"Je ne pardonnerai pas à ceux qui se sont tus sur Gaza. Quelqu'un qui vient aujourd'hui vous parler de justice sociale, de féminisme, d’humanisme, et qui ne se sera pas manifesté pendant un an, aura perdu toute crédibilité pour porter ces combats là." Aymeric Caron
samedi 26 juillet 2025
Famine à Gaza : au moins 89 palestiniens tués en 24 heures
Italie : produits israéliens boycottés, des enseignes prennent position en soutien à Gaza
Gaza : un ex-employé de la controversée GHF témoigne
Plus de 1000 Palestiniens ont été tués par l'armée israélienne pendant les opérations de distribution d'aide humanitaire menées par la Fondation humanitaire de Gaza (GHF) selon l'ONU. L'opacité et les méthodes de cette entité privée américano-israélienne suscite la controverse.
Le «droit d’exister» d’Israël s’arrête exactement là où commence celui des Palestiniens
Il paraît que je m’intéresse trop à Israël. Que je serais, comme qui dirait, obsédé.
S’ils savaient combien je me fiche d’Israël. Israël pourrait disparaître demain matin que cela ne m’empêcherait pas de prendre un deuxième café. De même qu’Israël pourrait continuer d’exister que cela ne m’empêcherait pas de fumer ma petite clope. Chez moi, l’existence ou non de cette entité n’occupe même pas la moitié d’un neurone.
Par contre :
Les actions commises par l’entité en question m’enragent. Et tous ceux qui tortillent du cul et de sémantique pour les justifier me débectent. Et la seule chose qui m’intéresse réellement, c’est de les voir cesser, le plus tôt possible et par tous les moyens nécessaires. Par sa disparition s’il le faut, ou par sa continuité sous une autre forme – si c’est possible.
Après tout, un petit pays qui attirerait comme un aimant les dingos de la terre, qui seraient bien confinés dans un espace précis, qui se chamailleraient entre eux en attendant la fin du monde, ça pourrait présenter des avantages et valoir quelques sacrifices. Nan, j’déconne (quoique…).
C’est assez simple : lorsque Israël cessera d’opprimer les Palestiniens, je m’arrêterai illico presto de m’intéresser à Israël. Si Israël ne veut pas qu’on «s’intéresse» à lui, qu’il cesse de se rendre «intéressant» pour toutes les mauvaises raisons que vous connaissez.
Pardon, je reformule : lorsque les Palestiniens seront satisfaits, je le serai aussi. Je n’ai pas l’intention d’être plus royaliste que le Roi. Et le Roi ici, dans ce contexte, c’est le peuple Palestinien et certainement pas une bande colons illuminés, vulgaires et sanguinaires.
Alors à chacun ses obsessions. Ceux qui sont obsédés (littéralement) par l’existence d’une entité, et ceux qui sont obsédés (au sens figuré) par ses actions et leurs conséquences.
Et parlant d’obsessions, j’ai déjà dit que «la différence entre un antisioniste et un antisémite, c’est 80 points de QI». Mais voici une deuxième manière de faire la distinction : le jour où Israël arrêtera de faire ch*er le monde, l’antisioniste cherchera d’autres combats alors que l’antisémite, lui, cherchera d’autres excuses.
Et la conclusion de tout ce qui précède est celle-ci : le «droit d’exister» d’Israël s’arrête exactement là où commence celui des Palestiniens.
Viktor Dedaj.
Tsahal tue, Rafael vend
Bienvenue à Gaza, terrain d’entraînement grandeur nature pour les tueurs télécommandés de l’industrie israélienne. L’abjection à l’israélienne.
Dans une vidéo de promotion écœurante, l’entreprise de technologie d’armement Rafael présente fièrement une arme « intelligente » : un drone de précision qui traque un homme à pied dans une rue déserte, jusqu’à ce que la frappe le désintègre.
Le tout, filmé, monté, scénarisé.
Comme une bande-annonce hollywoodienne. « Regardez : nos armes fonctionnent. Elles tuent. »
Sauf qu’il ne s’agit pas d’un film. C’est Gaza. C’est réel. C’est un meurtre.
Chaque Palestinien est une cible. Un cobaye. Une preuve de performance pour les marchés internationaux de l’armement.
Un homme désarmé, transformé en démonstration de puissance. Un crime de guerre, en direct, recyclé en spot publicitaire.
Tsahal tue, Rafael vend, et les génocidaires font de leurs assassinats une success story technologique.
Tomy le Magnifique sur X
Un génocide anodin
Comment ne pas tirer les conséquences de la destruction des Palestinien·nes et du fanatisme d’Israël
Dessin de Gérald Herrmann pour La Tribune de Genève, 7 juin 2025.
Cette fiction, que l’universitaire palestinien Joseph Massad, dans un article récent [1], fait remonter à la guerre de 1967, a été maintenue envers et contre tout, à grand renfort de propagande. Elle a encore résisté à plus d’un an et demi de génocide, alors qu’on assistait à l’étalage d’une cruauté décomplexée, insoutenable, exercée par les soldat·es avec l’approbation enthousiaste d’une part non négligeable de la société israélienne ; alors que chaque jour charriait son lot d’images cauchemardesques d’hommes, de femmes et d’enfants déchiqueté·es, brûlé·es vif·ves, mutilé·es, le crâne explosé, pulvérisé·es par des drones, abattu·es par des snipers, écrasé·es vivant·es ou mort·es par des bulldozers, réduit·es à l’état de squelettes par une famine organisée... Un an et demi. C’est dire combien est puissante la foi occidentale dans l’innocence d’Israël et dans la culpabilité foncière des Palestinien·nes, dans l’idée que la mort est leur destin naturel.
Jusqu’à aujourd’hui, dans les secteurs les plus réactionnaires des sociétés occidentales, en particulier dans la classe politique et dans l’essentiel de l’espace médiatique, la fiction de la nature vertueuse d’Israël reste bien sûr intacte, inébranlable. On continue à entendre des discours décrivant avec aplomb l’exact inverse de ce que des millions de gens observent pourtant en direct. Quand Israël a attaqué l’Iran, le 13 juin, Emmanuel Macron a produit un communiqué pavlovien dans lequel il soutenait le « droit d’Israël à se défendre ». Le délire collectif auquel est en proie l’establishment israélien, et avec lui une bonne partie de sa population, ce mélange écœurant de victimisation systématique, de mensonge impudent, de déshumanisation haineuse des Palestinien·nes et d’invective dès qu’on lui oppose le plus timide rappel à la réalité, sert apparemment d’étalon du bien et de la vérité à nos médias et à nos politiques. C’est très rassurant.
Néanmoins, depuis quelques mois, l’image se fissure. Aujourd’hui, à moins d’avoir le cerveau dévoré par le racisme anti-Arabes et/ou matrixé par l’extrême droite (ce qui fait du monde, certes), personne ne peut plus ignorer la monstruosité de ce que commet Israël. Personne ne peut plus ignorer que la population gazaouie, en plus de subir un déluge ininterrompu de bombes et de balles, crève de faim et de soif alors que les vivres s’entassent dans les camions bloqués par Israël aux portes de l’enclave. (Il s’y ajoute l’interdiction de tous les produits d’hygiène, qui, combinée à la privation d’eau propre, représente une torture supplémentaire en raison des infections et des maladies de peau qu’elle provoque, sans parler de l’humiliation.)
Un pays structurellement raciste, enfermé dans une réalité parallèle, en proie à un fanatisme religieux délirant et à un expansionnisme terrifiant
Il devient vraiment très difficile de nier qu’il s’agit d’un génocide. Le mensonge apparaît au grand jour ; on commence à soupçonner l’affreuse vérité : le méchant, c’est celui qu’on avait pris pour le bon. Soudain, alors que tout était là, sous nos yeux, depuis le début, une partie de l’opinion occidentale qui auparavant se tenait à l’écart du sujet commence à voir l’intention génocidaire ; à voir les ministres d’extrême droite et les commentateur·ices de télévision israélien·nes qui jubilent des morts et des destructions à Gaza et en réclament davantage ; ou encore les dizaines de milliers de manifestant·es qui défilent dans Jérusalem en scandant « Mort aux Arabes » et « Que ton village brûle ». Un sondage sur l’ampleur du soutien de la population israélienne aux projets de déportation des Palestinien·nes, voire à leur élimination physique, a fait un peu bruit [2]. Beaucoup comprennent que la plus grande menace pour la stabilité régionale et mondiale, ce n’est pas l’Iran (si odieux que soit son régime), mais bien Israël.
