mardi 4 novembre 2025

Gloire militaire : Torturer et sodomiser des prisonniers palestiniens

 


Les soldats israéliens qui ont violé et torturé des détenus palestiniens au centre de détention de Sde Teiman ont tenu une conférence de presse pour se vanter d'être toujours libres. Ils ont fièrement déclaré : « Nous vaincrons ! »

Commentaire de l'historien Edouard Husson :

L'humanité est la même sous toutes les latitudes et longitude. Un peuple peut produire un jour des héros et quelques années, décennies ou siècles plus tard, des salauds.

En ce moment les juifs vivant en Israël semblent vouloir disputer la palme des plus grands salopards de l'humanité aux sociétés totalitaires du XXÈME siècle.

Cela n'empêche pas qu'il y ait à travers le monde et jusqu'en Israël des juifs qui dénoncent le Pol Pot israélien et ses bourreaux.

La leçon qu'il faut retenir, c'est que l'humanité est une, dans la grandeur comme dans l'horreur. Il n'y a pas de peuple élu, au sens d'un suprémacisme ethnoculturel qui serait légitime.

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Proximité entre le fascisme et le sionisme. Ces deux idéologies sont basées sur la discrimination, le racisme, les logiques génocidaires, les volontés expansionnistes et l’usage débridée de la violence à des fins politiques.

Selon Edouard Husson :

Nous avons toutes les raisons de ranger dans la famille des fascismes le système post-démocratique qui caractérise actuellement la plus grande partie du monde occidental. (Israël est une création occidentale)

Il réalise le potentiel du fascisme, interrompu un temps par la victoire des Alliés lors de la Seconde Guerre mondiale :

- culte de la guerre asymétrique pouvant aller jusqu'au génocide,

- dépassement du nationalisme au profit d’un suprémacisme ethno-culturel,

- détestation de l'économie de marché et de l'esprit d'entreprise,

- destruction de la monnaie,

- capitalisme de connivence et de surveillance,

- contrôle strict de l'information,

- règne de la technocratie,

- écologie antihumaniste, eugénisme et malthusianisme comme aboutissement du « biopouvoir », 

- haine du christianisme... 

J'appelle ce système « fascisme gris » car il repose sur le « pouvoir gris » (nos classes dirigeants sont des gérontocraties qui donnent parfois le change en faisant élire leurs gigolos), alors que le fascisme de la première moitié du XXe siècle reposait sur le culte de la jeunesse.

Ajoutons que ce fascisme de l'Occident vieillissant, quand il laisse libre cours à ses fantasmes sexuels, se délecte des « cinquante nuances de gris » - en parfaite cohérence, d'ailleurs, puisque le premier philosophe du fascisme fut le marquis de Sade. (Le sadisme et les obsessions anales de Sade sont omniprésents dans les prisons israéliennes.)   

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Gideon Levy : « Il n’est plus possible d’être sioniste sans être fasciste. »


Dans un article intitulé « Nous sommes tous Itamar Ben-Gvir », le journaliste Gideon Levy explique dans Haaretz qu’il n’y a aucun enjeu en Israël lors des prochaines élections.

Car ceux qui se disent dans l’opposition ont fondamentalement les mêmes valeurs et propositions que les fascistes au pouvoir actuellement.

« Un fil conducteur unit Naftali Bennett, Yaïr Lapid et Avigdor Lieberman, l’espoir de l’opposition, et Ben-Gvir, la grande terreur : nationalisme, fascisme et militarisme ne différant que par des nuances infimes. », écrit-il en introduction dans le quotidien israélien.

« Entre le gouvernement le plus d’extrême droite de l’histoire d’Israël et ceux qui aspirent au pouvoir, il n’y a que cinquante nuances de droite. Par conséquent, tous ces discours sur une « fracture nationale » et les « élections les plus importantes de l’histoire du pays », cette dernière expression étant un cliché qui circule actuellement, sont mensongers.

Israël n’a pas de Zohran Mamdani et n’en aura pas de sitôt. En revanche, les Ben-Gvir, nous en avons à profusion. La période électorale est arrivée, et personne n’est aussi prompt que Lapid à identifier l’air du temps, à savoir le fascisme, et à surfer sur sa vague. C’est le produit le plus en vogue depuis le 7 octobre, et Lapid le distribue déjà avec enthousiasme.

Cette semaine, le « chef de l’opposition » a promis de soutenir une loi interdisant le vote à ceux qui ne font pas leur service militaire.

Ni à Sparte, ni même dans la super-Sparte, on n’oserait envisager une telle mesure militariste. Là-bas, on en aurait peut-être honte. Les Arabes, les ultra-orthodoxes, les invalides, les malades, les criminels et les handicapés seraient jetés dans le Nil. Ils ne font pas partie de notre démocratie, alors pourquoi ne pas expulser tous ceux qui ne servent pas ? Leur retirer leur citoyenneté ? Et peut-être les enfermer dans des camps ?

Selon Lapid, seul le service militaire donne droit aux droits fondamentaux. Chers Israéliens, si vous ne tuez pas d’enfants à Gaza, Lapid vous retirera votre carte d’électeur.

Le peuple, meurtri et traumatisé par des années de Benjamin Netanyahu, est désormais censé se tourner vers une figure comme celle-ci comme un espoir d’avenir.

Le plus grand espoir de l’opposition est encore plus décourageant. « Dans le Néguev, un État palestinien est en train d’émerger », a averti Bennett cette semaine les habitants d’Omer. « Si nous ne réagissons pas, nous nous réveillerons face à un 7 octobre dans le Néguev. »

Puisque Ben-Gvir parle ainsi, à quoi nous sert Bennett ? Pour Bennett, comme pour Ben-Gvir, cette terre appartient exclusivement aux Juifs.

Or, le Néguev appartient aux Bédouins autant qu’à Bennett ou aux honnêtes citoyens d’Omer. Le Néguev est ce que nous leur avons laissé après les avoir dépossédés de leurs terres, détruit leurs vies et les avoir confinés dans des ghettos misérables.

Bennett, comme Lapid, est un personnage sombre. Tous deux croient que les droits sont octroyés par pure bonté d’âme de l’État, comme un don ou une récompense pour ce qui est, à leurs yeux, une bonne conduite. C’est le fascisme dans sa forme la plus extrême, et Lieberman, le plus aguerri des trois, le rejoint avec enthousiasme. Lui est également favorable à la privation du droit de vote pour ceux qui n’ont pas participé à la guerre et à ses crimes. Lui aussi considère les Bédouins comme des intrus dans ce pays.

La ressemblance fasciste entre la coalition et l’opposition n’est pas fortuite. On appelle cela le sionisme. En 2025, il est impossible de défendre cette idéologie nationale sans être fasciste ou militariste. C’est désormais l’essence même du sionisme.

Peut-être en était-il ainsi depuis ses débuts, et l’honnêteté exige que nous l’admettions. Netanyahu et Bennett, Ben-Gvir et Lapid sont sionistes, comme la quasi-totalité des Israéliens. En matière de territoire, ils croient à la suprématie juive et au mensonge d’un État juif et démocratique. Le fascisme en est la conséquence inévitable. Il n’est plus possible d’être sioniste sans être fasciste. »

Source: CAPJPO-Europalestine


Arrestation en Israël de l’ex-procureure militaire après la fuite de la vidéo du viol collectif d'un détenu palestinien

 

Rima Hassan, députée européenne :

« La seule démocratie du Moyen-Orient » procède à l’arrestation d'Yifat Tomer-Yeroushalmi procureur qui avait diffusé la vidéo montant des exactions commises par les soldats israéliens sur des détenus palestiniens. Un détenu a eu des côtes fracturées, un poumon perforé et une déchirure rectale interne.

Ambassadeur Abdal Karim Ewaida :

La relation maladive qu'entretient la société israélienne avec le viol comme arme de guerre mérite d'être prise plus au sérieux et étudiée. Les Palestiniens font face à un régime dystopien qui érige le viol en fierté et punit ceux qui le dénoncent. Ça va de mal en pis.
En ne faisant rien, on se rend coupable de non assistance à peuple en danger aux mains d'un dangereux psychopathe !



Israël: l'ex-procureure générale de l'armée arrêtée après la fuite en 2024 d'une vidéo de sévices


L'ex-procureure générale de l'armée israélienne, Yifat Tomer-Yeroushalmi, a été arrêtée dans le cadre d'une affaire de fuite en 2024 d'une vidéo suggérant de graves sévices contre un détenu palestinien dans une prison de haute sécurité près de Gaza, pour lesquels cinq réservistes ont été inculpés.

Cette affaire de violences présumées, y compris à caractère sexuel, qui avait éclaboussé l'armée en plein conflit dans la bande de Gaza, avait débuté en août 2024 avec la diffusion par la chaîne israélienne Channel 12 d'images filmées par une caméra de surveillance, ensuite reprises par de nombreux médias.

Dans sa lettre de démission publiée vendredi par la presse, l'ex-magistrate militaire, qui porte le grade de générale, a reconnu que ses services avaient diffusé la vidéo aux médias.

Yifat Tomer-Yeroushalmi avait ensuite brièvement disparu dimanche, déclenchant des spéculations médiatiques sur une possible tentative de suicide.

