vendredi 25 juillet 2025

"Il est le Milosevic du Moyen-Orient. Un Hitler sans prépuce qui croit profondément à la race supérieure juive"





Disons les termes : B. Netanyahu avait besoin d’un « casus belli » pour réaliser ses ambitions génocidaires, et le Hamas le lui a offert sur un plateau de sang. Il a depuis longtemps en ligne de mire l’annexion pure et simple des territoires palestiniens. Un objectif enfantin pour une armée suréquipée face à l'absence d'armée en face d'elle. 

La seule raison pour laquelle l’annexion n’est pas effective est démographique. 

Annexer veut dire absorber des millions de Palestiniens. Et cela viole le principe d’airain qu’Israël doit être constitué d’une majorité de juifs bien supérieure aux Arabes. Or, prendre TOUTE la Palestine ramènerait cet équilibre à 50-50. Et le retour éventuel des réfugiés palestiniens, toujours refusé par Israël lors de tous les « plans de paix » précédents, aurait fait pencher la balance démographique côté palestinien. Inacceptable. Inconcevable pour cet homme qui, depuis toujours, voue aux gémonies les Arabes de la région. En aparté, c’est pour ces raisons démographiques que la gauche israélienne était favorable à un État palestinien indépendant. Elle savait que l’annexion totale de la Palestine mettrait en péril ce principe de majorité juive.

Seule solution de la droite pour annexer en gardant cette majorité : chasser, écraser, terroriser, massacrer, déporter, créer un enfer sur Terre afin de pousser les natifs arabes à l’exil « volontaire ».

Sans l’existence des médias, et sans la « modération » américaine, il aurait déjà pulvérisé toute la bande de Gaza, toute la Cisjordanie, sans aucun scrupule. C'est la vision d'une âme de boucher, considérant les Palestiniens comme de la vermine. Il est le Milosevic du Moyen-Orient. Un Hitler sans prépuce qui croit profondément à la race supérieure juive.

En attendant, la colonisation rampante de la Cisjordanie ne change pas les données du problème démographique. 

Alors Bibi avait besoin d’un bon coup d’accélérateur pour enclencher son nettoyage ethnique. Et il s'est emparé de la doctrine maximaliste du Hamas pour en faire son bâton de pèlerin. Le Hamas a toujours été un détonateur potentiel pour Bibi, afin de frapper un très grand coup contre les Palestiniens. Mais il fallait impérativement que le Hamas engage durement les hostilités, pour rester dans les clous de la doxa « qu’Israël a le droit de se défendre ».

Alors il a favorisé cette organisation par tous les moyens possibles. Il a tout fait pour que son ennemi mortel règne en maître sur Gaza. Car ce premier ministre est adepte de la stratégie vieille comme le monde, à savoir « Diviser pour mieux régner ». Dixit le Hamas versus Fatah. Religieux contre laïcs. Cette désunion palestinienne repousse à la Saint-Glinglin toute possibilité d’un seul État indépendant. Il a donné son accord pour que transitent des valises de billets via le Qatar. Il a laissé son ennemi grandir sans entraves. Un ennemi nécessaire pour continuer à se vendre comme "Mr Sécurité" d'Israël. Un ennemi nécessaire pour faire cette guerre qui peuple ses rêves. Les roquettes ? Trop artisanales, pas assez meurtrières pour enclencher un génocide.

Alors le 7 octobre est arrivé, et Bibi a forcément dû sabrer le champagne. Sa stratégie a payé. Très vite, on s’emballe. On invente l’histoire de 40 bébés décapités pour horrifier le monde qui n’en avait pas davantage besoin. Ce jour-là, il cesse de faire de la politique pour uniquement faire la guerre, pour continuer d’imposer sa griffe de « Mr Sécurité » d’Israël et forcer l’union sacrée. Et le Hamas est tombé dans son piège.

Il est difficile de dire exactement à quoi s’attendait le Hamas après les crimes du 7 octobre. Pour sûr, il voulait provoquer un électrochoc dans l’opinion publique endormie. Rappeler l’existence de la cause palestinienne. Saboter les accords d’Abraham. Cesser d’être un peuple de « réfugiés » condamné à vivre sous surveillance israélienne et sous perfusion humanitaire 80 années de plus.

