"Je ne pardonnerai pas à ceux qui se sont tus sur Gaza. Quelqu'un qui vient aujourd'hui vous parler de justice sociale, de féminisme, d’humanisme, et qui ne se sera pas manifesté pendant un an, aura perdu toute crédibilité pour porter ces combats là." Aymeric Caron
jeudi 31 juillet 2025
Gaza : "du riz mélangé à du sable" pour apaiser la faim
Alors que des colis ont été parachutés par la Jordanie, les Émirats Arabes Unis, le Royaume-Uni, ou encore l'Egypte, ces opérations de largages d'aide alimentaire, non encadrées au sol, soulèvent d'importants problèmes de sécurité et de santé pour les Palestiniens de Gaza.
Le nettoyage ethnique rend heureux les Israéliens qui convoitent les terrains de Gaza
Menés par la militante d'extrême droite Daniella Weiss, des centaines de colons israéliens ont marché vers la frontière entre Israël et Gaza en scandant "Gaza, à nous pour toujours" et "Reprenez notre terre".
Weiss affirme qu'il y a 1 000 familles prêtes et désireuses de se réinstaller dans la bande assiégée.
Daniella Weiss a appelé il y a quelques jours sur la chaîne israélienne Channel 13 au nettoyage ethnique et au déplacement forcé des Palestiniens de Gaza.
Victimes de la famille Ayyash :
Mohammed Fathi Ismail Ayyash, 34 ans (père)
Safa Issam Atta Yehya, 28 ans (mère)
Yahya Mohammed Ayyash, 4 mois
Lana Mohammed Ayyash, 5 ans
Eman Mohammed Ayyash, 1 an.
Soit un nettoyage ethnique de la bande de Gaza, soit une interposition internationale efficace
Tout a basculé, avec une pression tout azimut sur Netanyahu contre la famine, pour le cessez-le-feu et pour la reconnaissance de l'État palestinien :
• Trump a déclaré : "C'est une famine réelle, il est impossible de simuler cela, les enfants de Gaza sont affamés". Sur le cessez-le-feu il conseille à Bibi de "changer d'approche" (= libération de TOUS les otages + arrêt DÉFINITIF de la guerre, c'est-à-dire en gros la proposition du Hamas).
• 2 ONG israéliennes (B'Tselem & Les Médecins pour les Droits Humains) considèrent pour la 1ère fois qu'Israël "commet un génocide à Gaza" et appellent à une "intervention internationale". Ils rejoignent ainsi la position de MSF, Amnesty International, FIDH, Human Rights Watch et les experts israéliens Daniel Blatman, Omar Bartov, Amos Goldberg et autres.
• 5 présidents d'universités israéliennes signent une lettre ouverte exigeant de Netanyahu une "résolution de la famine à Gaza".
• Les leaders des partis politiques arabes israéliens (20% de la population) décrètent 3 jours de grève générale pour dénoncer la famine à Gaza.
• Le gouvernement allemand se déclare "prêt à accentuer la pression" sur Israël.
• La Commission européenne discute d'une suspension de la participation d'Israël au programme de super-financements scientifiques "Horizon".
• Le Mouvement Juif Réformé US (le + important aux US) déclare qu'Israël se rend "coupable" d'une famine "injustifiable". Il rejoint ainsi le American Jewish Committee.
• 110 pays présents à la Conférence ONU sur l'État Palestinien, co-présidée par la France et l'Arabie Saoudite.
• 220 députés britanniques signent une lettre ouverte à Starmer pour qu'il rejoigne l'initiative française et reconnaisse la Palestine. Starmer ne ferme pas la porte, "si cela fait partie d'un plan global" (ce qui est le cas).
• Canada, Japon, Australie, Belgique, Luxembourg et Pays-Bas sont également cités pour se joindre à la reconnaissance de la Palestine par la France, qui sera annoncée officiellement le 21 septembre à l'AG-ONU.
• Pendant ce temps les massacres continuent : 98 morts ces dernières 24h ; 147 Gazaouis déclarés morts de faim (dont 88 enfants) ; le village chrétien palestinien de Taybeh (Cisjordanie) à nouveau attaqué par les colons.
• Netanyahu, sous pression, a annoncé l'ouverture de couloirs humanitaires sécurisés + une "pause tactique" de 10h par jour pour acheminer + de camions.
• Les ministres fascistes israéliens de leur côté confirment ouvertement leur plan de nettoyage ethnique, cf le ministre du Patrimoine Amichaï Eliyahu jeudi dernier: "Le gouvernement est engagé dans une course contre la montre pour anéantir Gaza. Gaza sera entièrement juive. Nous sommes en train d'éliminer ses habitants. Nous n'avons pas à nous de nous soucier de la faim à Gaza".