Lundi, le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, a fait état de son arrestation dans la nuit dans un message sur Télégram. Plusieurs médias israéliens ont ensuite indiqué qu'un tribunal de Tel-Aviv avait décidé de prolonger sa détention jusqu'à mercredi à la mi-journée.

Selon la radio-télévision publique Kan, Mme Tomer-Yeroushalmi devra répondre de "fraude, abus de confiance, abus de fonction, entrave à la justice et divulgation d'informations par un fonctionnaire".

Un autre membre du parquet militaire a également été mis en cause avec elle.

La vidéo qui avait fuité suggérait, sans les montrer clairement, des sévices exercés par des soldats israéliens sur un détenu palestinien.

En février 2025, l'armée avait annoncé l'inculpation de cinq soldats réservistes pour mauvais traitements d'un détenu palestinien en juillet 2024 dans le centre de détention de Sdé Teiman, près de la bande de Gaza.

Selon des avocats de certains de ces soldats, le bureau du procureur militaire les a informés que le détenu qui devait témoigner contre leurs clients avait été "expulsé vers Gaza" en octobre.

Des Palestiniens arrêtés depuis le début de la guerre déclenchée par l'attaque du Hamas sur le sol israélien le 7 octobre 2023, y compris des membres des commandos du mouvement islamiste, sont détenus dans la prison de haute sécurité Sdé Teiman, aménagé dans une base militaire.

Discrédit

Citant l'acte d'accusation, l'armée avait précisé dans un communiqué que les soldats étaient accusés d'avoir "agi contre le détenu avec une grande violence, y compris en poignardant le derrière du détenu avec un objet pointu, qui avait pénétré près du rectum".

"Les actes de violence ont causé de graves blessures physiques au détenu, notamment des côtes fracturées, un poumon perforé et une déchirure interne du rectum", ajoute le texte.

Il mentionne de nombreuses preuves recueillies au cours de l'enquête, notamment des images extraites des caméras de surveillance et des documents médicaux.

Les faits se sont produits le 5 juillet 2024 lors d'une fouille du détenu conduit dans une zone adjacente à la prison, les yeux bandés, menottes aux mains et aux chevilles, selon la même source.

Cette affaire avait suscité un tollé international et accru la pression sur les dirigeants politiques et militaires israéliens.

"Les révélations concernant les abus brutaux (...) au centre de détention de Sdé Teiman ont gravement endommagé non seulement l'image publique d'Israël, mais surtout la légitimité de l'État et de Tsahal (l'armée, NDLR)", rappelait le journal Yedioth Aharonot dans un éditorial la semaine dernière.

Sur Telegram, M. Ben Gvir a souligné l'importance de "mener l'enquête de manière professionnelle afin de découvrir toute la vérité concernant l'affaire qui a conduit à une accusation" contre des soldats.

Dans la matinée, Channel 12 a rapporté que la police soupçonnait Yifat Tomer-Yerushalmi, qui avait laissé dimanche une lettre pouvant évoquer la volonté de se donner la mort, selon les médias, d'avoir eu recours à une mise en scène pour se débarrasser de son téléphone susceptible de contenir des informations compromettantes.






lundi 3 novembre 2025

Comment un peuple qui a survécu à la Shoah peut-il commettre un génocide ?!

 




Annonce de l'émission en direct du 6 novembre à 21h.


Un adolescent palestinien libéré raconte son calvaire durant son emprisonnement

 

Réalisés par les prisonniers eux-mêmes, dessins illustrant des tortures infligées aux détenus palestiniens par les Israéliens. 


Un adolescent palestinien libéré raconte son calvaire durant son emprisonnement

Comme tant d’autres prisonniers palestiniens, Mohammed Abu Sahlool a subi des passages à tabac fréquents, des électrocutions, la famine, un enchaînement prolongé et des tortures psychologiques.

KHAN YOUNIS, bande de Gaza — Lorsque Mohammed Abu Sahlool, 17 ans, est descendu du bus de la Croix-Rouge qui transportait des centaines de prisonniers palestiniens libérés par Israël à Khan Younis, sa famille avait du mal à le reconnaître. Émacié et terrifié, il avait enduré plus d’un an de mauvais traitements infligés par ses ravisseurs israéliens, notamment des coups fréquents, des électrocutions, la famine, des entraves prolongées et des tortures psychologiques.

« Pendant ma détention, j’ai essayé à plusieurs reprises de persuader les gardes de me laisser partir parce que je suis trop jeune », a déclaré Mohammed à Drop Site News. « Mais ils se moquaient de moi et brisaient mon espoir en me disant que je ne sortirais jamais de prison. Au cours des 13 derniers mois de captivité, je rêvais de voir le soleil, mais je ne l’ai jamais vu. Tout ce que nous avions, c’était une pièce semblable à une grotte avec une ampoule électrique. »

Mohammed fait partie des 24 enfants libérés le 27 février dans le cadre de la première phase de l’accord de « cessez-le-feu ». Son récit poignant de son séjour en détention est caractéristique des abus systématiques commis par Israël à l’encontre des détenus palestiniens, dont beaucoup sont détenus sans inculpation ni procès et soumis à des traitements horribles et inhumains.

Mardi, une commission soutenue par l’ONU a tenu des audiences au cours desquelles d’anciens prisonniers de Gaza ont témoigné et décrit bon nombre des mêmes abus que Mohammed a été contraint de subir.

Mohammed a été libéré avec des centaines d’autres prisonniers palestiniens le 27 février. Les scènes devant l’hôpital européen de Khan Younis étaient à la fois déchirantes et joyeuses.

À l’arrivée des bus à l’aube, une foule immense s’est rassemblée autour d’eux. Les mères pleuraient de joie. Les pères se précipitaient vers leurs enfants. C’était un moment d’euphorie pure, de liberté, de retrouvailles. Les acclamations et les youyous qui remplissaient l’air ont brièvement fait oublier la misère et la tristesse des 15 mois précédents, marqués par les bombardements incessants et l’occupation israélienne.

Si les prisonniers sont sortis triomphants à l’air libre, leurs corps étaient ravagés. Leur peau était couverte d’ecchymoses, décolorée et marquée par la gale ; leurs poignets portaient les traces profondes des chaînes ; beaucoup étaient émaciés et très affaiblis.

Le père de Mohammed était resté à leur domicile pour préparer du mieux qu’il pouvait la maison gravement endommagée de la famille en vue de l’arrivée de son fils, mais il était également resté parce que, lors de la précédente libération de prisonniers palestiniens, Israël avait retardé leur libération de plusieurs jours, et son père disait qu’il ne pourrait pas supporter la déception si cela se reproduisait.

Mais la mère et les tantes de Mohammed étaient toutes là, et elles se sont précipitées pour l’embrasser et le couvrir de baisers.

Mohammed a été kidnappé par les forces israéliennes en janvier 2024, alors qu’il était âgé de 16 ans. Lui et sa famille vivaient dans leur maison à l’ouest de Khan Younis lorsque les troupes d’occupation ont envahi la ville en décembre 2023.

Le 21 janvier 2024, ils ont fui leur maison et se sont réfugiés dans une école des Nations Unies située à proximité. Deux jours plus tard, les Israéliens ont fait une descente dans l’école et ont forcé les gens à sortir par groupes de cinq pour les inspecter.

« Lorsque les soldats israéliens ont appelé mon groupe, ils m’ont enlevé devant ma famille », a déclaré Mohammed. « On m’a menotté les mains et les pieds, on m’a bandé les yeux et on m’a déshabillé, ne me laissant que mes sous-vêtements et une fine blouse d’hôpital. »

Mohammed a déclaré avoir ensuite été interrogé pendant plus de 17 jours. D’abord pendant plusieurs heures à un poste de contrôle à Khan Younis, puis pendant deux jours à un endroit situé près de la barrière de séparation, et enfin pendant 15 jours dans un endroit situé juste à l’extérieur de Gaza.

« Ils m’ont interrogé sur le Hamas et les tunnels, même si je ne savais rien », a déclaré Mohammed. « Mais ils m’ont pris pour un menteur. Chaque fois que je répondais que je ne savais pas, j’étais violemment battu, harcelé et électrocuté. L’officier, qui parlait couramment l’arabe, avait un pistolet à électrochocs, qu’il utilisait pour nous électrocuter pour s’amuser pendant les interrogatoires. Ils nous attaquaient aussi fréquemment en lâchant de gros chiens sur nous. Les chiens semblaient dressés pour nous griffer la peau et attaquer nos organes sensibles. Pour eux, nous étions des proies. »

Il a poursuivi : « Chaque fois que l’interrogateur voulait éteindre sa cigarette, il le faisait dans ma main. Chaque fois que j’exprimais mon angoisse, il devenait plus agressif et me frappait plus fort. Il m’arrivait parfois de mentir pour échapper à la terreur. Beaucoup de gens sont morts à cause des coups reçus pendant les interrogatoires. »

Mohammed a déclaré qu’il était parfois détenu dans une caserne militaire en plein air entourée de barbelés. Comme beaucoup d’autres prisonniers, Mohammed a déclaré avoir été menotté, les yeux bandés et obligé de rester à genoux presque tout le temps pendant cette période.

« Une fois, j’ai légèrement bougé mes genoux pour me reposer », se souvient-il. « Le soldat a attrapé mes mains à travers les barbelés et les a tordues jusqu’à ce qu’elles me fassent très mal. »

Il a également décrit avoir été battu aux parties génitales. Lorsque les prisonniers demandaient s’ils pouvaient aller aux toilettes, leur demande était refusée, a déclaré Mohammed, les obligeant à uriner et à déféquer en plein air.

