(...) le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou n’a pas attendu pour se réjouir du « retour historique » au pouvoir de son meilleur allié, alors qu’il craignait bien sûr Kamala Harris et « son souci du peuple palestinien ». Netanyahou a d’ailleurs tout fait pour mettre en difficulté l’administration Biden, dont Harris était la vice-présidente, au sujet de la guerre impitoyable qu’il mène sur 7 fronts et dont il n’était pas question que le futur ex-président américain puisse être crédité d’avoir obtenu un cessez-le-feu dans la région.
Netanyahou se sent désormais libre de terroriser la région entière au motif d’avoir fait l’objet d’une attaque terroriste le 7 octobre 2023, dont il est pourtant en partie responsable de ne pas avoir su l’éviter. L’illustration même en est le siège du camp de Jabaliya au nord de la bande Gaza, qui est attaqué pour la troisième fois en un an par l’armée israélienne et où Netanyahou a imposé que même l’aide humanitaire ne puisse pas y parvenir.
Les Etats-Unis avaient menacé – bien tardivement – de réduire leur approvisionnement en armes si Netanyahou ne levait pas ce siège « inhumain » sous 30 jours, la réponse est désormais connue, « plus tard quand tout sera terminé », soit en français « rien à foutre ».
Les Etats-Unis avaient menacé – bien tardivement – de réduire leur approvisionnement en armes si Netanyahou ne levait pas ce siège « inhumain » sous 30 jours, la réponse est désormais connue, « plus tard quand tout sera terminé », soit en français « rien à foutre ».
Netanyahou peut définitivement envoyer l’administration Biden sur les roses, celle-ci étant désormais dans l’incapacité de prendre la moindre décision qui serait battue en brèche quelques semaines plus tard, 10 à ce stade. Il faut malheureusement reconnaître que la présidence Biden, sur ces conflits, aura brillé par son indécision et qu’il est maintenant trop tard pour agir.
Pour Jabaliya, ce n’était évidemment pas avec un délai de 30 jours qu’il fallait menacer Netanyahou mais avec 3 jours pour qu’une telle injonction paraisse crédible. Au moins 70,000 Palestiniens sont encore piégés dans ce camp et meurent autant sous les bombardements que des privations. Un énième crime de guerre à l’image de ce carnage commis contre Gaza, où l’ONU décompte 70% de femmes et d’enfants parmi les victimes recensées des bombardements israéliens, probablement de dangereux terroristes en devenir du Hamas…
Limogeage du ministre israélien de la défense
Le ministre de la défense israélien était d’autant plus déterminé qu’il était considéré comme très fiable par son homologue américain et qu’il n’était pas pour rien dans le projet de cessez-le-feu que tous les belligérants avaient accepté mi-septembre – Hamas et Hezbollah inclus –, mais que Netanyahou a volontairement fait chuter en lançant son opération « Flèche du Nord » contre le Liban.
Au passage, les Israéliens apprennent que Netanyahou a menti (une fois encore) à sa propre société en faisant fuiter de fausses informations sur un prétendu refus du Hamas de stopper les combats quand bien même il n’était pas question pour lui d’arrêter cette guerre, de risquer de perdre le pouvoir et d’être questionné : sur l’origine de ce désastre (comment l’attaque terroriste du 7 octobre a-t-elle été rendue possible ?), la conduite des opérations (pourquoi des dommages collatéraux aussi importants ?) et surtout quel objectif poursuit-il en réalité dans cette guerre.
Plus aucune limite pour Netanyahou et l’extrême-droite en Israël
De fait, Netanyahou est désormais seul avec l’extrême-droite aux commandes d’une société que la guerre a traumatisée, et il s’imagine probablement pouvoir construire désormais un « grand Israël » au détriment définitif des Palestiniens.
Netanyahou a donné l’ordre à l’armée israélienne de finir de raser le nord de Gaza, pour transformer cette zone en un no man’s land qui ne sera pas difficile à coloniser par la suite puisqu’il n’en restera rien. Et ce n’est pas Donald Trump qui l’en empêchera.
Quant à la Cisjordanie, pour laquelle Netanyahou avait détourné les forces nécessaires pour surveiller Gaza afin de renforcer sa colonisation, il n’est pas difficile non plus de deviner quel sort lui est maintenant réservé.
« Gaza va devenir un no man’s land qui ne sera pas difficile à coloniser par la suite puisqu’il n’en restera rien »
Les Palestiniens n’auront pas d’autres choix que de quitter ces territoires, s’ils veulent vivre en paix plutôt que survivre au milieu de ruines. Avec l’arrivée de Donald Trump, ils perdent tout espoir de vivre pacifiquement aux côtés des Israéliens et sont condamnés à leur tour à un exode certain, ainsi probablement qu’à une vengeance sans fin contre les enfants d’Israël.
La seule contrainte qu’imposera Donald Trump à Benyamin Netanyahou sera d’avoir « fini le job » pour ce qui est de la guerre avant son investiture fin janvier, puisque la marque de Donald Trump est de considérer que la guerre est un « Bad business » et qu’il faut par conséquent l’achever au plus vite, tant pis pour les conséquences…
Extrait de l'article de Guillaume Ancel, "Trump élu, les Palestiniens et l’Ukraine perdus ?"