par Guillaume Ancel
Après 2 années de guerre, déclenchée par le Hamas et par l’aveuglement du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, voilà que ce dernier a engagé une opération « militaire » majeure contre la ville de Gaza, au cœur de la bande du même nom.
Cette opération, que de nombreux militaires israéliens ont vivement déconseillée, n’est pas une « offensive terrestre destinée à détruire le Hamas et à libérer les otages israéliens » comme l’affirme Netanyahou, mais une vaste entreprise de déportation de la population palestinienne que le dirigeant israélien assimile au Hamas.
En effet, l’objectif premier de cette opération n’est pas de détruire un mouvement terroriste qui n’a aucune consistance militaire – et Israël a suffisamment d’expérience anti-terroriste pour le savoir – mais de faire fuir la population palestinienne vers le sud de la bande de Gaza, de réduire le territoire déjà limité qu’elle occupe pour s’en emparer. La manœuvre est grossière, mais elle est claire : les bombardements massifs contre la ville sont les préliminaires d’une vaste occupation de la capitale destinée à déporter massivement la population pour la concentrer vers la frontière avec l’Egypte.
Aucun argument militaire à l’opération contre la ville de Gaza, si ce n’est de la vider de sa population
Tsahal, l’armée israélienne, ne va combattre aucune armée du Hamas pour la raison que cette dernière n’existe pas. Son opération n’est pas une offensive terrestre car pour cela il lui faudrait une opposition militaire, une armée à vaincre alors qu’il n’existe plus dans Gaza qu’une population épuisée et affamée qui erre au plus pressé, survivre.
Certes, l’occupation de Gaza se fera dans un environnement particulièrement hostile du fait que les soldats israéliens ne risquent pas d’être accueillis avec des roses mais plutôt avec des grenades. Des grenades à peine plus dangereuses que les milliers d’engins non explosés tirés par les Israéliens eux-mêmes (obus, missiles et drones) et les immeubles dévastés menaçant de s’écrouler à tout moment sur ceux qui voudraient s’y aventurer.
L’argument de la destruction des tunnels n’est même plus brandi par le gouvernement Netanyahou tellement il est éculé, comme si détruire un souterrain pouvait anéantir un mouvement terroriste. Quant aux immeubles encore debout qui sont systématiquement bombardés, il ne s’agit évidemment pas de cibles pertinentes qui affaibliraient le Hamas, mais de détruire à tout jamais la possibilité pour les Gazaouis de vivre ici.
Une déportation de masse qui constitue un crime contre l’humanité
Fuir vers l’Egypte, fuir par la Méditerranée, fuir vers d’autres destinations, fuir à tout prix dès lors que l’armée israélienne aura reçu l’ordre d’ouvrir des portes vers l’extérieur de la bande de Gaza, aujourd’hui totalement verrouillée, comme un immense champ de la mort. Une déportation de masse qui constitue un crime contre l’humanité pour ceux qui ne l’auraient pas encore compris ou qui ne veulent pas observer la réalité.
Quant aux otages israéliens, moins d’une vingtaine encore vivants et dont on n’ose pas imaginer l’état, Netanyahou vient de les achever ou quasiment en allant bombarder au Qatar les négociateurs du Hamas en charge de discuter de leur libération. Pire encore, cette brute sans limite qu’est devenu Netanyahou a fait tuer le fils du négociateur en chef du Hamas, comme pour s’assurer que les otages israéliens ne seront jamais libérés…
Une déportation de la population que les réseaux Netanyahou veulent empêcher de nommer
Et pour finir, Netanyahou, dans sa politique de dévastation, entretient consciencieusement le fait que le Hamas – pourtant largement condamné – continue à jouer un rôle majeur. Il impose en permanence son meilleur ennemi pour représenter le peuple palestinien, au lieu de faire place à une organisation dont l’objet ne serait ni la guerre, ni la vengeance.
La France et l’Arabie Saoudite ont (enfin) pris l’initiative de faire reconnaître auprès de l’ONU un État palestinien digne et débarrassé du Hamas, en faisant adopter la « déclaration de New-York ».
Pendant ce temps, Netanyahou, aidé en cela par son ami Donald Trump le promoteur immobilier ex-candidat au prix Nobel de la paix, précipite la région tout entière vers le chaos. Des dirigeants radicaux veulent nous imposer leur « ordre nouveau », mais nous avons encore la possibilité de les en empêcher en refusant qu’ils nous emmènent sur ce chemin, tout simplement en commençant par le dire, ce qui n’est jamais vain.
https://nepassubir.fr/2025/09/13/gaza-deportation-en-cours-pour-sy-opposer-il-faut-commencer-par-le-dire