La nuit, ils dormaient menottés et les yeux bandés, avec pour seule protection un tissu fin qui ne les protégeait pas du froid glacial. Ils recevaient très peu de nourriture et d’eau : seulement quatre petits morceaux de pain, une cuillère à café de fromage et une boîte de thon par jour.

« J’ai à peine survécu à cette épreuve », se souvient Mohammed.

Au bout de 17 jours, Mohammed a été transféré à Megiddo, une prison du nord d’Israël connue pour les abus et les mauvais traitements infligés aux détenus.

On lui a retiré ses yeux bandés et ses chaînes, puis on l’a jeté dans une cellule de 7 x 3 mètres où il a été détenu pendant les 12 mois suivants avec jusqu’à 15 autres détenus entassés en même temps.

Il a déclaré que les autorités pénitentiaires ne lui avaient pas fourni de vêtements de rechange, mais que certains autres détenus avaient réussi à lui donner quelque chose à porter.

Bien que les interrogatoires à Megiddo n’aient pas été aussi brutaux et fréquents que pendant la période de détention initiale, il était toujours régulièrement interrogé sur le Hamas. « L’officier venait nous frapper comme si nous étions des jouets », a-t-il déclaré, ajoutant que les gardiens leur lançaient parfois des gaz lacrymogènes dans leurs cellules et lâchaient des chiens sur eux.

« Chaque fois que je disais à l’officier que ma mère me manquait, il se mettait à jurer, la traitant de ‘salope et de ‘pute’. Il répétait sans cesse des phrases telles que « Je vais baiser ta mère. Je vais la mettre enceinte ».

Il faisait cela chaque fois qu’il passait devant moi et que ses yeux croisaient les miens. Il insultait non seulement ma mère, mais aussi mes sœurs. Je n’ai jamais rien fait de mal, ma mère me manquait simplement », a-t-il déclaré.

En raison des conditions d’hygiène déplorables dans la prison, Mohammed a contracté diverses maladies de peau, notamment la gale. Il a perdu plus de 10 kilos alors qu’il était déjà de constitution mince, et sa santé mentale s’est détériorée.

« Demander des soins médicaux était extrêmement humiliant. Pour obtenir des soins, j’ai dû insister et gémir de douleur pendant plus d’un mois. Ce n’est qu’après avoir supplié les gardiens pendant des semaines que j’ai finalement obtenu des médicaments », a déclaré Mohammed. « Lorsque l’infirmier nous voyait, il s’en moquait complètement, il prescrivait simplement un comprimé de paracétamol, quelle que soit la maladie. »

« J’ai souhaité mourir plusieurs fois, car j’avais perdu tout espoir d’être libéré. Je pleurais jour après jour pour ma famille, car nous étions coupés du monde entier », a-t-il déclaré. « Je voulais avoir des nouvelles d’eux, car j’avais peur qu’ils soient bombardés ou qu’ils meurent de faim. Je rêvais de les voir dans mes rêves. »

En janvier, la nouvelle de l’accord de « cessez-le-feu » prévoyant un échange de prisonniers a commencé à circuler dans la prison.

« Un sentiment d’euphorie nous a envahis », a déclaré Mohammed. « Cependant, c’était très dur et déprimant de devoir attendre pendant que d’autres étaient libérés. Je n’oublierai jamais le jour où mon nom a été inscrit sur la liste.

C’était un moment indescriptible. Je faisais ma prière du matin quand la sonnette a retenti. L’officier est venu et a commencé à appeler les noms. J’étais le premier sur la liste. Au début, j’ai cru qu’on m’appelait pour me battre ou m’interroger. » Mais il a rapidement été informé qu’il allait être libéré dans le cadre de l’échange.

Le 20 février, Mohammed a déclaré avoir été transféré à la prison d’Al-Naqab, un centre de détention situé dans le sud d’Israël, où il a été mieux traité. Avec 600 autres prisonniers, il devait être libéré le 22 février, mais Israël a retardé la libération de plusieurs jours. Finalement, le 27 février, il a été libéré.

« Alors qu’on nous ordonnait de nous préparer à partir, un sentiment d’extase a envahi nos cœurs. Ils ont enroulé autour de nos poignets des bracelets sur lesquels était inscrit : « Le peuple éternel n’oublie pas. J’ai poursuivi mes ennemis et je les ai rattrapés. »

Nous sommes ensuite partis et avons pris la route vers le poste-frontière de Karam Abu-Salem. Je n’arrivais pas à croire [que j’avais été libéré] et j’avais hâte de serrer ma famille dans mes bras. Je gardais mes mains contre moi comme si elles étaient menottées et je regardais le ciel », a-t-il déclaré.

Quand il est enfin descendu du bus à l’hôpital européen de Khan Younis, sa mère Nedaa, âgée de 37 ans, s’est frayé un chemin à travers la foule en liesse pour le rejoindre.

« Quand il est arrivé, j’ai fondu en larmes. Des larmes de joie après toute la souffrance que j’avais endurée au fil du temps. Je l’ai serré très fort dans mes bras et j’ai commencé à pleurer dans ses bras. C’était un nouveau départ dans la vie pour moi », a déclaré Nedaa à Drop Site.

« Malgré la perte de plusieurs proches, ce moment nous a procuré un bonheur éternel. Je n’aurais jamais imaginé que nous nous reverrions. Nous avons été soumis à des bombardements incessants. Pendant ce temps, il aurait pu mourir sous la torture. Le serrer à nouveau dans mes bras est un moment de rêve que je n’oublierai jamais. J’ai encore beaucoup de mal à croire qu’il soit parmi nous. »

Ils l’ont emmené dans la maison familiale endommagée où son père, âgé de 40 ans, l’attendait. « Je n’arrive pas à croire qu’il soit dans mes bras en ce moment », a-t-il déclaré. « Une partie de mon âme m’avait été enlevée, et nous sommes maintenant réunis. Nous allons rester ici et tout reconstruire. J’espère que la paix régnera pour toujours et qu’il n’y aura plus jamais de guerre. Ce que nous avons vécu suffit. »

« Je souhaite à personne au monde de vivre ce que j’ai enduré », a déclaré Mohammed. « Honnêtement, je me réveille encore chaque jour terrifié, regardant le ciel et mes mains pour voir s’il y a des barreaux ou des chaînes. »





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« Ils ont versé de l’eau bouillante sur mon corps et mon visage a été déchiré par les crocs d’un chien »


Témoignage du prisonnier libéré Mohammed Al-Asaliya sur la torture dans les prisons israéliennes après le 7 /10.

Raids et gaz suffocant : Les forces pénitentiaires ont perquisitionné les cellules la nuit, ont libéré du gaz à l’intérieur, provoquant des cas massifs d’asphyxie parmi les prisonniers.

Agression brutale : Il a été placé dans une cage et un chien a été lâché sur lui, attaquant et mordant son visage.

Crimes documentés : Les violations incluent la torture, la famine, la négligence médicale et les traitements sévères, qui sont des crimes de guerre selon les Quatrièmes Conventions de Genève.

Source : Médias des prisonniers palestiniens via Monica sur X.


Yifat Tomer-Yerushalmi a été retrouvée vivante

 


A gauche, Yifat Tomer-Yerushalmi. A droite, des militaires tortionnaires et violeurs du centre de détention de Sde Teiman. Ils sont apparus masqués lors d’une conférence de presse en compagnie de leurs avocats. Les soldats ont choisi de cacher leurs visages par crainte d’être identifiés et poursuivis devant les tribunaux internationaux.


Yifat Tomer-Yerushalmi, procureure militaire israélienne, a été retrouvée vivante près d'une plage de Tel Aviv après avoir tenté de se suicider. Elle avait récemment démissionné suite à la diffusion d'une vidéo montrant des soldats commettant un viol en réunion au centre de détention de Sde Teiman. Benjamin Netanyahu a déclaré que cette fuite avait « gravement nui à l'image publique d'Israël ».


Viol en réunion au centre de détention de Sde Teiman.


i24 News :

Le feuilleton autour de la disparition de la procureure militaire en chef, la générale de division Yifat Tomer-Yerushalmi, a pris fin dimanche soir lorsqu'elle a été retrouvée saine et sauve.

Les autorités avaient lancé d'importantes recherches après qu'elle eut laissé une lettre et que sa voiture eut été retrouvée abandonnée près de la plage de Tzuk à Tel Aviv. Tomer-Yerushalmi a été découverte assise à environ 300 mètres du véhicule et a ensuite pu contacter son mari. Sa famille avait signalé sa disparition après avoir perdu tout contact avec elle depuis le matin.

La police a confirmé : « Suite aux recherches menées pour retrouver une femme disparue dans la zone côtière d'Herzliya, il est désormais annoncé que la personne disparue a été retrouvée saine et sauve. »

L'armée israélienne a également publié un communiqué indiquant que le chef d'état-major, le lieutenant-général Eyal Zamir, avait ordonné à la direction des opérations de déployer tous les moyens disponibles pour retrouver Tomer-Yerushalmi. Le lieutenant-général Zamir est resté en contact étroit avec le commissaire de police Dani Levy tout au long des recherches.

