Le monothéisme, la métaphysique des imbéciles
Par Alain Daniélou
L'illusion monothéiste est l'une des caractéristiques des religions du Kali Yuga. Les techniques et les rites qui nous permettent de prendre conscience de la présence des êtres subtils doivent tenir compte de la totalité de l'être humain et de sa place dans le cosmos. Le principe du monde est indéfinissable, mais toute existence implique la multiplicité. Le Principe est au-delà de la manifestation, au-delà du nombre, au-delà de l'unité, au-delà du créé. « Il n'est saisissable ni par l'oeil, ni par la parole, ni par les autres sens, ni par l'ascèse ou les pratiques rituelles. » (Mundaka Upanishad, III, I, 8.) Le divin est défini, dans la philosophie shivaïte, comme « ce en quoi les contraires coexistent ». Nous trouvons la même définition chez Héraclite. « L'union des contraires » (coincidentia oppositorum) était pour Nicolas de Cusa la définition la moins imparfaite de Dieu.
L'homme, faisant partie du créé, ne peut concevoir ou connaître que les aspects multiples de la divinité. Le monothéisme est une aberration du point de vue de l'expérience spirituelle. Issu d'une conception cosmologique qui aboutit à l'idée d'une cause première, ou d'ailleurs d'un dualisme premier, le monothéisme ne saurait s'appliquer à la réalité de l'expérience religieuse. On ne saurait communiquer avec la cause première de l'univers, au-delà des galaxies, pour recevoir des instructions personnelles d'ordre pratique. Une telle simplification fait partie de ce que les Hindous appellent « la métaphysique des imbéciles » (anadhikâri védânta).
Métaphysiquement, le nombre « 1 » n'existe pas, si ce n'est pour représenter un partiel ou une somme, car rien n'existe que par rapport à quelque chose d'autre. L'origine du monde ne peut être attribuée qu'à l'opposition de deux principes contraires et à la relation qui les unit. Le premier des nombres est donc le nombre « 3 », représenté dans la cosmologie hindoue par une trinité dont la signature se retrouve dans tous les aspects du créé, mais dont les principes composants ne sauraient être perceptibles ou concevables que dans leurs manifestations multiples. Les puissances subtiles que nous pouvons appeler des dieux ou des esprits, dont nous pouvons percevoir la présence, qui peuvent concerner le monde des vivants, sont innombrables comme les formes mêmes de la matière et de la vie auxquelles elles président.
L'homme, faisant partie du créé, ne peut concevoir ou connaître que les aspects multiples de la divinité. Le monothéisme est une aberration du point de vue de l'expérience spirituelle. Issu d'une conception cosmologique qui aboutit à l'idée d'une cause première, ou d'ailleurs d'un dualisme premier, le monothéisme ne saurait s'appliquer à la réalité de l'expérience religieuse. On ne saurait communiquer avec la cause première de l'univers, au-delà des galaxies, pour recevoir des instructions personnelles d'ordre pratique. Une telle simplification fait partie de ce que les Hindous appellent « la métaphysique des imbéciles » (anadhikâri védânta).
Métaphysiquement, le nombre « 1 » n'existe pas, si ce n'est pour représenter un partiel ou une somme, car rien n'existe que par rapport à quelque chose d'autre. L'origine du monde ne peut être attribuée qu'à l'opposition de deux principes contraires et à la relation qui les unit. Le premier des nombres est donc le nombre « 3 », représenté dans la cosmologie hindoue par une trinité dont la signature se retrouve dans tous les aspects du créé, mais dont les principes composants ne sauraient être perceptibles ou concevables que dans leurs manifestations multiples. Les puissances subtiles que nous pouvons appeler des dieux ou des esprits, dont nous pouvons percevoir la présence, qui peuvent concerner le monde des vivants, sont innombrables comme les formes mêmes de la matière et de la vie auxquelles elles président.
Le principe lui-même ne peut être personnifié. « Seul, l'adepte (dhîrah), par la connaissance supérieure, arrive à concevoir la présence en toutes choses de ce qui ne peut être perçu ni appréhendé, qui est sans attaches ni caractéristiques, qui n'a ni yeux, ni oreilles, ni mains, ni pieds, qui est éternel, multiforme, omniprésent, infiniment subtil et immuable, la matrice des êtres. » (Mundaka Upanishad, I, I, 6.)
La simplification monothéiste semble issue d'une conception religieuse de nomades, née chez des peuples qui cherchent à s'affirmer, à justifier leur occupation de territoires et leurs conquêtes. Le dieu est imaginé à l'image de l'homme. Il est réduit au rôle d'un guide qui accompagne la tribu dans ses migrations, donne des instructions personnelles à son chef. Il ne s'intéresse qu'à l'homme et, parmi les hommes, qu'au groupe des « élus ». Il devient une excuse facile à la conquête, au génocide, à la destruction de l'ordre naturel, comme nous pouvons l'observer tout au long de l'histoire. A l'origine, il n'exclut pas les dieux des autres tribus, les « faux dieux », mais uniquement pour les opposer, les détruire, et imposer sa domination et celle de « son peuple ». Nous pouvons suivre ce passage du polythéisme à l'exclusivisme, puis au monothéisme dans l'évolution de la religion du peuple hébreu.
