vendredi 30 mai 2025

Le ton monte entre Paris et Tel-Aviv

 


Après les dernières déclarations d'Emmanuel Macron, le torchon brûle entre la France et Israël. Au cœur de l'affaire, la solution à deux états, impensable pour Benyamin Netanyahu.




Proposition américaine de cessez-le-feu à Gaza acceptée par Israël



Le Hamas a indiqué jeudi soir que la nouvelle proposition américaine de cessez-le-feu dans la bande de Gaza acceptée par Israël, selon la Maison Blanche, ne répondait pas à ses demandes. Les précisions avec notre invité, Anthony Samrani, rédacteur en chef à l'Orient-Le jour.



Les causes profondes du conflit 


"Non, écrit Muzna Shihabi en accord avec Anthony Samranile problème ce n’est pas Netanyahu. Et non, Israël n’a pas « basculé » dans l’extrême droite. Ce que beaucoup qualifient de dérive est en réalité une continuité. Netanyahu n’a pas trahi l’esprit d’Israël. Il l’a accompli.

Depuis 1948, un système a été mis en place ; exproprier, enfermer, fragmenter, effacer. Un régime d’apartheid pensé, structuré, enseigné. Pas un accident de parcours. Une doctrine. Comme l’a montré Nurit Peled-Elhanan, les manuels scolaires israéliens n’accordent aux Palestiniens ni noms, ni visages, ni douleurs. Aucune histoire, aucun droit. Juste des ombres menaçantes. Des cibles. On prépare les massacres à l’école." 

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Le temps est venu d'admettre qu'Israël est une société malade et a besoin d'être soignée, a déclaré le président israélien Reuven Rivlin, à l'ouverture d'une conférence intitulée "De la haine de l'étranger vers l'acceptation d'autrui" (C'était en octobre 2014).

Lors de cette conférence organisée à Jérusalem par l'Académie israélienne des sciences et humanités, le président Rivlin s'est demandé si les Juifs et les Arabes avaient abandonné le secret du dialogue. "Je ne demande pas si (les Juifs) ont oublié comment être juifs, mais s'ils ont oublié comment être des êtres humains décents. Ont-ils oublié comment dialoguer?", a-t-il demandé, rapporte le Jerusalem post.

Aux yeux du président israélien, l'Académie a donc la tâche essentielle de réduire la violence dans la société israélienne en favorisant le dialogue et l'étude de différentes langues et cultures dans le but de promouvoir la compréhension mutuelle.

Ruth Arnon, la présidente de l'Académie, a pour sa part noté que les Juifs de la diaspora qui avaient été exposés à l'antisémitisme et à la persécution devraient être plus sensibles aux dangers de la provocation. "Mais le sont-ils?", a-t-elle demandé.

Également présent à la conférence, un spécialiste de l'holocauste, Yehuda Bauer, a noté que le racisme en Israël est généralement de nature nationaliste. Il s'est, dans ce contexte, dit préoccupé par le racisme religieux et par les éléments extrémistes marginaux qui sont, selon lui, les plus violents et les plus dangereux.

Après la découverte, début juillet, des corps de trois étudiants juifs assassinés en Cisjordanie, vécue comme un traumatisme national par les Israéliens, une hausse des violences à caractère raciste avait été notée en Israël. Suite à ces assassinats, d'inquiétantes expressions de racisme sont notamment apparues en plein jour.

Avant même cette affaire, les autorités israéliennes étaient embarrassées par la campagne du "prix à payer" lancée par des colons extrémistes qui ont multiplié, en début d'année, les agressions contre des Palestiniens, des Arabes israéliens ou encore l'armée israélienne, en réaction à des décisions du gouvernement qu'ils jugent hostiles à leurs intérêts ou à des actes attribués à des Palestiniens. Dans le cadre de cette campagne, des lieux de culte musulmans et chrétiens ont été également visés. Les autorités ont dénoncé des "crimes de haine".

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Le problème est systémique. Et il est profondément enraciné

Ce n’est pas “juste” un gouvernement. Ce n’est pas “quelques extrémistes”. Ce n’est même pas “une dérive”. C’est toute une société malade, gangrenée par une idéologie coloniale qui légitime la déportation, l’apartheid et l’extermination lente.

D’après un sondage récent, 82 % des Israéliens soutiennent l’expulsion de la population gazaouie. Pas une majorité silencieuse. Une majorité assumée, complice, qui transforme le crime de guerre en choix démocratique.

Et ce chiffre n’est pas isolé : les autres résultats du sondage sont tout aussi glaçants. L’adhésion populaire à des politiques relevant du crime contre l’humanité est massive. C’est un fait.

Alors il faut arrêter de réciter le mantra creux du “ce n’est pas le peuple, c’est le gouvernement”. Quand une société entière participe, soutient, banalise une épuration ethnique en direct, elle n’est pas neutre. Elle est coupable.

Le problème est systémique. Et il est profondément enraciné.


Sondage glaçant : 82 % des Israéliens soutiennent l’expulsion des Gazaouis





Source : Tomy le Magnifique


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Quand Reuven Rivlin dit : "la société israélienne est malade", ce n'est pas Ben Gvir qui le démentira.

À Gaza, Ben Gvir, ministre israélien, veut employer "toute la force nécessaire" contre le Hamas.







La reconnaissance d'un Etat palestinien est "un devoir moral" pour Emmanuel Macron

 

Le président français Emmanuel Macron a déclaré vendredi que la reconnaissance d'un Etat palestinien n'était "pas simplement un devoir moral, mais une exigence politique", tout en énumérant plusieurs conditions pour franchir le pas.




Israël : interdire les critiques, une stratégie au long cours

 


Alors qu’Israël continue ses exactions dans la bande de Gaza, ses alliés occidentaux haussent le ton mais n’exercent aucune pression réelle pour que celui-ci limite ses agissements, confortant ainsi son sentiment d’impunité.

Ce sentiment n’est pas nouveau. Il se développe depuis la fin du processus d’Oslo et la reprise de la guerre israélo-palestinienne au début des années 2000. Déjà à l’époque, les personnes qui ont osé dénoncer la politique d’Ariel Sharon, les blocus et les bombardements sur Gaza ont subi des campagnes de haine, réduisant ces voix critiques au silence. Il est devenu presque interdit de critiquer Israël, renforçant, par là-même, ce sentiment d’impunité.





Les enfants de Gaza ont faim


Un rapport de l'Integrated Food Security Phase Classification (IPC), une sorte d'indice international sur la sécurité alimentaire, affirme que 14 100 cas graves de malnutrition aigüe risquent de se produire chez des enfants âgés de 6 mois à 5 ans entre avril 2025 et mars 2026, donc en un an, si la situation ne changeait pas. 

Il s'agit d'une situation extrêmement critique.






"Une jouissance obscène de leur domination"




À Gaza, la faim creuse les ventres et brise les corps. Des enfants meurent, des bébés pleurent sans larmes, leurs mères n’ont plus de lait. La nourriture n’entre plus, l’eau manque, les hôpitaux ferment, l’odeur de la mort remplit l’air. C’est une famine organisée, assumée, stratégique. Une famine comme arme de guerre. 

Et pendant ce temps, juste à côté, à quelques centaines de mètres à peine, des Israéliens rient autour de barbecues, dansent, boivent, chantent. Parfois en hauteur, avec vue directe sur les décombres. Ils mangent à satiété, en musique, en famille. Pas en cachette — ostentatoirement. Comme un rituel d’humiliation.

Il ne s’agit plus seulement d’indifférence. C’est un message. Un mépris volontaire. Une jouissance obscène de leur domination. Ils savent que des enfants meurent en bas, et ils ajoutent du charbon sur le feu.

Cette juxtaposition est insoutenable. Elle n’est pas un hasard : elle incarne le projet israélien. Affamer, épuiser, écraser un peuple jusqu’à l’effondrement. Et pendant ce temps, revendiquer la normalité, la supériorité, la légitimité d’un État qui mange pendant que d’autres meurent.

C’est ça, leur humanité. Une humanité qui festoie au bord du gouffre.

Tomy le Magnifique sur X.




Gaza, nuit du 29-30 mai, ordre de déplacement des populations civiles



Fusées éclairantes dans le ciel de Gaza la nuit


"Appel urgent à l'aide :

Les forces israéliennes tirent des dizaines de fusées éclairantes sur la ville de Gaza et le nord du pays, appelant à des évacuations forcées massives, poussant des milliers de personnes à fuir leurs foyers en pleine nuit.

Nous mourons.

Anas Al-Sharif sur X.


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"Israël vient de publier un énième ordre de déplacement des populations civiles, visant cette fois les zones d’Al-Atatra, Jabalia al-Balad, Al-Shuja’iya, Al-Daraj, Al-Zaytoun et une large portion du nord de Gaza.

Encore une fois, des dizaines de milliers de Palestiniens sont contraints à l’exil sous la menace, sans garantie de sécurité, de retour, ni d’assistance.

Ce n’est pas une « mesure militaire » : c’est un crime de guerre, voire un crime contre l’humanité, en vertu du droit international. Déplacer de force une population civile occupée, de manière répétée, planifiée et systématique, constitue un acte gravement puni par la Convention de Genève."

Tomy le Magnifique

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Les ordres d’expulsion israéliens à Gaza constituent une guerre psychologique et physique




Médecins Sans Frontières (MSF) a confirmé que l’armée d’occupation israélienne utilise les ordres d’expulsion comme méthode de guerre psychologique et physique dans le cadre de sa campagne de nettoyage ethnique dans la bande de Gaza.

L’organisation a déclaré jeudi (29 mai) dans un communiqué que les forces israéliennes continuent d’utiliser systématiquement les ordres d’expulsion – qui précèdent les attaques quelques instants avant – comme un « outil de violence », transformant la bande de Gaza en un « enfer pour les Palestiniens ».

L’organisation a expliqué que les bombardements incessants, le refus quasi total d’aide humanitaire et les ordres d’expulsion déplacent des centaines de milliers de personnes et les enferment dans des espaces de plus en plus restreints.

Médecins Sans Frontières a déclaré que l'état d'alerte permanent et les ordres de déplacement soudains ont de graves conséquences sur la santé mentale de la population, ajoutant : « Les déplacements forcés de personnes causés par les ordres de déplacement doivent cesser.»




Invitée à une circoncision rituelle, elle en ressort bouleversée

 



Invitée par des proches à une brit milah (circoncision juive) selon la technique ultra-orthodoxe metzitzah b’peh, Ninna (le prénom a été changé) a été extrêmement choquée et durablement affectée par la brutalité du geste, auquel elle n’était pas du tout préparée. Depuis, elle n’a de cesse d’informer et de sensibiliser ses proches et ses connaissances à propos de ce qu’elle considère comme une mutilation.

Témoignage :

En France en 2018, je me suis trouvée brutalement plongée dans un univers insoupçonné, celui de la puissance des rites, celui du mépris de l’enfant au nom d’un bien supérieur, ou supposé tel, pour le faire entrer dans une communauté (ou ne pas l’en exclure).

J’ai été invitée, par une jeune femme qui m’est proche, à la circoncision du petit garçon qu’elle attendait. Cette invitation m’a été faite 15 jours avant la date prévue pour le terme, sachant que je serais proche géographiquement au moment de la naissance. La famille de cette jeune femme est en partie juive (côté maternel). Son père, décédé, était athée, mais, d’origine africaine, a été circoncis enfant et a fait circoncire son fils, le frère de la jeune maman. Elle-même, mise à part sa présence lors de la célébration des grandes fêtes juives qui se tiennent chez son oncle maternel, ne pratique aucun des rites juifs, ne tient pas compte des impératifs alimentaires et ne fréquente pas la synagogue parce que les femmes y sont considérées « différentes et inférieures ».

