vendredi 29 novembre 2024

Israël contrôle les USA, la France, et les autres pays occidentaux




Par le Général DELAWARDE


La relation « fusionnelle » entre les États Unis et Israël est mieux connue, plus ouverte, mais rares sont ceux qui en identifient tous les ressorts et connaissent la véritable ampleur de l’influence de l’état hébreu sur la politique étrangère US.

Il faut se souvenir que le vote de la résolution 181 des Nations Unies sur le plan de partage de la Palestine et la reconnaissance d’un État juif n’a été obtenu le 29 novembre 1947 qu’après plusieurs tentatives infructueuses dont la première datait de septembre 1947. Les votes favorables n’étant pas suffisants en septembre et toujours pas le 25 novembre, le Yichouv représentant le mouvement sioniste en Palestine, a fait appel à la riche communauté juive américaine et en particulier à la « Zionist Organization of America (ZOA) » pour faire pression sur le gouvernement US afin qu’il incite certains états, en situation de dépendance, à changer leur vote.

Cet appel a porté ses fruits puisque 8 états (dont la France, fortement dépendante du plan Marshall) ont changé leur vote en 4 jours, entre le 25 et le 29 novembre 1947 permettant enfin la reconnaissance de l’état d’Israël. Notons, pour l’anecdote, que Staline, croyant que Ben Gourion allait faire du nouvel état un état communiste, a fait voter en faveur du plan de partage.

A la suite de cette première réussite dans l’instrumentalisation de la communauté juive américaine, l’état hébreu a compris tout l’intérêt d’organiser et de cultiver sa relation avec les États Unis, pays surpuissant, membre permanent du conseil de sécurité de l’ONU avec droit de veto.

Dès 1951, l’AIPAC (American Israeli Public Affairs Comittee), principal outil d’influence d’Israël sur le gouvernement des États-Unis, est créé. Il se donne six objectifs principaux :

• Faire du lobbying auprès du Congrès américain et de la Maison Blanche pour préserver les intérêts israéliens,

• S’assurer du veto des États-Unis contre toute résolution de l’ONU condamnant les actions israéliennes,

• Assurer une aide financière et militaire généreuse envers Israël,

• Préparer la future génération de leaders US pro-Israéliens,

• Surveiller les votes et les propos des élus américains concernant les affaires liées de près ou de loin à Israël,

• Coordonner et orienter les donations des juifs américains pour les candidats aux élections, notamment présidentielles.

Il est important de noter que ce puissant lobby est riche, bipartisan et plutôt transparent.

Après plus de 65 ans d’existence, il est particulièrement efficace tant chez les Démocrates que chez les Républicains. Il ne cache pas grand-chose de ses objectifs et de ses méthodes.

C’est peut être, en partie, ce qui fait sa force.

Il est également important de noter qu’au travers des donations aux candidats aux élections, l’AIPAC « achète » évidemment le vote du parlementaire élu grâce à son aide, ou la position de politique étrangère du Président des États-Unis élu grâce aux donations de ses membres, ou des postes clefs de conseillers dans la haute administration US, notamment dans la politique étrangère, dans le secteur de la défense et dans le renseignement.

L’AIPAC peut évidemment compter sur une très forte majorité des médias qu’il contrôle et qui lui est dévouée et sur de nombreux « people » qu’il a contribué à promouvoir.

A noter que ce système qui fonctionne de manière ouverte aux USA, existe aussi, mais de manière plus occulte, dans certains autres pays de la « coalition occidentale ».

Pour compléter ce dispositif, le Mossad a mis en place, principalement aux USA mais aussi ailleurs, un dispositif très efficace facilitant le renseignement et l’action directe. Il s’agit du système unique des sayanims, individus de bon niveau et bien placés dans la société, membres de la diaspora et acceptant d’aider Israël. Ce système est parfaitement décrit par Jacob Cohen dans sa courte conférence consultable sur You Tube. S
elon lui, ils seraient environ 15.000 juifs américains aux USA :



Ce dispositif est également évoqué par Victor Ostrovsky, ancien agent du Mossad ayant fait défection, ou par Gordon Thomas, dans son livre : « l’histoire secrète du Mossad ».

Enfin l’AIPAC, outil d’influence d’Israël au cœur de la gouvernance US, est très lié à l’idéologie néoconservatrice. Ce lien apparaît clairement dans l’article de Laurent Guyenot de mars 2013.

Extrait : « Le néoconservatisme, qui est généralement perçu comme une droite républicaine extrême, est en réalité un mouvement intellectuel né à la fin des années 1960 au sein de la rédaction de la revue mensuelle Commentary, l’organe de presse de l’American Jewish Committee qui a remplacé le Contemporary Jewish Record en 1945.