En fait de « grande démocratie », apparaît un pays structurellement raciste, enfermé dans une réalité parallèle, en proie à un fanatisme religieux délirant et à un expansionnisme terrifiant, conforté par des décennies de louanges occidentales et d’impunité. Un pays qui massacre, expulse et détruit à grande échelle dans toute la Palestine, bombarde toujours régulièrement le Liban (en violation du cessez-le-feu) et le Yémen, envahit des parties supplémentaires du territoire syrien (alors qu’il occupait déjà le Golan) et a donc attaqué l’Iran – au risque de provoquer un embrasement mondial – et assassiné des civil·es là aussi. Sans parler de ces « hunger games » bien réels, où, à Gaza, après que les terres agricoles ont été saccagées, les pêcheurs mitraillés, les boulangeries bombardées, des hommes, des femmes et des enfants qui essayent désespérément de récupérer un sac de farine pour nourrir leur famille se font abattre chaque jour par dizaines [3].
Comment réagir quand c’est votre allié, un pays auquel vous prêtiez toutes les vertus, qui se révèle dans sa réalité d’État génocidaire et de menace majeure pour la paix mondiale ? Un pays avec lequel il existe d’innombrables liens politiques, idéologiques, économiques, militaires, culturels ? C’est une révélation contrariante, c’est le moins qu’on puisse dire. Dès lors, on observe tout un éventail de réactions, qui visent toutes à ne surtout pas tirer les conséquences de cette nouvelle donne, à permettre que tout continue comme avant. Le soutien à Israël évoque un paquebot dont le pilote découvrirait soudain qu’il fait fausse route, mais qui serait trop énorme, trop massif pour changer de direction.
Thierry Brésillon : « Comment retourner le monde entier, inverser le sens de tous les mots, plutôt que de voir Israël tel qu’il est »
Puisque la réalité est inadmissible, c’est elle qui doit plier. Partageant sur Facebook, le 22 juin dernier, un article consacré aux contre-vérités flagrantes entendues un matin (parmi d’autres) sur France Culture [4], le journaliste Thierry Brésillon concluait : « Comment retourner le monde entier, inverser le sens de tous les mots, plutôt que de voir Israël tel qu’il est. » On ne saurait mieux dire.
« Votre haine d’Israël vous aveugle », m’a dit quelqu’un sur un réseau social quand j’ai applaudi la « Flottille de la liberté ». Vous voulez vraiment qu’on parle de haine et d’aveuglement ?
Et quand la réalité devient trop envahissante pour pouvoir être complètement ignorée, apparaît ce terrible oxymore : le génocide anodin. Dans la presse, le mot « génocide » reste confiné à quelques interviews ou tribunes publiées dans les pages « Idées », ou à quelques reportages qui rendent fidèlement compte de ce qui se joue. On continue par ailleurs à publier imperturbablement d’autres articles qui parlent, par exemple, d’« antisémitisme à l’université », alors que tout le monde sait qu’il s’agit d’un nom de code calomnieux pour les manifestations de soutien à la Palestine. On continue en particulier à parler d’« incident antisémite » à Sciences Po Paris, alors qu’il s’agissait d’une altercation politique [5] et que tout le monde le sait très bien. L’édifice idéologique et culturel organisé autour du prestige d’Israël doit absolument rester en place, intouché.
On devine au passage les conflits à bas bruit et les rapports de forces qui agitent les rédactions, en fonction des niveaux de courage et des sensibilités sur le sujet, mais souvent aussi, semble-t-il, d’un clivage entre la hiérarchie et la base. Quand une centaine de journalistes de La Provence veulent clamer leur solidarité avec leurs confrères et consœurs de Gaza, iels doivent le faire dans les pages de Politis, leur propre journal ayant refusé de leur donner la parole. Et il y a des surprises. Le 24 juin, le « Journal Junior » d’Arte proposait un reportage sur « la faim comme arme de guerre », d’une honnêteté et d’une clarté que l’on chercherait en vain dans le reste du paysage audiovisuel. « Dans l’URSS du temps de Staline, nombre de scénaristes, écrivains et cinéastes étaient planqués dans les studios de production de dessins animés, films pour enfants et documentaires animaliers, parce que la censure y était moins attentive qu’ailleurs », rappelait à cette occasion (sur Facebook, le 28 juin) la metteuse en scène et traductrice Irène Bonnaud.
On a aussi assisté à une opération pour sauver le magistère moral de quelques personnalités médiatiques, relais zélés, depuis des années, sous couvert d’« humanisme », de tous les éléments de langage israéliens. Ces personnalités entretiennent la fiction – plus insupportable que jamais – de deux peuples sur un pied d’égalité, qui seraient autant l’un que l’autre victimes de la situation. Elles dissimulent la réalité de la brutale entreprise coloniale qu’est Israël, de l’oppression, de la spoliation et, maintenant, de l’élimination des Palestinien·nes [6].
Alors qu’on les avait présentées comme des partisanes de la « paix », qu’on leur avait attribué une aura de sages, elles se sont compromises, durant un an et demi, dans le soutien de fait à un génocide en distribuant à tort et à travers les accusations d’antisémitisme pour mieux étouffer les indignations qui s’exprimaient [7]. Il aura suffi qu’elles articulent du bout des lèvres quelques vagues commentaires comme quoi ce qui se passait à Gaza allait un peu trop loin – et ce, au nom de leur « amour d’Israël » – pour susciter une effervescence médiatique célébrant leur lucidité, leur courage et leur grandeur d’âme, tandis qu’elles reprenaient aussitôt placidement leur propagande.
La mansuétude exprimée par beaucoup d’observateur·ices pour cette mascarade d’une « prise de conscience » vous enseigne tout ce qu’il y a à savoir sur la valeur accordée aux vies palestiniennes (si vous ne l’aviez pas encore compris, à l’heure où le massacre quotidien de plusieurs dizaines de personnes à Gaza ne mérite même plus une mention dans nos journaux radiophoniques ou télévisés). « Mieux vaut tard que jamais », ai-je beaucoup lu.
La temporalité n’est pas exactement anodine dans un génocide. En fait, elle est tout
Eh bien oui. On ne va tout de même pas faire sa mauvaise tête et se formaliser pour les quelques dizaines de milliers de personnes [8] tuées au cours de ces longs mois où ces personnalités ont défendu sans faillir l’État massacreur, n’est-ce pas ? Gaza est presque entièrement rasée, la machine à tuer est inarrêtable, l’expulsion massive se prépare, on nous annonce l’établissement d’un camp de concentration, la mécanique du génocide est probablement impossible à enrayer, elle a gagné la Cisjordanie, mais allez, soyez beaux joueurs, quoi ! On a besoin de toutes les bonnes volontés ! Et ne soyez pas mesquin·e, ne venez pas nous parler des courageux·euses lanceur·euses d’alerte – comme Aymeric Caron ou Blanche Gardin – que nos résistant·es de la vingt-cinquième heure ont copieusement insulté·es, et qui subissent les représailles professionnelles (pour Gardin), les invectives dans la rue, les coups de fil anonymes, les menaces de mort !
« Mieux vaut tard que jamais », sérieusement ?
La temporalité n’est pas exactement anodine dans un génocide. En fait, elle est tout. « L’histoire est pleine de gens qui veulent être dans le vrai rétrospectivement, disait le journaliste Jeremy Scahill dans le podcast The Listening Post le 31 mai [9]. Mais le courage, c’est de prendre position en temps réel. » « Un jour, tout le monde aura toujours été contre ça », comme le dit si bien le titre du magistral livre d’Omar El-Akkad (qui sera traduit en français l’hiver prochain chez Mémoire d’Encrier à Montréal).
Le génocide est une politique du fait accompli. L’essentiel, pour les génocidaires, est que l’indignation se manifeste trop tard. Eux-mêmes pourront alors éventuellement faire acte de contrition. Ainsi, ils gagneront sur tous les tableaux : ils seront célébrés pour leur noblesse morale et leur capacité d’autocritique, tout en étant débarrassés du peuple gêneur et en pouvant occuper tranquillement les terres volées à leurs victimes.
« En réalité, le dégoût face à l’abjection semble cohabiter avec le soulagement de voir qu’un “problème” majeur d’Israël est en passe d’être – enfin – réglé, fut-ce de la pire des manières, écrivait Akram Belkaïd le 9 mai. Interrogez un wasp américain à propos du génocide amérindien. Il adoptera une mine contrite, dira toute sa compassion, puis il finira par lâcher que c’est ainsi, que l’histoire est violente, que le passé est le passé, que cela ne fera pas revenir Geronimo, que Kevin Costner a tout de même fait un film émouvant, et la discussion passera alors à autre chose de plus convivial. Parlera-t-on ainsi des Gazaouis en 2048 ? Entendra-t-on ce genre de phrase – “Oui, que voulez-vous, c’est l’histoire, mais savez-vous qu’on trouve de la bonne maqlouba [10] à Tel Aviv ?” [11] »
Un génocide implique de mettre en œuvre une « stratégie du choc ». Les génocidaires misent sur la sidération, l’intimidation, la tétanie momentanée de l’opinion. Le but est de décimer le plus possible le groupe honni avant que le monde ait repris ses esprits. D’où la pornographisation de l’attaque du 7 octobre, l’ajout d’un déluge de détails macabres fabriqués de toute pièce, ajoutés aux exactions réelles, pour s’assurer de décourager toute indignation, toute contestation face à ce que l’armée israélienne a commencé à faire à Gaza dès le 7 octobre.