Avec un tel tableau, je me suis trouvée confortée dans mon idée naïve que la circoncision était une sorte de baptême chrétien avec pour seule différence que l’on faisait perler un peu de sang sur le pénis de l’enfant en rappel de l’Alliance de Dieu avec Abraham (voir la Bible, Genèse). Cela me déplaisait assez, mais avec la même naïveté ou la même volonté d’aveuglement que j’ai constatées chez beaucoup de personnes à qui j’ai raconté cet événement, j’ai supposé qu’une jeune femme affichant une telle liberté se ralliait sans aucun doute aux pratiques actuelles de beaucoup de juifs, qui remplacent la circoncision par un simple accueil liturgique en paroles, sans agression aucune des enfants, garçons ET filles. Bref, je n’ai pas approfondi ni questionné la mère ou le père du bébé. J’étais présente le jour fixé et ai même aidé à l’organisation de la fête (car c’était une fête où chacun des invités, réjouis – mais graves je dois le reconnaître – apportait des victuailles pour le repas qui devait suivre la cérémonie). Pour moi, toujours dans mon idée de baptême, je m’étais chargée des fleurs ; j’étais un peu étonnée d’ailleurs d’être la seule à fleurir l’appartement du jeune couple où se déroulait la circoncision.

C’était le 8e jour après la naissance du petit garçon, selon la prescription qu’on trouve dans la Bible, dans le récit de l’Alliance de Dieu avec Abraham. Pourquoi d’ailleurs dans la Genèse trouve-t-on, à quelques versets de distance, l’alliance de Dieu avec Abraham racontée une 1ère fois sans demande de circoncision par Dieu (chapitre 15) et une autre fois (chapitre 17) la même alliance conclue avec une espèce de chantage : Dieu fait alliance avec Abraham à condition que celui-ci lui sacrifie son prépuce et celui de ses descendants… C’était donc dans l’appartement des jeunes parents (ce qui me paraissait aussi rassurant) ; les demi-soeurs (par leur père, 9 et 15 ans) du nouveau-né étaient présentes, ayant été dispensées de classe pour l’occasion – autre élément qui aurait pu déjouer une éventuelle défiance.

J’ai commencé à m’inquiéter cependant quand j’ai vu le « mohel » (circonciseur) installer son matériel sur une petite table à côté du fauteuil d’Elie sur lequel trône le parrain de circoncision chargé de maintenir le nouveau-né pendant le supplice qui lui est infligé. Un flacon de désinfectant, beaucoup de gaze, des verres contenant des liquides, des ciseaux, pinces, des linges, c’est ce que j’ai aperçu, bref un ensemble qui évoquait un acte chirurgical.

L’assemblée était nombreuse mais j’ai pu voir la mutilation, le prépuce du bébé coupé et arraché, ce petit corps arqué par la douleur, hurlant son désespoir d’être abandonné par sa mère, son père, sa famille proche, tous ceux qui sont censés le protéger et qui détournaient le regard. J’étais tétanisée, mes larmes coulaient en silence, sans sanglot, comme je ne me souviens pas avoir jamais pleuré. Je me suis longtemps culpabilisée de ne pas être intervenue pour arrêter tout cela, de ne pas avoir crié mon indignation… Je me sens toujours coupable et c’est pour cela que je veux m’engager contre cette ignominie.

Pas d’anesthésie. Le bébé, endormi dans sa belle longue robe blanche, est installé sur les genoux de son parrain de circoncision. Le mohel le manipule pour trouver la meilleure position, relève sa robe, lui enlève ses couches, place les mains du parrain sur les cuisses du nouveau-né pour l’immobiliser, commence à tripoter son minuscule pénis pour essayer de dégager le prépuce. Le petit garçon commence à pleurer. Normal : chez le nouveau-né le prépuce et le gland sont collés et la manipulation est déjà douloureuse. Le bébé, à partir de ce moment jusqu’à l’acte final de la coupure qui mutile définitivement son sexe, a pour seule ressource de téter désespérément un doigt trempé dans de l’eau sucrée, puis une gaze siphonnant la même eau sucrée vers la bouche de l’enfant, puis une autre gaze trempée dans un autre récipient où devait être ajouté un peu d’alcool (à ce que j’ai pu déduire des « plaisanteries » de certains invités – et ce qui m’a été confirmé lors des recherches que j’ai faites sur le déroulement de la circoncision).

Une hygiène plus que douteuse : un acte chirurgical fait sans respect des règles de l’art (champ opératoire, gants, désinfection réelle et efficace…), les mains du mohel allant de la gaze mise et remise dans la bouche de l’enfant aux instruments « chirurgicaux », de ces instruments au sexe de l’enfant. Pas de gants stériles, etc.

Des chants et prières (en hébreu), assez beaux d’ailleurs, avant de bander la plaie. Et clou de la cérémonie : le mohel suçant le pénis ensanglanté du nouveau-né après s’être rincé « quand même » la bouche avec de l’alcool. Cela s’appelle la « metzitzah » [1] et j’ai su plus tard que certains bébés avaient contracté des herpès génitaux avec ce rite. Dans d’autres circonstances ce même acte serait considéré comme pédophile.

Je ne suis pas très sûre de l’ordre des actions de cette fin de cérémonie, il me semble que l’enfant est soulevé en espèce d’offrande au moment des chants et prières pendant qu’il continue à pleurer. La cérémonie s’est terminée avec des chants accompagnant le partage d’une coupe de vin entre les seuls invités mâles.

J’ai été très inquiète pour la santé du bébé pendant le mois qui a suivi. Par chance, la plaie s’est cicatrisée sans infection et sans signe des atteintes périphériques qui peuvent survenir. C’est maintenant un beau petit garçon, plein de vie et de malice. Mais la plage et la piscine révèlent souvent l’anatomie des bébés et ce sexe qui témoigne de la mutilation subie me fait interroger sur sa sexualité future : sera-t-elle perturbée, comme la parole, libérée aussi sur ce sujet jusqu’ici très tabou, d’hommes circoncis nous le révèle ?

Comment en est-on arrivé là ? Ce petit garçon est né de parents vivant en union libre. Sa mère juive (mère juive, père non juif) et non pratiquante est, apparemment, une femme « libérée ». Son père de religion catholique non pratiquant est de ma famille très proche. Il était au bord de l’évanouissement au moment de la mutilation de son fils. Quand il a vu mon bouleversement devant ce que je qualifiais entre deux crises de larmes de mutilation irréversible, il m’a dit que sa compagne avait subi des pressions de sa famille maternelle. Cet enfant était le 1er mâle de sa génération et il était important de célébrer son entrée dans la communauté juive. Quant à lui, il avait fini par accepter la brit milah :
– par respect pour la religion de sa belle-famille et parce que le rapprochement des religions demandait aux catholiques (par la voix du pape) de respecter les rites des autres religions ;
– par amour pour sa compagne et aussi dans l’ignorance, partielle, de la gravité de la mutilation qu’allait subir son fils.

À la suite de cette journée terrible, j’ai essayé de trouver ce que je pouvais faire face à ce gouffre que j’entrevoyais : ce petit garçon n’était certainement pas le seul à être victime de cette ignominie. Malgré la hâte qui me poussait à agir, j’ai pris le temps de me documenter le plus possible sur le judaïsme que je connaissais mal, et sur la circoncision en général. Aucun des documents en sa faveur n’a réussi à ébranler ma certitude que c’était un rite barbare indigne d’une société civilisée, et d’autant plus au XXIe siècle où l’on reconnaît enfin la réalité de la douleur de l’enfant, y compris nouveau-né. Douleur dont j’ai été témoin direct, douleur de ce corps sans défense venu au monde quelques jours plus tôt, douleur d’un corps supplicié. Mes recherches par Internet m’ont conduite vers des interventions de tout genre sur YouTube, mais surtout vers le livre de Sami Aldeeb, ouvrage dense, documenté, abordant tous les aspects de la circoncision. Avec lui et d’autres qui militent contre ces pratiques d’un autre âge, j’ai découvert avec horreur que des millions d’enfants subissent ces mutilations pour des raisons diverses, que des milliers en meurent. Y compris dans nos sociétés occidentales dites civilisées, au nom de religions qui maintiennent leurs fidèles dans des traditions barbares sous couvert du respect des textes sacrés, et par crainte de Dieu. Et, afin de berner le plus de monde possible, on invente des raisons hygiénistes qui servent de prétexte et de justification pour perpétuer ces « traditions ». Ce que Sami Aldeeb résume bien aussi, dans une vidéo.

Nous sommes tellement ignorants de ces pratiques que c’est dans la plus parfaite indifférence que se perpétuent ces atteintes criminelles contre des enfants innocents, nouveau-nés ou enfants plus âgés, au gré des folies d’adultes obscurantistes. Le livre de Sami Aldeeb sur la circoncision masculine et féminine porte en sous-titre « Le complot du silence ». J’ai été effectivement frappée – en parlant autour de moi de ce que j’avais vu et vécu – par les réactions de mes amis, famille, des professionnels de santé psychiatres, psychologues, infirmiers, aide-soignants, médecins généralistes, etc. Pour ceux qui me croyaient, c’était la stupeur avec manifestement le désir de se réfugier dans le déni : comment des gens que l’on connaît, qui sont cultivés, peuvent-ils croire que Dieu exige de mutiler le sexe d’un nouveau-né en signe d’alliance ? Ceux qui connaissaient la circoncision savaient qu’elle ne se pratiquait plus désormais dans les maternités françaises ou croyaient qu’elle était réduite à une simple goutte de sang et que la metzitzah était interdite en France. Pour beaucoup, c’était l’incrédulité, la gêne évidente et le désir affiché de changer de sujet, du genre : « c’est peut-être vrai mais que peut-on y faire, de toutes manières pour l’enfant que tu connais, c’est trop tard ; derrière cette famille tu vas t’attaquer à des gens puissants qui vont t’accuser d’antisémitisme. » Et c’est vrai que sous la violence du choc subi, j’ai senti monter en moi des bouffées de haine contre des religieux qui abusent de leur pouvoir pour convaincre des familles de marquer dans leur chair des enfants sans défense. Comment, dans nos pays de liberté où la règle est de respecter les religions, comment dans ma famille où l’on enseigne aux enfants la tolérance, peut-on être aussi aveugle et ignorer ou feindre d’ignorer la souffrance de ces enfants sacrifiés au nom de tous les arguments, supposés les plus sérieux théologiquement comme les plus farfelus et avancés par des pseudo-scientifiques ?

Voilà, quand je me suis sentie prête, j’ai contacté en mai 2019 par courriel Sami Aldeeb qui m’a donné les coordonnées de votre association que j’avais déjà repérée, mais je voulais m’assurer de la fiabilité et de la sagacité des personnes à qui je confierais mon expérience et mes tourments. Mon intention n’est pas de nuire à tous ces gens dont certains sont de bonne foi mais entraînés par le poids de pulsions inconscientes en fidélité à leur famille vivante ou défunte. Si, à la suite de mes échanges avec Sami Aldeeb, j’ai immédiatement signé votre appel à un débat public sur la circoncision, j’ai attendu la fin de l’été pour prendre contact avec vous. Je voulais d’abord rencontrer les parents du bébé dont je viens de vous raconter la circoncision, leur redire mon émotion et mes interrogations et les avertir de ma signature de l’appel au débat public lancé par Droit au Corps. Je les ai informés aussi de mon intention de rejoindre votre action. La réaction du père a été très positive, réaffirmant que fondamentalement il réprouvait cette pratique « d’un autre âge », il m’a simplement mise en garde contre les dangers de certaines associations farfelues ou fanatiques. La mère de l’enfant a pleuré, disant que je pensais qu’elle était une mauvaise mère ayant fait courir un grave danger à son bébé. Je ne doute pas qu’elle soit une bonne mère, je l’ai constaté souvent et je le lui ai dit – mais pour le danger couru par l’enfant et sur sa souffrance je ne pouvais le nier. C’est une jeune femme intelligente. Nos relations ne sont pas altérées depuis cette discussion, contrairement à ce que je craignais, et j’espère qu’elle va cheminer à son rythme pour percevoir quelle part d’obscurantisme a pu la conduire à perpétuer un rite barbare par fidélité à ses origines.

Par ailleurs, depuis mai 2019, je transmets dans mon entourage (famille, amis, et autres connaissances que j’avais déjà sensibilisées depuis un an par le récit de mon expérience traumatisante) les interviews s’élevant contre la circoncision, les travaux sur le sujet. De même pour le fondement et les objectifs de Droit au Corps et ceux de vos articles qui vont dans le sens d’une prise de conscience progressive de ce qui est soigneusement tu ou travesti. Dans l’ensemble j’ai recueilli un accueil favorable et jamais d’hostilité franche. Je constate que d’autres après moi prennent peu à peu conscience de cette mutilation qu’est la circoncision. J’ignore si cette prise de conscience les mènera plus loin. Le Net, malgré tous ses défauts, est notre chance, j’ose le penser. Il m’a permis en tout cas de découvrir des moyens d’agir pour calmer un peu cette douloureuse pensée que chaque jour des milliers d’enfants subissent cette pratique.