Cet incident fait suite à une controverse très médiatisée vendredi dernier, lorsque Tomer-Yerushalmi a démissionné de son poste d'avocate générale militaire après la fuite d'une vidéo provenant de la base aérienne de Tel Nof. Cette fuite, qu'elle a reconnu avoir approuvée afin de prévenir la désinformation, a entraîné l'ouverture d'une enquête pénale à son encontre pour obstruction à la justice et fourniture de fausses informations au procureur général et à la Cour suprême. Dans sa lettre de démission, elle a déclaré :

« En tant que chef du Corps de l'avocat général militaire, et animé d'un profond sens des responsabilités envers Tsahal, mon unité et mes subordonnés, j'ai approuvé la diffusion de documents aux médias afin de contrer la propagande mensongère visant les forces de l'ordre au sein de l'armée. J'assume l'entière responsabilité de tout document diffusé depuis l'unité. C'est de cette responsabilité que découle ma décision de mettre fin à mes fonctions d'avocat général militaire. »

Le ministre de la Défense, Israel Katz, a annoncé son intention de renforcer les sanctions contre Tomer-Yerushalmi, notamment en la dégradant de son grade de général de division.


Dimanche matin, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a évoqué l'incident lors du Conseil des ministres, qualifiant la fuite de « coup dur porté à la réputation de l'État d'Israël, de Tsahal et de nos soldats ». Il a ajouté que cet épisode constituait l'une des attaques diplomatiques publiques les plus virulentes qu'Israël ait subies depuis sa fondation, et a insisté sur la nécessité d'une enquête indépendante.

Suite aux informations faisant état de sa disparition, des soldats de réserve avaient prévu une manifestation devant son domicile, mais l'ont annulée une fois confirmée sa découverte saine et sauve.


Étudier à Gaza : de l’attente devant la bibliothèque à l’attente d’une distribution d’aliments






Dans le cœur du camp de Jabalia, vibrant et chaleureux, où les ruelles étroites s’entrelacent, où résonnent les voix des marchands ambulants mêlées aux rires des enfants, se trouvent des maisons proches les unes des autres comme le sont les cœurs de leurs habitants.

Je suis née à la fin des années quatre-vingt-dix dans le camp de Jabalia, où il n’y a pas de jardins, mais où les enfants du camp fabriquent leur joie à partir de la terre et des pierres, où ils jouent au ballon dans les ruelles étroites, où chaque pierre du camp porte une histoire, et où leurs rires s’élèvent malgré l’exiguïté du lieu.

La voix de ma mère me réveillait le matin en me tirant avec douceur du sommeil, puis j’allais à l’école, mes pas me portant vers un autre monde ; je volais comme un papillon en pensant à ce monde nouveau dans lequel je vivrai après seize années de sérieux et d’assiduité.

Je rêvais d’un avenir brillant : serai-je médecin, soignant les malades et les blessés de mon pays occupé ? Ou architecte, redonnant à ma ville sa beauté après sa destruction par l’occupation ? Ou bien journaliste, transmettant la souffrance de mon peuple ? Ou encore enseignante, élevant les esprits et construisant la société ? Où serai-je donc après toutes ces années de persévérance et de détermination ?

Chaque nouvelle leçon était pour moi une fenêtre ouverte sur le monde, dévoilant un horizon nouveau vers un avenir meilleur. Chaque lettre que je traçais sur mon cahier était un jalon posé sur le long chemin qu’on appelle « le savoir ». J’écrivais mon rêve d’apprendre sur les murs du camp, et j’ai grandi, tout comme mon rêve, avec l’espoir que l’éducation devienne un pont que je franchirai au-dessus de tous les obstacles.

Les années ont passé, et d’une enfant assise sur un banc en bois dans le camp de Jabalia, je me suis transformée en une jeune femme portant un sac plus grand que son corps et des cahiers trop lourds pour ses mains. Je me suis retrouvée dans ce monde nouveau, où tout était différent : les visages, le lieu, la nature des études, même les responsabilités et les devoirs.

Le chemin vers l’université n’était pas facile ni parsemé de roses ; il était plutôt semé d’examens difficiles, de la pression de la vie quotidienne, des recherches et des devoirs, et parfois des bruits de la guerre qui venaient interrompre mon rêve. Il n’était pas simple de s’habituer à un emploi du temps chargé ni aux longues conférences demandant beaucoup de concentration et d’efforts.

Mon choix à l’université s’est porté sur la faculté des sciences de l’éducation, avec une spécialisation en langue arabe. Ce n’était ni un choix dû au hasard ni une simple coïncidence. Je n’ai pas étudié la langue arabe pour devenir une enseignante qui se tient devant un tableau noir, distribuant des informations de manière directe, et qui, à la fin de l’année, évalue ses élèves uniquement sur la mémorisation, ignorant leurs espoirs et leurs ambitions.

Je voulais plutôt transmettre un message élevé et éduquer des générations capables de bâtir une nation, conscientes que la parole peut frapper comme une balle, et sachant comment défendre leur pays et leurs valeurs sacrées.

La construction de toute société repose sur l’éducation et l’instruction, à travers lesquelles, nous pouvons renforcer l’appartenance et le patriotisme, surtout dans un environnement comme le nôtre, celui de Gaza, marqué par les événements et les conflits. Par conséquent, il m’incombait de relier la vie réelle à ce qui était enseigné à l’école.

Après trois années de fatigue et d’efforts soutenus, je me suis retrouvée vêtue de la toge noire de la remise des diplômes, arborant une écharpe portant l’année de graduation, et tenant un diplôme avec mention très bien. Cette mention n’était pas seulement une reconnaissance académique, mais aussi un témoignage de résilience face à des années de persévérance, de ténacité et de défi aux conditions difficiles de notre vie.

Après mon diplôme, je suis devenue enseignante, tenant parfois un stylo rouge, parfois une craie. À cette époque, j’étais passionnée par le savoir et l’enseignement, j’étais une jeune femme dans la vingtaine, pleine d’énergie et d’enthousiasme. Je souhaitais former une génération consciente de l’importance et de l’impact des mots, qui considère l’éducation comme une arme.

J’intégrais délibérément les questions nationales dans mes cours en choisissant des textes littéraires palestiniens traitant des problèmes de la Palestine. Mon but était d’aider mes élèves à réaliser leurs rêves et à construire leur identité.

J’ai rencontré de nombreuses étudiantes assidues, parmi lesquelles je me souviens particulièrement de l’exceptionnelle Rahaf Al-Kafarna, originaire de Beit Hanoun, un lieu marqué par l’engagement. Elle se distinguait par son sens aigu de l’observation, sa vivacité d’esprit et ses questions intelligentes qui révélaient la profondeur de sa réflexion.

Je lui prodiguais des conseils précis et pratiques pour développer ses capacités créatives et logiques, voyant pour elle un brillant avenir. Mais malheureusement, à cause d’une guerre féroce, une guerre génocidaire, qui a détruit les arbres, les pierres et les êtres humains, la situation de cette étudiante est devenue celle de nombreux élèves de la ville de Gaza ; elle a été privée de la chance de passer le baccalauréat ; cependant, elle n’a pas perdu sa détermination, elle a gardé sa passion pour le savoir et la connaissance.

La guerre de Gaza a eu un impact cruel et profond sur les élèves du baccalauréat. Leurs journées sont passées de la préparation aux examens à des tentatives quotidiennes de survie. Les cours ont été interrompus, les écoles se sont effondrées sous les bombardements, et les rares établissements encore debout ont été transformés en centres d’hébergement pour les déplacés.

Cela a anéanti tout environnement propice à l’éducation : il n’y avait plus de bancs scolaires, ni de tableaux, ni même d’enseignants capables de remplir leur mission dans un contexte de raids aériens continus et d’absence de sécurité. De plus, les épreuves répétées de déplacement et leur dureté ont conduit les élèves à perdre leurs cahiers, leur concentration et un environnement éducatif adéquat.

Les cœurs des élèves se sont remplis de peur au lieu de concentration, beaucoup ont perdu leurs proches ou leurs maisons. Pourtant, ils ont continué à étudier à la lumière des bougies, dans les centres d’hébergement, au milieu des explosions.

La guerre n’a pas seulement volé leur temps, elle a aussi essayé de voler leurs rêves.

Au lieu de faire la queue à la bibliothèque, cette étudiante talentueuse, Rahaf, faisait la queue aux cuisines populaires. Au lieu de chercher et de naviguer sur Internet pour apprendre, elle cherchait des liens pour s’inscrire à l’aide alimentaire et autres services. Au lieu de se déplacer entre les salles d’examen, elle se déplaçait entre les centres d’hébergement des déplacés.

Ainsi est la guerre à Gaza ; elle ne détruit pas seulement les infrastructures et les biens, mais elle anéantit aussi les rêves d’une jeune enseignante dans la vingtaine, qui portait sur ses épaules la responsabilité de façonner une génération.

Cette enseignante, qui a toujours rêvé de guider ses élèves et de développer leurs talents, s’est soudainement retrouvée incapable de poursuivre sa noble mission ; les classes sont devenues des centres d’hébergement, les livres ont été déchirés et brûlés pour servir à la cuisson en l’absence de gaz, et les conditions difficiles ainsi que la guerre acharnée ont rendu son rêve de voir génération porteuse de renouveau lointain et difficile à atteindre.