On condamnera toujours des crimes commis aveuglément contre des innocents. Mais c’est bien le diabolique Netanyahu qui a créé les conditions de cette atrocité. C’est lui qui n’a pas vraiment laissé le choix aux Palestiniens, par l'asphyxie de toute perspective d’avenir. En tant que palestinien, que faire face à l’intransigeance politique du bourreau qui s'étouffe à la seule idée de deux États ou d’un État binational ?

Que faire face à l’apathie internationale ? À la machine de propagande sioniste qui continue impunément de spolier des terres en Cisjordanie ?

Que faire quand on vit toujours sous la menace d’un Caterpillar qui démolit des maisons ? De ces jeunes des collines fanatisés, soutenus par l’armée et le gouvernement, qui terrorisent les paysans en arrachant les oliviers ? Les pro-israéliens ont beau dire : « ils n’avaient qu’à investir dans ceci ou cela, plutôt que d’acheter des armes et creuser des tunnels… ». Mais à quoi bon investir dans le développement quand tu sais qu’un jour prochain, ton ennemi débarquera pour tout te prendre, tout détruire, sans craindre la moindre sanction ? Juste la loi du plus fort.

Que faire ? Il n’y a plus grand-chose à faire, à part se battre, se débattre pour regagner sa dignité piétinée. Se battre, quand on n’a plus rien à perdre, devient la chose la plus naturelle du monde. Dos au mur, pour autant, le Hamas savait aussi très bien que la réaction de Netanyahu serait terrifiante contre les civils gazaouis. Mais avait-il anticipé un tel niveau de massacres et de destructions ? Rien n’est moins sûr. On pourra sincèrement ou injustement désigner le 7 octobre comme un « acte de résistance à l’oppression sioniste », le retour de flammes n’en est pas moins catastrophique pour les civils innocents gazaouis. Historique, même.

Oui, le prix à payer pour le 7 octobre est extrêmement lourd et cruel. Mais si le Hamas est tombé dans le piège de Netanyahu, nul doute que la réciproque est vraie.

Car si, au-delà de l’électrochoc, le but du Hamas était certainement de montrer au monde toute la cruauté, l’injustice, la malfaisance, le déshonneur, le maximalisme, la gangrène morale du régime sioniste, alors il est atteint de manière spectaculaire, tant Netanyahu a étalé sa barbarie et son mépris absolu des vies gazaouis et du droit international. Pire encore, il entache Israël de cette honte indélébile d’un peuple tueur d’enfants. Un peuple prétendument civilisé, exhibant ses start-up comme cache-misère de sa barbarie morale la plus abjecte : celle d'un silence complice face au meurtre de masse de tant d'enfants déchiquetés.

Néanmoins, n’essentialisons pas. En réalité, quand on observe les génocides passés, aucun peuple ne s’est soulevé contre ses leaders pour stopper les crimes de guerre commis contre leurs ennemis. Les juifs sont, au fond, des hommes comme les autres. Aussi manipulables, lâches et veules que tous les autres. 

La différence ? Une avalanche d’images et de vidéos qui documentent en léger différé ces crimes en cascade. 

Les israéliens sont les premiers à ne pas pouvoir se cacher derrière leur petit doigt, à ne pas pouvoir dire : « nous ne savions pas ». Si tu ne savais pas, c’est que tu ne voulais pas savoir.

Circonstance aggravante : Israël n’est pas la Corée du Nord où toute l’information est verrouillée. Tu as la parfaite liberté de flirter avec la vérité via des canaux alternatifs. Tu ne le fais pas ? Alors tu accrédites la maxime : "qui ne dit mot, consent". Tu deviens un collabo passif des crimes de masse.

Pour le reste, Netanyahu et le Hamas sont deux ennemis mortels qui se sont mutuellement mordus à la jugulaire, et aucun des deux ne voudra céder. Dans cet infâme jeu de la mort, les Gazaouis paient un considérable tribut : sang, mutilations, traumatismes pour des décennies. Mais sur le long terme, c’est Israël qui aura perdu cette « guerre ».