Ninna.


Question de Droit au Corps : vous utilisez le mot « barbare » qui peut être choquant pour les personnes qui pratiquent la circoncision, qu’en dites-vous ?

Ninna : Je suis d’accord pour la suppression du terme « barbare » s’il vous semble trop polémique. Je l’ai utilisé parce que j’ai vécu ce geste comme une barbarie. Après la circoncision, je me suis trouvée dans la cuisine du jeune couple avec 3 autres invitées apparemment aussi choquées que moi, dont l’une, une dame d’un certain âge, ne cessait de répéter : « Ce sont des barbares, ce sont des barbares… » Une autre, la marraine de l’enfant, non juive et choisie comme marraine sans aucun lien religieux, m’a dit : « ils sont dans leur monde, on ne peut rien faire, et pas les raisonner. » La dernière, une très jeune femme, amie de la mère du bébé, semblait complètement abasourdie.

Au mois d’août dernier, quand j’ai parlé avec le père du bébé, il m’a parlé de « rites d’un autre âge », ça j’en suis certaine ; il m’a semblé aussi qu’il a prononcé le mot « barbarie » mais n’en étant pas certaine je ne l’ai pas signalé dans mon témoignage. Je pense que ce dernier exprime assez, par ailleurs, une condamnation de la circoncision pour ne pas ajouter le terme de « barbare ». Donc je souscris tout à fait à la suppression de ce mot en accord avec votre approche respectueuse des personnes. La compassion pour l’enfant circoncis n’exclut pas le respect pour ceux que j’ai d’abord jugé comme des barbares avant de réaliser qu’ils étaient la plupart du temps victimes d’aveuglement et de pulsions souvent inconscientes.

Note de Droit au Corps : au vu de cette réponse qui apporte un éclaircissement sur l’utilisation du mot « barbare », nous avons décidé de ne pas modifier le témoignage. Pour rappel, Droit au Corps vise non seulement la fin des souffrances découlant des mutilations sexuelles, mais se préoccupe également de celles que pourraient éprouver les individus se sentant menacés dans leurs traditions ou contraints de les perpétuer (voir notre vision).

Commentaire de Droit au Corps

Depuis une loi de 1889, cette pratique est interdite en France, une loi jamais respectée.

CHEBEL, Malek, Histoire de la circoncision des origines à nos jours, Paris, Editions Balland, 1992, p.44

« C’est alors qu’a lieu l’aspiration rituelle du sang du prépuce (la méziza ou metsisa). Le péritomiste (ou orlatomiste) aspire le sang afin de remplir l’une des conditions de l’Alliance, l’Alliance par le sang préputial. Les observateurs assurent que cette coutume, qui a suscité tant de polémiques, est attesté dans la Michna, mais, en France, la controverse était telle qu’il a fallu l’interdire en 1889, interdiction qui n’a jamais été prise en compte. »



jeudi 29 mai 2025

50 000 MORTS PLUS TARD ! RIEN NE VA +

 


On t'explique pourquoi il a fallu plus de 50 000 Palestiniens tués pour que certains se réveillent enfin sur ce qui se passe à Gaza.



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Les chiffres d'Euro-Med Human Rights Monitor :

62 680 palestiniens et palestiniennes tués, 127 000 civils blessés

Au cours des 19 derniers mois de génocide, Israël a utilisé toutes les tactiques contre les civils et les infrastructures de Gaza pour tenter d'effacer l'identité et la viabilité de l'enclave. 

500 jours de dévastation implacable : chiffres clés :



Source : Euro-Med Human Rights Monitor


Cisjordanie occupée : Israël annonce 22 nouvelles colonies juives




Israël a annoncé jeudi la création de 22 nouvelles colonies juives en Cisjordanie occupée, au risque de tendre un peu plus ses relations avec une bonne partie de la communauté internationale mises à mal par sa conduite de la guerre à Gaza.



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Voici à quoi ressemble la Cisjordanie, carte à l’appui :



En brun foncé, les maigres 18 % de territoire que l’occupation daigne encore laisser sous contrôle palestinien. Tout le reste ? Colonies israéliennes illégales, avant-postes sauvages, bases militaires, checkpoints, murs d’apartheid, « réserves naturelles » réservées aux colons, et autres mécanismes d’annexion rampante.

Un gruyère ? Non. Une tumeur. Car c’est exactement ce que cette expansion coloniale est : une tumeur cancéreuse, implantée pour étouffer toute vie, toute souveraineté, toute existence palestinienne.

Tomy le Magnifique sur X.


Encore 25 personnes tuées par l’armée israélienne à Gaza

 



Jeudi 29 mai 2025, 
l’armée israélienne a bombardé le quartier Al Buraij au centre de Gaza.

"Encore 25 personnes tuées par l’armée israélienne à Gaza.

La plupart des victimes sont des enfants.

La boucherie se poursuit chaque jour, sans que personne ne croie plus à la propagande voulant faire croire que le sont des personnalités du Hamas qui sont ciblées." Aymeric Caron.

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"Israel commits a new crime by bombing a group of people in the street in the middle of Gaza City."


Gaza en flammes : La politique de Netanyahou transforme les Palestiniens en victimes d’une guerre sans fin





Benyamin Netanyahou a annoncé un plan de réoccupation totale de Gaza, affirmant que c’était le seul moyen d’atteindre ses objectifs – détruire le Hamas, déplacer ou exterminer les Palestiniens de Gaza.

Cependant, ce serait un coup fatal porté à toute tentative de mettre fin à une guerre injuste, fondée sur le génocide du peuple palestinien par Israël. Le Premier ministre israélien se leurre, comme toujours, lui-même et l’opinion publique israélienne s’il croit qu’intensifier les opérations militaires à Gaza et s’emparer de nouveaux territoires – deux tactiques qu’il applique depuis 19 mois de combats incessants – l’aideront à atteindre ses objectifs déclarés.

Le plan de Netanyahou et l’horreur à Gaza

Le seul résultat de son plan, clairement conçu pour satisfaire son extrême droite radicale, sera d’infliger encore plus de souffrances et de chagrin aux plus de 2,4 millions de Palestiniens qui survivent à Gaza. Cela entraînera une nouvelle vague de déplacements forcés des Palestiniens du nord de Gaza vers le sud, ainsi qu’une campagne de bombardements et de destructions massives, tuant encore plus de civils, dont des femmes et des enfants. Il ne reste déjà plus un seul bâtiment intact dans la bande de Gaza, tous ayant été touchés par les bombes, les missiles et les tirs impitoyables de l’armée israélienne.

La situation à Gaza était déjà catastrophique depuis le 18 mars, lorsque Israël a rompu une trêve précaire après seulement deux mois. Plus de 2500 Palestiniens, principalement des femmes et des enfants, ont été tués en sept semaines, portant le nombre total de victimes palestiniennes depuis le début de la guerre génocidaire d’Israël le 8 octobre 2023 à plus de 52 500. Ainsi, lorsque Netanyahou annonce une nouvelle phase d’opérations militaires intensives, il vise sans aucun doute à établir un nouveau record de meurtres arbitraires de civils palestiniens innocents.

Cette escalade coïncide avec les avertissements de l’ONU et des principales organisations humanitaires sur les conséquences désastreuses de la famine qui sévit à Gaza depuis que l’armée israélienne a imposé un blocus total le 1er mars, empêchant l’acheminement de nourriture, de carburant et de médicaments. Les enfants, les personnes âgées et les femmes endurent des souffrances insupportables. Beaucoup meurent ou succombent à des maladies en l’absence totale d’hôpitaux et de médecins. En d’autres termes, la machine de guerre israélienne, dirigée par Netanyahou, a transformé Gaza et ses habitants en un ghetto médiéval, privé de nourriture et de soins médicaux élémentaires.

La déclaration juste de Tom Fletcher

Dans son discours, le sous-secrétaire général de l’ONU aux affaires humanitaires, Tom Fletcher, a souligné avec justesse qu’Israël avait délibérément choisi, il y a plus de deux mois, de bloquer toute aide à Gaza et de saboter les efforts de l’ONU pour secourir les survivants de son offensive militaire.

«Ils ont été très clairs : cette politique vise à faire pression sur le Hamas. Oui, les otages doivent être libérés immédiatement. Ils n’auraient jamais dû être arrachés à leurs familles. Mais le droit international est sans équivoque : en tant que puissance occupante, Israël doit autoriser l’aide humanitaire», a déclaré Fletcher. «L’aide et les vies civiles qu’elle sauve ne doivent jamais servir de monnaie d’échange. Bloquer l’aide condamne les civils à la famine. Elle les prive de soins médicaux de base. Elle les dépouille de leur dignité et de leur espoir. C’est une punition collective cruelle. Bloquer l’aide, c’est tuer».

Fletcher a également confirmé que l’ONU avait rejeté la nouvelle méthode de distribution d’aide proposée par Israël, selon laquelle celle-ci serait contrôlée par des Israéliens, avec des sous-traitants américains et une présence sécuritaire israélienne dans les zones de distribution. Les soldats israéliens ne distribueront pas eux-mêmes l’aide – en raison des objections de leur état-major – mais superviseront le processus. Chaque famille palestinienne recevrait, avec l’autorisation d’Israël, une boîte de nourriture une fois par semaine, contenant le strict minimum.

Fletcher a déclaré que ce plan «ne répondait pas aux exigences minimales d’une aide humanitaire digne». Impuissant face à l’indifférence d’un monde qui regarde mourir et souffrir les Palestiniens chaque jour, il a lancé un appel : «Aux autorités israéliennes et à ceux qui peuvent encore leur parler, nous répétons : levez ce blocus cruel. Permettez aux humanitaires de sauver des vies». Et d’ajouter : «Les civils sans défense n’ont que faire des excuses. Mais je suis profondément désolé que nous ne parvenions pas à convaincre la communauté internationale d’empêcher cette injustice. Nous n’abandonnerons pas, même si le monde vous a donné toutes les raisons de le faire avec nous».

Dans ce contexte, il visait particulièrement l’Occident, pour qui la destruction d’autres peuples est une pratique courante – il suffit de se souvenir de l’Histoire.

La visite de Trump dans la région et sa politique

Le plan israélien jésuite d’escalade des combats à Gaza est apparu alors que la région s’attendait à des efforts plus soutenus pour rétablir un cessez-le-feu lors de la visite du président américain Donald Trump. Ce sera le premier déplacement de Trump dans la région depuis son entrée en fonction fin janvier, et l’on suppose que le leader américain ne souhaite pas que sa visite soit assombrie par la poursuite des combats à Gaza ou par une détérioration brutale de la situation humanitaire, où des enfants palestiniens meurent littéralement de faim.

Tous les dirigeants arabes, qui entretiennent depuis des décennies des relations étroites avec les États-Unis, ont salué la promesse de Trump de jouer les médiateurs pour arrêter la guerre à Gaza. Mais Trump n’a pas tenu sa promesse et n’a pas forcé Netanyahou à accepter un cessez-le-feu. Ainsi, les tentatives d’aboutir à une trêve durable ont échoué, et le Premier ministre israélien, cruel, agit en pensant avoir le feu vert de Washington pour faire tout ce qu’il veut, non seulement à Gaza, mais aussi au Liban et en Syrie.

Donner à Israël la liberté d’attiser le chaos et la guerre dans la région ne peut être une recette pour la paix et mettra certainement en péril les intérêts de tous les pays arabes, ainsi que ceux des États-Unis eux-mêmes. Toutes les ambitions américaines d’attirer des milliers de milliards de dollars d’investissements arabes ou de relancer la normalisation entre Israël et les pays arabes resteront des rêves tant que se poursuivra la guerre génocidaire à Gaza. Il est d’ailleurs étonnant de voir que les dirigeants de l’Arabie saoudite, des Émirats arabes unis et du Qatar – qui, en tant qu’Arabes, devraient défendre les intérêts palestiniens – s’apprêtent à offrir à Trump, comme il en rêve, des financements de 3 milliards de dollars. Or, cet argent ne servira pas seulement à financer des industries pacifiques, mais aussi à alimenter le complexe militaro-industriel américain. Cela signifie que les livraisons d’armes modernes à Israël augmenteront, tout comme les massacres de civils palestiniens. Dans notre monde, tout est lié !