À cela s’ajoute le rêve d’une élève à la volonté forte et aux grandes ambitions, qui a été contrainte d’attendre ou de chercher des moyens alternatifs pour apprendre et s’instruire. C’est la situation de nombreux membres de notre société à Gaza.

La guerre ne touche pas seulement les infrastructures, mais aussi l’avenir et les rêves. Tout cela a conduit à une absence de perspectives claires pour l’avenir, car les élèves ne savent pas quand ils pourront retourner étudier normalement ou même passer leurs examens, ce qui provoque un arrêt dans leur parcours académique, voire l’absence d’une vision claire pour leur avenir.

Nous nous demandons tous désormais : « Quand pourrons-nous reprendre notre vie normale, là où elle s’est arrêtée depuis le 7 octobre ? »

Depuis cette date, nous attendons la fin de ce cauchemar pour continuer à avancer vers la réalisation de nos rêves et bâtir un pont vers le futur. Et malgré toute la destruction causée par cette guerre féroce, les habitants de Gaza restent accrochés à l’espoir de la fin du conflit et du retour à la vie normale, où les écoles rouvriront leurs portes pour accueillir les élèves, où l’électricité illuminera de nouveau leurs maisons, où les marchés seront animés, et où les rues vibreront des rires des enfants.

L’espoir dans leurs yeux n’est pas un luxe, mais une nécessité pour survivre, elle les pousse à s’y accrocher et à rêver d’un lendemain meilleur, un lendemain de paix, où Gaza sera reconstruite sur des bases de dignité et de liberté.


https://www.chroniquepalestine.com/etudier-a-gaza-attente-bibliotheque-attente-distribution-aliments

dimanche 2 novembre 2025

Palestinian farmers suffer violent olive harvest season

 




La saison des récoltes d'olives est une tradition et une source de revenus pour les agriculteurs palestiniens de Cisjordanie occupée. Mais cette année, elle a été marquée par certaines des pires violences perpétrées par des colons illégaux ces dernières années. 



Tribunal de Gaza: Les témoins de la Flottille Sumud racontent leur parcours


Dans le cadre du programme "Tribunal de Gaza : session finale", au cours duquel le "Tribunal de Gaza", initiative mondiale indépendante créée pour enquêter sur les crimes de guerre commis par Israël à Gaza, rendra sa décision finale, s'est tenue la session "Sumud et la Flottille de la liberté – Les voix des militants". Présidée par l'ancien rapporteur des Nations unies (ONU) pour la Palestine, le professeur Richard Falk, la troisième journée du programme, qui s'est déroulée dans la salle de conférence du professeur Cemil Birsel de l'université d'Istanbul, a été consacrée aux thèmes "Complicité, système international, résistance et solidarité".



Une session parallèle intitulée "Sumud et la Flottille de la Liberté – Les voix des activistes" a été organisée dans le cadre du programme « Le Tribunal de Gaza : Session finale », mené par l’initiative mondiale et indépendante chargée d’enquêter sur les crimes de guerre commis par Israël à Gaza.

Sous la présidence de l’ancien rapporteur spécial des Nations unies sur la situation des droits de l’homme en Palestine, le Professeur Richard Falk, la troisième journée de l’événement, organisée dans la salle de conférence Prof. Dr. Cemil Birsel de l’Université d’Istanbul, a abordé les thèmes des "Complicités criminelles, du système international, de la résistance et de la solidarité".

Lors de cette session parallèle, les activistes de la Flottille mondiale "Sumud", attaquée par Israël dans les eaux internationales puis arraisonnée avant d’être autorisée à rentrer en Türkiye, ont témoigné de leur expérience.

Sumeyye Sena Polat, l’une des participantes de la flottille, a souligné l’importance de cette expédition, "parce qu’elle rassemblait des personnes venues du monde entier". Elle a ajouté : "Nous avons dû organiser cette initiative parce que les États n’assumaient pas leurs responsabilités. Israël nous a beaucoup menacés dès le début du voyage. La résistance civile ne doit pas seulement viser Israël, mais aussi se poursuivre dans les pays complices. Lorsque l’on regarde les Nations unies, on constate que si les cinq membres permanents refusent une proposition, rien n’avance. Ma participation ne visait pas à envoyer un message au monde, mais à dire : “Ma vie n’a pas plus de valeur que la vôtre.”

Polat a poursuivi : "Israël tue aujourd’hui des civils à la bombe, sans aucune crainte, en défiant le monde entier. Nous avons vu toutes les formes de mort d’enfants là-bas. Nous avons vu des bébés brûlés, éventrés, tués de manière atroce."

"Gaza n’est pas ma cause, c’est celle de l’humanité"

Yasemin Acar, activiste à bord du navire Madleen parti du port de Catane, en Italie, a raconté les difficultés vécues par l’équipage de la flottille. Elle a confié qu’il n’était "pas facile de naître musulmane en Allemagne", soulignant que "la politique et le racisme des gens" lui avaient fait découvrir l’injustice dès son plus jeune âge.

"Nos navires ont été bombardés, nous avons affronté de nombreuses difficultés. Au final, nous avons pu partir avec 42 bateaux. Quand les gens s’unissent, la race ou la religion n’ont plus d’importance. Gaza n’est pas ma cause, c’est celle de l’humanité. C’est pour cela que nous y sommes allés. Il y a eu un soulèvement mondial : face à l’injustice, il ne faut pas se taire, il faut se lever. Les enfants de Gaza sont aussi mes frères, les mères de Gaza sont aussi mes mères… Il faut continuer à résister en le proclamant", a-t-elle déclaré.

Un autre activiste de la flottille, Mecit Bahcivan, a de son côté raconté qu’ils avaient été la cible d’une attaque de drone pendant la traversée, au cours de laquelle plusieurs personnes ont été blessées.

Bahcivan a également indiqué que certains membres de la flottille avaient été arrêtés, ajoutant : "Nous espérons que la suite des événements sera plus claire. Les soldats israéliens nous ont répété à plusieurs reprises : “Nous détestons les Turcs."

"Nous avons quitté les lieux en laissant derrière nous les Palestiniens"

Muhammet Fatih Sinan a expliqué avoir rejoint la flottille parce que la Palestine a toujours occupé une place centrale dans sa vie.
Il a souligné que si une telle initiative devait être relancée aujourd’hui, "tout le monde y participerait à nouveau les yeux fermés".

"En quittant l’endroit, nous étions tous profondément tristes. Dans la prison où nous avons été détenus, il y avait des Palestiniens qui y étaient enfermés depuis dix ou vingt ans. Nous avons quitté les lieux en laissant derrière nous les Palestiniens. En réalité, nous sommes partis avec l’espoir d’y retourner un jour", a-t-il déclaré.


Israël c'est aussi le retour de la piraterie en Méditerranée 






Israël a tué entre 65 000 et 680 000 Palestiniens à Gaza



Le poids de l'imprécision : sur les limites des statistiques

Le bilan des morts à Gaza demeure inconnu, et les statistiques sont devenues un outil controversé pour comprendre l'ampleur du génocide. Mais même si nous disposions d'un nombre précis de morts, nous ne saisirions toujours pas toute sa signification.



L'entité sioniste a tué entre 65 000 et 680 000 Palestiniens à Gaza depuis le 7 octobre. L'écart est vertigineux, même si le chiffre le plus élevé ne représente pas nécessairement le plafond ; il s'agit simplement de celui que nous connaissons.

Le premier chiffre provient du ministère de la Santé de Gaza, qui collecte des données sur chaque martyr, incluant son nom complet, son numéro de carte d'identité, son âge, son lieu de résidence, sa date de naissance et son sexe. 

Dans un entretien accordé à Drop Site, le Dr Zaher al-Wahaidi, directeur du Centre d'information, explique comment l'identité de chaque martyr est vérifiée et comptabilisée par chaque hôpital qui accueille les blessés. Ne sont pas incluses dans ce décompte les personnes coincées sous les décombres des bâtiments effondrés ni celles qui meurent de « morts indirectes ». Il s'agit notamment des enfants morts de faim, des patients atteints de cancer qui n'ont pas accès aux soins, ou de ceux qui meurent de maladies en raison de l'effondrement du système de santé. Les seules personnes comptabilisées dans le bilan officiel sont celles tuées par l'impact d'un missile.

680 000 est le nouveau bilan estimé, basé sur la fréquence, la longévité et l'intensité de la brutalité sioniste. Nombreux sont ceux qui ont désormais intégré ce chiffre dans leur vocabulaire, arguant à juste titre que 65 000 est un chiffre tellement sous-estimé que le citer constitue en soi une forme de négation du génocide.

Le seul fait avéré est qu'il n'y a pas de bilan confirmé à Gaza. Nous savons que les statistiques communiquées par le ministère de la Santé constituent le chiffre minimum. Nous avons vu trop de fosses communes, d'enfants pulvérisés par les bombes israéliennes et de publications Telegram partageant des listes quotidiennes de martyrs pour que le rythme des massacres stagne à ce point. Nous savons que ceux qui comptent nos martyrs ont eux-mêmes été martyrisés, que les assassinats ciblés de journalistes ont créé un black-out de l'information et que les infrastructures nécessaires à la comptabilisation des morts ont été décimées. 