• Oui c'est une course contre la montre, et son dénouement est proche. Soit un nettoyage ethnique de la bande de Gaza, soit une interposition internationale efficace, par les sanctions, les menaces crédibles et une reconnaissance pleine et entière de la Palestine, ce qui consolidera ses capacités juridiques (CPI-CIJ), contribuera à protéger ses citoyens et ouvrira une alternative politique.
Les pressions sont efficaces, les opinions publiques pèsent sur leurs dirigeants, les sanctions ou menaces de sanctions sauvent des vies à Gaza.
Carlos Latuff. Political cartoonist: visual chronicler of barbarism. A friend of Palestinians.
Les Pays-Bas désignent Israël comme une menace à leur sécurité nationale
Intitulé "Évaluation des menaces émanant d’acteurs étatiques", le document pointe les efforts d’Israël pour manipuler l’opinion publique néerlandaise et influencer les décisions politiques par des campagnes de désinformation. Un incident notable concerne un document distribué informellement par un ministère israélien à des journalistes et politiciens néerlandais l’an dernier, contenant des informations personnelles inhabituelles et indésirables sur des citoyens néerlandais, suite à des tensions lors d’un rassemblement à Amsterdam en soutien au club de football Maccabi Tel Aviv. Le NCTV (Coordinateur national pour la lutte contre le terrorisme et la sécurité) s’inquiète également des menaces croissantes d’Israël et des États-Unis contre la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye, susceptibles de compromettre son fonctionnement. En tant que pays hôte de plusieurs institutions judiciaires internationales, les Pays-Bas se considèrent investis d’une « responsabilité particulière » pour protéger leurs opérations des pressions extérieures. Bien que le NCTV ait déjà exprimé des préoccupations sur les outils d’espionnage israéliens, ce rapport ne mentionne pas Israël dans la section sur l’espionnage.
Pourquoi "Israhell" à la place d'Israël sur les réseaux sociaux
Charlies Ingalls sur X :
- Israël bombarde la Syrie ;
- Israël bombarde l'Iran ;
- Israël bombarde le Liban ;
- Israël bombarde toujours le Liban et viole le cessez-le-feu ;
- Israël bombarde Gaza ;
- Israël bombarde la Cisjordanie - Israël lance des attaques terroristes au Liban.
- Israël lance des attaques terroristes en Iran ;
- Israël lance des attaques terroristes en Syrie - Israël commet un génocide à Gaza ;
- Israël organise une épuration ethnique à Gaza ;
- Israël vote PLUS de colonisation en Cisjordanie ;
- Israël vole des territoires supplémentaires en Syrie, en plus du Golan qu'Israël a déjà volé ...
C’est le ministre israélien des Finances, Bezalel Smotrich qui le dit sans détours, et apparemment sans que cela choque notre gouvernement, qui se refuse toujours à prendre la moindre sanction contre Israël, alors que ce régime fasciste met à feu et à sang Gaza, la Cisjordanie et le Liban.
Dans un documentaire produit par Arte, Smotrich, a exprimé son désir d’un « Etat juif » incluant la Jordanie, l’Arabie saoudite, l’Egypte, l’Irak, la Syrie et le Liban, affirmant qu’« il est écrit que l’avenir de Jérusalem est de s’étendre jusqu’à Damas ».
Israhell… au nom de qui ?
« Après soixante-dix ans d’intensives excavations sur la terre d’Israël, écrivait-il, les archéologues ont découvert que :
Ainsi, les Israélites ne seraient jamais allés en Égypte, n’auraient pas erré dans le désert ni conquis, par une campagne militaire, une terre qu’ils auraient ensuite léguée aux douze tribus d’Israël. La monarchie de David et de Salomon, décrite dans la Bible comme un pouvoir régional aurait été, dit-il, « tout au plus le royaume d’une petite tribu ». Et quel choquante révélation : le Dieu unique, YHWH (Yahvé), avait une épouse nommée Asherah – fait confirmé par la découverte d’inscriptions : ‘YHWH et saAsherah’, ‘YHWH Shomron et sa Asherah’, ‘YHWH Teman et sa Asherah’, sur deux sites différents : l’un à Kuntilet Ajrud au sud-ouest du Negev, l’autre à Khirbet el-Kom dans le piémont judéen.
Ce qui confirmerait l’adoption du monothéisme par les hébreux seulement au 7ème siècle av. JC – et non pas institué par Moïse sur le Mont Sinaï – mont qui, incidemment, n’a pu être localisé avec certitude, pas plus d’ailleurs que les campements des tribus dans le désert. « Aucun site ne correspond au compte rendu biblique » affirme Z.Herzog.