Tous les experts militaires s’accordent à dire que la politique israélienne de pression sur le Hamas, par la force massive et les meurtres indiscriminés de civils, a fait son temps. Ainsi, le seul objectif évident d’un nouveau massacre à grande échelle de Palestiniens par Israël est de permettre à Netanyahou et son gouvernement de rester au pouvoir, en évitant toute justice.

Si Trump souhaite sincèrement établir la paix dans la région et servir les intérêts des États-Unis (ce dont le monde doute fortement), il doit absolument empêcher ce scénario ignoble et profiter de sa visite pour contenir son plus proche allié et mettre fin au génocide du peuple palestinien. Cependant, la réalité montre que les intérêts de Trump se situent dans un tout autre registre.

Mohammed ibn Fayçal al-Rachid.


Gaza, un génocide américano-israélien

 



The Times of Israel :

Huit cents avions de transport et 140 navires ont livré plus de 90 000 tonnes d’armements et de matériel militaire des États-Unis à Israël depuis le début de la guerre, indique le ministère de la Défense.


Mardi matin (27 mai 2025), le 800e avion a atterri, selon le ministère.

Le matériel militaire livré à Israël depuis le début de la guerre comprend « des véhicules blindés, des munitions, des équipements de protection individuelle et du matériel médical », précise le ministère.

Il affirme que ces livraisons constituent « un élément important » pour permettre à Tsahal de poursuivre ses opérations, « tant pour atteindre les objectifs de guerre que pour améliorer la préparation et les stocks ».

L’effort logistique a été mené par la Direction de la production et des achats du ministère, la mission du ministère aux États-Unis, la Direction de la planification de Tsahal et l’armée de l’air israélienne.

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"I’ll stop the war in 24 hours." And Israel bombing and starving Gaza for which you are supplying the weapons? Liar. Hypocrite. Corrupt (deeply)



Nouvelle exécution filmée en Cisjordanie occupée



À Beit Duqu, un village palestinien au nord-ouest de Jérusalem, les terroristes israéliens ont abattu un jeune Palestinien non armé lors d’un raid militaire.

La vidéo est sans appel : on y voit le moment exact où il est froidement visé et tué, sans aucune menace ni confrontation.




Pas un échange de tirs. Pas un combat. Juste une balle pour effacer une vie.

Cisjordanie occupée — pas Gaza. Un village civil — pas une zone de guerre.


Tomy le Magnifique sur X

82 % des Israéliens soutiennent le nettoyage ethnique à Gaza, selon un sondage


Le sondage révèle également que 93 % des Israéliens pensent que le commandement biblique “éliminer Amalek” s'applique encore aujourd'hui.

Un nouveau sondage révèle un soutien alarmant des Juifs israéliens au nettoyage ethnique à Gaza. Publié dans Haaretz, ce sondage montre que 82 % des Israéliens juifs soutiennent le projet d'expulsion des Palestiniens natifs de la bande de Gaza.

Le sondage a été réalisé en mars par l'un des chercheurs de l'université Penn State. Il a interrogé 1 005 Juifs à travers Israël.

À la question de savoir si l'armée israélienne devrait agir comme les Israélites bibliques sous Josué à Jéricho, c'est-à-dire tuer tous les habitants d'une ville conquise, 47 % ont répondu oui.

Plus de 65 % des personnes interrogées croient en une incarnation moderne d'Amalek, un ennemi biblique des Juifs. Parmi celles-ci, 93 % pensent que le commandement biblique “d'effacer Amalek” s'applique encore aujourd'hui.

Le soutien aux expulsions forcées a fortement augmenté.

82 % sont favorables à l'expulsion de tous les Palestiniens de Gaza. Plus de la moitié (56 %) soutiennent également l'expulsion des Palestiniens natifs de Gaza mais citoyens israéliens. En 2003, ces opinions étaient moins répandues, avec respectivement 45 % et 31 %.

Les Israéliens laïques sont également favorables à des mesures radicales. Parmi eux, 69 % soutiennent l'expulsion de la population de Gaza et 31 % sont favorables à une destruction de Jéricho inspirée de la Bible.

Cette tendance est plus marquée chez les jeunes générations. Parmi les Israéliens juifs de moins de 40 ans, 66 % sont favorables à l'expulsion des citoyens palestiniens autochtones et 58 % à la répétition de la conquête de Jéricho. Seuls 9 % des hommes de moins de 40 ans, soit les plus susceptibles de servir dans l'armée, rejettent toute idée d'expulsion ou de génocide.

Les spécialistes estiment ces croyances particulièrement bien enracinées.


“Le sionisme est un mouvement colonialiste qui cherche à déplacer la population autochtone”, a reconnu le quotidien Haaretz. “De tels plans se heurtent généralement à une violente résistance de la population indigène, suscitant des appels à son expulsion. Toute colonisation comporte donc un risque de nettoyage ethnique et de génocide, comme on l'a vu en Amérique du Nord aux XVIIe-XIXe siècles ou en Namibie au début du XXe siècle”.

Source : Quds News Network

Traduit par Spirit of Free Speech

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Jacques-Henry Heuls :


Le sionisme est en état de mort clinique. Moralement, politiquement et idéologiquement. Netanyahu et ses sbires sont en train de l’achever. Le pire pour eux, c’est qu’ils ne l’ont même pas encore compris. 

Le dégoût absolu qu’engendre, partout dans le monde, la politique israélienne à Gaza, en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, est exponentiellement croissant et irréversible. 

Si les sondages sont exacts, il semble qu’une grande partie de la population israélienne participe activement de ce naufrage.

Enfin, si en désespoir de cause, ces fanatiques attaquent l’Iran, les répercussions immédiates seront à la hauteur de leur hubris débridé.


Jacques-Henry Heuls est un diplomate français. Il est diplomate permanent au ministère de l'Europe et des Affaires étrangères de la France. Il avait auparavant été ambassadeur de France auprès des États des Caraïbes orientales, de la Barbade et de l'OECO. Il a été ambassadeur de France de 2020 à 2022.






mercredi 28 mai 2025

Horreurs inimaginables : plus de 50 000 enfants auraient été tués ou blessés dans la bande de Gaza




AMMAN, 27 mai 2025 – « En 72 heures ce week-end, les images de deux attaques horribles ont apporté une preuve supplémentaire du coût exorbitant de cette guerre impitoyable contre les enfants de la bande de Gaza. »

« Vendredi, nous avons vu des vidéos montrant les corps calcinés et démembrés des enfants de la famille al-Najjar, extraits des décombres de leur maison à Khan Younis. Sur les dix enfants de moins de 12 ans, un seul aurait survécu, grièvement blessé. » Lundi matin, nous avons vu les images d'un jeune enfant pris au piège dans une école en feu à Gaza. Cette attaque, survenue aux premières heures du matin, aurait fait au moins 31 morts, dont 18 enfants.

Ces enfants – des vies qui ne devraient jamais être réduites à des chiffres – s'ajoutent désormais à une longue et poignante liste d'horreurs inimaginables : les graves violations contre les enfants, le blocus de l'aide humanitaire, la famine, les déplacements forcés constants et la destruction des hôpitaux, des réseaux d'approvisionnement en eau, des écoles et des habitations. En résumé, la destruction de la vie elle-même dans la bande de Gaza.

Depuis la fin du cessez-le-feu le 18 mars, 1 309 enfants auraient été tués et 3 738 blessés. Au total, plus de 50 000 enfants auraient été tués ou blessés depuis octobre 2023. Combien de morts, filles et garçons, faudra-t-il encore ? Quel niveau d'horreur doit être diffusé en direct avant que la communauté internationale n'intervienne pleinement, n'use de son influence et ne prenne des mesures audacieuses et décisives pour mettre fin à ce massacre impitoyable d'enfants ?

L'UNICEF exhorte une fois de plus toutes les parties au conflit à mettre fin à la violence, à protéger les civils, y compris les enfants, à respecter le droit international humanitaire et le droit international des droits de l'homme, à autoriser l'acheminement immédiat de l'aide humanitaire et à libérer tous les otages.

Les enfants de Gaza ont besoin de protection. Ils ont besoin de nourriture, d'eau et de médicaments. Ils ont besoin d'un cessez-le-feu. Mais plus que tout, ils ont besoin d'une action immédiate et collective pour mettre fin à cette situation une fois pour toutes. 

Ricardo Pires

https://www.unicef.org/press-releases/unimaginable-horrors-more-50000-children-reportedly-killed-or-injured-gaza-strip


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Israël a assassiné Yaqeen Hammad (11 ans)



Yaqeen Hammad, 11 ans, était l'une des plus jeunes influenceuses de Gaza. Elle passait ses journées à préparer des desserts, à livrer de la nourriture et à apporter de la joie à d'autres enfants qui avaient tout perdu.

Le 23 mai, elle a été tuée dans une frappe aérienne après qu'Israël a bombardé son quartier à Deir el-Balah.

Elle fait partie des milliers d'enfants palestiniens tués depuis le début de la guerre à Gaza – et des dizaines d'autres tués au cours des deux derniers jours.


Début chaotique pour la "Fondation humanitaire de Gaza" soutenue par les Etats-Unis

 



Dans le sud de la bande de Gaza, des milliers de personnes affamées se sont précipitées mardi sur le nouveau centre de distribution d'aide humanitaire de la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), créée de toutes pièces et soutenue par les Etats-Unis.



“Aide humanitaire” ou opération de fichage militarisée ? Que se cache-t-il derrière la Gaza Humanitarian Foundation ?





Le nouveau camp de concentration d'Israël déguisé en zone de « distribution d'aide humanitaire »




Le nouveau camp de concentration d'Israël déguisé en zone de « distribution d'aide humanitaire »

Que faut-il savoir ?

Les images satellites montrent les avant-postes/entrepôts créés et construits par Israël dans la partie sud de Gaza, ces zones ont été construites après des mois de nivellement par les forces israéliennes de toute la zone de Rafah et de déplacement des résidents.

Le plan a été lancé sous le nom d'une nouvelle opération, « Les Chariots de Gédéon », annonçant le déplacement forcé de tous les Gazaouis vers une zone de 45 km² au sud de l'axe Morag, à Rafah – la seule zone où l'aide sera autorisée. Avec 2,2 millions d'habitants, la densité de population dépassera 49 000 habitants par km². Il ne s'agit pas d'une zone humanitaire, mais d'un camp d'extermination.

Le plan de distribution d'aide américano-israélien ne vise pas à apporter de l'aide, comme on le prétend. Son objectif premier et ultime est de repousser par la force les habitants de la bande de Gaza vers le sud.

Besoin de nourriture ? Oui, elle existe, mais en petites quantités distribuées chaque semaine. Pour s'en procurer, il faut entreprendre un long, épuisant et dangereux voyage vers l'extrême sud, en direction de Rafah. C'est une méthode détournée pour réaliser la première étape du plan israélien : concentrer la population dans le sud, s'emparer des terres, puis la déplacer de force, le tout sans intervention militaire intense.

Fondamentalement, ce plan a été conçu au sein des cercles israéliens et a reçu l'approbation sans réserve de l'ensemble du cabinet, y compris des ministres les plus extrémistes. Pourtant, aujourd'hui, il est commercialisé sous un couvert américain pour lui donner une couverture internationale, une fausse légitimité et atténuer l'embarras des pays complices de cette farce.

Comment cela sera-t-il mis en œuvre ?

La Fondation humanitaire pour Gaza (GHF), soutenue par les États-Unis, joue un rôle central dans le nouveau plan d'aide israélien, contrôlant la distribution après 68 jours de siège total de Gaza. Composée d'anciens combattants et de financiers américains, la GHF exploitera quatre plateformes d'aide privées et blindées, desservant jusqu'à 2 millions de personnes, en étroite coordination avec l'armée israélienne.

Bien que présenté comme indépendant et neutre, l'accès nécessite un contrôle biométrique via des couloirs contrôlés par Israël. Les groupes de défense des droits de l'homme mettent en garde contre le fait que le GHF crée un système d'aide militarisé, excluant les agences palestiniennes et la société civile.