En novembre, un mois seulement après le début du génocide, l'armée israélienne a envahi les hôpitaux al-Shifa et al-Rantisi, qui servaient de centres de données centraux pour le ministère de la Santé, ce qui a entraîné une interruption du décompte des morts. Face à l'ampleur de la violence infligée par le sionisme à la population de Gaza, nous ignorons combien de Palestiniens ont été tués.

Les statistiques sont devenues la mesure du génocide, le moyen par lequel nous en évaluons l'ampleur et permet à nos ennemis de remettre en question sa réalité. Dans une tribune particulièrement choquante, Bret Stephens, du New York Times, affirme : « Non, Israël ne commet pas de génocide à Gaza », s'interrogeant sur le fait que le bilan ne se chiffre pas en centaines de milliers de morts. Soixante mille, sous-entend-il, c'est le destin d'être Arabe, et la seule façon pour un Palestinien de survivre est de mourir prématurément.

La stagnation du nombre de morts a imposé un décalage temporel dans les statistiques palestiniennes, déplaçant les souffrances de Gaza d'une simple comptabilité du passé vers une projection vers l'avenir. Les 80 % d'habitations de Gaza bombardées par Israël sont désormais comprises à l'aune des 100 ans qu'il faudra pour reconstruire la ville côtière. L'étendue des quartiers détruits est quantifiée par les 10 à 15 ans qu'il faudra pour déblayer les décombres. Et plutôt que de tenter d'établir un bilan précis, les chercheurs prédisent désormais combien de Palestiniens de Gaza seront tués après la fin officielle de la guerre.

Le 19 juin dernier, The Lancet a publié un article tentant de recenser tous les morts palestiniens. En utilisant une formule de 3 à 15 « décès indirects » pour chaque « décès direct », l'article prévoyait que « sans cessez-le-feu », plus de 186 000 Palestiniens pourraient être tués d'ici la fin de la guerre. Comme beaucoup d'autres, j'ai mal interprété ces chiffres : j'ai supposé que le Lancet actualisait le bilan des morts à Gaza et ne prédisait pas son issue fatale en cas d'absence de cessez-le-feu. Ce n'est pas que 186 000 Palestiniens étaient désormais morts ; c'est qu'ils allaient mourir.

Au-delà de l'incompréhensible formulation d'un nombre à six chiffres par le rapport, j'ai été troublé. D'abord, nous savons qu'il n'existe pas de mort indirecte. La famine, la maladie et la destruction des infrastructures de santé sont les techniques de violence déployées par Israël pour éradiquer directement les Palestiniens de Gaza. C'est la logique du génocide : détruire tout ce qui permet la vie, et le résultat naturel sera une mortalité exponentiellement plus importante.

Plus inquiétant encore, leur projection a commencé à fonctionner comme une prophétie imposant une nouvelle distinction aux Palestiniens : ceux qui ont été tués et ceux qui ne l'ont pas encore été. L'imprécision du nombre de martyrs nous place dans une double impasse morbide : sous-estimer nos martyrs, c'est les condamner à l'inexistence. Surestimer, c'est les condamner à une mort prédéterminée.

Mais même si nous disposions d'un chiffre précis, nous ne saisirions pas la profondeur de sa signification. Pouvons-nous conceptualiser 680 000 martyrs alors qu'en visualiser 65 000 est en soi une tâche impossible ? Les statistiques effacent, brouillent, ambiguïsent et volent. Je pense à la sensibilité viscérale que suscitent les histoires individuelles de martyrs, et que l'extrapoler mille fois est une impossibilité qui atténue inévitablement ces sentiments. Muhammad Bhar, par exemple, était ce jeune homme trisomique tué après que des soldats israéliens eurent lâché des chiens sur lui. Alors qu'ils le déchiraient à mort, Muhammad, resté muet pendant la majeure partie de sa vie, prononça ses derniers mots : « Khalas, ya habibi » – « ça suffit, mon amour.» Les nombres sont par nature désindividualisant et réduisent la vie à une équation arithmétique. Nos martyrs deviennent indiscernables à cause de la façon dont les nombres homogénéisent la vie en un ensemble de données. Les chiffres ne peuvent exprimer la douleur ressentie par Mahomet, ni la permanence de la mort, ni faire la distinction entre le Palestinien tué le 8 octobre et celui tué aujourd'hui. Ils ne peuvent rendre compte de l'interdépendance des souffrances palestiniennes, ni expliquer que ce nombre de Palestiniens ne sont pas seulement déplacés, et que ce nombre de Palestiniens ne sont pas seulement malades ou affamés, mais que ces Palestiniens sont malades, affamés, déplacés et blessés, ou peut-être malades parce qu'ils ont faim, blessés parce qu'ils sont déplacés.

Les statistiques ne nous disent rien sur le deuil des vivants ou leur condamnation à mort. Un bilan des morts ne peut même pas compter les morts. Le nombre ne révèle pas les nombreuses vies détruites, l'amour qui n'a plus où aller, il ne révèle pas le chagrin, la rage, le chagrin, l'épuisement, ni les nombreux éloges personnels que nous lisons chaque jour. C'est douloureusement insuffisant – et pourtant nous continuons à compter, déterminés à savoir combien ils sont.

On entend souvent cette proclamation provocatrice : « Nous ne sommes pas des numéros. » Comme le dit le Dr al-Wahaidi dans son interview : « Chacun de ces individus est plus qu’un simple numéro ; chacun porte en lui une histoire unique, une tragédie profonde, un foyer chargé de souvenirs et une famille endeuillée. Ne méritent-ils pas qu’on se souvienne d’eux ?» Mais le sionisme a dévasté Gaza à tel point que ce chiffre est inexistant. L’éventail des martyrs est si vaste que nous sommes contraints à l’imprécision. Cette imprécision fait disparaître les Palestiniens, les réduit à l’inexistence et les condamne à mort. Tel est le fondement et la logique du sionisme. Ses ambitions coloniales imposent un seul but aux millions de Palestiniens qui vivent depuis la Déclaration Balfour : disparaître et mourir.

Nous désirons connaître ce chiffre, même s’il est incompréhensible, même si ce qu’il représente nous terrifie ou nous rappelle notre échec cuisant, et même si nous sommes douloureusement conscients qu’il n’est ni exact ni exhaustif. Je comprends notre obsession, même si je ne sais pas d’où elle vient.

Peut-être est-ce un signe de respect, ou peut-être cela nous offre-t-il un semblant de contrôle sur le récit du génocide. Comment venger nos martyrs si nous ignorons leur nombre ? Comment arrêter la rotation du monde et mobiliser les masses sans disposer de statistiques précises ? Sans chiffres précis, nous pourrions chercher ailleurs des preuves de leur existence, de leur existence et de leur importance.

Une version de cet essai a été initialement publiée dans le vingtième numéro de la revue New York War Crimes « Two Years ».


Traduction : Google.



samedi 1 novembre 2025

L'effondrement de la propagande : la presse mondiale a capitulé, place au mur numérique du sionisme


Dès les premiers jours du génocide à Gaza, une évidence s'est imposée : les médias globaux se sont transformés en une gigantesque machine de propagande visant à protéger Israël et à fournir des justifications au massacre des civils.

La pratique du "bulletin des forces d'occupation" a toujours fait partie du code de ces médias. Rappelons-nous : la BBC britannique et la CNN américaine avaient, en 2003, constitué une "Union de l'information" pour faciliter l'invasion de l'Irak, renforçant ainsi la force des armées qui ont rasé des villes et causé la mort de plus d'un million de civils.

Des organes de référence qui revendiquent la neutralité, l'objectivité et l'humanisme — New York Times, Washington Post, Bild, The Guardian, Reuters, Associated Press, BBC, CNN, Deutsche Welle — ont pris parti sur le front du génocide après le 7 octobre.

L'effondrement de la crédibilité

Les lignes éditoriales conçues pour orienter les masses en faveur d'Israël ont provoqué une rupture qu'elles n'avaient pas anticipée. Ce soutien aveugle a suscité dans les rues du monde entier une colère décrite comme "un rejet massif d'Israël par l'humanité". Le fonctionnement de ces médias en tant qu'appareil de propagande a aussi fissuré leurs rédactions : dans des institutions comme le New York Times, des journalistes protestant contre les actions d'Israël ont été poussés à la démission.

La perte massive de crédibilité s'est traduite dans la rue, dans les sondages et dans l'observation sociale. L'aveu de l'ancien président Trump — "Mon peuple et ceux qui m'ont élu détestent Israël" — a institutionnalisé ce ressentiment public. Des partisans du génocide se sont vus refuser l'accès à des hôtels ou expulsés de cafés ; la pression publique a forcé des médias et des autorités politiques à adopter un langage plus modéré.

La manœuvre de « désespoir » de Netanyahu

La volte-face des grands médias, qui désormais signent des reportages documentant les crimes qu'ils avaient auparavant légitimés, a plongé Israël dans une quête de reconquête de sa légitimité. En septembre, à New York pour l'Assemblée générale de l'ONU, Netanyahu a tenté une opération de "désespoir" numérique : confronté au recul sur le terrain et en diplomatie, il a convoqué, à l'ambassade d'Israël, un groupe d'influenceurs américains, leur demandant d'utiliser les réseaux sociaux comme une "arme" pour défendre Israël.