Un pan entier de notre vie publique est devenu un gigantesque appel au sang, une gigantesque démonstration de complicité – ouverte ou hypocrite – avec le pire
L’armée israélienne ment comme elle respire, toutes les personnes qui suivent la situation avec attention le savent depuis longtemps. Elle ment impudemment, grossièrement. (Rappelons qu’elle a par exemple essayé de nous faire prendre un bête calendrier en arabe affiché au mur, au sous-sol d’un hôpital de Gaza, pour un planning de tours de garde de membres du Hamas surveillant des otages.) Elle ment y compris contre l’évidence ; on peut même dire qu’elle nous prend pour des imbéciles – et, après tout, pourquoi se gênerait-elle, puisque la grande majorité des journalistes et des dirigeants occidentaux relayent ses énormités sans sourciller ? « Cela devrait être un sérieux avertissement pour les journalistes et les gouvernements : quand il s’agit d’Israël, vous ne pouvez en aucun cas croire la première version de ce qu’ils disent. Reagan disait : “Faites confiance, et ensuite vérifiez.” Avec Israël, il faut partir du principe qu’ils mentent, et ensuite vérifier », disait encore Jeremy Scahill dans The Listening Post.
Dès lors, on mesure le rôle qu’ont joué certain·es journalistes occidentaux en accréditant, sans aucune vérification possible, les détails tous plus effroyables les uns que les autres que cette armée leur donnait sur les victimes du 7 octobre – certains mensonges, comme ceux concernant les « bébés décapités », dont Joe Biden lui-même a prétendu avoir vu des photos, continuent d’ailleurs à circuler même après avoir été officiellement démentis. Iels ont été des facilitateur·ices du génocide, iels ont contribué à épouvanter l’opinion française au point de rendre impossible toute défense des Palestinien·nes – puisque, alors qu’on nous rappelle immanquablement, à la moindre formule jugée un peu trop globalisante, que « pas tous·tes les Israélien·nes », etc., tous·tes les Palestinien·nes sont amalgamé·es aux combattants du Hamas, conformément à la logique raciste empruntée à la société israélienne. Il y a des confrères et consœurs que je considérais comme plutôt sympathiques, relativement proches de moi, et qui, aujourd’hui, me font horreur. Pour moi, iels ont du sang sur les mains.
D’une manière générale, ces vingt et un derniers mois auront été une leçon cuisante. Tant de personnes ont révélé un visage effrayant, alors que je croyais naïvement que nous faisions partie du même monde. Certains jours, on se croirait vraiment dans le clip de Thriller de Michael Jackson. Un pan entier de notre vie publique est devenu un gigantesque appel au sang, une gigantesque démonstration de complicité – ouverte ou hypocrite – avec le pire. Il y a là une progression qui était probablement inéluctable : de prétendu·es « intellectuel·les » que l’on savait réactionnaires, racistes, etc., mais qui bénéficiaient pourtant de toutes les indulgences dans leur milieu, défendent désormais un génocide sur toutes les antennes. L’horreur des images vues chaque jour, de corps calcinés, mutilés, est redoublée par l’horreur de l’approbation qui se manifeste autour de nous. De cela aussi, nous ne nous remettrons jamais.
Et quand l’invocation permanente du 7 octobre a commencé à se révéler moins efficace, quand elle n’a plus été en mesure de couvrir l’abomination sans limite de ce qui était infligé à la population gazaouie, l’attaque contre l’Iran a permis de créer un nouveau choc, d’échapper par la fuite en avant au risque de remontrances (on n’ose même pas parler de sanctions) et de renouveler la chape d’impunité entourant le génocide des Palestinien·nes.
Si on veut réellement être fidèle au mot d’ordre « Plus jamais ça », il faut déjouer la « stratégie du choc » et dénoncer un génocide dès qu’il prend forme, au moment où l’intimidation fonctionne à bloc, où la machine de propagande est mobilisée à son maximum. Et si, à l’inverse, durant ces premiers mois, voire ces premières années, on travaille à alimenter la propagande, à renforcer la stratégie du choc, alors on porte une responsabilité que rien ne pourra jamais effacer.
Le besoin acharné de pouvoir se raccrocher à une image positive d’Israël
Par ailleurs, en concédant du bout des lèvres que ce n’est pas formidable de massacrer des enfants, il ne s’agissait pas de réclamer la justice, mais de sauver l’image et le projet d’Israël. D’où les tentatives que l’on observe depuis quelque temps de charger au maximum Benyamin Netanyahou, de faire croire à l’opinion occidentale que le problème, c’est lui et uniquement lui – comme s’il commettait un génocide tout seul.
Pour cela, on nous ressort de la naphtaline les inoxydables « sionistes de gauche ». L’ancien premier ministre Ehud Barak, par exemple, auteur de la formule raciste comparant Israël à une « villa dans la jungle », qu’on tente de faire passer pour un vieux sage, alors qu’il porte une responsabilité écrasante dans le sabotage du processus d’Oslo [12]. Mais aussi l’ancien ambassadeur en France Elie Barnavi, qui clame que « Netanyahou est l’une des incarnations du Diable ». Un peu dur à entendre pour qui se souvient que Barnavi a été ambassadeur alors qu’un autre boucher, Ariel Sharon, était premier ministre, et qu’il a défendu pied à pied la répression de la deuxième Intifada sur toutes les antennes françaises.
Quand on rappelle ces éléments, cependant, on s’attire les mêmes reproches que quand on refuse d’absoudre de leur complicité celles et ceux qui ont si longtemps cautionné le génocide (et qui, en réalité, continuent à le faire). Même mépris ouvert pour les vies palestiniennes, même besoin acharné de pouvoir se raccrocher à une image positive d’Israël, quitte à gober les pires manipulations et à remettre une pièce dans la machine à produire des écrans de fumée, parce qu’apparemment on n’a pas encore assez bien vu à quels désastres cela mène.
Vouloir rappeler comment on en est arrivé là – à l’attaque du 7 octobre, puis au génocide –, et refuser de dédouaner celles et ceux qui ont permis ce pourrissement de la situation, serait faire preuve d’une mentalité mesquine et policière : c’est ce qui ressort des reproches qui nous sont adressés, à nous, les empêcheur·euses d’admirer Israël en rond. Cette époque demande décidément d’avoir les nerfs solides.
Faire en sorte que les Israélien·nes restent les sujets centraux, voire uniques, de l’histoire proche-orientale
Il faut absolument préserver le récit héroïque qu’on se raconte depuis si longtemps, et donc faire en sorte que les Israélien·nes restent les sujets centraux, voire uniques, de l’histoire proche-orientale. En effet, renoncer à cette centralité impliquerait d’écouter ce qu’ont à dire des Arabes (je ne parle pas des quelques fayot·es dont l’intelligentsia parisienne raffole, et qui l’accompagnent fidèlement dans son extrême-droitisation), de les croire, de leur faire confiance ; et cela, dans un monde occidental qui considère visiblement comme un progrès civilisationnel majeur d’avoir remplacé la déshumanisation des juif·ves par la déshumanisation des Arabes et des musulman·es, on comprendra bien que ce n’est pas du tout possible. Après tout, nous ne sommes encore qu’au XXIe siècle ; n’allons pas trop vite, s’il vous plaît.
Ces derniers temps, plusieurs Palestinien·nes de la diaspora ont dit leur exaspération de ne se voir donner la parole que si iels étaient flanqué·es d’un·e « Israélien·ne sympathique » ; de n’être jamais vraiment cru·es ni pris·es au sérieux : Muzna Shihabi, ancienne conseillère de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), sous le titre « L’effacement poli des voix palestiniennes » ; la poétesse Carol Sansour (sur Facebook, en anglais) ; l’écrivain Jadd Hilal, sous le titre « Un Palestinien dans les médias français ».
Cette impossibilité d’exister comme sujet dans les récits occidentaux, le poète Mahmoud Darwich s’en était déjà agacé dans Une mémoire pour l’oubli, en… 1987. Quelques années plus tard, cela lui avait valu de se faire chapitrer, au cours d’un entretien, par sa consœur israélienne Helit Yeshurun, qui l’avait interrogé à ce sujet :
– Dans “Une mémoire pour l’oubli”, vous dites : “Je ne me suis pas réjoui des manifestations à Tel-Aviv [pour protester contre l’invasion israélienne du Liban, en 1982]. Elles ne nous laissaient plus aucun rôle – ce sont eux qui font les bourreaux et les victimes […] Les vainqueurs avaient peur de perdre leur identité de victimes. […] C’est à notre place qu’ils criaient, à notre place qu’ils pleuraient […].” D’où vient votre colère contre ces Israéliens qui ont manifesté pendant la guerre du Liban ? Le cliché bourreau-victime vous est-il indispensable [sic] ?