L'ONU et les organisations humanitaires ont refusé de participer à ce plan. Le chef des affaires humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher, a condamné ce plan, le qualifiant de « spectacle cynique » et de « paravent pour de nouvelles violences », avertissant qu'il alimente les déplacements massifs de population et limite l'aide à certaines parties de Gaza, utilisant la famine comme monnaie d'échange.

Il a accusé Israël d’« imposer délibérément et sans vergogne des conditions inhumaines aux civils » et a appelé le Conseil de sécurité de l’ONU à agir de manière décisive pour prévenir le génocide et faire respecter le droit international humanitaire.

Ce plan autorisera une occupation permanente et l'accès des Palestiniens pour leur permettre ensuite de « migrer volontairement » de Gaza par le point de passage de Karam Abou Salem, puis vers l'aéroport de Ramon, afin de vider Gaza de sa population. Le problème est que ce n'est pas volontaire, car Israël a détruit tout ce qui permettait aux habitants de Gaza de vivre, ne leur laissant finalement pas le choix.

Suppressed News.

Un programme soi-disant humanitaire : La totale déshumanisation de la population de Gaza





Suppressed News :

Au milieu de la famine à Gaza, des dizaines de milliers de Palestiniens affamés ont pris d'assaut le centre de distribution d'aide américano-israélien [GHF] à Rafah, dans le sud de Gaza.

Le personnel de sécurité américain gérant le site a fui la zone et la société américaine gérant le site s'est retirée.

L’armée a tenté d’humilier les Palestiniens en contrôlant l’aide, en les forçant à faire des queues interminables sous le soleil et en décidant qui recevrait de la nourriture.

Mais des dizaines de milliers d'enfants, de femmes et de personnes âgées affamés ont pris d'assaut le centre humanitaire israélien de Rafah pour obtenir des paniers de nourriture. En réponse, des hélicoptères ont ouvert le feu et le personnel américain s'est retiré.



Tomy le Magnifique sur X :

Dès le premier jour du programme soi-disant humanitaire, des membres de la compagnie d’aide américaine ont fui en panique, abandonnant la distribution après que les terroristes israéliens ont ouvert le feu sur la zone ouest de Rafah.

Sur les images, on voit des Palestiniens parqués derrière des barrières, assignés à des routes clôturées, attendant un simple repas dans un dispositif israélien qui ressemble plus à un enclos qu’à un point de secours.

Comment peut-on appeler ça de « l’aide » ?

C’est une mise en scène de domination.

Une humiliation collective, filmée et organisée.

Une déshumanisation totale.




Gaza News :

Ce qui s'est produit aujourd'hui constitue une preuve irréfutable de l'échec de l'occupation à gérer la situation humanitaire qu'elle a elle-même créée délibérément, par le biais d'une politique de famine, de blocus et de bombardements. Cela s'inscrit dans la continuité d'un crime de génocide pleinement constitué au regard du droit international, en particulier de l'article 2 de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide de 1948.

L'établissement de "ghettos tampon" pour distribuer une aide limitée sous la menace de la mort, des balles et de la faim ne reflète aucune volonté réelle de résoudre la crise. Il s'agit au contraire d'une stratégie politique délibérément conçue pour perpétuer la famine, désintégrer la société palestinienne, et imposer des voies humanitaires politisées au service du projet sécuritaire et militaire de l'occupation.

Warfare Analysis :

Les Américains et les Israéliens ont tué 3 Palestiniens affamés et en ont blessé 46 autres lors de tirs directs sur des civils près du point de distribution d'aide de la société américaine à Rafah, dans le sud de Gaza.

Parmi les personnes tuées se trouvait un adolescent palestinien, vu souriant sur une photo peu avant d'être abattu d'une balle dans la tête par un sniper israélien ou un sniper mercenaire américain.





Israel-Gaza war: desperate Palestinians storm aid depot


A controversial new US and Israeli-backed aid organisation began operating in Gaza today.

But their distribution site quickly descended into chaos as Palestinians, desperate after weeks of an Israeli aid blockade, over-ran the facility.

The Gaza Humanitarian Foundation had already attracted criticism from other aid groups who have refused to work with it.





L’histoire oubliée de l’antisionisme juif

par Zachary J. Foster


Des juives antisionistes, du groupe Judies por una Palestina Libre, protestent contre le génocide des Palestiniens par Israël à Mexico, le 29 novembre 2024. Une manifestante porte une pancarte sur laquelle on peut lire «Pas en notre nom», une autre pancarte indique «Expulser Israël de l’ONU». Photo Zachary Foster.


Le sionisme a été impopulaire parmi la plupart des juifs pendant les six premières décennies de son existence juive, des années 1870 aux années 1930. Il est devenu dominant dans les années 1940 avec l’anéantissement des juifs d’Europe et la conversion des juifs usaméricains et arabes, qui sont passés de non sionistes à sionistes. Au cours des six décennies suivantes, le sionisme a prospéré, transformant l’affiliation religieuse des institutions juives du monde entier du judaïsme à l’israélisme. Cependant, au cours des deux dernières décennies, et surtout des deux dernières années, la communauté juive mondiale s’est divisée : alors que le sionisme s’est ancré parmi les juifs d’Israël, il a reculé parmi les juifs des USA, où résident 70% des juifs en dehors d’Israël et où le soutien au sionisme s’effondre à la vitesse la plus rapide de l’histoire. Ceci est l’histoire de la montée, de la chute et de la résurgence de l’antisionisme juif.

L’antisionisme juif avant 1948

USA et Europe occidentale

La plupart des juifs usaméricains, qui étaient entre 4 et 5 millions dans les années 1930, se sont opposés au sionisme depuis ses origines jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. Le mouvement réformé a clairement exprimé son rejet institutionnel du sionisme dans sa plate-forme de Pittsburgh de 1885 et dans une déclaration de 1898, puisque «la mission du judaïsme est spirituelle et non politique». Après la Première Guerre mondiale, 299 éminents juifs usaméricains ont écrit une lettre ouverte pour protester contre «la ségrégation politique des juifs et le rétablissement en Palestine d’un État spécifiquement juif». Selon eux, c’était «totalement contraire aux principes de la démocratie». Ils estimaient qu’un État juif dans un pays composé à 90% de non-juifs était antidémocratique. Allez savoir pourquoi. Pour citer l’historien juif usaméricain Morris Jastrow Jr. en 1919, «la présence de tant de nationalités en Palestine» est la raison pour laquelle il devrait y avoir «un État palestinien – pas un État juif, pas plus qu’un État mahométan ou chrétien…». Le problème du sionisme était évident pour la plupart des juifs usaméricains.

Même au milieu des années 1930, le sionisme n’attirait qu’une minorité de juifs usaméricains. Les principales organisations sionistes usaméricaines comptaient environ 1,5% de juifs usaméricains parmi leurs membres, soit 65 000 sur 4 400 000. La plupart des juifs se sont tenus à l’écart du sionisme parce qu’ils pensaient que la défense d’un État juif en Palestine jetterait le doute sur leur allégeance aux USA et confirmerait ainsi les accusations antisémites de double loyauté. Même les intellectuels juifs qui soutenaient la revitalisation de la culture juive, comme Samuel Untermyer et Felix Warburg, étaient de cet avis. Beaucoup d’autres, cependant, gravitaient autour du communisme, ridiculisant les sionistes en tant que nationalistes et impérialistes. Comme l’a dit un universitaire, les sionistes étaient «une petite minorité souvent moquée au sein de la gauche socialiste juive».

En Europe occidentale, l’attitude prédominante parmi les dirigeants et les intellectuels juifs avant la Grande Guerre était également un antisionisme déclaré. La plupart des juifs d’Europe occidentale, tout comme ceux des USA, cherchaient à s’intégrer dans leur société et considéraient le mouvement sioniste comme une menace à cet égard. Après tout, la frange sioniste de l’Europe a conclu des alliances avec les ennemis des juifs, les antisémites, convenant avec eux que les juifs n’avaient pas leur place en Europe. C’est pourquoi le seul membre du cabinet britannique à s’opposer à la déclaration Balfour de 1917, qui réclamait un foyer national pour le peuple juif en Palestine, était un juif, Edwin Samuel Montagu, qui pensait que le sionisme amènerait l’opinion britannique à remettre en question la loyauté des juifs britanniques. Les socialistes juifs britanniques ont également attaqué le sionisme dans les années 1930, le qualifiant d’«outil de l’impérialisme britannique… dépossédant les paysans arabes et menant une colonisation par la conquête avec l’aide des baïonnettes britanniques».

Jusqu’en 1937, les plus de 500 000 juifs allemands étaient également, dans leur grande majorité, non sionistes ou antisionistes. Comme le disait un responsable sioniste de l’Agence juive en Allemagne en 1932, «en Allemagne, nous devons compter non seulement avec l’indifférence de vastes cercles juifs, mais aussi avec leur hostilité». Le sionisme était impopulaire parmi les juifs allemands parce que les sionistes partageaient avec les fascistes et les nazis la croyance en des théories raciales non scientifiques, des généralisations mystiques sur le «caractère national-populaire» (Volkstum) et étaient enclins à l’«exclusivisme racial». Cet antagonisme a été exacerbé par le soutien que le mouvement sioniste allemand a reçu des nazis.

Dans les années 1930, cependant, le sionisme avait fait certaines percées. Un chercheur a décrit un changement de paysage parmi les juifs des USA, d’Allemagne, de France et du Royaume-Uni, qui sont passés d’un antisionisme avoué avant la Première Guerre mondiale à un non-sionisme plus «soft» dans les années 1930. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, ces communautés ont été victimes du génocide nazi et n’étaient plus que l’ombre d’elles-mêmes en 1948.

Europe de l’Est

En Europe de l’Est, le parti politique juif le plus populaire était le Bund antisioniste, fondé en 1897. Établi dans l’Empire russe, il s’est scindé en 1917 en deux organisations, russe et polonaise, et avait des sections en Lituanie, en Lettonie, en Roumanie et ailleurs. «Pour chaque jeune juif qui rejoignaitt le mouvement sioniste», a écrit un historien, «beaucoup d’autres rejoignaient les rangs du Bund». Le Bund considérait le sionisme comme une diversion par rapport à la lutte des classes et comme «l’ennemi le plus malfaisant du prolétariat juif organisé». Les bundistes gardaient un souvenir amer de la tentative de Herzl de s’associer avec les antisémites les plus notoires de l’Empire russe, tels que le ministre de l’Intérieur, Vyacheslav von Plehve, et le ministre des Finances, Sergei Witte. Ce dernier avait dit à Herzl qu’il avait déclaré au tsar Alexandre III qu’il n’aurait pas d’objection à «noyer nos six ou sept millions de juifs dans la mer Noire». Les bundistes étaient très populaires et méprisaient les sionistes.

En 1925, l’organisation sioniste en Pologne comptait quelque 110 000 membres cotisants sur les 2,8 millions de juifs polonais, soit environ 4%. Un an plus tard, en 1926, ce nombre avait chuté de 90%, passant à 10 670 membres, car des milliers de juifs polonais revenant d’un séjour raté en Palestine avaient fait part de leur désillusion à grand renfort de publicité en Pologne. Les sionistes de droite ont également soutenu les nationalistes polonais «virulemment antisémites», dont les membres «chantaient l’hymne national polonais pendant qu’ils tabassaient les socialistes juifs». Il n’est pas surprenant que le soutien au sionisme, qui a culminé à 25-30% parmi les juifs polonais avant la Seconde Guerre mondiale, ait pâli en comparaison du soutien au Bund, qui a recueilli quelque 55% des voix exprimées pour tous les partis juifs lors des élections municipales dans des dizaines de villes et de villages polonais en 1938.

Il va sans dire que les juifs d’Europe de l’Est ont connu le pire sort et ont été anéantis par les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale.