La purge des appareils numériques : "BLOCKOUT 2024"
Cette rencontre, pourtant publique, a été en réalité l'aveu d'une faillite de la machine de propagande sioniste. Les nouveaux "agents" médiatiques qu'Israël espérait instrumentaliser étaient déjà visés par une purge : des jeunes utilisateurs conscients ont codé ces influenceurs comme complices du génocide et lancé le boycott numérique "Blockout 2024".

Les chiffres confirment la mise à l'écart : des personnalités comme Haley Kalil ont perdu plus de 100 000 abonnés, Kim Kardashian près d'un million, Selena Gomez plus d'un million. Des propagandistes ayant collaboré avec Netanyahu, tels que Lizzy Savetsky, ont vu des dizaines de milliers d'abonnés et leurs agences de management se retirer, les jugeant "non commercialisables".

Les derniers soubresauts du sionisme

Privé d'une audience large et légitime, Israël n'a plus qu'une option : créer un écosystème "artificiel" et organisé, alimenté par des armées de faux comptes. Cette stratégie transforme les plateformes en chambres d'écho déconnectées de la réalité et accélère l'exode des jeunes vers des espaces décentralisés.

Pourquoi la propagande s'est effondrée

La stratégie de propagande de Netanyahu sur X et TikTok est vouée à l'échec face aux jeunes. Comme l'ont montré les théoriciens contemporains, la haine accumulée depuis le 7 octobre a atteint un point d'ébullition. La mécanique qui visait à convaincre un public unidirectionnel via les médias traditionnels s'est trouvée défaite par la confrontation immédiate entre contenus lissés et images brutes provenant de Gaza : en quelques secondes, un internaute passe du reportage édulcoré à la vidéo crue d'un journaliste gazaoui comme Motaz Azaiza ou Salih el-Caferavi. Le contraste affuble l'appareil médiatique du label "menteur".

Les images de soldats dansant, insérées dans le même flux que les bébés ensevelis sous les décombres, ont transformé la propagande en objet de haine et de dérision. Pour les utilisateurs, les mécanismes de vérification ne sont plus les porte-paroles institutionnels, mais les commentaires et la conscience collective qui se forment sous chaque publication : ces réactions ont rapidement noyé les bots et la voix institutionnelle.

Résistance numérique face à l'algorithme

Que se passera-t-il si TikTok ou d'autres plateformes tombent sous une censure algorithmique pro-israélienne ? Deux formes de résistance semblent possibles :

1. Réappropriation créative: les contenus de propagande peuvent être repris en "duo" sur TikTok ou "remixés" sur Instagram, en les faisant suivre immédiatement d'images de Gaza, inversant ainsi leur message.

2. Fragmentation de l'écosystème: les foules, surtout les jeunes, peuvent quitter une plateforme compromise pour Telegram, Discord ou des groupes privés sur Reddit, recomposant des espaces d'échange moins centralisés.

Le sionisme confiné à sa chambre d'échos

La tentative de construire un mur numérique autour d'Israël finira par céder sous le poids de la conscience collective. Sionisme et ses appareils payés parleront surtout à eux-mêmes, enfermés dans une gigantesque chambre d'écho. La nouvelle géographie numérique, atomisée et décentralisée, sera bien plus difficile à contrôler qu'un seul réseau. La résistance civile naturelle ne se contente pas de neutraliser la propagande : elle isole ses producteurs, les laissant seuls face aux conséquences de la haine qu'ils ont semée. L'honneur, la conscience et la quête de justice que Gaza a ravivés triompheront peut-être grâce à cette insurrection numérique.

https://www.yenisafak.com/fr/columns/ersin-celik/la-propagande-numerique-israelienne-seffondre-48832



Le Soudan, les Émirats arabes unis et ISRAËL





Je vais le dire clairement : la guerre au Soudan n’est pas seulement une rivalité Burhan contre Hemedti. C’est un conflit nourri de l’extérieur, depuis longtemps. Deux acteurs reviennent dans quasiment tous les rapports sérieux : Israël (présent depuis les années 50-60) et les Émirats arabes unis (présents massivement depuis 2023). On fait semblant de ne pas les voir.

Retour en arrière. Dès 1954-1964, Israël noue des contacts clandestins avec le parti Oumma et des figures soudanaises pour constituer une “ceinture” anti-Nasser avec l’Éthiopie, le Soudan, parfois l’Ouganda. Objectif : dégarnir le flanc sud de l’Égypte. Ce n’est pas moi qui l’invente, c’est dans les travaux académiques sur les relations clandestines Israël-Soudan.


Après 1967, ça se durcit : le Soudan envoie des troupes soutenir l’Égypte sur le canal de Suez → Israël répond en armant les rebelles du Sud (Anya-Nya) pour que Khartoum soit occupé chez lui et ne puisse pas servir de profondeur à l’Égypte. C’est exactement le schéma que tu décrivais du docu : “si on doit taper l’Égypte, on la prend aussi par le Sud via le Soudan.”


Donc, première accusation : Israël a instrumentalisé la question soudanaise d’abord contre l’Égypte, pas pour le bien du Soudan. C’était une opération de guerre froide régionale : ouvrir un front, pas construire un État.


Années 70-80 : installation d’une vraie capacité israélienne en mer Rouge (avec l’Éthiopie impériale, puis d’autres relais) pour surveiller le couloir soudanais. C’est ce qui permettra plus tard les opérations ultra-connues de sortie de juifs éthiopiens via le Soudan (fausse station de plongée, etc.). Ça, tout le monde en parle… mais ça prouve surtout qu’Israël avait déjà réseaux, repères, complicités au Soudan. Tu ne montes pas une opération comme “Arous” dans un pays où tu n’as jamais mis les pieds.


Puis viennent les années 2000-2010 : le Soudan devient couloir Iran → Gaza. Réponse israélienne : frappes sur le territoire soudanais (convoi 2009, opération en mer Rouge, puis usine de Yarmouk à Khartoum en 2012) pour casser le transit d’armes. Là on n’est plus dans le “on a rencontré un opposant à Addis-Abeba”, on est dans le bombardement d’un pays souverain.

Deuxième accusation donc : Israël s’est arrogé un droit permanent d’intervention au Soudan dès qu’il juge que le territoire sert à un adversaire (Iran, Hamas, autres). Ce droit n’a jamais été reconnu par les Soudanais — mais personne n’a sanctionné.



2020, relooking : sous pression US + deal avec les Émirats, Khartoum accepte la normalisation. On nous vend ça comme “fin d’un vieux contentieux”. En réalité, ça donne à Israël un accès officiel aux militaires soudanais et ça réactive les vieux réseaux. Ça va compter quand la guerre éclate en avril 2023.



Avril 2023 : SAF (Burhan) vs RSF (Hemedti). Ce que très peu de médias disent : des diplomates israéliens expliquent alors qu’ils parlent aux DEUX camps pour “sauver la normalisation”. Quand tu parles aux deux camps d’une guerre civile, tu n’es pas neutre : tu protèges tes intérêts, pas les civils.

https://responsiblestatecraft.org/us-iraq-election

Donc côté Israël, on a une ligne ininterrompue 1950s → 2020s :

- contrer l’Égypte,
- contrôler la mer Rouge,
- frapper tout transit iranien,
- garder la main sur les généraux soudanais.

Ce n’est pas “un petit rôle”, c’est une présence stratégique de 70 ans. C’est ce qu’on veut généralement invisibiliser.

Maintenant, les Émirats. Là, on est dans le dur 2023-2025. Les rapports ONU, les enquêtes Reuters et les dossiers soumis au Conseil de sécurité racontent tous la même chose : des dizaines de vols cargo au départ des Émirats vers une piste au Tchad, très près de la frontière soudanaise → matériel qui finit entre les mains du RSF. Les Émirats disent “aide humanitaire”. Les images et les experts disent “matériel militaire”.


Le panel d’experts de l’ONU (janvier 2024) explique noir sur blanc que les performances du RSF à Darfour (prise de Nyala, Zalingei, Ardamatta…) n’auraient pas été possibles sans un flux externe d’armes et de véhicules. Traduction : quelqu’un armait Hemedti pendant que Khartoum s’effondrait. Les doigts pointent les Émirats.


En 2025, ça devient encore plus gênant pour Abu Dhabi : dossiers au Conseil de sécurité + enquêtes UK montrent que du matériel britannique vendu aux Émirats se retrouve… sur des blindés utilisés par le RSF, une milice accusée de massacres à caractère génocidaire à El-Geneina. Donc soit les Émirats ont perdu la trace de leur matériel, soit ils ont fermé les yeux, soit ils ont laissé passer. Dans tous les cas : complicité.



Troisième accusation donc : les Émirats ont donné au RSF une autonomie de guerre argent (or soudanais réexporté à Dubaï), logistique (piste au Tchad), blindés, et parfois même un parapluie politique dans les médiations. Sans ça, le RSF n’aurait pas pu tenir et attaquer jusqu’à Port-Soudan avec des drones en 2025.


Et là où ça devient intéressant les deux lignes se croisent :

- Israël veut sécuriser mer Rouge + couper les routes iraniennes.

- Les Émirats veulent un Soudan aligné, leur laisser Port-Soudan, les mines d’or et l’agro.