Mahmoud Darwich : (…) Qui était l’agresseur ? Les Israéliens. Qui manifestait ? Les Israéliens. Toute l’affaire restait une affaire israélienne. Rafoul [Rafael Eytan, chef d’état-major] et Sharon [Ariel Sharon, alors ministre de la défense] étaient les agresseurs. Et qui s’opposait à eux ? Israël. Les Israéliens ont attaqué – ils sont les héros ; les Israéliens ont manifesté – ils sont les bons. Il y a parmi eux des fous, des imbéciles, des va-t-en-guerre, mais la société israélienne est saine. Tout le jeu, toute l’histoire, se déroulait sur le terrain israélien. Et moi, où étais-je dans tout cela ? J’étais hors de la scène. […] Donner une image si jolie d’Israël ne m’intéressait pas. Je le dis très ouvertement. […] Je craignais que ces manifestations, bonnes et positives en elles-mêmes, ne ramènent les caméras en terrain israélien en nous laissant dans l’ombre. Je ne voulais blesser personne, mais il m’importait de montrer le paradoxe. […] Je voulais dire que la victime n’avait pas où manifester, car d’autres manifestaient pour elle. Tout le bien venait de là-bas, effaçant le mal qui en venait aussi. […] J’étais tellement humilié que je ne voulais pas voir de lumière en provenance de cet endroit-là.
H. Y. : Ces Israéliens-là dérangeaient votre stéréotype de l’Israélien.
M. D. : Je n’ai pas de stéréotype d’Israélien. Cela m’embêtait de les délivrer de leur problème de conscience. Je voulais dire que je n’existais pas – ni en tant que victime, ni en tant que révolté, ni en tant que voix [13]. »
Zohran Mamdani : « Je crois au droit d’Israël à exister en tant qu’État où tout le monde a des droits égaux »
Désormais, il ne peut plus être question de céder là-dessus. Puisqu’on est impuissant·e à empêcher le génocide, on doit au moins cela aux innombrables Palestinien·nes arraché·es à la vie jour après jour : ne pas laisser le mythe sioniste de l’héroïsme israélien et de la nature fondamentalement pure d’Israël se perpétuer encore après cet immense crime. Ne pas continuer à laisser croire à cette quadrature du cercle qu’est un État « juif et démocratique ».
On va le répéter autant qu’il le faudra : soit Israël est un État juif, et alors il est intrinsèquement raciste, voire génocidaire envers la population musulmane et chrétienne présente depuis des siècles sur le territoire qu’il occupe ; soit il est un État démocratique, et alors il ne peut pas être un État exclusivement juif [14].
Interrogé, lors du débat de la primaire démocrate pour l’élection à la mairie de New York, sur le « droit d’Israël à exister », Zohran Mamdani a eu cette réponse exemplaire : « Je crois au droit d’Israël à exister en tant qu’État où tout le monde a des droits égaux. » Il a ajouté : « Je crois que tous les États devraient être des États garantissant l’égalité des droits. » Il est stupéfiant qu’une telle réponse soit jugée scandaleuse.
Elle n’a toutefois pas été jugée scandaleuse par tout le monde, puisque Zohran Mamdani a triomphalement remporté la primaire démocrate. Sa dénonciation claire du génocide des Palestinien·nes a contribué à séduire les New-Yorkais·es, et, parmi eux, des dizaines de milliers d’électeur·ices juif·ves qui ont cessé de soutenir (ou n’ont jamais soutenu) Israël [15].
Voir émerger des personnalités aussi charismatiques que Mamdani, ou que Mahmoud Khalil, le jeune diplômé de Columbia ressorti de sa prison encore plus déterminé qu’il n’y était entré [16] ; ou être témoin du courage magnifique de Rima Hassan, Greta Thunberg et de leurs camarades de la « Flottille de la liberté » [17], comme de celui des marcheur·euses algérien·nes, tunisien·nes et européen·nes qui, en juin, ont bravé la police égyptienne pour tenter d’accéder à Gaza : c’est ce qui sauve du désespoir total quand on fait partie des spectateur·ices impuissant·es de ce génocide.
Ezra Nahmad : « La Palestine devient nœud et point de ralliement global de l’opinion publique démocratique, antiraciste et anticoloniale »
Face à un monde politique et médiatique massivement acquis au projet colonial israélien et à sa propagande, et en dépit d’une répression implacable, la révolte et la colère s’expriment partout. Ce sont les dockers de Fos-sur-Mer qui refusent d’embarquer des conteneurs remplis de composants militaires à destination d’Israël. Une pasteure britannique de 83 ans arrêtée par la police à Londres pour avoir clamé son soutien au groupe Palestine Action, interdit par le gouvernement de Keir Starmer. Ou l’album de Bob Vylan qui fait son retour dans le classement des meilleures ventes au Royaume-Uni après l’incident causé par le groupe au festival de Glastonbury, où il a maudit l’armée israélienne sur scène, alors que le concert était retransmis en direct à la télévision, ce qui lui a valu d’être lâché par son manager et déprogrammé un peu partout [18]… « La Palestine est une bataille pour l’âme du monde », comme le dit l’acteur irlandais Liam Cunningham, qui a soutenu la « Flottille de la liberté ».
Dans un article consacré au groupe irlandais Kneecap, qui défend avec feu la cause palestinienne, le journaliste Ezra Nahmad résume très bien : « Au cours de la dernière décennie, Israël est devenu un point de convergence pour l’extrême droite mondiale. Il est perçu par celle-ci comme le fer de lance de la croisade civilisationnelle contre la supposée “barbarie” arabe ou musulmane. L’adhésion à Israël s’accompagne souvent, pour les droites radicales, d’un programme autoritaire – destruction des acquis démocratiques, contrôle des médias, suppression du pluralisme.
Inversement, la Palestine devient nœud et point de ralliement global de l’opinion publique démocratique, antiraciste et anticoloniale. Ce qui se passe au Proche-Orient marque dorénavant une ligne de faille géostratégique et militaire et nourrit en même temps un front culturel lui aussi planétaire. Les millions de jeunes qui rejoignent les manifestations pour Gaza ou la Palestine, partout dans le monde, dans les métropoles, mais aussi dans des petites villes et des banlieues éloignées, témoignent de cette nouvelle géographie culturelle du monde contemporain [19]. »
Tout cela donne un sentiment étrange, celui d’une polarisation devenue si extrême que les partisan·es d’Israël et les défenseur·euses des Palestinien·nes vivent non seulement dans des récits et des réalités radicalement différentes, mais aussi dans des temporalités différentes. Les second·es ont tiré les leçons des événements des vingt et un derniers mois. Iels ont définitivement ouvert les yeux sur la nature d’Israël, mais aussi des États-Unis ; iels voient à l’œuvre le colonialisme et l’impérialisme à leur paroxysme. Iels sont en train d’ébaucher un nouveau monde – que les électeur·ices new-yorkais·es de Mamdani incarnent parfaitement –, pendant que les premier·ères s’enfoncent dans leurs mensonges, leur suprémacisme, leur haine, leur racisme.
Le drame, évidemment, c’est que ce sont les premier·ères qui sont au pouvoir ; raison pour laquelle le génocide continue. Iels dominent au niveau mondial grâce à Trump ; iels ont conquis ou s’apprêtent à conquérir à peu près tous les pays d’Occident.
Alonso Gurmendi : « Le monde commence à tourner le dos au paradigme colonialiste et orientaliste qui l’a façonné jusqu’à aujourd’hui »
Il y a quelques jours, l’universitaire péruvien Alonso Gurmendi, historien des relations internationales, était interviewé sur YouTube par le journaliste britannique Owen Jones – une autre figure à laquelle se raccrocher, tant il fournit un travail remarquable depuis un an et demi. Gurmendi proposait cette analyse :
« Avec ce génocide, le monde commence à tourner le dos au paradigme colonialiste et orientaliste qui l’a façonné jusqu’à aujourd’hui. La tragédie, c’est que cet énorme bouleversement dans la façon dont le monde fonctionne, dans l’ordre du monde, se paie du sang des Palestinien·nes. C’est quelque chose que nous ne pouvons pas laisser les gens ignorer ou oublier. Nous devons être dans les rues, nous devons en parler, attirer l’attention dessus, parce que ce n’est pas un prix acceptable. »
Et on conclura avec lui : « En définitive, la politique ou le droit international ne vont sauver ni le monde, ni les Palestinien·nes. Ce que nous faisons, ce dont nous parlons : c’est cela qui va provoquer le changement. S’il devient politiquement impossible de soutenir un projet colonialiste au Proche-Orient, alors les choses changeront. Et seule l’action collective peut y parvenir. La solution viendra de nos conversations, de nos discussions, de nos manifestations, de nos pieds, de nos corps [20]. »
[1] Joseph Massad, « The more Israel kills, the more the West portrays it as a victim », Middle East Eye, 15 juin 2025.
[2] Tamir Sorek, « En Israël, comment les appels à l’élimination des Palestiniens ne sont plus tabous », Yaani, 30 mai 2025.
