Mais il y a aussi une autre implication inquiétante : les pays et les institutions internationales, qui sont censés attacher de la valeur aux droits de l’homme et à la démocratie, ignorent les violations permanentes des droits de l’homme commises par Israël.
Ce faisant, ils enlèvent toute valeur aux droits de l’homme et mettent en danger leur application dans le monde entier.
Le fait de ne jamais demander des comptes à Israël envoie le message aux autres régimes autoritaires et violents qu’ils n’ont pas besoin, eux non plus, de tenir compte du droit humanitaire international. Il n’est pas surprenant que certains des alliés les plus solides d’Israël se moquent tout autant que lui du droit international.
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Israël constitue un mauvais exemple que d’autres régimes autoritaires peuvent invoquer lorsque l’on essaie de leur demander des comptes pour avoir violé le droit international.
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L’idée fausse et trompeuse que la critique d’Israël est intrinsèquement antisémite permet d’utiliser la question israélienne comme prétexte pour éroder les libertés civiles, la liberté d’expression, et pour intimider ceux qui, au sein de la sphère publique, critiquent à juste titre les attaques continues d’Israël contre les Palestiniens.
Comme la solidarité avec la Palestine devient de plus en plus forte au sein des mouvements politiques progressistes du monde entier, ces tactiques ne feront probablement que s’accentuer.
Les acteurs étatiques ne sont pas les seuls responsables de l’érosion des protections internationales de la démocratie et des droits de l’homme.
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L’hypocrisie des démocraties libérales et des institutions internationales telles que l’UE, qui prêchent l’inviolabilité de l’État de droit et des droits de l’homme tout en donnant à Israël la permission d’agir à sa guise, pose la question de de la légitimité morale de la social-démocratie, une question à lequel les personnalités et les régimes politiques progressistes n’apportent pas de réponse.
Cela engendre la méfiance et le scepticisme quant à l’efficacité de ces protections juridiques, la réponse de la droite étant « débarrassons-nous complètement de ces protections ».
Tant que les démocraties et les institutions qui s’engagent à faire respecter l’État de droit feront une exception pour Israël, elles compromettront l’intégrité de l’ensemble du projet politique progressiste.
À une époque où l’ultra-nationalisme est en hausse et où le monde est confronté à des crises politiques profondes, le scepticisme à l’égard de ces institutions est profondément dangereux. Bien sûr, le respect international des droits de l’homme et le consensus politique mondial sont tous deux profondément défectueux.
Mais l’idée que les droits de l’homme peuvent être écartés au profit de l’ultra-nationalisme a des conséquences profondes et ce sont les communautés marginalisées qui en souffriront le plus.
Il est de plus en plus clair qu’obliger Israël à rendre des comptes n’est pas seulement un impératif moral, c’est absolument nécessaire pour éviter l’effondrement du droit des droits de l’homme et des institutions internationales.