Les juifs orthodoxes d’Europe

Notre discussion sur les juifs usaméricains et européens n’est cependant qu’une partie de l’histoire, car de nombreux juifs s’identifient comme orthodoxes, et les juifs orthodoxes étaient largement hostiles au sionisme. Si certains ont adhéré au mouvement sioniste pendant l’entre-deux-guerres, la plupart des grandes autorités en matière de halakha (loi juive) ne voulaient rien avoir à faire avec lui. La première objection était d’ordre théologique : les autorités rabbiniques estimaient que la rédemption divine signifiait la rédemption divine, et non la rédemption humaine. La seconde objection était plus viscérale : les sionistes étaient des laïcs, menaient des styles de vie laïques et défendaient des idéologies laïques, de «Gentils», comme l’a dit un érudit. Après tout, les sionistes ont dit à leurs partisans de ne pas enrouler les tefillins ni d’étudier la Torah, mais de se rendre en Palestine. La troisième objection était d’ordre existentiel, les sionistes essayant de modifier l’essence même du judaïsme, la définition du juif, ce qui rendrait les autorités religieuses traditionnelles inutiles. [Un compromis a finalement été trouvé : les sionistes ont défini un «juif» pour les besoins de l’immigration et de la naturalisation, les rabbins ont défini un «juif» pour les besoins du mariage et du divorce dans l’État d’Israël.]

Mais bien avant cela, la plupart des grands rabbins européens détestaient le sionisme. Le chef spirituel des juifs orthodoxes allemands du XIXe siècle, le rabbin Samson Raphael Hirsch, a déclaré que promouvoir l’émigration juive en Palestine était un péché, car toute action entreprise par des humains pour faire venir le Messie était considérée comme hérétique selon la loi juive. Le rebbe de la communauté hassidique Chabad de Beregszász, qui faisait alors partie de la Tchécoslovaquie, Shlomo Zalman Ehrenreich, était également un fervent opposant au sionisme, car il s’agissait d’une idéologie séculière qui contredisait les principes fondamentaux de la foi juive, outre le fait qu’elle s’écartait de la conception halakhique de l’exil et de la rédemption.

Les dirigeants hassidiques de Transylvanie (Roumanie) et de Transcarpatie (Ukraine) comptaient parmi les critiques juifs les plus virulents du sionisme. Le plus hostile était le rabbin hassidique de Munkacz (Hongrie), Hayyim Elazar Shapira. Pour lui, le cœur de l’entreprise sioniste était «un renoncement à la foi dans la gouvernance divine absolue du monde, et en particulier dans le contrôle total de Dieu sur le destin juif». Le sionisme représentait pour lui «l’abandon par les juifs de la promesse messianique et l’abdication de leur statut de peuple élu de Dieu».

L’establishment juif orthodoxe organisé était dirigé par Agudath Yisrael, représentant un demi-million de juifs en Europe de l’Est à son apogée avant la Seconde Guerre mondiale, et qui était antisioniste jusqu’en 1948, voire au-delà. Dans les années 1920 et 1930, ils ont élu des représentants aux parlements de Pologne, de Lettonie et de Roumanie, aux conseils municipaux, aux conseils scolaires et aux mouvements de jeunes et de travailleurs dans le but de lutter contre le sionisme et le judaïsme réformé.

Leur opposition a commencé par une objection théologique au rassemblement des juifs en Palestine. Comme nous l’avons vu, la plupart des autorités religieuses s’accordaient à dire que ce rassemblement s’inscrirait dans le scénario de la fin des temps, qui ne pouvait être déclenché que par une intervention divine. Mais elles considéraient également le sionisme comme une menace concurrentielle, car les institutions sionistes cherchaient souvent à remplacer les institutions halakhiques traditionnelles en tant que principe d’organisation de la vie juive, ce qui aurait mis l’Agudath Yisrael hors-jeu. «Le sionisme constitue un danger, spirituel et physique, pour l’existence de notre peuple», affirmaient les délégués du mouvement de jeunesse de l’Agudath Yisrael en 1948.

Le Moyen-Orient

Les juifs «orientaux», ou Mizrahim, concentrés au Maroc, en Algérie, en Tunisie, en Irak, au Yémen, en Iran, en Égypte, en Turquie et en Syrie, étaient au nombre de 900 000 dans les années 1930 et 1940, et étaient pour la plupart indifférents ou hostiles au sionisme depuis ses origines jusqu’aux années 1940. Ces juifs vivaient dans des sociétés à majorité musulmane ou arabe et pensaient que la transformation d’une autre société à majorité musulmane ou arabe en un État juif pourrait entraîner des réactions négatives. Tragiquement, ils avaient raison sur ce point.

En Palestine ottomane, la communauté juive était divisée. De nombreuses élites soutenaient le mouvement sioniste, comme Nissim Malul, Shimon Moyal, Gad Frumkin, Avraham Elmalih et Bechor Shalom Shitrit. Moyal et Malul se consacraient tous deux à la réfutation d’articles antisionistes dans la presse arabe, et Malul travaillait même à ce titre pour le Bureau sioniste de Jaffa.

Mais la plupart des juifs ashkénazes de Palestine, soit la moitié de la population juive du pays à la veille de l’immigration sioniste, y étaient hostiles. Il s’agissait pour la plupart de juifs pieux qui s’étaient installés en Palestine au cours des décennies et des siècles précédents pour des raisons spirituelles et non politiques, convaincus que la terre était sainte, mais considérant qu’une politique juive dans le pays était une hérésie totale.

Parmi eux, le rabbin Yosef Chaim Sonnenfeld, qui créa en 1913 une branche del’Agudath Yisrael pour s’opposer au sionisme parce que les sionistes avaient «affirmé leur point de vue selon lequel toute la différence et la distinction entre Israël et les nations réside dans le nationalisme, le sang et la race, et que la foi et la religion sont superflues».

La communauté juive pré-sioniste de Palestine s’est rendu compte qu’également elle était confrontée à une nouvelle concurrence en matière de dons philanthropiques. Les deux communautés – l’ancien yishuv et le nouveau yishuv, comme les appellent les sionistes – dépendaient des contributions caritatives des communautés juives à l’étranger pour survivre. Les nouveaux arrivants représentaient donc une menace directe pour les moyens de subsistance des anciens.

Après la Première Guerre mondiale, les Britanniques ont établi un mandat pour la Palestine, promettant de faire de ce pays un foyer pour les juifs. C’est ainsi que les sionistes sont parvenus à dominer les juifs de Palestine, mais non sans résistance de la part de deux factions. Tout d’abord, un petit contingent de juifs plaidait en faveur de diverses unions binationales ou judéo-arabes, notamment Arthur Ruppin, Martin Buber, Judah Magnes, Pinhas Rutenberg et Mordechai Avi Shaul. Toutefois, ces mouvements n’ont attiré que peu d’adeptes et se sont essoufflés dans les années 1930 et 1940, après les violences de 1929 et de 1936-1949.

Deuxièmement, les juifs ashkénazes religieux ont cherché à convaincre les Britanniques de reconnaître les autorités rabbiniques pacifistes et antisionistes en Palestine. Mais leur pouvoir politique est considérablement affaibli lorsque des agents sionistes assassinent leur porte-parole, Jacob Israel de Haan. «Il n’y avait personne pour le remplacer», comme l’a dit un chercheur, et les juifs orthodoxes antisionistes de Palestine ont été mis à l’écart.

Pour en revenir à la fin de l’époque ottomane, les juifs ottomans ne voyaient pas d’un bon œil le projet d’État juif de Theodor Herzl. En 1909, le grand rabbin de l’Empire ottoman, Haim Nahum, s’est prononcé contre le sionisme, estimant que l’installation des sionistes en Palestine mettrait en colère les populations turques et arabes. David Fresko, rédacteur en chef d’El Tiempo, un journal ladino d’Istanbul, a fréquemment attaqué les sionistes, les qualifiant de mouvement séparatiste qui sapait les principes ottomans fondés sur des valeurs communes telles que le constitutionnalisme, la liberté de la presse et une identité civique qui rejetait le chauvinisme ethnoreligieux du sionisme. De nombreux juifs ottomans ont soutenu la revitalisation de la culture juive, mais presque tous ont rejeté l’objectif du mouvement sioniste, à savoir un État juif au cœur de l’État ottoman.

Cette tendance s’est poursuivie après la Première Guerre mondiale. Le sionisme n’a séduit qu’un faible pourcentage de juifs égyptiens dans les années 1920 et 1930.

Le grand rabbin d’Égypte Chaim Nahum s’est également prononcé publiquement contre l’immigration sioniste en Palestine dans les années 1930. En 1946, des membres juifs du mouvement communiste clandestin, connu sous le nom d’Iskra et dirigé par Ezra Harari, ont fondé la Ligue juive antisioniste au Caire et à Alexandrie, en Égypte.

En fait, le sionisme était encore une opinion minoritaire parmi les juifs égyptiens dans les années 1950, car les classes moyennes juives égyptiennes, en particulier les marxistes et autres gauchistes, se considéraient comme faisant partie de l’Égypte, comme des Égyptiens, et rejetaient le sionisme.

La situation était similaire en Afrique du Nord. Au Maroc, le sionisme est resté marginal pendant l’entre-deux-guerres. De nombreux juifs, sinon la plupart, étaient associés à l’association philanthropique franco-juive connue sous le nom d’Alliance israélite universelle, dont le programme éducatif était assimilationniste et non sioniste. Comme le disait le leader juif marocain Yomtov D. Semach dans les années 1920, «le sionisme est comme une voix sans écho dans le désert». Le mouvement sioniste n’a commencé à prendre de l’ampleur que dans les années 1940, surtout après les violences antijuives de 1948, qui ont poussé quelque 90 000 juifs marocains à se rendre en Israël entre 1948 et 1956.

En Tunisie, le sionisme était également impopulaire. Plusieurs émissaires sionistes arrivent en 1931 pour renforcer les liens avec la communauté juive et l’encourager à immigrer. Mais la poignée de jeunes juifs tunisiens qui ont accepté l’offre et sont partis en Palestine sont rentrés en Tunisie frustrés et désillusionnés par le projet sioniste. Ils ont même déclaré que le sionisme «encourageait la colonisation» et «privait les Bédouins et les Arabes de leurs terres et de leurs moyens de subsistance».

En Algérie, les colonisateurs français ont accordé aux juifs algériens la citoyenneté française [décret Crémieux de 1871, NdT]. Ils jouissent ainsi de la plupart des droits des colons français et européens en Algérie et peuvent, s’ils le souhaitent, se réinstaller en France, destination considérée comme beaucoup plus souhaitable que la Palestine. Dans les années 1920, les sionistes comptent environ 300 membres cotisants sur une population de plus de 100 000 habitants et sont souvent attaqués par les membres de la communauté juive. Et malgré la propagande nazie qui imprègne l’Algérie avant sa libération en 1942, le mouvement sioniste y bat de l’aile tout au long des années 1940 et 1950. Sur les quelque 130 000 juifs algériens qui ont quitté l’Algérie dans les années 1950 et 1960, plus de 90% sont partis pour la France, tandis que moins de 10% ont émigré en Israël.

L’Irak comptait parmi les plus grandes communautés juives de la région, parmi les mieux intégrées, mais aussi parmi les plus hostiles au sionisme. En 1942 encore, un agent sioniste en Irak déclarait : «Il n’y a pas de conscience politique sioniste, même chez les jeunes qui se sont organisés pour la défense juive… Ils n’ont pas de pensée sioniste, ni même d’instinct sioniste». En 1948, moins de 10% des 400 enseignants juifs de Bagdad étaient membres ou partisans du mouvement sioniste.

La communauté juive irakienne s’est même organisée contre le sionisme. En 1945, des communistes juifs irakiens ont fondé une Ligue antisioniste pour faire face à la haine envers les juifs irakiens résultant de la colonisation sioniste de la Palestine. Ils ont appelé à l’établissement d’un gouvernement arabe indépendant et démocratiquement élu en Palestine et à l’interdiction de l’immigration sioniste et de la vente de terres en Palestine.

Pour les juifs orientaux, le sionisme ne promettait pas la libération mais l’anéantissement. L’immense succès du mouvement, en particulier l’expulsion massive du peuple palestinien en 1948, a déclenché des pogroms antijuifs en Égypte, en Irak, au Yémen et en Libye et a accéléré l’adoption de lois antijuives. Le mouvement sioniste a cherché à convaincre le monde que les juifs appartenaient à Israël, et voilà qu’il y est parvenu. Au milieu et à la fin des années 1950, quelque 350 000 juifs orientaux se sentaient chez eux en Israël. Des dizaines, voire des centaines de milliers d’autres ont afflué au cours des décennies suivantes. Ils deviendront les sionistes les plus chauvins d’Israël.


