mercredi 6 novembre 2024

"Les Juifs et leurs Mensonges", ce texte pose problème

 


Une introduction au traité "Les Juifs et leurs Mensonges" du grand Martin Luther (1483-1546) est indispensable. Pourquoi ? Parce que ce texte pose problème. 


Le public lira cet ouvrage avec les préjugés de notre époque et en conclura au texte le plus “antisémite” de tous les temps ; plus encore que Drumont, que les Protocoles des Sages de Sion ou la philosophie nazie de Rosenberg ! D’ailleurs, nous vous présentons ici notre traduction en français d’une traduction anglaise trouvée sur un site internet avertissant : “ATTENTION, ce document est manifestement antisémite”. 

Pourquoi ne trouve-t-on ce texte en langue allemande que sous forme d’extraits réédités à l’époque du IIIème Reich ?! 

Plus étrange encore : pourquoi ce texte est-il absent des "Œuvres Intégrales de Luther" éditées à Genève ? Pourquoi les luthériens d’Europe ne le publient-ils pas ? Martin Luther a 60 ans en 1543 lorsqu’il écrit son traité "Les Juifs et leurs Mensonges". Il est donc, trois ans avant sa mort, en pleine maturité, au sommet de sa philosophie. Pourquoi cette gêne de la part des Protestants ? Si Luther était “antisémite”, alors autant ne pas se revendiquer luthérien ; s’il ne l’était pas, la dissimulation de cet écrit prouve que ses “disciples” n’ont pas de réponse au problème que pose cette œuvre. Où sont les luthériens dignes des écrits de leur maître ? 

De quoi accuse-t-on exactement Luther, ce géant Spiritualiste et Civilisateur moderne ? 

Serait-ce d’être antisémite ? Est-ce un problème de Race qui se pose à lui ? Cette question “biologique” avait-elle seulement un sens avant Gobineau ou Hitler ? Évidemment non : ce Racisme date de 160 ans ! Rappelons qu’Hitler disait que Jésus était Aryen ! Luther, lui, considérait Jésus le juif comme le Rédempteur. 

Accuse-t-on Luther d’antijudaïsme ? Serait-ce donc un problème de Mentalité, de Mode de pensée qui le préoccupe ? Est-ce qu’il ne reconnaissait pas pleinement l’Ancien Testament juif comme l’origine de la religion chrétienne ? 

Quant à l’accusation d’antisionisme, je ne devrais même pas la relever ! Est-il besoin de rappeler que l’“État” d’Israël n’est qu’une monstruosité Politique colonialiste barbare, datant de 400 ans après Luther ! Quant à l’équation antisionisme = antisémitisme à la mode aujourd’hui, il ne s’agit que d’une honteuse escroquerie intellectuelle ! comme le prouve l’opposition des juifs orthodoxes au projet sioniste de B. Disraëli et T. Herzl. 

Rien ! Absolument rien de tout cela ne peut concerner Luther !

Au 16ème siècle, la première préoccupation aussi bien des Humanistes que des Protestants est de se débarrasser de la Tradition Chrétienne Latine, cause selon eux de toutes les superstitions et idolâtries. Avec Luther, il faut revenir aux Écritures et s’en contenter, car tout est là, à la source. Des écoles fleurissent de toutes parts où l’on se met au Grec pour comprendre la Septante (275 A.C.), la première “Bible”, et l’opposer à la Vulgate (version Latine) de St Jérôme (331- 420), et à l’Hébreu pour mieux fixer le texte de l’Ancien Testament. Car il faut désormais répandre dans les masses les Saintes Écritures en langue vernaculaire (langue parlée du pays) en exploitant l’invention toute nouvelle de l’imprimerie. Ainsi, les Réformés vont se trouver entourés de gens amoureux de la langue hébraïque comme Reuchlin, qui formera Mélanchton à l’exégèse, et de nombreux lettrés en viennent à se sentir très proches des juifs. Pour ce “retour aux sources” salutaire, Luther attend donc beaucoup des juifs.

Or la guerre éclate entre Luther et la Pape. Que se passe-t-il ? Les chefs juifs, comme un seul homme, se rangent derrière… le Pape ! Comme à l’époque du Christ où le Sanhédrin choisit le camp de Rome et à celle de Mahomet où ils trahissent leur parole ! Quelle déception alors pour les Réformés ! 

Comment Luther va-t-il analyser cela ? Il dit : 

"Papistes, Turcs et Juifs sont à mettre dans le même sac ; ils choisissent le même camp : celui des Païens. 

Si l’Évangélisme triomphe de cette crise, nous pourrons certainement convertir la masse (non les chefs !) des catholiques et des musulmans, mais cela s’avère étrangement impossible pour les Juifs en tant que collectivité. Luther dit : “Mon but n’est pas de me quereller avec les Juifs, ni d’apprendre auprès d’eux comment ils interprètent ou comprennent les Écritures ; je sais déjà cela parfaitement bien. Je me propose encore moins de convertir les Juifs, car c’est impossible !"

Luther sentait le problème sans pouvoir le théoriser ! Mais il y était confronté de manière aiguë et il lui fallait prendre des décisions pratiques, pour la société.

Luther ne se trompait pas, ni sur son analyse des faits, ni sur l’impossible conversion des Juifs. Mais il n’avait pas la réponse à cette “question juive” et ne pouvait pas l’avoir historiquement. Et ceci n’a absolument rien à voir avec de l’antisémitisme, de l’antijudaïsme ou de l’antisionisme !

Le problème de la “Semence d’Abraham” est double :

- D’un côté, la faute est bien aux mauvais bergers : en période de crise, les Rabbins se mettent toujours du côté du plus fort du moment… pour se retourner contre lui dans un deuxième temps.

- De l’autre – et c’est cela qui est fondamental – la nature spécifique de l’Hébraïsme est fondée sur la procréation (on est juif par la mère !). L’Hébraïsme ne relève pas de la Religion.

Sur les 400 pages de “Qui est juif ? 50 sages répondent à Ben Gourion en 1958”, document inédit jusqu’à sa publication par Éliezer Ben Rafaël en 2001, nous lisons :

“La Torah n’utilise pas le mot de RELIGION”, et “Chez les Juifs, contrairement aux autres religions [!], la Procréation remplace la Conviction”.

L’Ancien et le Nouveau Testament renferment deux modes de pensée (et donc d’action) contraires, correspondent à deux conceptions du monde opposées. 

Le premier mode de pensée de l’homme est Matérialiste (de la Matière) : la Mère Émanatrice du Monde impose la Nature primant sur Humanité. 

Le second est Spiritualiste (de l’Esprit) : le Père Créateur du Monde impose l’Humanité primant sur Nature.

Nos grands-parents Primitifs (première humanité), nos ancêtres les Gaulois, Celtes, Égyptiens ou Juifs, fonctionnaient de la même manière, de manière Égalitaire, Ritualiste, Mythique. Ils étaient Gardiens de la Tradition et donc Réactionnaires (“on avance à reculons”), ce qui explique que “tout va très lentement” (250 000 années d’histoire).

Nos parents Civilisés (humanité seconde et contraire à la précédente), nos ancêtres depuis les Grecs jusqu’aux Modernes comme Kant, fonctionnaient de la même manière, de manière Libertaire, Logique, Dogmatique. Ils avaient un Idéal et donc étaient Révolutionnaires, ce qui explique que “tout va très vite” (2 500 ans d’histoire).

"Les Juifs et leurs Mensonges", introduction de Sylvie Chefneux.