Tout homme peut arriver par des pratiques extatiques à entrer en contact avec le monde mystérieux des esprits, monde dont la nature reste toujours indéfinissable et incertaine. Ce sont les soi-disant « prophètes », qui prétendent communiquer directement avec un dieu personnel et unique, édictant des règles de conduite qui ne sont en fait que des conventions sociales et n'ont rien à voir avec la religion ou le domaine spirituel, qui ont été les principaux artisans des déviations du monde moderne. Le monothéisme est contraire à l'expérience religieuse des hommes ; il n'est pas un développement naturel, mais une simplification imposée. La notion d'un dieu, qui, ayant créé le monde, attendrait quelques millions d'années pour enseigner aux hommes, avec un retard difficilement excusable, la voie du salut, est évidemment une absurdité.
Les religions monothéistes ont toujours pour point de départ la pensée, l'enseignement d'un homme, qu'il se dise ou non le messager, l'interprète d'une puissance transcendante qu'il appelle dieu. Ces religions s'expriment en dogmes, en règles concernant la vie de l'homme. Elles deviennent inévitablement politiques et forment une base idéale pour les ambitions expansionnistes de la cité. Parmi elles, le Judaïsme, le Bouddhisme, le Christianisme et l'Islam sont théistes, le Jaïnisme et le Marxisme sont athées.
Adopté par le Judaïsme - qui ne fut pas monothéiste à l'origine - , le concept du « dieu unique » à figure humaine est en grande partie responsable du rôle néfaste des religions ultérieures. Moïse, influencé probablement par les idées du pharaon Akhaténon, fit croire au peuple juif en l'existence d'un chef de tribu qu'il appelait le « dieu unique » et duquel il prétendit recevoir des instructions. Mohammed devait plus tard se comporter de même. Ces imposteurs sont à la source de la perversion religieuse du monde sémitique et judéo-chrétien. Ce « dieu », dont tant d'autres après eux ont prétendu interpréter les intentions jusque dans les domaines les plus relatifs, a servi de prétexte et d'excuse à la domination du monde par divers groupes d'« élus » et à un orgueilleux isolement de l'homme par rapport à l'œuvre divine.
L'impertinence et l'orgueil avec lesquels les « croyants » attribuent à « dieu » leurs préjugés sociaux, alimentaires, sexuels, qui d'ailleurs varient d'une région à l'autre, seraient comiques s'ils n'aboutissaient pas inévitablement à des formes de tyrannie, de caractère purement temporel. L'obligation de se conformer à des croyances et des modes d'action arbitraires est un moyen d'avilir et d'asservir la personnalité de l'individu, dont toutes les tyrannies, religieuses ou politiques, de droite ou de gauche, ne savent que trop bien se servir.
LE PROBLÈME CHRÉTIEN
Il faut distinguer le Christianisme des autres religions monothéistes, car, bien qu'il soit devenu un exemple typique des religions de la cité, il n'est pas certain qu'il représente l'enseignement réel du Christ lui-même dont il se réclame. Le message de Jésus s'oppose à celui de Moïse et, plus tard, de Mohammed. Il semble avoir été un message de libération et de révolte contre un Judaïsme devenu monothéiste, desséché, ritualiste, puritain, pharisien, inhumain. Sous sa forme romaine, le Christianisme s'opposa d'abord à la religion officielle de l'Empire comme il s'était opposé au Judaïsme officiel, à la religion d'État. Nous ne savons pas grand-chose des sources de l'enseignement de Jésus, de son initiation, de son séjour « dans le désert » vers l'Orient.
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*) Le "dieu" des Juifs avec son livre sacré, l’Ancien Testament, est un dieu de guerre, de haine, de violence, de massacre, de sang qui coule à toutes les pages.
• Exode 15:3 L’Éternel est un homme de guerre ; l’Éternel est son nom.
• Exode 17:13 Et Josué abattit Amalek et son peuple au tranchant de l’épée.
• Exode 17:14 L’Eternel dit à Moïse : Ecris cela dans le livre, pour que le souvenir s’en conserve, et déclare à Josué que j’effacerai entièrement la mémoire d’Amalek de dessous les cieux.
• Exode 17:16 Il dit : Parce que la main a été levée sur le trône de l’Eternel, il y aura toujours la guerre de l’Eternel contre Amalek, de génération en génération.
• Exode 23:27 J’enverrai la terreur de mon Nom devant toi, et j’effrayerai tout peuple vers lequel tu iras, et je ferai que tous tes ennemis tourneront le dos devant toi.
