mardi 4 février 2025

Nuit de terreur pour la communauté bédouine de Arab Al Mlaihat



Violence des colons israéliens, Cisjordanie - nord de Jéricho.

Nuit de terreur pour la communauté bédouine de Arab Al Mlaihat.


Des colons ont attaqué leur village et incendié la mosquée qui a été intégralement brûlée. Ils ont pu agir à leur guise et en toute impunité.

Source : Anne Tuaillon, présidente de l'Association France Palestine Solidarité (AFPS).

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Ce sont les alliés occidentaux d’Israël qui ont permis ce génocide contre le peuple palestinien. Ils l’ont laissé, depuis plus de 76 ans, en toute impunité, violer le droit international et installer un régime d’apartheid qui a préparé le terrain du génocide par une déshumanisation et une oppression systématique des Palestinien·nes. Ils lui ont de plus fourni massivement les armes sans lesquelles ce crime épouvantable n’aurait pas été possible. Et rien n’indique qu’ils ont l’intention de cesser.

Il aura fallu des mois pour que leur soutien inconditionnel à Israël s’estompe quelque peu. Il aura fallu des mois de mobilisation des peuples dans le monde entier. Il aura fallu que, grâce à l’engagement de nations comme l’Afrique du Sud, des mots clairs et précis soient mis sur les crimes commis : risque de plus en plus plausible de génocide (Cour internationale de Justice), demande de mandat d’arrêt pour crime de guerre et de crime contre l’humanité à l’encontre de Netanyahou (Cour pénale internationale), crime de guerre et crime contre l’humanité, dont le crime d’extermination (Commission d’enquête de l’ONU), liste noire des pays s’en prenant aux enfants en période de guerre. Des crimes dont la nature peut faire des alliés d’Israël des complices.

Un cessez-le-feu tant attendu, indispensable, mais qui n’est qu’une première étape pour arrêter le génocide. Une étape, permettant aux rescapé·es de reprendre leur souffle et de ne plus vivre dans la terreur permanente, qui doit être suivie d’une intervention humanitaire massive pour mettre fin à la famine et rétablir un semblant de conditions propices à la vie.

Mais le cessez-le-feu ne sonnera pas la fin du génocide qui pourra à tout moment s’accélérer ou reprendre à bas bruit tant à Gaza qu’en Cisjordanie. Car il ne faut pas oublier la Cisjordanie : une répression terrible avec presque 600 assassinats depuis le 7 octobre et près de 10 000 prisonnier·es politiques dont plus de 3 000 en détention administrative, 680 check-points, de nouveaux avant-postes et colonies, les communautés déplacées de forces, les milliers d’hectares confisqués, la violence des colons qui incendient champs et villages, tuent ou volent le bétail… l’agression lancée par Israël est bien une guerre totale contre tout le peuple palestinien.

Le cessez-le-feu ne sonnera pas la fin du génocide et encore moins la fin de l’apartheid, deux crimes au service du projet colonial d’Israël. L’objectif de confisquer toujours plus de terre en en chassant toujours plus de Palestiniens n’a pas disparu. Bien au contraire, ce colonialisme de peuplement-remplacement est revendiqué avec toujours plus de violence et de véhémence par la droite suprémaciste. Il est à l’œuvre comme jamais depuis 1967. L’opposition à Netanyahou est certes moins virulente mais il n’est pas non plus question pour elle de décolonisation.

La décolonisation et le démantèlement du régime d’apartheid sont au cœur de la lutte pour la libération du peuple palestinien. Ce sont ses droits à la liberté, à la dignité, à l’autodétermination, au retour, à la résistance, tels qu’ils sont garantis par le droit international qui doivent être instaurés. Mais rien ne sera possible tant que durera l’impunité d’Israël. Rien ne sera non plus possible tant que les alliés d’Israël contribueront par leur inaction et leur complicité au maintien du régime d’apartheid.

Cela passe par des sanctions diplomatiques, économiques et politiques pour imposer le droit à Israël. Cela passe aussi par la reconstitution du Comité spécial des Nations unies contre l’apartheid qui permettra d’enquêter de manière exhaustive sur la situation en Palestine. Ces enquêtes mettront en évidence l’apartheid israélien et l’obligation de le démanteler. C’est le sens de la Déclaration de Johannesburg sur le colonialisme de peuplement israélien, l’apartheid et le génocide qui appelle « tous les mouvements de solidarité à travers le monde à rejoindre la construction d’un mouvement mondial anti-apartheid » !

Anne Tuaillon.