Hier matin, trois navires de la Global Sumud Flotilla ont été confrontés à de sévères avaries. La flotte s'est mobilisée pour réparer deux d'entre eux et, concernant le troisième, pour sauver l'équipage tandis que le bateau coulait. Ledit équipage a été redéployé dans plusieurs navires, dont l'Aurora. Nous avons donc accueilli Olfa, juriste franco-tunisienne, qui devient la douzième d'entre nous. Olfa, épuisée, assommée, mais soulagée, nous a raconté. Ce matin-là à quatre heures, voie d'eau dans les moteurs du Johnny M. Mettre les gilets de sauvetage, les yeux encore piquants, les gestes encore hésitants. Lancer "Mayday" sur la VHF. Attendre. Perdre les moteurs. Voir l'eau petit à petit s'étaler partout. Attendre. Perdre la VHF. Voir l'eau monter. Attendre. Être hissés à bord d'un autre bateau, puis conduits jusqu'à l'Alma, le successeur du Family en tant que navire amiral. De là, être dispatchés "là où on peut".
Les manœuvres de sauvetage et de redéploiement nous ont accaparés presque toute la journée du lundi. Il est donc vraisemblable que nous atteignions les eaux territoriales palestiniennes de Gaza mercredi soir seulement – au lieu d'aujourd'hui.
Reste que l'interception annoncée par Israël, et le kidnapping, et la détention illégale, peuvent intervenir n'importe quand, dès la seconde où nous aurons atteint les eaux territoriales de Gaza, et où nous serons alors abandonnés par les frégates de l'Espagne et de l'Italie.
Un nouveau jour se lève. Amis, c'est la dernière ligne droite.
Thomas Guénolé, à bord de l'Aurora, en mer au nord d'Alexandrie, dans les eaux internationales.