[3] Pour prendre la mesure de l’atrocité, il faut lire cette chronique de Rami Abou Jammous : « Obeida est mort. Il avait dix-huit ans », Orient XXI, 17 juin 2025.
[4] Pierre Prier, « Sur France Culture, “la capitulation de l’intelligence devant les passions” », Orient XXI, 20 juin 2025.
[5] Cf. Pauline Perrenot, « Palestine et mobilisations étudiantes : calomnies médiatiques en série », Acrimed, 30 mai 2024.
[6] Aujourd’hui encore, alors que la dystopie s’approfondit chaque jour, il est possible de publier dans la presse française des appels qui brouillent la réalité d’un génocide colonial en maniant le chantage à l’insensibilité, et en nous invitant à « tenir deux compassions dans un même cœur ». C’est tout à fait fascinant.
[7] Cf. Clément Garcia, « Blanche Gardin vent debout contre les accusations d’antisémitisme de Delphine Horvilleur », L’Humanité, 13 mars 2025.
[8] Le bilan réel dépasse vraisemblablement de beaucoup le décompte officiel de 57 000 tué·es à ce jour, qui ne prend pas en compte toutes les personnes restées sous les décombres, ni toutes celles qui sont mortes de leurs blessures ou de maladie, faute de soins, ou encore de malnutrition et de famine.
[9] « The sudden surge of genocide critique in the West », The Listening Post, 31 mai 2025.
[10] Plat traditionnel palestinien.
[11] Akram Belkaïd, « Gaza : quand Tartuffe s’indigne », Lignes quotidiennes, 9 mai 2025.
[12] Voir par exemple cet article de Ran HaCohen en 2007 : « Méfions-nous de Barak ».
[13] Entretien traduit de l’hébreu par Simone Bitton et publié dans la Revue d’études palestiniennes (n° 9, automne 1996), puis repris dans le recueil La Palestine comme métaphore. Entretiens, Actes Sud, « Sindbad », Arles, 1997.
[14] Lire à ce sujet Frédéric Lordon, « Le sionisme et son destin », Les blogs du Diplo, 19 juin 2025.
[15] « Zohran Mamdani’s Victory Challenges the Pro-Palestinian Taboo in U.S. », AJ+, 27 juin 2025.
[16] Je recommande ces deux très beaux textes de Steven W. Thrasher sur le site Lit Hub : « Mahmoud Khalil, Zohran Mamdani, and the Politics of Vulnerability », 23 juin 2025 ; « Zohran Mamdani and Brad Lander Have Shown Us a Way Forward », 26 juin 2025.
[17] Cf. Soumaya Benaissa et Denis Robert, « Flottille : résister face à la déchéance des médias, la complicité de la France, et l’impunité d’Israël », Blast, 12 juin 2025.
[18] Voir la vidéo d’Owen Jones sur l’affaire : « Outrage Over Chants Instead of Genocide : Bobby Vylan Furore Is sick », YouTube, 1er juillet 2025.
[19] Ezra Nahmad, « Kneecap, au nom de la Palestine », Orient XXI, 9 juillet 2025.
[20] Owen Jones, « Why Israel Will Lose - w./ Alonso Gurmendi Dunkelberg », 27 juin 2025.
vendredi 25 juillet 2025
Macron: Why this about-face on Palestine?
Emmanuel Macron announced on July 24 that France would recognize the State of Palestine at a special conference scheduled for September at the United Nations headquarters. It will be the 148th state to do so, but the first member of the Security Council and the G7. This announcement coincides with a shift in public opinion, particularly in France, regarding the ongoing humanitarian crisis in Gaza. It is becoming unbearable for everyone to let people die of hunger without any response.
This decision by President Macron is therefore important from a symbolic and diplomatic perspective, especially since Israel has made no concessions to French diplomacy since the beginning of the war. Furthermore, a two-state solution cannot be established without prior recognition of a Palestinian state. But this decision remains late and limited. And there are still two months to go before the official announcement of this recognition. The challenge now is how to concretely ensure the existence of this Palestinian state.
Macron annonce qu’il va ENFIN reconnaître l'État de Palestine
22 mois après le début du génocide, c’est INDISPENSABLE et c’est une victoire de la mobilisation populaire.
Mais pour que cette reconnaissance n’advienne pas quand il n’y aura plus de palestiniens, la France ne doit pas attendre septembre. Elle doit prendre des mesures CONCRÈTES et IMMÉDIATES :
- Embargo immédiat sur les armes à destination d'Israël.
- Sanctions diplomatiques, économiques et culturelles contre Israël et ses dirigeants.
- Exiger la suspension de l'accord d'association entre l'UE et Israël.
Mathilde Panot, députée française.
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Commentaire de Nils Wilcke, journaliste politique :
Déclaration conjointe de l'AFP, de l'AP, de la BBC News et de Reuters sur Gaza
"Nous sommes extrêmement inquiets pour nos journalistes à Gaza, qui ont de plus en plus de mal à subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs familles. Depuis des mois, ces journalistes indépendants sont les yeux et les oreilles du monde entier sur le terrain à Gaza. Ils sont aujourd'hui confrontés aux mêmes difficultés que ceux qu'ils couvrent.
Les journalistes subissent de nombreuses privations et difficultés dans les zones de guerre. Nous sommes profondément alarmés par le fait que la famine en fasse désormais partie.
Nous exhortons une fois de plus les autorités israéliennes à autoriser les journalistes à entrer et sortir de Gaza. Il est essentiel que la population locale reçoive des vivres en quantité suffisante."
https://www.bbc.com/mediacentre/statements/joint-statement-on-gaza-from-afp-ap-bbc-news-reuters
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C’est un génocide, mais c’est aussi bien plus que cela
Mais c’est aussi bien plus que cela.
C’est une expérience – pour voir jusqu’où le public est prêt à accepter des abus sans que cela ne perturbe de manière significative le statu quo impérial.
C’est une opération psychologique – pour repousser les limites de ce qui est normal et acceptable dans nos esprits afin que nous consentions à des abus encore plus horribles à l’avenir.
C’est un symptôme – du sionisme, du colonialisme, du militarisme, du capitalisme, de la suprématie occidentale, de la construction d’empires, de la propagande, de l’ignorance, de l’apathie, de l’illusion, de l’ego.
C’est une manifestation – de systèmes de croyances racistes, suprémacistes et xénophobes violents qui ont toujours existé mais qui étaient auparavant contenus, se heurtant à la nature malsaine d’alliances en place depuis longtemps mais qui ont été agressivement normalisées.
C’est un miroir – qui nous montre avec précision et impartialité qui nous sommes actuellement en tant que civilisation.
C’est une mise à nu – qui nous montre ce qu’est réellement l’empire occidental sous lequel nous vivons, derrière son faux masque de démocratie libérale et d’humanitarisme vertueux.
C’est une révélation – qui nous montre qui parmi nous défend réellement la vérité et la justice, et qui nous a trompés sur eux-mêmes et sur leurs motivations pendant tout ce temps.
C’est un catalyseur – une force galvanisante et un cri de ralliement pour tous ceux qui réalisent que les structures de pouvoir meurtrières sous lesquelles nous vivons ne peuvent plus être tolérées, et un réveil strident qui ouvre de plus en plus d’yeux endormis sur la nécessité d’un changement révolutionnaire.
C’est un test – un test pour déterminer qui nous sommes en tant qu’espèce, de quoi nous sommes faits et si nous sommes capables de transcender les schémas destructeurs qui mènent l’humanité à sa perte.
C’est une question – une question qui nous demande dans quel type de monde nous voulons vivre à l’avenir et quel genre de personnes nous voulons être.
C’est une invitation – à devenir meilleurs que ce que nous sommes aujourd’hui.
source : Caitlin Johnstone
Gaza : un ex-agent US témoigne — ce qui se passe dans les “centres d’aide” est une barbarie organisée
Un mercenaire américain (GHF) travaillant sur des sites de distribution humanitaire à Gaza a décidé de démissionner !
Dans une interview accordée à la chaîne Channel 12, il évoque les abus violents subis par des civils affamés dans ces centres d'aide de distribution, il déclare ceci :
"Voici quelques incidents que j'ai observés :
- Des hommes et des femmes ont été abattus sous mes yeux,
- Des Palestiniens affamés cherchant à atteindre l'aide humanitaire ont reçu du spray au poivre dans les yeux,
- Un Palestinien non armé ramassant de la nourriture au sol a été roué de coups.
- Des grenades assourdissantes ont été lancées sur des femmes pendant qu'elles tentaient de se procurer des denrées alimentaires, certaines d'entre elles ce sont effondrées au sol.
Une fois que les Palestiniens avaient terminé de récupérer l'aide sur place, les gardes américains ouvraient le feu, tirant sur leurs jambes pour les contraindre à partir.
C'est à ce moment-là que j'ai réalisé que je ne pouvais plus continuer."
