mercredi 10 décembre 2025

Israël accusé de crimes contre l’humanité en Cisjordanie : ce que contient le rapport de Human Rights Watch



L’armée israélienne avait déplacé de force des dizaines de milliers de Palestiniens de trois camps de réfugiés de Cisjordanie occupée au début de l’année 2025. Dans un rapport, l’ONG Human Rights Watch dénonce des crimes de guerre et crimes contre l’humanité.


Près d’un an après les faits, le rapport d’Human Rights Watch est sans appel : l’expulsion de milliers de Palestiniens de trois camps de réfugiés en Cisjordanie occupée par l’armée israélienne constitue des « crimes contre l’humanité » et des « crimes de guerre ».

Dans un document de 105 pages intitulé « Tous mes rêves ont été effacés », rendu public jeudi 20 novembre, l’ONG revient sur cet épisode survenu alors qu’un cessez-le-feu vient d’entrer en vigueur dans la bande de Gaza, dans la guerre opposant Israël et du Hamas.

32 000 réfugiés déplacés

Ce 21 janvier 2025, l’armée israélienne a pris d’assaut le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée. L’opération baptisée « Mur de fer », qui a également ciblé les camps de Tulkarem le 27 janvier et Nour Shams le 9 février, a entraîné le déplacement de 32 000 personnes. Des centaines de soldats d’infanterie, appuyés par des hélicoptères Apache, des drones, des bulldozers et des véhicules blindés, ont forcé les gens à quitter leur domicile. « Ils portaient toutes sortes d’armes et nous disaient “Vous devez vous en aller” », raconte une Palestinienne de 54 ans, entendue par HRW. Au total, 31 réfugiés vivant dans ces camps ont témoigné dans le cadre de cette enquête.

Après ces expulsions, l’armée israélienne n’a proposé ni abri, ni aide aux populations. Beaucoup ont trouvé refuge chez des proches, « dans des foyers déjà surpeuplés », ou dans des mosquées, écoles ou encore associations. Depuis, ils n’ont pas été autorisés à rentrer chez eux. Selon HRW, 850 domiciles ou autres bâtiments ont été détruits ou gravement endommagés dans l’ensemble des trois camps. Les images satellites diffusées par l’ONG montrent l’ampleur des dégâts.

Pas de retour des Palestiniens prévu

L’armée israélienne s’est justifiée, affirmant dans un communiqué transmis à Reuters qu’il lui était nécessaire de détruire des infrastructures civiles afin que celles-ci ne puissent pas être utilisées par des combattants. Elle n’a pas dit quand les habitants de ces camps pourraient y retourner. Interrogée par HRW, elle a répondu, par la voix de hauts responsables, que l’opération avait été menée en raison de « la présence grandissante d’éléments terroristes » au sein des camps.

Aucun motif n’a été donné pour justifier les expulsions de masse ou l’interdiction de retour. Israël n’a toujours pas précisé à quel moment les Palestiniens pourraient rejoindre leur domicile.

Les Conventions de Genève bafouées

Selon l’ONG, l’opération « Mur de fer » ne respecte pas les Conventions de Genève, socles du droit international humanitaire, pourtant ratifiées par Israël. L’article 49 de la Quatrième convention interdit de déplacer des civils de territoires occupés, sauf temporairement pour des raisons militaires impératives ou pour la sécurité des populations.

Les civils déplacés ont « le droit à la protection et à un relogement approprié » et leur retour doit être assuré dès que les hostilités ont cessé dans la zone, ce qui est le cas pour ces camps. Dans un précédent rapport paru en juin dernier, Amnesty International avait déjà dénoncé cette opération qu’elle qualifiait également de « crimes de guerre ».

Human Rights Watch appelle la communauté internationale à prendre des mesures urgentes pour éviter de nouvelles exactions. Et demande à ce que les responsables israéliens rendent des comptes.

Source : Ouest-France