• Exode 32:27 Et il leur dit : ainsi a dit l’Eternel, le Dieu d’Israël : que chacun mette son épée à son côté, passez et repassez de porte en porte par le camp, et que chacun de vous tue son frère, son ami, et son voisin.
• Exode 32:28 Et les fils de Lévi firent selon la parole de Moïse ; et il tomba d’entre le peuple (les Gentils), ce jour-là, environ trois mille hommes.
• Lévitique 26:7 Et vous poursuivrez vos ennemis, et ils tomberont devant vous par l’épée.
• Lévitique 26:8 Et cinq d’entre vous en poursuivront cent et cent d’entre vous en poursuivront dix mille, et vos ennemis tomberont devant vous par l’épée.
• Nombres 21:3 Et l’Éternel entendit la voix d’Israël, et lui livra les Cananéens ; et il les détruisit entièrement, ainsi que leurs villes. Et on appela le nom de ce lieu Horma.
• Nombres 23:24 Voici, le peuple se lèvera comme une lionne, et se dressera comme un lion ; il ne se couchera pas qu’il n’ait mangé la proie, et bu le sang des tués.
• Nombres 31:7 Et ils firent la guerre contre Madian, comme l’Éternel l’avait commandé à Moïse, et ils tuèrent tous les mâles.
• Nombres 31:9 Et les fils d’Israël emmenèrent captives les femmes de Madian et leurs petits enfants, et pillèrent tout leur bétail et tous leurs troupeaux et tout leur bien.
• Nombres 31:10 Ils brûlèrent au feu toutes leurs villes, leurs demeures, et tous leurs châteaux.
• Deutéronome 2:21 peuple grand et nombreux et de haute stature comme les Anakim ; mais l’Éternel les détruisit devant eux, et ils les dépossédèrent et habitèrent à leur place, (peut s’appliquer à la Palestine et aux Palestiniens, descendants des Philistins).
• Deutéronome 7:1 Quand l’Éternel, ton Dieu, t’aura introduit dans le pays où tu entres pour le posséder, et qu’il aura chassé de devant toi des nations nombreuses, le Héthien, et le Guirgasien, et l’Amoréen, et le Cananéen, et le Phérézien, et le Hévien, et le Jébusien, sept nations plus nombreuses et plus fortes que toi.
• Deutéronome 7:2 et que l'Éternel, ton Dieu, les aura livrées devant toi, et que tu les auras frappées, tu les détruiras entièrement comme un anathème ; tu ne traiteras point alliance avec elles, et tu ne leur feras pas grâce.
• Deutéronome 7:4 car ils détourneraient de moi ton fils, et il servirait d’autres dieux, et la colère de l’Éternel s’embraserait contre vous, et te détruirait aussitôt.
• Deutéronome 7:5 Mais vous leur ferez ainsi : Vous démolirez leurs autels, et vous briserez leurs statues, et vous abattrez leurs ashères, et vous brûlerez au feu leurs images taillées.
• Deutéronome 7:21 Tu ne t’épouvanteras pas à cause d’eux, car l’Éternel, ton Dieu, est au milieu de toi, un Dieu grand et terrible.
• Deutéronome 7:22 Et l’Éternel, ton Dieu, chassera ces nations de devant toi peu à peu. Tu ne pourras pas les détruire tout aussitôt, de peur que les bêtes des champs ne se multiplient contre toi.
• Deutéronome 7:23 Mais l’Éternel, ton Dieu, les livrera devant toi, et les jettera dans une grande confusion, jusqu’à ce qu’il les ait détruites.
• Deutéronome 7:24 Et il livrera leurs rois en ta main, et tu feras périr leur nom de dessous les cieux; nul ne tiendra devant toi, jusqu’à ce que tu les aies détruits.
• Deutéronome 7:25 Vous brûlerez au feu les images taillées de leurs dieux ; tu ne désireras pas l’argent ou l’or qui sont dessus, et tu ne les prendras pas pour toi, de peur que par là tu ne sois pris dans un piège ; car c’est une abomination pour l’Éternel, ton Dieu.
• Deutéronome 12:27 et tu offriras tes holocaustes, la chair et le sang, sur l’autel de l’Éternel, ton Dieu, et le sang de tes sacrifices sera versé sur l’autel de l’Éternel, ton Dieu, et tu en mangeras la chair.
• Deutéronome 12:29 Quand l’Éternel, ton Dieu, aura exterminé devant toi les nations vers lesquelles tu entres pour les posséder, et que tu les posséderas, et que tu habiteras dans leur pays.
• Deutéronome 12:30 Prends garde à toi, de peur que tu ne sois pris au piège pour faire comme elles, après qu’elles auront été détruites devant toi, et de peur que tu ne recherches leurs dieux, en disant: Comment ces nations servaient-elles leurs dieux ? et je ferai de même, moi aussi.