"Ces centres censés « aider » les Gazaouis affamés sont en réalité des zones de terreur militarisée.
Voilà ce que certains appellent « aide humanitaire ». Une mise en scène sanglante. Un piège logistique. Une politique d’humiliation. Et pendant ce temps, des enfants meurent de faim."
Les Spectateurs
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Commentaire :
Voilà ce que certains appellent « aide humanitaire ». Une mise en scène sanglante. Un piège logistique. Une politique d’humiliation. Et pendant ce temps, des enfants meurent de faim."
Tomy le Magnifique
(sur un réseau social menacé de censure
par les fausses démocraties occidentales)
Gaza today has the largest number of people who have lost limbs in the world
Since the start of the latest war:
Over 4,500 people have lost their limbs
Among them, 850 are children
Every day, more than 10 children suffer injuries that result in the loss of limbs The healthcare system is on the verge of collapse.
Gaza is not just a war zone - it is the greatest humanitarian tragedy of our time.
Eye on Palestine
"Il est le Milosevic du Moyen-Orient. Un Hitler sans prépuce qui croit profondément à la race supérieure juive"
Disons les termes : B. Netanyahu avait besoin d’un « casus belli » pour réaliser ses ambitions génocidaires, et le Hamas le lui a offert sur un plateau de sang. Il a depuis longtemps en ligne de mire l’annexion pure et simple des territoires palestiniens. Un objectif enfantin pour une armée suréquipée face à l'absence d'armée en face d'elle.
La seule raison pour laquelle l’annexion n’est pas effective est démographique.
Annexer veut dire absorber des millions de Palestiniens. Et cela viole le principe d’airain qu’Israël doit être constitué d’une majorité de juifs bien supérieure aux Arabes. Or, prendre TOUTE la Palestine ramènerait cet équilibre à 50-50. Et le retour éventuel des réfugiés palestiniens, toujours refusé par Israël lors de tous les « plans de paix » précédents, aurait fait pencher la balance démographique côté palestinien. Inacceptable. Inconcevable pour cet homme qui, depuis toujours, voue aux gémonies les Arabes de la région. En aparté, c’est pour ces raisons démographiques que la gauche israélienne était favorable à un État palestinien indépendant. Elle savait que l’annexion totale de la Palestine mettrait en péril ce principe de majorité juive.
Seule solution de la droite pour annexer en gardant cette majorité : chasser, écraser, terroriser, massacrer, déporter, créer un enfer sur Terre afin de pousser les natifs arabes à l’exil « volontaire ».
Sans l’existence des médias, et sans la « modération » américaine, il aurait déjà pulvérisé toute la bande de Gaza, toute la Cisjordanie, sans aucun scrupule. C'est la vision d'une âme de boucher, considérant les Palestiniens comme de la vermine. Il est le Milosevic du Moyen-Orient. Un Hitler sans prépuce qui croit profondément à la race supérieure juive.
En attendant, la colonisation rampante de la Cisjordanie ne change pas les données du problème démographique.
Seule solution de la droite pour annexer en gardant cette majorité : chasser, écraser, terroriser, massacrer, déporter, créer un enfer sur Terre afin de pousser les natifs arabes à l’exil « volontaire ».
Sans l’existence des médias, et sans la « modération » américaine, il aurait déjà pulvérisé toute la bande de Gaza, toute la Cisjordanie, sans aucun scrupule. C'est la vision d'une âme de boucher, considérant les Palestiniens comme de la vermine. Il est le Milosevic du Moyen-Orient. Un Hitler sans prépuce qui croit profondément à la race supérieure juive.
En attendant, la colonisation rampante de la Cisjordanie ne change pas les données du problème démographique.
Alors Bibi avait besoin d’un bon coup d’accélérateur pour enclencher son nettoyage ethnique. Et il s'est emparé de la doctrine maximaliste du Hamas pour en faire son bâton de pèlerin. Le Hamas a toujours été un détonateur potentiel pour Bibi, afin de frapper un très grand coup contre les Palestiniens. Mais il fallait impérativement que le Hamas engage durement les hostilités, pour rester dans les clous de la doxa « qu’Israël a le droit de se défendre ».
Alors il a favorisé cette organisation par tous les moyens possibles. Il a tout fait pour que son ennemi mortel règne en maître sur Gaza. Car ce premier ministre est adepte de la stratégie vieille comme le monde, à savoir « Diviser pour mieux régner ». Dixit le Hamas versus Fatah. Religieux contre laïcs. Cette désunion palestinienne repousse à la Saint-Glinglin toute possibilité d’un seul État indépendant. Il a donné son accord pour que transitent des valises de billets via le Qatar. Il a laissé son ennemi grandir sans entraves. Un ennemi nécessaire pour continuer à se vendre comme "Mr Sécurité" d'Israël. Un ennemi nécessaire pour faire cette guerre qui peuple ses rêves. Les roquettes ? Trop artisanales, pas assez meurtrières pour enclencher un génocide.
Alors le 7 octobre est arrivé, et Bibi a forcément dû sabrer le champagne. Sa stratégie a payé. Très vite, on s’emballe. On invente l’histoire de 40 bébés décapités pour horrifier le monde qui n’en avait pas davantage besoin. Ce jour-là, il cesse de faire de la politique pour uniquement faire la guerre, pour continuer d’imposer sa griffe de « Mr Sécurité » d’Israël et forcer l’union sacrée. Et le Hamas est tombé dans son piège.
Il est difficile de dire exactement à quoi s’attendait le Hamas après les crimes du 7 octobre. Pour sûr, il voulait provoquer un électrochoc dans l’opinion publique endormie. Rappeler l’existence de la cause palestinienne. Saboter les accords d’Abraham. Cesser d’être un peuple de « réfugiés » condamné à vivre sous surveillance israélienne et sous perfusion humanitaire 80 années de plus.
On condamnera toujours des crimes commis aveuglément contre des innocents. Mais c’est bien le diabolique Netanyahu qui a créé les conditions de cette atrocité. C’est lui qui n’a pas vraiment laissé le choix aux Palestiniens, par l'asphyxie de toute perspective d’avenir. En tant que palestinien, que faire face à l’intransigeance politique du bourreau qui s'étouffe à la seule idée de deux États ou d’un État binational ?
Alors il a favorisé cette organisation par tous les moyens possibles. Il a tout fait pour que son ennemi mortel règne en maître sur Gaza. Car ce premier ministre est adepte de la stratégie vieille comme le monde, à savoir « Diviser pour mieux régner ». Dixit le Hamas versus Fatah. Religieux contre laïcs. Cette désunion palestinienne repousse à la Saint-Glinglin toute possibilité d’un seul État indépendant. Il a donné son accord pour que transitent des valises de billets via le Qatar. Il a laissé son ennemi grandir sans entraves. Un ennemi nécessaire pour continuer à se vendre comme "Mr Sécurité" d'Israël. Un ennemi nécessaire pour faire cette guerre qui peuple ses rêves. Les roquettes ? Trop artisanales, pas assez meurtrières pour enclencher un génocide.
Alors le 7 octobre est arrivé, et Bibi a forcément dû sabrer le champagne. Sa stratégie a payé. Très vite, on s’emballe. On invente l’histoire de 40 bébés décapités pour horrifier le monde qui n’en avait pas davantage besoin. Ce jour-là, il cesse de faire de la politique pour uniquement faire la guerre, pour continuer d’imposer sa griffe de « Mr Sécurité » d’Israël et forcer l’union sacrée. Et le Hamas est tombé dans son piège.
Il est difficile de dire exactement à quoi s’attendait le Hamas après les crimes du 7 octobre. Pour sûr, il voulait provoquer un électrochoc dans l’opinion publique endormie. Rappeler l’existence de la cause palestinienne. Saboter les accords d’Abraham. Cesser d’être un peuple de « réfugiés » condamné à vivre sous surveillance israélienne et sous perfusion humanitaire 80 années de plus.
On condamnera toujours des crimes commis aveuglément contre des innocents. Mais c’est bien le diabolique Netanyahu qui a créé les conditions de cette atrocité. C’est lui qui n’a pas vraiment laissé le choix aux Palestiniens, par l'asphyxie de toute perspective d’avenir. En tant que palestinien, que faire face à l’intransigeance politique du bourreau qui s'étouffe à la seule idée de deux États ou d’un État binational ?
Que faire face à l’apathie internationale ? À la machine de propagande sioniste qui continue impunément de spolier des terres en Cisjordanie ?
Que faire quand on vit toujours sous la menace d’un Caterpillar qui démolit des maisons ? De ces jeunes des collines fanatisés, soutenus par l’armée et le gouvernement, qui terrorisent les paysans en arrachant les oliviers ? Les pro-israéliens ont beau dire : « ils n’avaient qu’à investir dans ceci ou cela, plutôt que d’acheter des armes et creuser des tunnels… ». Mais à quoi bon investir dans le développement quand tu sais qu’un jour prochain, ton ennemi débarquera pour tout te prendre, tout détruire, sans craindre la moindre sanction ? Juste la loi du plus fort.