Les deuils s’opèrent, les blessures guérissent, la résilience infusera les esprits palestiniens. En revanche, pour les sionistes et les Israéliens en général, la barbarie et le déshonneur seront beaucoup plus longs à chasser des esprits antisionistes. Pour sûr, les livres d’histoire associeront le mot « génocide » aux juifs, non plus seulement comme victimes, mais aussi comme bourreaux.

Des mots comme « crimes de guerre », « nettoyage ethnique » seront indélébilement associés aux Israéliens. Une bonne partie du monde leur sera hostile, ou fermée. On les verra longtemps comme les complices consentants de cette boucherie. Il ne seront accueillis à bras ouverts que dans des pays racistes, islamophobes ou d’extrême droite. Le reste du monde les regardera de travers. On sera glacial avec eux. Ils auront toujours la marque de l’assassin sur le front. Et ils ont beau fanfaronner en agitant le drapeau, ils le savent. Ils savent que les jours sombres approchent. Que l’inventaire sera terrible, et que le prix du sang ne s’écoule pas si facilement dans les égouts de l’amnésie. Ni oubli, ni pardon pour les collabos des crimes de guerre. Un voile noir va les recouvrir et les obligera dans l’entre-soi de leur prison sioniste, pour esquiver ce souffle de la haine s’abattant sur eux de tous côtés de la Rose des Vents. Et ils s'époumoneront à hurler "antisémites !" – puisque c’est bien là leur seul et unique système de défense – alors sans un mot, on les traînera par la peau des fesses pour les noyer dans cette mer de cadavres dont ils ont eux-mêmes inondé la Terre trois fois sainte.

On leur rappellera qu’il n’y a pas de liberté sans responsabilité. Chacun est comptable de ses actes devant les hommes, et devant Dieu. Et même le misérable gratte-papier qui a cautionné cette boucherie ne pourra pas se cacher derrière son responsable hiérarchique, comme les nazis ont tenté de le faire au procès de Nuremberg.

Israël n’existe pas. N’existe plus depuis la destruction du second temple de Jérusalem en 70 ap. J.-C. par Titus. Car l’idée d’Israël, selon la Torah, était d’incarner « la lumière des Nations ». Ou tout du moins, essayer. Or, ce pays incarne désormais la pire corruption morale qui soit. Il est comme l’Antéchrist prétendant être la réincarnation du Christ.

Alors l’entité qui a violé ce nom d’Israël n’est pas Israël. C’est un mot que je respecte trop pour reconnaître à cette entité le droit légitime de l’utiliser dans toutes ses implications historiques et morales. Beaucoup savent que je l’appelle déjà le Sionistan, bien que les sionistes passent leur temps à soi-disant représenter « les juifs ». Mais les sionistes ne représentent qu’eux-mêmes : une secte géante, arrogante, nationaliste, diabolique, raciste et suprémaciste, puisant à la source des temps coloniaux. Ils peuvent se raconter toutes les chimères qu’ils veulent, l’esprit d’Israël ne brûle pas en eux. Ce sont juste des fanatiques d’un drapeau, abrutis de propagande, qui ont perverti le message divin. Et il faut les traiter comme tous les fanatiques du monde : sans complaisance, sans excuses, et leur faire payer chacune de leurs fautes. 
Non pas par antisémitisme ou islamo-gauchisme. Mais pour que triomphe l’idée de Justice.

Que triomphe l’idée d’une « loi du plus fort » constamment combattue, et repoussée dans les cordes. Que triomphe l’idée d’un « droit international » équitable, et non à géométrie variable selon que vous soyez blanc ou oriental. Que triomphe l’idée qu’aucun peuple ne dispose de privilèges sur un autre, fût-ce au nom de Dieu. Que triomphe l’idée de ne jamais laisser la fenêtre d’Overton glisser, par notre passivité, vers une normalisation de la barbarie, car la vie des uns n'aurait pas la même valeur que celle des autres. C’est tout ça que le Sionistan, et son pharaon Benjamin Netanyahu, veut mettre à terre. 

Et c’est à nous de lui montrer, de LEUR montrer que nous sommes plus enragés que lui. Que nous ne tairons jamais, que nous n’accepterons JAMAIS qu’une telle doctrine alimente, pour l’avenir, le brasier dévorant de notre monde, de notre seule planète commune.

Franck Walden, auteur franco-israélien.