branches de l'économie nationale sont au bord de la faillite. Les Israéliens achètent des appartements en Floride et à Prague, tandis que les logements, en Israël, ne trouvent pas preneur. L'acharnement de Sharon à punir les Palestiniens, ressemble à celui de quelqu'un qui martyrise sa propre main gauche : les Palestiniens et les Israéliens sont mêlés et intégrés les uns aux autres, leur séparation tue l'économie des uns et des autres.
Vu de loin, des Etats-Unis, Israël semble un géant : puissance nucléaire, grand ami des Américains, l'Etat juif est un motif de fierté, pour certains Juifs américains. Un visiteur peut quitter nos côtes avec le sentiment, fort, que nous avons une identité marquée et que nous sommes prospères. Mais nous, qui y résidons en permanence, sommes les seuls à savoir qu'Israël n'est qu'un décor de carton-pâte. Israël est en train de s'écrouler, ses forces vives émigrent, en désespoir de cause, tandis que les généraux parachèvent la destruction du pays. C'est un sort cruel qui s'abat sur les Palestiniens : Israël, l'Etat-fantôme qui les assassine, est un corps sans âme, titubant comme un zombie, qui hante les couloirs du Congrès américain et les déserts du Proche-Orient.
Et c'est pour ce spectre que de gros bonnets juifs américains pressurent leurs employés et leurs concitoyens comme des citrons, afin d'en extraire jusqu'au dernier centime, exigeant des coupes dans les pensions allouées aux personnes âgées et dans les allocations familiales, des restrictions aux budgets de la santé et de l'éducation, l'assèchement de l'aide internationale à l'Afrique et à l'Amérique du Sud, la mise sur pied de coalitions improbables avec des racistes aussi notoires que Pat Robertson et Jerry Falwell, la vitrification de l'Irak, bénissant le bombardement de réfugiés afghans, faisant tout afin de maintenir les Afro-américains dans leurs ghettos, minant la société qui les a accueillis, se créant des ennemis, à eux-mêmes et, plus largement, à l'Amérique. Ces agissements sont on ne peut plus avilissants. Certes. Mais, de plus, ils sont vains.
L'expérience sioniste est pratiquement terminée. Israël peut encore être maintenu en survie artificielle, cas d'acharnement thérapeutique évoquant celui qu'on exerce parfois sur un 'légume humain' en état de mort cérébrale. Il peut, certes, encore tuer des tas de gens, voire même déclencher une guerre mondiale. Mais, pour lui, désormais, tout retour à la vie est impossible.
L'Etat juif d'Israël est un état d'esprit ; il n'est que la projection de la mentalité juive américaine. Les préoccupations et les problèmes qui l'agitent sont les problèmes des Juifs américains. Pour nous, ‘Juifs’ israéliens, il n'est nul besoin de ségrégation, de guerre, de soumission des habitants d'origine. Nous ne mangeons pas de bagels, nous ne parlons pas yiddish, nous ne lisons ni Saul Bellow ni Sholom Aleichem et, pour nous, les synagogues "valent le détour". Nous préférons la cuisine arabe et la musique grecque. Dans mon quartier, il y a sept boucheries vendant de la viande de porc contre une boucherie kasher. Quarante pour cent des couples, à Tel Aviv, se forment hors cadre juif : les jeunes Israéliens préfèrent aller se marier à Chypre, ne serait-ce que pour éviter d'avoir affaire à un rabbin. Tel Aviv est la capitale homosexuelle du Proche-Orient, en dépit du fait qu'en vertu de la loi juive, les homosexuels devraient être occis. Parfois j’aimerais que nos grands amis, les juifs américains, nous abandonnent, dégoûtés, en nous jetant un dernier regard méprisant. Il s’agit d’une lamentable erreur d’identité. Nous ne sommes pas ceux qu’ils croient. Nous avons besoin de leur protection contre les Gentils à peu près autant que les poissons ont besoin de bottes imperméables.
Israel Shamir, 14 décembre 2001.
Israeli soldiers from the paratrooper brigades playing with underwear belonging to Palestinian women they displaced/killed.