The Forward, le plus ancien quotidien juif américain, écrit dans un article de 2006 : « S’ily a un mouvement intellectuel en Amérique dont les juifs peuvent revendiquer l’invention, c’est bien le néoconservatisme. Cette pensée horrifiera sans doute la plupart des juifs américains, majoritairement libéraux.

Et pourtant c’est un fait qu’en tant que philosophie politique, le néoconservatisme est né parmi les enfants des immigrants juifs et qu’il est actuellement le domaine particulier des petits-enfants de ces immigrants ». L’apologiste du néoconservatisme Murray Friedman explique cela par la bénéficience inhérente au judaïsme, « l’idée que les juifs ont été placés sur terre pour en faire un monde meilleur, peut-être même plus sacré. »

On peut effectivement constater que les principaux néoconservateurs américains qui ont fondé le PNAC ( Project for a New American Century ) en 1997, et rédigé son texte de référence « Rebuilding America’s Defenses » en 2000, sont d’ascendance juive Krauthammer, Kristol, Podhoretz, Perle, Kagan, Horowitz, Wolfowitz, etc.)

Depuis septembre 2001, ce sont bien les néoconservateurs qui ont initié la politique d’ingérence US tous azimuts et tous prétextes de Bush (Irak, Afghanistan), et qui ont continué, à un moindre degré sous Obama, à influencer la politique étrangère (printemps arabes, Libye, Syrie, Yémen, Ukraine). Si le PNAC est bien mort en 2006 suite au conflit irakien, l’idéologie néoconservatrice, elle, imprègne encore les esprits dans la politique et la haute administration US.

Obama n’a réussi à échapper à cette influence « néoconservatrice-AIPAC » qu’à trois occasions, lors de son second mandat, alors qu’il ne cherchait plus la réélection :

- le refus d’appliquer des frappes sur les forces du régime syrien du 30 août 2013,

- l’accord sur le nucléaire iranien du 14 juillet 2015,

- l’abstention US lors du vote du Conseil de sécurité de l’ONU condamnant la poursuite des implantations israéliennes en Palestine occupée du 23 décembre 2016.

L’influence incontournable et la puissance de l’AIPAC se sont clairement exprimées lorsque Benjamin Netanyahu a pu se faire inviter par le président du Congrès US à prononcer un discours, devant les parlementaires, le 3 mars 2015, contre la volonté du Président Obama, ce qu’aucun autre chef d’état au monde n’est capable de faire, et ce qu’il a probablement payé le 23 décembre 2016.

(...) on peut vraiment se demander si l’action bipartisane et combinée de l’AIPAC, des néoconservateurs et des sayanims US, tous étroitement unis dans la défense des intérêts de l’état hébreu, ne décide pas souvent de la politique étrangère des États Unis et donc de la paix ou de la guerre dans telle ou telle partie du monde.

Il est aussi fascinant de constater qu’Israël, petit État de 22.000 km² (2 fois le département de la Gironde), peuplé de 8,6 millions d’habitants (30% de moins que l’Île De France) puisse exercer une telle influence au niveau planétaire.

Ce système « pro-Israël » qui fonctionne parfaitement aux États Unis existe-t-il à l’identique dans d’autres pays ? La réponse est oui.

Un tel système existe, mais plus opaque, dans une bonne dizaine de pays au moins, parmi lesquels la France, la Grande Bretagne, le Canada, l’Australie mais aussi le Brésil, l’Argentine et même la Russie où il est, aujourd’hui, maîtrisé par Poutine.

En France, il existe bien un lobby dont l’influence a été évoquée par François Mitterrand. Il existe bien des néocons qui influencent les décisions de politique étrangère et de défense. Le journaliste d’investigation Vincent Jauvert en a débusqué tout un groupe qui contrôlerait le Quai d’Orsay et serait gentiment surnommé par leurs collègues : « la secte ».

Quant aux sayanims, ils seraient environ 2000 en France selon Jacob Cohen. On les trouve évidemment dans le gouvernement et la haute administration, au parlement (60 députés franco-israéliens), aux Affaires Étrangères, à la Défense, dans le renseignement, dans la presse, dans l’audiovisuel, à la culture, dans les affaires et chez les people.

Ceci explique que notre politique étrangère soit strictement alignée sur celle des USA depuis 2007. Ceci explique aussi que notre presse se soit strictement alignée sur la presse US [...]

Extraits de l'article "ANALYSE DES RELATIONS ÉTATS-UNIS/ RUSSIE/ ISRAEL" du Général Dominique DELAWARDE (Ancien chef du bureau Situation-Renseignement-Guerre Électronique » de l’État major Interarmées de Planification Opérationnelle).

Source :