L’antisionisme juif : du courant dominant à la frange, des années 50 aux années 2000


L’anéantissement des juifs d’Europe a conduit les juifs usaméricains à faire volte-face sur l’idée d’un État juif en Palestine, tandis que la migration massive des juifs des pays à majorité arabe et musulmane vers Israël après 1948 les a également conduits à faire volte-face. En l’espace d’une décennie, les juifs du monde entier se sont débarrassés de leurs racines non sionistes et antisionistes pour embrasser le sionisme.

Bien que le sionisme ait prospéré dans les décennies qui ont suivi la création d’Israël, une minorité de juifs a tiré de l’Holocauste une leçon non pas chauvine, mais universaliste. Pour eux, «plus jamais ça» signifiait «plus jamais ça pour personne». Ils pensaient que le génocide des juifs d’Europe n’était pas anhistorique ou incomparable, mais plutôt que des génocides se produisent tout le temps et qu’ils découlent d’idéologies qui diabolisent ou déshumanisent un peuple, le marquant comme un danger inhérent à la nation et une menace pour sa pureté ethnique, religieuse ou raciale.

Ce point de vue existait en 1942, au plus fort de l’anéantissement du judaïsme européen, lorsque des juifs réformés des USA, dont Morris Lazaron, ont fondé l’organisation antisioniste American Council for Judaism (Conseil américain pour le judaïsme). Ils appelaient à la transformation de la Palestine en un État ni arabe ni juif, mais en un État démocratique où juifs et Arabes seraient des citoyens égaux. Ils pensaient qu’une société libre et démocratique offrirait la meilleure garantie pour le bien-être des juifs, où qu’ils vivent. C’est d’ailleurs la croyance la plus répandue parmi les juifs dans tous les pays du monde aujourd’hui, à l’exception d’Israël.

D’éminents juifs britanniques ont également fondé le Jewish Fellowship in Britain en 1942 afin de «raviver l’esprit religieux juif parmi les juifs et de placer la Torah, la synagogue et l’éthique du judaïsme au cœur de la vie juive», rejetant totalement le sionisme. De nombreux juifs britanniques ont également continué à soutenir l’association non sioniste Anglo-Jewish Association jusque dans les années 1950.

Il ne fait aucun doute que l’antisionisme a persisté à la marge après 1948. En Israël, le mouvement Young Hebrew ou «Canaanite» a vu le jour dans les années 1950, réclamant «la plénitude des droits et obligations politiques, civils et sociaux pour tous les citoyens de l’État, indépendamment de leur religion, de leur communauté confessionnelle ou de leur origine». Le Matzpen, un parti socialiste antisioniste fondé en 1962 en Israël et comptant une centaine d’adeptes, prônait également la «désionisation d’Israël et son intégration dans une union socialiste du Moyen-Orient».

Bien qu’ils soient rares, il est possible de trouver des juifs israéliens antisionistes. En 1975, l’antisioniste juif israélien Vitold Yadlitzky, ancien prisonnier des nazis d’origine polonaise, a déclaré que les antisémites pensaient que «le juif ne comprend que le langage de l’argent», ou «le juif ne comprend que le langage de la force», ou encore «le juif est celui en qui on ne peut pas avoir confiance». «Toutes ces choses, je les entends encore et encore dans ce pays [Israël], à ceci près que ce n’est pas en polonais, mais en hébreu et qu’au lieu du mot «juif», c’est le mot «arabe» qui apparaît».

Le Dr Israel Shahak, également survivant de l’Holocauste, estimait lui aussi que le racisme est une erreur, qu’il profite ou non aux juifs. En 1975, il a déclaré : «Vous pouvez définir la société israélienne comme une société dans laquelle il n’y a pas d’Israéliens, mais seulement des juifs et des non-juifs. Vous avez des tables séparées pour les nourrissons juifs mourants et les nourrissons non juifs mourants, et ainsi de suite. Il s’agit là d’une nazification de la société juive, qui risque d’entraîner la même calamité qu’en Europe, mais une calamité pour les Arabes. Si l’on peut tirer une leçon de l’expérience nazie, c’est qu’il faut s’opposer au nazisme. Et je suis contre le nazisme, qu’il soit allemand, juif ou arabe».

On oublie souvent que de nombreuses institutions juives usaméricaines ont tenu Israël à l’écart jusqu’en 1967. En 1949, le mouvement reconstructionniste s’est opposé au drapeau bleu et blanc d’Israël avec l’étoile de David, car il s’agissait d’une discrimination évidente à l’égard des Arabes palestiniens. «Le drapeau israélien doit représenter l’aspiration nationale commune de tous les citoyens d’Israël», a déclaré le mouvement.

L’American Jewish Committee, qui représentait de nombreux juifs usaméricains du courant dominant, de l’élite et laïques, n’était pas sioniste pour des raisons assimilationnistes jusqu’en 1967.

Un certain nombre d’intellectuels juifs usaméricains se sont également prononcés contre le sionisme. Alfred Lilienthal a attaqué Israël peu après sa création, affirmant qu’«une Palestine qui protège «les droits et les intérêts des musulmans, des juifs et des chrétiens», pour citer le Comité [la commission d’enquête anglo-américaine de 1946 sur la Palestine], n’a jamais été acceptable pour les sionistes». Il a également mis en garde contre les accusations de double loyauté que les juifs usaméricains pourraient recevoir en raison du sionisme. L’écrivain Moshe Menuhin, les journalistes William Zukerman, Henry Hurwitz et Morris Schappes, l’universitaire Noam Chomsky, le rabbin Elmer Berger et l’homme d’affaires Lessing Rosenwald ont également appelé à l’égalité des droits pour tous en Israël/Palestine, citant le traitement réservé par Israël aux Palestiniens comme leur principale objection au sionisme. De nombreux critiques juifs d’Israël aux USA dans les années 1960 et 1970 ont été inspirés par les mouvements de libération, des droits civiques et d’opposition à la guerre de l’époque, et ont vu la lutte des Palestiniens sous un jour similaire.

Au milieu et à la fin des années 1970, les graines d’une nouvelle génération d’antisionistes juifs ont été plantées en Australie, aux USA et au Royaume-Uni. De petits groupes antisionistes ont vu le jour, tels que l’Australian Jews Against Zionism and Anti-Semitism (JAZA), formé par un petit groupe de juifs marxistes en 1979, qui considéraient le sionisme comme une tentative de transformer les juifs en une race ou une nation, à l’instar de ce que le nazisme avait tenté de faire avec les Allemands ; ou la British Anti-Zionist Organization (BAZO), créée par George Mitchell en 1975, ou la Jewish Alliance Against Zionism (JAAZ), formée par des militants juifs antisionistes de la région de la baie de San Francisco entre la fin des années 1970 et le début des années 1980.

L’État d’Israël a écrasé certains de ces mouvements, réduisant au silence les critiques du sionisme dans le pays et à l’étranger par des campagnes de diffamation, la censure et les brutalités policières. Les sionistes disposaient désormais d’un État, d’un noyau diplomatique et d’une armée, qu’ils utilisaient pour écraser les juifs antisionistes partout où ils surgissaient.

Pendant ce temps, les institutions juives en dehors d’Israël ont abandonné le judaïsme au profit de l’israélisme, une philosophie qui considère le caractère juif d’Israël comme sacré, au-dessus de toutes les autres lois, principes et pratiques juives. Dans les années 1970, des organisations juives usaméricaines telles que l’Anti-Defamation League et l’American Jewish Committee ont redéfini leur mission, passant de la lutte contre l’antisémitisme à la défense de l’État d’Israël. Israël est devenu plus sacré que Dieu, la Torah, le Talmud ou les principes juifs tels que le monothéisme, «sauver une vie» ou «réparer le monde». Israël a remplacé le judaïsme en tant que principe essentiel, déterminant ou unificateur de la communauté.

Aujourd’hui, le Board of Deputies of British Jews ne songerait pas à éjecter un de ses membres pour avoir professé l’athéisme, par exemple, mais il vient d’éjecter deux de ses membres pour avoir signé une lettre ouverte critiquant la conduite d’Israël à Gaza.

Imaginez qu’ils éjectent un membre pour avoir professé son athéisme ? Si cela devait se produire, ils devraient peut-être éjecter leur propre président, Philip Rosenberg, qui m’a personnellement avoué son athéisme à d’innombrables reprises.

Bien entendu, certains juifs prenaient les textes fondateurs de la religion plus au sérieux que le Board of Deputies of British Jews. La majorité des juifs ultra-orthodoxes d’Israël a continué à pencher davantage vers le non-sionisme que vers le sionisme bien après 1948, tandis que l’écrasante majorité des juifs ultra-orthodoxes rejettent plus généralement l’autorité des institutions de l’État israélien à ce jour, selon un sondage réalisé en 2020.

Les Hassidim Satmar, le K’hal Adath Jeshurun (Communauté Breuer), les Neturei Karta et d’autres ont continué à s’opposer au sionisme pour des raisons religieuses. Le fondateur de la secte Satmar, Joel Teitelbaum, était convaincu que le premier des trois serments de la théologie juive, selon lequel les juifs ont juré de ne pas «s’élever comme un mur» pour réclamer la terre d’Israël, était une réfutation explicite du sionisme. Ce serment fait appel à la prérogative divine, et non humaine, pour déclencher le retour sur la Terre d’Israël. Le rabbin Amram Blau, fondateur de Neturei Karta, était également un militant antisioniste virulent qui refusait de reconnaître Israël, de payer des impôts ou même de manipuler de la monnaie israélienne. Cela a fait et fait encore du sionisme un grave péché pour au moins 120 000 juifs religieux aujourd’hui.


Le renouveau de l’antisionisme juif 

L’antisionisme juif laïque renaît


Alors que les institutions juives du Royaume-Uni, des USA et d’ailleurs ont adopté l’israélisme, les individus juifs ont commencé à s’en éloigner. Si l’anéantissement des juifs par les nazis a renforcé le soutien au sionisme, la détérioration du traitement des Palestiniens par Israël l’a affaibli.

Et, pour faire court, le traitement des Palestiniens par Israël se détériore depuis des décennies, en particulier depuis les années 1980. Uri Davis, par exemple, a estimé que la politique d’Israël à l’égard des Palestiniens, y compris qui ont des papiers israéliens, était comparable à la politique d’apartheid de l’Afrique du Sud dans les années 1980 ; Gayle Markow a été incitée par l’invasion du Liban par Israël en 1978 à créer le groupe antisioniste JAAZ ; Ilan Pappe attribue son réveil à l’invasion du Liban ; Norman Finkelstein fait référence à la première Intifada pour l’évolution de ses positions.

Comme l’a dit l’universitaire antisioniste Daniel Boyarin, «lorsque j’ai entendu Yitzhak Rabin dire qu’il fallait briser les bras et les jambes des enfants qui lançaient des pierres pour préserver l’État, je me suis complètement repenti de mon ancien sionisme».

En d’autres termes, l’occupation militaire belliqueuse de Gaza et de la Cisjordanie par Israël, son invasion du Liban en 1978 et 1982, les massacres qu’il a facilités à Sabra et Chatila et sa violente répression de la première Intifada (1987-1993) ont donné naissance à une nouvelle génération de juifs hostiles au sionisme.

Les années 1980 et 1990 ont également été marquées par la montée du «post-sionisme». Des personnalités comme Tom Segev, Gershon Shafir, Baruch Kimmerling et Hillel Cohen ont formulé des critiques fondamentales à l’encontre du sionisme, même s’ils portaient l’étiquette de sionistes. [D’ailleurs, au moins l’un d’entre eux, Segev, a déclaré récemment que le sionisme était probablement «une erreur»].

Puis est arrivé le processus d’Oslo. Pour de nombreux juifs, il semblait promettre une résolution de la question israélo-palestinienne. Ces espoirs se sont estompés à la fin des années 1990 avec l’arrivée au pouvoir du leader de droite Benjamin Netanyahou.

Ces espoirs ont été brisés en 2000 avec l’échec de Camp David et le déclenchement de la seconde Intifada, au cours de laquelle 1038 Israéliens et 3189 Palestiniens ont été tués entre 2000 et 2005.

La grande divergence

La réalité a continué à influencer la perception, du moins parmi les juifs usaméricains.

