mardi 23 décembre 2025

"Nulle part sous le ciel" : Déplacements forcés dans la bande de Gaza, 2023-2025


Le rapport accablant de B'Tselem.


Depuis octobre 2023, Israël perpètre un génocide dans la bande de Gaza : une attaque de grande ampleur et coordonnée visant à détruire systématiquement les conditions de vie, le tissu social et la capacité des Palestiniens à exister en tant que communauté. Les déplacements massifs et le regroupement forcé de civils ne sont pas des conséquences indirectes du génocide, mais en sont des composantes essentielles.

Quelque 1,9 million de Palestiniens, soit environ 90 % de la population de la bande de Gaza, ont été déplacés au moins une fois depuis octobre 2023, souvent après avoir perdu des membres de leur famille et la plupart de leurs biens.

Déplacements forcés sous les bombardements : Israël a contraint des millions de personnes à quitter leurs foyers suite à des bombardements intensifs et à des ordres d’évacuation diffusés par tracts et médias numériques. Ces ordres étaient souvent confus, erronés, contradictoires et parfois même moqueurs.

Le voyage lui-même s'est transformé en un véritable carnage : les habitants de Gaza ont dû abandonner des proches malades ou âgés, incapables de supporter le trajet. Ils parcouraient de longues distances à pied ou en charrette, franchissant des points de contrôle où ils étaient retardés, humiliés, battus ou arrêtés sans raison. Les « couloirs de sécurité » mis en place par l'armée pour les personnes déplacées sont devenus des champs de bataille sous les bombardements et les tirs de snipers, les corps jonchant souvent les routes.

Dangers dans les zones de concentration « humanitaires » : Une fois déplacées, les personnes personnes déplacées à l'intérieur de leur propre pays (PDI) ont été regroupées par Israël dans des zones qualifiées de « sûres » ou « humanitaires ». En réalité, ces zones ont été bombardées à répétition, n'offraient aucune protection aux civils et ne garantissaient pas un accès sûr à l'eau, à la nourriture, à un abri ou aux soins de santé. Cette politique a transformé les zones « humanitaires » en instruments de concentration, de contrôle et de confinement de la population dans des espaces toujours plus restreints.

En raison de l'ampleur des déplacements et de la réduction des espaces où les personnes étaient dirigées, un surpeuplement extrême s'est développé dans les sites de déplacement. À al-Mawasi, la « zone humanitaire » s'est réduite comme peau de chagrin alors même que le nombre de personnes déplacées à l'intérieur de leur propre pays (PDI) dépassait le million. Conjuguée à la destruction des infrastructures, à la politique de famine et aux restrictions imposées à l'aide humanitaire, cette situation de surpeuplement a engendré des conditions de vie particulièrement difficiles.

Destruction délibérée pour empêcher le retour : Israël a détruit plus de 90 % des habitations et environ 70 % des bâtiments de la bande de Gaza, ainsi que 81 % du réseau routier. Des quartiers et des villes entières ont été rasés. Ces destructions, souvent réalisées sans nécessité militaire, visaient en grande partie à empêcher le retour des personnes déplacées et à pérenniser leur déplacement « temporaire ». Les autorités israéliennes ont ouvertement déclaré que le nettoyage ethnique et le contrôle à long terme de vastes portions de la bande de Gaza constituaient des objectifs prioritaires. Violation grave du droit international : En tant que puissance occupante, Israël n’est pas autorisé à déplacer de force la population locale. Les évacuations ne sont permises que pour protéger les civils et à condition que leur sécurité soit garantie et qu’ils puissent rentrer chez eux à la fin des hostilités. Dans les faits, Israël n’a fourni ni passage sûr, ni abri, ni conditions de vie décentes. Il a porté atteinte aux personnes déplacées et les a empêchées de rentrer. De tels déplacements, lorsqu’ils sont systématiques et généralisés, peuvent constituer un crime de guerre, voire un crime contre l’humanité.

Les déplacements massifs de population, le regroupement forcé et la famine, ainsi que la destruction généralisée de l'environnement urbain de Gaza, sont des pratiques clés employées par Israël dans son offensive génocidaire visant à anéantir la société palestinienne. La quasi-totalité des habitants de Gaza ont été déplacés, dépouillés de leurs biens et contraints de survivre pendant des mois dans des camps surpeuplés, sous les bombardements, la faim et les maladies.

Même après le « cessez-le-feu », Israël continue de nuire aux personnes déplacées, de bloquer l'aide humanitaire, d'intensifier les destructions et de contrôler au moins 58 % du territoire de Gaza.

La communauté internationale doit agir immédiatement pour acheminer de l'aide et lancer la reconstruction, traduire en justice les responsables du génocide et protéger les Palestiniens des violences du régime israélien.

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