Que faire ? Il n’y a plus grand-chose à faire, à part se battre, se débattre pour regagner sa dignité piétinée. Se battre, quand on n’a plus rien à perdre, devient la chose la plus naturelle du monde. Dos au mur, pour autant, le Hamas savait aussi très bien que la réaction de Netanyahu serait terrifiante contre les civils gazaouis. Mais avait-il anticipé un tel niveau de massacres et de destructions ? Rien n’est moins sûr. On pourra sincèrement ou injustement désigner le 7 octobre comme un « acte de résistance à l’oppression sioniste », le retour de flammes n’en est pas moins catastrophique pour les civils innocents gazaouis. Historique, même.
Oui, le prix à payer pour le 7 octobre est extrêmement lourd et cruel. Mais si le Hamas est tombé dans le piège de Netanyahu, nul doute que la réciproque est vraie.
Car si, au-delà de l’électrochoc, le but du Hamas était certainement de montrer au monde toute la cruauté, l’injustice, la malfaisance, le déshonneur, le maximalisme, la gangrène morale du régime sioniste, alors il est atteint de manière spectaculaire, tant Netanyahu a étalé sa barbarie et son mépris absolu des vies gazaouis et du droit international. Pire encore, il entache Israël de cette honte indélébile d’un peuple tueur d’enfants. Un peuple prétendument civilisé, exhibant ses start-up comme cache-misère de sa barbarie morale la plus abjecte : celle d'un silence complice face au meurtre de masse de tant d'enfants déchiquetés.
Néanmoins, n’essentialisons pas. En réalité, quand on observe les génocides passés, aucun peuple ne s’est soulevé contre ses leaders pour stopper les crimes de guerre commis contre leurs ennemis. Les juifs sont, au fond, des hommes comme les autres. Aussi manipulables, lâches et veules que tous les autres.
La différence ? Une avalanche d’images et de vidéos qui documentent en léger différé ces crimes en cascade.
Les israéliens sont les premiers à ne pas pouvoir se cacher derrière leur petit doigt, à ne pas pouvoir dire : « nous ne savions pas ». Si tu ne savais pas, c’est que tu ne voulais pas savoir.
Circonstance aggravante : Israël n’est pas la Corée du Nord où toute l’information est verrouillée. Tu as la parfaite liberté de flirter avec la vérité via des canaux alternatifs. Tu ne le fais pas ? Alors tu accrédites la maxime : "qui ne dit mot, consent". Tu deviens un collabo passif des crimes de masse.
Pour le reste, Netanyahu et le Hamas sont deux ennemis mortels qui se sont mutuellement mordus à la jugulaire, et aucun des deux ne voudra céder. Dans cet infâme jeu de la mort, les Gazaouis paient un considérable tribut : sang, mutilations, traumatismes pour des décennies. Mais sur le long terme, c’est Israël qui aura perdu cette « guerre ».
Les deuils s’opèrent, les blessures guérissent, la résilience infusera les esprits palestiniens. En revanche, pour les sionistes et les Israéliens en général, la barbarie et le déshonneur seront beaucoup plus longs à chasser des esprits antisionistes. Pour sûr, les livres d’histoire associeront le mot « génocide » aux juifs, non plus seulement comme victimes, mais aussi comme bourreaux.
Des mots comme « crimes de guerre », « nettoyage ethnique » seront indélébilement associés aux Israéliens. Une bonne partie du monde leur sera hostile, ou fermée. On les verra longtemps comme les complices consentants de cette boucherie. Il ne seront accueillis à bras ouverts que dans des pays racistes, islamophobes ou d’extrême droite. Le reste du monde les regardera de travers. On sera glacial avec eux. Ils auront toujours la marque de l’assassin sur le front. Et ils ont beau fanfaronner en agitant le drapeau, ils le savent. Ils savent que les jours sombres approchent. Que l’inventaire sera terrible, et que le prix du sang ne s’écoule pas si facilement dans les égouts de l’amnésie. Ni oubli, ni pardon pour les collabos des crimes de guerre. Un voile noir va les recouvrir et les obligera dans l’entre-soi de leur prison sioniste, pour esquiver ce souffle de la haine s’abattant sur eux de tous côtés de la Rose des Vents. Et ils s'époumoneront à hurler "antisémites !" – puisque c’est bien là leur seul et unique système de défense – alors sans un mot, on les traînera par la peau des fesses pour les noyer dans cette mer de cadavres dont ils ont eux-mêmes inondé la Terre trois fois sainte.
On leur rappellera qu’il n’y a pas de liberté sans responsabilité. Chacun est comptable de ses actes devant les hommes, et devant Dieu. Et même le misérable gratte-papier qui a cautionné cette boucherie ne pourra pas se cacher derrière son responsable hiérarchique, comme les nazis ont tenté de le faire au procès de Nuremberg.
Israël n’existe pas. N’existe plus depuis la destruction du second temple de Jérusalem en 70 ap. J.-C. par Titus. Car l’idée d’Israël, selon la Torah, était d’incarner « la lumière des Nations ». Ou tout du moins, essayer. Or, ce pays incarne désormais la pire corruption morale qui soit. Il est comme l’Antéchrist prétendant être la réincarnation du Christ.
Alors l’entité qui a violé ce nom d’Israël n’est pas Israël. C’est un mot que je respecte trop pour reconnaître à cette entité le droit légitime de l’utiliser dans toutes ses implications historiques et morales. Beaucoup savent que je l’appelle déjà le Sionistan, bien que les sionistes passent leur temps à soi-disant représenter « les juifs ». Mais les sionistes ne représentent qu’eux-mêmes : une secte géante, arrogante, nationaliste, diabolique, raciste et suprémaciste, puisant à la source des temps coloniaux. Ils peuvent se raconter toutes les chimères qu’ils veulent, l’esprit d’Israël ne brûle pas en eux. Ce sont juste des fanatiques d’un drapeau, abrutis de propagande, qui ont perverti le message divin. Et il faut les traiter comme tous les fanatiques du monde : sans complaisance, sans excuses, et leur faire payer chacune de leurs fautes. Non pas par antisémitisme ou islamo-gauchisme. Mais pour que triomphe l’idée de Justice.
Que triomphe l’idée d’une « loi du plus fort » constamment combattue, et repoussée dans les cordes. Que triomphe l’idée d’un « droit international » équitable, et non à géométrie variable selon que vous soyez blanc ou oriental. Que triomphe l’idée qu’aucun peuple ne dispose de privilèges sur un autre, fût-ce au nom de Dieu. Que triomphe l’idée de ne jamais laisser la fenêtre d’Overton glisser, par notre passivité, vers une normalisation de la barbarie, car la vie des uns n'aurait pas la même valeur que celle des autres. C’est tout ça que le Sionistan, et son pharaon Benjamin Netanyahu, veut mettre à terre.
Et c’est à nous de lui montrer, de LEUR montrer que nous sommes plus enragés que lui. Que nous ne tairons jamais, que nous n’accepterons JAMAIS qu’une telle doctrine alimente, pour l’avenir, le brasier dévorant de notre monde, de notre seule planète commune.
Franck Walden, auteur franco-israélien.
jeudi 24 juillet 2025
Gaza : Qui pourra dire « nous ne savions pas ? »
Face à cela, l’Occident s’enfonce dans une perte de crédibilité morale et stratégique. L'absence de sanctions à la hauteur de la situation contraste violemment avec la fermeté adoptée à l’égard de la Russie, visée par un 18ᵉ train de sanctions. L’histoire retiendra la complicité directe ou indirecte de ceux qui auront détourné le regard.
Le dessin de Gros
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Depuis le 7 octobre 2023, ‘Israël’ mène une guerre génocidaire contre Gaza, marquée par des meurtres, la famine, des destructions et des déplacements forcés, ignorant tous les appels internationaux et les injonctions de la Cour internationale de Justice exigeant l’arrêt de la guerre.
Le génocide israélien en cours a fait plus de 201 000 morts et blessés, la plupart des enfants et des femmes, et plus de 9 000 disparus, en plus de centaines de milliers de personnes déplacées et d’une famine qui a coûté la vie à de nombreuses personnes.
L’acteur américain Mandy Patinkin : « Comment les Juifs, qui ont souffert, peuvent-ils accepter ce qui arrive aux enfants de Gaza ? »
L’acteur Mandy Patinkin appelle les Juifs à dire stop au conflit à Gaza.
Le 12 juillet 2025, l’acteur américain Mandy Patinkin a marqué les esprits lors de son passage dans le podcast « The Interview » du New York Times. Connu pour son rôle légendaire d’Inigo Montoya dans The Princess Bride ou encore dans la série Homeland, Mandy Patinkin n’a pas mâché ses mots lorsqu’il a abordé la situation à Gaza. Il a pointé du doigt le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et son gouvernement, qu’il accuse de mettre en péril non seulement l’État d’Israël, mais aussi les communautés juives à travers le monde.