L’image d’Israël s’est détériorée alors que l’occupation continuait à montrer sa face hideuse. Israël a resserré l’étau autour de Gaza en 2005, 2006 et 2007, imposant un blocus cruel et meurtrier à 1,8 million de Palestiniens. Après la guerre de 2008-2009, au cours de laquelle l’objectif premier Israël était de «punir, humilier et terroriser la population civile de Gaza», comme l’a conclu la mission d’enquête des Nations unies connue dans le «rapport Goldstone», le plan pour les Palestiniens de Gaza est devenu de plus en plus clair : les enfermer, les mettre au régime, jeter la clé et les punir tous les deux ou trois ans par des campagnes de terreur et des meurtres de masse, ou «tondre la pelouse», comme le disent les responsables israéliens, qui comparent les Palestiniens à de la mauvaise herbe envahissante.

Mais la plupart des juifs usaméricains s’identifient comme libéraux ou progressistes, des valeurs incompatibles avec les blocus médiévaux, les punitions collectives, le massacre en masse de centaines d’innocents dans le but d’en terroriser des millions d’autres, la rhétorique génocidaire des dirigeants politiques et religieux israéliens ou le consensus croissant au début des années 2020 sur le fait qu’Israël était un État d’apartheid. En conséquence, les juifs usaméricains ont commencé à abandonner le sionisme en plus grand nombre. L’establishment juif a demandé aux juifs de laisser leur libéralisme à la porte du sionisme, comme l’a dit Peter Beinart en 2010, «et maintenant, à leur grande horreur, ils constatent que de nombreux jeunes juifs ont laissé leur sionisme à la place».

Alors que les juifs usaméricains se sont détournés du sionisme, les juifs israéliens ont redoublé d’ardeur. Au milieu des années 2000 et 2010, la société juive israélienne est devenue de plus en plus chauvine : 68% des juifs israéliens refusent de vivre dans le même immeuble qu’un Arabe ; 46% des juifs refuseraient qu’un Arabe se rende chez eux ; 50% des adolescents israéliens ne veulent pas d’Arabes dans leur classe ; 63% des juifs israéliens déclarent que les Arabes représentent une menace pour la sécurité et la démographie de l’État ; 50% des juifs israéliens pensent qu’Israël devrait encourager ses citoyens arabes à émigrer.

Le sionisme chauvin s’est épanoui parmi les juifs presque partout, du fleuve à la mer. Les juifs israéliens ont continué à coloniser la Cisjordanie, puis se sont dirigés vers des destinations à l’intérieur d’Israël, cherchant à remplacer les Arabes par des juifs dans le Néguev, en Galilée, à Jérusalem, à Jaffa, à Acre et à Lydda/Lod. Ils ont continué à défiler dans les rues de Jérusalem chaque année le jour de l’apartheid – alias le Jour de Jérusalem – en scandant ««Mort aux Arabes». La droite sioniste a dominé la politique israélienne tandis que la gauche sioniste s’est désintégrée. Depuis les années 2010, la plupart des dirigeants israéliens prônent le Grand Israël, c’est-à-dire la domination juive du fleuve à la mer.

Les juifs israéliens antisionistes sont devenus une espèce rare. Beaucoup ont quitté Israël, comme Atalia Omer, Ilan Pappe et d’autres. Le fondateur de Zochrot, qui appelle à la reconnaissance de la Nakba et du droit au retour des réfugiés palestiniens par la société juive israélienne, a trouvé refuge en Europe. Ceux qui sont restés et se sont exprimés ont dû faire face à des conséquences désastreuses et ont été rejetés par l’État, l’armée, les médias et les classes professionnelles. Ceux qui ont agi, comme Jonathan Pollak, Jeff Halper, Ofer Cassif ou Andrey X, ont été suspendus, intimidés, victimes de violences physiques ou emprisonnés. Sans parler de la remise en question des principes fondamentaux du sionisme, depuis le 7 octobre 2023, ceux qui ont simplement partagé des messages inoffensifs sur les réseaux sociaux en solidarité avec les enfants amputés de Gaza ont été renvoyés de leur travail, détenus et emprisonnés.

La montée de l’antisionisme aux USA

Israël a peut-être fait taire la plupart de ses détracteurs à l’intérieur du pays, mais il n’a pas réussi à écraser ses détracteurs à l’étranger, en particulier aux USA, où le sionisme a connu un déclin au cours des deux dernières décennies.

Jewish Voice for Peace (JVP) représente le plus grand bloc de juifs antisionistes aujourd’hui. Elle n’a pas pris position sur le sionisme lors de sa fondation en 1996, mais a officiellement déclaré son rejet du sionisme en 2015. À cette date, les militants de JVP avaient déclenché un débat public sur Israël qui, si l’on en mesure l’intensité et la visibilité, «est un conflit comme la communauté juive américaine n’en a jamais connu», comme l’a remarqué un éminent historien en 2016.

JVP est l’organisation juive qui connaît la croissance la plus rapide depuis plus d’une décennie, revendiquant quelque 500 membres cotisants en 2011, 9000 en 2015 et plus de 32 000 en août 2024. D’octobre 2023 à février 2024, JVP a augmenté le nombre de ses abonnés par courriel de 43 000 à 343 000 et semble être la plus grande organisation politique antisioniste des USA, si l’on en juge par le nombre de ses employés à temps plein. L’antisionisme juif usaméricain connaît une croissance comparable à celle d’une crosse de hockey. Il est en train de se généraliser.

Les données des sondages racontent une histoire similaire. En 2021, un sondage a révélé que 25% des juifs usaméricains pensaient qu’Israël était un État d’apartheid, un chiffre qui atteignait 38% chez les juifs de moins de 40 ans. Il s’agissait du premier d’une série de sondages publiés dans les années 2020 soulignant la fragilité du sionisme parmi les juifs usaméricains, en particulier parmi les milléniaux et la génération Z.

Puis, en 2022, la politologue Mira Sucharov a mené une enquête sur les opinions des juifs usaméricains sur le sionisme, indiquant que 58% des juifs américains s’identifient comme sionistes, tandis que 22% s’identifient comme antisionistes (10%) ou non sionistes (12%), et que 12% déclarent que «c’est compliqué», tandis que 7% répondent «incertain». Autrement dit, bien avant le 7 octobre 2023, 42% des juifs usaméricains ont choisi de ne pas s’identifier comme «sionistes».

Mais Sucharov a révélé un malaise plus profond à l’égard du sionisme. Elle a présenté aux personnes interrogées une définition du sionisme, puis leur a demandé si elles la soutenaient. Comme on pouvait s’y attendre, le soutien au sionisme a augmenté lorsqu’on leur a présenté des définitions inoffensives ou ambitieuses du sionisme. Mais lorsqu’on leur présente l’expérience vécue du sionisme par ses victimes, les juifs sont repoussés par l’idéologie. Lorsqu’on a dit aux personnes interrogées que le sionisme «signifie la croyance en la priorité des droits juifs sur les droits non juifs en Israël», Sucharov a rapporté que «le soutien des personnes interrogées au «sionisme» s’est effondré : seulement 10% des personnes interrogées ont déclaré qu’elles étaient «certainement» (3%) ou «probablement» (7%) sionistes. Au total, 69% des personnes interrogées ont déclaré qu’elles n’étaient «probablement pas» ou «certainement pas» sionistes selon cette définition».

Alarmé par les données des sondages, le lobby israélien tente maintenant de fabriquer et d’obscurcir les données des sondages pour masquer l’effondrement du sionisme. La Jewish Majority, fondée en 2024 par Jonathan Schulman, collaborateur de longue date de l’AIPAC, vient de publier un sondage, vendant aux médias non pas les résultats du sondage mais une déformation de ceux-ci. Dans son résumé des données, Jewish Majority souligne que «70% des juifs américains pensent que l’antisionisme est antisémite par définition», tout en omettant de mentionner un autre point de l’enquête, à savoir que «50% des personnes interrogées ont déclaré que les mouvements antisionistes ne sont pas antisémites par définition». Ils ont intentionnellement masqué leurs propres résultats pour gonfler le soutien au sionisme.

Les chiffres ne disent cependant pas tout. Des conférences sur le non-sionisme ou l’antisionisme juif ont vu le jour à l’université Brown et à Vienne, en Autriche. Des minyans non sionistes ou antisionistes ont vu le jour à New York et dans le New Jersey. Au moins deux nouveaux groupes juifs antisionistes se sont formés à Mexico à la suite du génocide, AMJI et JPL. Aux USA, Making Mensches facilite les expériences éducatives juives radicales et met en relation et soutient le développement communautaire juif antisioniste. Des acteurs et des dramaturges juifs montent des pièces antisionistes. L’Institut pour l’étude critique du sionisme a organisé son premier atelier en octobre 2023. Des juifs antisionistes des USA ont également lancé Undoing Zionism, une série de huit sessions axées sur la politique juive au-delà du sionisme, qui met l’accent sur la sécurité, la libération et le bien-être des Palestiniens et des juifs.

Nous assistons également à une explosion cambrienne de la création de contenu antisioniste juif. De plus en plus de juifs antisionistes s’expriment sur leur antisionisme dans des podcasts, sur TikTok, Instagram, Youtube, Substack et ailleurs, notamment Katie Halper, Max Blumenthal, Katherine Wela Bogen, Raven Schwam-Curtis, Hadar Cohen, Alon Mizrahi, Jasper Diamond Nathaniel, Daniel Maté, Aaron Maté, Mira Sern, Simone Zimmerman, Jacob Berger, Jessie Sander, Elana Lipkin, Nora Barrows-Friedman, David Sheen, Rabbi Andrue Kahn, Rafael Shimunov, Rabbi Danya Ruttenberg, Michael Schirtzer, Miko Peled, Matt Lieb, Jen Perelman, Lily Greenberg Call, Peter Beinart, Alice Rothchild, Marjorie N. Feld, Alissa Wise, Benjamin Moser, Rebecca Alpert, Max Weiss, Maura Finklestein, Eli Valley, Tony Greenstein, Antony Loewenstein, Sim Kern, Michael Schirtzer, Yaakov Shapiro, Brant Rosen, Anna Baltzer, Norman Solomon, Liz Rose Shulman, Jamie Stern-Weiner, Medea Benjamin, Naomi Klein, Jesse James Rose, Brace Belden, Hilton Obenzinger, Ofer Neiman, Rotem Levin, Noam Shuster-Eliassi, Alon Nissan-Cohen, Avi Shlaim, Molly Crabapple, Shir Hever, Elik Harpaz, Yahav Erez, Becca Strober, ainsi que les pseudos kvetcher, noneisntoff, jewpinolove, tumblemaiadryer, realitywithali, clios world, judeshimer, imthebalaban et mikaelaswildlife, pour n’en citer que quelques-uns. Tous ces contenus inspireront une nouvelle génération de juifs convaincus que tous les individus doivent être traités sur un pied d’égalité, dans tous les pays, y compris en Israël. Ce n’est probablement qu’une question d’années, et non de décennies, lorsqu’une majorité de juifs américains redeviendra hostile au sionisme.

Et ce, parce que le génocide des Palestiniens de Gaza par Israël a fait tomber le masque de la logique sous-jacente du sionisme. Comme l’a dit Patrick Wolfe dans son essai classique sur le sujet, les mouvements coloniaux, «sans exception», conduisent à une logique d’«élimination de l’autochtone». Et dans le cas de la Palestine, la logique de l’élimination de l’autochtone n’a pas besoin d’être théorisée par un universitaire, elle s’étale au grand jour en direct tous les jours depuis 583 jours, et ce n’est pas fini.

Zachary J. Foster est un historien usaméricain dont les recherches portent sur l’idée de Palestine ainsi que sur les origines de l’identité palestinienne au XIXe siècle. Zach est Maître de conférences en droit au Rutgers Center for Security, Race and Rights. Il est titulaire d’une maîtrise en études arabes de l’université de Georgetown et d’un doctorat en études du Proche-Orient de l’université de Princeton. Il est le fondateur des archives numériques Palestine Nexus et rédige une lettre d’information intitulée Palestine, in Your Inbox. Zach contribue fréquemment à des médias internationaux, dont le journal israélien Haaretz et TRT, le radiodiffuseur public national de Turquie.

source : Palestine Nexus via Tlaxcala