Résultat : ils ont tous les deux intérêt à empêcher l’émergence d’un pouvoir soudanais civil, autonome, non aligné. C’est exactement ce que montre l’analyse “le Soudan gravite vers le Moyen-Orient” de 2025 : sans les Émirats, le RSF n’aurait pas eu cette force ; sans l’Iran et l’Égypte, la SAF tombait ; et Israël reste en arrière-plan pour que ça ne menace pas Eilat.



Donc ce n’est pas un conflit tribal. C’est un théâtre de concurrence moyen-orientale : Émirats contre Turquie/Qatar, Égypte qui veut sécuriser le Nil, Iran qui veut une tête de pont, Israël qui veut verrouiller. Les Soudanais, eux, servent de champ de bataille. C’est ce que HRW appelle très proprement “fanning the flames” attiser les flammes. Moi j’appelle ça armer une guerre dont on n’assume pas les cadavres.


À ce stade, on peut formuler une thèse : 

“La guerre au Soudan aurait pu être un affrontement court de pouvoir militaire après 2019. Elle est devenue une guerre longue, mobile, ethnique et génocidaire parce qu’elle a été alimentée par des livraisons venues des Émirats et qu’Israël a choisi de rester dans le jeu soudanais plutôt que de s’en retirer.”

Et le pire : le Soudan a même saisi la CIJ en 2025 en accusant les Émirats de complicité de génocide à cause de ces armes qui finissent dans les mains du RSF à Darfour. C’est rare qu’un État africain ose faire ça contre une monarchie du Golfe. S’ils l’ont fait, c’est qu’ils pensent avoir assez d’éléments (vols, images, numéros de série).


Conclusion :

On ne fera pas la paix au Soudan tant qu’on laissera Israël garder son droit de frapper quand ça l’arrange et tant qu’on laissera les Émirats faire transiter des blindés vers des milices qui massacrent à Darfour. Arrêtez de parler ‘processus de Djeddah’ si vous ne coupez pas les tuyaux d’armes.”



Des soldats israéliens qui violent collectivement un prisonnier palestinien deviennent des stars


Meir Ben Shitrit, le soldat israélien qui a été filmé en train de violer un prisonnier palestinien, est devenu une célébrité en Israël.


Bienvenue en Israël, cette entité où des soldats qui violent collectivement un palestinien détenu deviennent des stars, invités dans les talk show et présentés comme des héros de la nation, tandis que la femme (la procureure en chef de Tsahal) qui a fait fuiter la vidéo du viol est poursuivie. 

Extrait de mon livre Ci-gît l'humanité (Critiques 2025) sur le soldat Meir Ben Shitrit :

Le ministre de la Défense, Israel Katz, a salué cette décision de poursuites contre la procureure. Il a déclaré qu’il s’agissait d’une affaire grave qui avait « jeté le discrédit sur les soldats de Tsahal en Israël et dans le monde, et qu’elle devait faire l’objet d’une enquête approfondie ».

C'est loin d'être fini. Libéré, le soldat Meir Ben Shitrit, principal suspect du viol de Sde Teiman, est rapidement devenu la star des médias israéliens. Après une première interview pour Channel 14, le visage masqué, au lendemain de la publication de la vidéo, lors de laquelle il a été ovationné, il a rapidement décidé de témoigner à visage découvert, le 27 août, dans l'émission phare de la même chaîne. 

Sur You
Tube, les commentaires en hébreu sous la vidéo sont quasi unanimement dithyrambiques : « Grâce à des personnes justes comme vous, notre nation existe », « Meir Ben Shitrit, une vraie personne juste, j'ai de la gratitude de vous avoir avec nous, vous et tous les justes qui ont accompli une œuvre sainte pour le peuple d'Israël... », « Vous êtes les champions du monde ! Nous sommes tous avec vous », « Tout mon respect. Je t'admire toi et tous les soldats », « Quel homme doux, courageux et sage, que Dieu vous aide », « Héros d'Israël »... Comme le rapporte le journaliste de Mondoweiss Jona-than Ofir, sur le plateau de télévision, l'animateur Shai Goldshtein dit à Ben Shitrit : 

Je me suis mis à votre place. Vous vous trouvez face à ces gens, vraiment, les gens les plus méprisables qu'on puisse imaginer, qui ont fait les choses les plus horribles à notre peuple, à nos frères et sœurs. Je pense que si j'étais là et que j'en avais l'occasion, je m'en prendrais à ces gens. 

Ben Shitrit répond en disant que le procureur militaire et toute la nation devraient lui « baiser la main » à lui et à ses collègues, car les forces de l'ordre se comportent de manière tellement éthique, accomplissant un « travail sacré ». Et de poursuivre : 

Nous aurions pu simplement enclencher nos armes et les tuer tous [...] parce qu'on a envie de tuer cette personne avec une machette... Je suis prêt à le faire jusqu'à ce que ma main se fatigue. 

Puis il tempère : « Mais nous sommes un État de droit, et c'est l'armée israélienne, et il y a le droit international. » Le journaliste Jonathan Ofir rappelle à cet égard que selon un sondage de l'Institut israélien d'études de sécurité nationale', 65 % des Juifs israéliens s'opposent à des poursuites pénales contre les soldats accusés de viol collectif sur les Palestiniens, 47 % des Juifs israéliens ont répondu qu'« Israël n'a pas besoin de respecter le droit international et de maintenir des valeurs morales dans la guerre ». 

Sur le plateau, l'animateur demande ensuite à Ben Shitrit de parler de son expérience depuis qu'il a dévoilé son identité, des réactions des gens dans la rue. « Beaucoup d'amour et de chaleur, beaucoup d'accolades », répond-il. À Tel-Aviv, il dit avoir reçu seulement deux commentaires l'accusant de « viol », mais « la majorité des gens en Israël, y compris à Tel-Aviv, nous font beaucoup d'accolades, [nous donnent] beaucoup d'amour, nous recevons beaucoup de cadeaux, j'ai reçu un chèque-vacances... » L'animateur veut aider davantage: « Dites-moi, notre public veut savoir: avez-vous besoin de quelque chose ? Êtes-vous en difficulté financière? Avez-vous besoin d'argent pour payer vos avocats ? » 

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Fascisme télévisuel en Israël

On se demande comment un pays devient fasciste, comment la quasi-totalité d’un peuple peut basculer dans la barbarie et valider une opération génocidaire. Il faut regarder ses médias. Car il n’y a pas qu’en France que les chaines de télévision sont possédées par une poignée de riches d’extrême droite, qui imposent un bourrage de crane raciste et militariste à leurs téléspectateurs. Israël est même un cran au dessus. 

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L’armée israélienne a installé, en plein désert du Neguev, à 30 kilomètres de Gaza, un camp de torture. Nommé Sde Teiman, ce lieu sert à concentrer des détenus palestiniens capturés par les soldats à Gaza.

Un médecin du camp, des employés et des détenus y ont rapporté des actes de torture par électrochocs lors des interrogatoires, provoquant une douleur extrême, mais aussi une déshumanisation totale : les détenus sont ligotés à des lits, les yeux bandés, déféquant dans des couches et interdits de parler. Des viols ont aussi été commis pour briser les détenus : des témoignages parlent d’insertions de tiges de métal dans l’anus, ou d’obligation de s’asseoir sur des objets pointus qui pénètrent et blessent pendant les interrogatoires, provoquant des saignements.

Suite à ces révélations sur l’usage de torture, neuf réservistes israéliens ont été poursuivis au mois de juillet. Mais dès leur arrestation, une foule armée, emmenée par des élus et des ministres d’extrême droite, avait envahi la base militaire pour les soutenir. Non seulement les soldats tortionnaires et violeurs n’ont pas été condamnés, mais l’un d’entre eux est devenu une star de la télé.

Channel 14 est une chaîne de télévision d’extrême droite, l’équivalent de Cnews en Israël. Elle organise des talk show sur le modèle de Touche pas à mon poste, relayant entre deux propos débiles des idées racistes, haineuses, voire des apologies de crimes contre l’humanité. En septembre 2024, trois organisations israéliennes de défense des droits de l’homme ont même saisi la justice après avoir recensé sur cette chaine 50 déclarations soutenant le génocide à Gaza et 150 déclarations appelant à des crimes de guerre tels que des massacres aveugles, des déportations massives et la famine.

C’est donc sur cette chaine que le soldat Meir Ben-Shitrit, principal suspect dans l’affaire des viols collectifs de Palestiniens au centre de détention de Sde Teiman, connait la gloire. Ses crimes n’ont pas fait de lui un paria mais le chouchou des plateaux télé.

Au mois d’août, Channel 14 a d’abord diffusé une interview de dix minutes du soldat, au visage masqué, en uniforme, et armé, expliquant sa version des faits. Celui-ci a été ovationné par le public de l’émission. Quelques jours plus tard, il était de nouveau invité, à visage découvert cette fois, révélant son identité. Meir Ben-Shitrit a été reçu comme un invité prestigieux, encouragé par le public et les animateurs, et la chaine a fait la promotion de son interview pendant des jours.

Sur le plateau, l’animateur Shai Goldshtein lui a même dit : «Je me suis mis à votre place. Vous vous trouviez face à ces gens, vraiment, les gens les plus méprisables qu’on puisse imaginer, qui ont fait les choses les plus horribles à notre peuple, à nos frères et sœurs. Je pense que si j’étais là et que j’en avais l’occasion, je m’en prendrais à ces gens».

Depuis, le soldat violeur est devenu un invité régulier des talk shows de la télévision israélienne.