« Comment les Juifs, qui ont souffert de tant d’atrocités par le passé, peuvent-ils accepter ce qui arrive aux civils, aux enfants de Gaza ? Comment cela a-t-il pu être commis contre vos ancêtres ? Et pourtant, vous détournez le regard et le faites subir à quelqu’un d’autre. Prenez un moment seul et demandez-vous : est-ce acceptable ? Est-ce viable ? » a-t-il lancé avec émotion.
Les festivals de musique en Europe et en Amérique inquiète Israël
Les festivals de musique en Europe et en Amérique sont devenus une source de préoccupation pour Israël, car ces rassemblements de masse se sont transformés en plateformes où des milliers de personnes hissent le drapeau de Palestine, et ils dénoncent publiquement les crimes de l’occupation.
L'œil Média
La famine à Gaza fait partie de la stratégie génocidaire israélienne
La famine s’aggrave chaque jour à Gaza, où 100% des habitant-es confronté-es à des niveaux élevés d’insécurité alimentaire, selon le Programme Alimentaire Mondial des Nations Unies. Alors que des déclarations internationales s’enchaînent mais ne sont pas suivies d’amélioration concrète, l’Agence Média Palestine propose de revenir sur les enjeux de cette famine, orchestrée depuis des mois par Israël.
Les Palestinien-nes de Gaza meurent de faim dans le silence assourdissant de la communauté internationale, tandis que des tonnes de nourriture sont gaspillées du côté égyptien de la frontière en attendant l’autorisation d’entrer dans l’enclave. Les troupes israéliennes et les mercenaires étranger-es engagé-es par la Gaza Humanitarian Foundation (GHF) ont tué plus de 900 Palestinien-nes qui cherchaient de l’aide dans des sites dits de ‘distribution humanitaire’. Selon le Programme Alimentaire Mondial (PAM), quelque 100 000 enfants et femmes ont besoin d’un traitement urgent pour malnutrition ; des personnes meurent de faim chaque jour. Et le pire semble encore à venir.
Une famine construite et délibérée
La menace de la famine plane depuis le début du génocide à Gaza. La famine imposée à Gaza ne commence par pour autant le 7 octobre. Les autorités israéliennes utilisent le blocus comme un outil d’affaiblissement de la population depuis des années. En 2006, une réunion de l’équipe ministérielle israélienne chargée de réfléchir aux conséquences du blocus évoquait déjà le calcul aussi précis que cynique des autorités coloniales : «C’est comme un rendez-vous chez le diététicien. Les Palestiniens vont maigrir comme il faut mais ils ne mourront pas», expliquait Dov Weissglas, un conseiller du Premier ministre Ehud Olmert.
L’idée était donc de garantir à la population gazaouie le minimum vital, ni plus, ni moins, «dans l’intention d’éviter une crise humanitaire». Un document gouvernemental avait déterminé la distribution de 2279 calories par jour en moyenne à chaque habitant de Gaza. Le porte-parole du ministère de la défense expliquait : « Une formule mathématique a été mise en place pour identifier les besoins alimentaires » avec un nombre de camions autorisés pour atteindre juste le seuil de ces besoins.
« Pas d’électricité, pas d’eau, pas de nourriture, pas de carburant », a martelé le ministre de la défense Yoav Gallant le 9 octobre 2023, alors que le siège complet de la bande de Gaza était déclaré. Cette déclaration, dans laquelle il qualifiait les Palestinien-nes d’« animaux humains », a par ailleurs été retenue par de nombreux analystes comme l’une des premières preuves de l’intention génocidaire de la campagne militaire israélienne en cours depuis 21 mois.
Au cours des mois qui suivent, le siège israélien a pris des proportions variables au gré de l’attention médiatique et des pressions internationales. En plus de conditionner l’entrée d’aide humanitaire à sa bonne volonté, Israël a rendu les Palestinien-nes de Gaza toujours plus dépendant-es de celle-ci en détruisant systématiquement les infrastructures agricoles et les usines qui permettaient aux habitant-es une relative autonomie.
À de nombreuses reprises, des acteurs internationaux tels qu’OXFAM, le PAM et l’ONU alertent sur une situation dangereuse. Le 9 juillet 2024, pas moins de 11 expert-es mandaté-es par le Conseil des droits de l’homme des Nations unies ont lancé un appel de détresse concernant la famine à Gaza.
« Nous déclarons que la campagne de famine intentionnelle et ciblée menée par Israël contre le peuple palestinien constitue une forme de violence génocidaire et a entraîné une famine dans toute la bande de Gaza. Nous appelons la communauté internationale à donner la priorité à l’acheminement de l’aide humanitaire par voie terrestre par tous les moyens nécessaires, à mettre fin au siège israélien et à instaurer un cessez-le-feu », déclaraient ces expert-es dans leur communiqué.
« Le pire scénario possible »
« Chaque jour, je me rends au marché, je marche longtemps et je déambule, mais je ne trouve pas de farine. Et si j’en trouve, le prix est tellement élevé que je ne peux tout simplement pas me le permettre », raconte Atta Deifallah, un habitant de Gaza qui qui explique devoir subvenir aux besoins de 11 personnes.
Les cuisines caritatives qui constituaient une bouée de sauvetage pour des centaines de milliers de Palestiniens déplacés ont fermé Ahmed Abed, un autre homme déplacé, a déclaré à Al Jazeera qu’il ne savait plus quoi dire à ses enfants affamés. « Il n’y a rien, ni nourriture, ni eau. Nous ne savons pas comment nous occuper des enfants. Que leur dire quand ils et elles demandent à manger ? »
Depuis l’aube d’aujourd’hui, 22 juillet 2025, quatre personnes sont mortes de faim ou de soif à Gaza. Hier, deux. Le jour précédent, dix-neuf. Le décompte sinistre de ces décès risque d’empirer encore, alors que le (PAM) affirme qu’un tiers de la population passe désormais plusieurs jours sans manger en raison du blocus israélien. Parmi les plus vulnérables, le PAM indique que 100 000 femmes et enfants souffrent de malnutrition sévère, les approvisionnements alimentaires restant extrêmement faibles et l’accès humanitaire bloqué.
La recherche de nourriture elle-même est devenue dangereuse : l’ONU dénonce aujourd’hui plus de 1000 cas de meurtres de civils alors qu’ils et elles venaient réclamer de l’aide humanitaire. « Au 21 juillet, nous avons recensé 1 054 personnes tuées à Gaza alors qu’elles tentaient d’obtenir de la nourriture ; 766 d’entre elles ont été tuées à proximité des sites de la GHF [la Gaza Humanitarian Foundation, structure opaque pilotée par Israël avec le soutien logistique des Etats-Unis depuis le 19 mai] et 288 à proximité des convois d’aide de l’ONU et d’autres organisations humanitaires », a fait savoir le Haut-Commissariat aux droits de l’homme à l’AFP.
« C’est le pire scénario possible, où l’on prive des personnes de ce dont elles ont besoin pour survivre », explique le rapporteur spécial à l’ONU sur le droit à l’alimentation Michael Frakhis lors d’une interview sur Al Jazeera. « Il ne s’agit pas seulement de privation de nourriture, mais aussi d’eau et de soins de santé… D’un point de vue juridique, ce que nous savons avec certitude, c’est qu’il s’agit d’un cas de famine, qui constitue un crime de guerre. »
Le rapporteur de l’ONU rappelle que la Cour pénale internationale a émis des mandats d’arrêt contre M. Netanyahu et l’ancien ministre de la Défense Yoav Gallant en novembre pour « crimes contre l’humanité et crimes de guerre commis au moins entre le 8 octobre et le 20 mai 2024 », des accusations qui sont en partie liées à l’instrumentalisation de la famine. Les mandats d’arrêt « créent une obligation juridique : les pays doivent agir pour mettre fin à la famine », conclut-il.
Stratégie génocidaire
Comme l’explique l’écrivaine et enseignante Alaa Arafat dans un article écrit pour Al Jazeera, la famine n’est pas une conséquence malheureuse du génocide, c’est une stratégie génocidaire. Elle vise à affaiblir durablement les habitant-es de Gaza, car elle « affecte la croissance et le développement des enfants et entraîne une prédisposition accrue aux maladies, des difficultés d’apprentissage, des troubles cognitifs et des problèmes psychologiques. »
« En affamant les enfants palestinien-nes, en les privant d’éducation et de soins de santé, l’occupation vise un seul objectif : créer une génération fragile, faible d’esprit et de constitution, incapable de penser et sans autre horizon que la recherche de nourriture, d’eau et d’un abri. Cela signifie une génération incapable de défendre son droit à la terre et de résister à l’occupant. Une génération qui ne comprend pas la lutte existentielle de son peuple. »
« Le plan de guerre est clair et l’objectif a été déclaré publiquement par les responsables israélien-nes. La question est maintenant de savoir si le monde laissera Israël détruire les enfants de Gaza. »
Source : Agence Média Palestine
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