En 1960, lors d’une investigation archéologique du « portail hexagonal » (six-sided gate) de Megiddo, Yigael Yadin de l’Université de Tel-Aviv l’avait déjà situé au 9ème siècle et non pas au 10ème av. JC, sous Salomon, comme le prétendent les textes. Et Ze’ev Herzog de déclarer que « Salomon et David [sont] totalement absents du rapport archéologique… La plupart de ceux qui se sont engagés simultanément dans l’étude scientifique de la Bible, de l’archéologie et de l’histoire du peuple juif – jusqu’à se rendre sur le terrain à la recherche de preuves – s’accordent à penser que les événements historiques concernant les périodes de l’émergence du peuple juif sont radicalement différents de ce qui est écrit … L’impact de cette ‘révolution archéologique’ n’a pas encore sciemment atteint le public mais ne peut cependant pas être ignoré.
Contrairement à la Mésopotamie, l’archéologie en Palestine se développa à une date relativement tardive. Les premières excavations eurent lieu dans les années 1920, à Jéricho et Shechem (Nablus) sous la direction du chercheur William Foxwell Albright, maîtrisant aussi bien l’archéologie et l’histoire que les langues locales et celles du Proche-Orient.
Albright était convaincu que la découverte d’anciens vestiges réfuterait doutes et critiques envers la véracité des textes bibliques. Pourtant, de la conquête de la Terre promise (Canaan), en particulier les prises d’Aï et de Jéricho, à la fin du XIIIème siècle av. JC – décrites avec force détails dans le livre de Josué comme ‘une campagne militaire’ – les excavations ne révélèrent, malgré les efforts, aucune cité sur ces emplacements ni murs qui auraient été détruits. Bien sûr, certains ont tout bonnement prétendu que les fameux murs avaient été "emportés par la pluie ou utilisés à d’autres fins"…
Et il en fut de même pour le passage de la Mer Rouge par les Israélites et l’anéantissement des troupes pharaoniques dont aucun vestige ne peut témoigner. Quant à Jérusalem, les chercheurs ont conclu qu’elle ‘n’avait eu de statut central qu’après la destruction de sa rivale, Samarie, en 721 av. JC 1. Dès la deuxième moitié du XIXème siècle, des critiques émanèrent, essentiellement de l’école Wellhausen d’Allemagne. Julius Wellhausen affirmait en effet que « l’historiographie biblique avait été formulée, dans une large mesure,‘ inventée’ pendant l’exil babylonien » et que « toutes ces séries d’évènements n’étaient pas plus que leur reconstruction tardive à des fins théologiques ».
Opinions reprises par les ‘minimalistes’, influent groupe de chercheurs à prédominance danoise (dont Niels Peter Lemche et Thomas Thompson) et anglaise (Philip Davies and Keith Whitelam).
Les découvertes archéologiques semblent cependant corroborer un fait important : au début de l’Âge du Fer (1200 av. JC), correspondant à la ‘période sédentaire’, des centaines de petites colonies se sont établies dans la région centrale du pays, habités par des fermiers travaillant la terre ou élevant des moutons. S’ils ne sont pas venus d’Égypte, quelle est donc l’origine de ses colons ?
Selon Israel Finkelstein, directeur de l’Institut d’archéologie à l’Université de Tel-Aviv, « le peuple juif serait originaire de ces bergers tout d’abord nomades puis sédentarisés, car forcés, par la force des choses, à produire leurs propres grains pour se nourrir » mais il ajoute toutefois qu’il « ne croit pas – au XIIème siècle av. JC – à une entité ethnique cohérente et fonctionnelle sous le nom d’Israël ».
Pour sa part, l’historien Josephus (37 – 100 apr. JC), nie non seulement la captivité des Hébreux en Égypte mais les identifie aux Hyksos, envahisseurs mi-asiatiques, mi-sémites, selon certains 2 qui, chassés par les invasions indo-européennes dans l’Asie intérieure, s’infiltrèrent par la vallée du Nil et conquirent la basse Égypte aux environs de 1674 av. JC. Expulsés dans un premier temps, par les princes de Thèbes, ils le furent définitivement par Amosis, roi d’Égypte de 1580 à 1558 av. JC qui s’empara de leur capitale Avaris en fondant la XVIIIème dynastie.
Il est rejoint dans ses affirmations par l’éminent égyptologue Jan Assmann de l’Université d’Heidelberg en Allemagne qui parle de ‘l’Exode comme étant en fait l’expulsion des hyksos’ ; de même que par Donald P. Redford de l’Université de Toronto, dans son livre : "Egypt, Canaan and Israel in ancient times" qui reçut le premier prix d’archéologie en 1993. Durant l’été 2008, était découverte Itil, la capitale du royaume khazar, près du village de Samosdelka au nord de la mer Caspienne, par des archéologues russes, commandités par le congrès juif et l’Université juive de Moscou.
