Elle ne se prenait pas pour une héroïne. Elle ne cherchait pas la lumière. Mais elle brillait - de cette lumière grave et douce qu’ont les justes.
Elle disait : "Gardons le moral toujours haut". Ce n’était pas un mot d’ordre, c’était une manière d’aimer la vie, même quand elle saigne.
Shireen Abu Akleh racontait les histoires que personne ne voulait entendre. Avec son casque, son gilet, sa voix. Elle sillonnait la Palestine, pas comme une envoyée spéciale, mais comme une fille de la terre volée, qui connaît chaque pierre de Jenin, de Jérusalem, de la Galillée, chaque silence de Ramallah.
Elle était chrétienne, journaliste, femme libre. Elle portait toutes ses identités comme des évidences. Avec calme. Avec courage. Avec joie même, parfois, une joie têtue, celle qui danse, qui rit, qui prend des selfies dans la rue de DC ou du Caire ou qui m'entraine aux malls de Beyrouth.
Israël l'a exécutée et a voulu tuer la mémoire. Mais la mémoire est vivante. Et elle s’appelle Shireen.
Muzna Shihabi
Commentaire de l'Historien Edouard Husson :
Le plus étonnant, c’est que cette journaliste avait aussi la nationalité américaine. Avez-vous entendu les Etats-Unis la défendre sérieusement (je ne parle pas des molles protestations habituelles)? Pas plus que nous n’avons vu le gouvernement de la France, jadis protectrice des chrétiens du Proche-Orient et théoriquement patrie des Droits de l’Homme, tirer les conséquences diplomatiques et économiques de l’assassinat d’une journaliste palestinienne qui prenait sa place dans la trop longue série des violations du droit international par Israël bien avant le 7 octobre.