Évoquant ce fait d’importance capitale, selon lui, le professeur Shlomo Sand lui aussi de l’Université de Tel-Aviv et spécialiste de l’histoire européenne, confirme effectivement que « plusieurs siècles plus tard, les Khazars se sont convertis en masse au judaïsme, devenant la genèse des Juifs ashkénazes de l’Europe de l’est et du centre ».3
Dans son livre : "When and How Was the Jewish People Invented ?" ("Comment le peuple juif fut inventé. De la Bible au sionisme", Fayard, 2008) il n’hésite pas à déclarer que la seule solution politique au conflit avec les Palestiniens est "d’abolir l’État hébreu". « Comme beaucoup d’Israéliens, dit-il, j’ai pris comme un fait acquis que les Juifs vivaient en Judée et qu’ils avaient été poussés à l’exil par les Romains en l’an 70. Mais, recherchant des preuves, je me suis aperçu que les royaumes de David et Salomon n’existaient pas, pas plus que l’exil, d’ailleurs. »
Devant le peu d’intérêt accordé par les médias à la portée d’une telle nouvelle pour l’histoire juive, il dénonce l’étrange état de déni dans lequel vivent les Israéliens.
« Si la majorité des Juifs, questionne-t-il, n’ont jamais quitté la Terre sainte, qu’est-il advenu d’eux ? Cela n’est pas enseigné à l’école, mais la majorité des premiers leaders sionistes, David Ben Gourion inclus, pensaient que les Palestiniens étaient les descendants des Juifs originaires de la région…[qui] s’étaient alors convertis à l’islam […]. L’édifice de l’histoire juive enseignée dans les universités israéliennes est construit comme un château de cartes », conclut-il.
On le voit, l’écheveau n’est pas près d’être démêlé ni de s’éteindre une polémique dans laquelle n’est pas négligeable l’hostilité de certains chrétiens se disant offensés dans leur ‘croyance fondamentale’ et le refus obstiné d’une majorité d’Israéliens devant une dérangeante évidence : les écrits de l’Ancien Testament n’auraient donc aucun ou peu de fondements historiques. « Le coup, fait remarquer Z. Herzog, porté aux fondations mythiques de l’identité israélienne est apparemment trop menaçant et il est donc plus commode de l’ignorer délibérément… »
Mais à quel prix ! pourrions-nous dire. Et c’est bien ce que porte à penser l’arrogante présomption d’Ariel Sharon, le 22 septembre 2002, déclarant à des visiteurs chrétiens : « Cette terre est la nôtre… Dieu nous en a donné les titres de propriété… ».
Hélas, on ne peut que constater aujourd’hui les funestes conséquences d’une telle supercherie.
Michel Duchaine.
Notes
1) En 2007, Ze’ev Herzog, Israel Finkelstein, Lily Singer-Avitz et David Ussishkin ont réfuté l’annonce d’Eilat Mazar prétendant avoir découvert le palais du roi David à Jérusalem. Cette structure porte désormais le nom de : « Large Stone Structure ».
2) Selon certaines hypothèses, les Hyksos étaient constitués de tribus sémites établies en Palestine ; pour d’autres, il s’agirait d’un ensemble de tribus originaires du Caucase qui auraient entraîné à leur passage des pasteurs sémites. Ils apportèrent en Egypte chevaux et chars, répandirent l’usage du bronze et introduirent le culte de divinités asiatiques, provoquant la colère des Égyptiens. On les dit aussi adorateurs de Seth qu’ils assimilèrent à Baal, le dieu cananéen.
3) Sur ce point, dans une recension qui reconnaît la pertinence des questions soulevées par la jeune école révisionniste israélienne, notamment Shlomo Sand (« Le peuple juif a-t-il été « inventé » ? », Éléments n° 133, octobre-décembre 2009), Alain de Benoist estime qu’ « Il (Shlomo Sand) va néanmoins trop loin quand il fait bon marché des études réalisées récemment sur l’ADN des communautés juives qui, même imparfaites (elles ne portent que sur les lignées masculines), semblent au moins démentir le bien-fondé de la thèse faisant descendre les Juifs Ashkénazes des anciens Khazars. »
mercredi 30 juillet 2025
Israël : "génocide" à Gaza ? B'Tselem et Médecins pour les droits de l'homme accusent
Après que deux organisations israéliennes de défense des droits humains, « B'Tselem » et « Médecins pour les droits de l'homme », ont accusé leur pays de génocide à Gaza, réactions des habitants de Jérusalem, éléments juridiques du débat et rappel de quelques citations de membres du gouvernement de Benyamin Netanyahu quant à leurs intentions.
Affamés par des mois de blocus israélien, les Gazaouis se battent aujourd'hui pour de la nourriture. Fin juillet 2025, le bilan humain approche les 60 000 morts.
Gaza : les largages "inefficaces" de vivres
En Cisjordanie occupée, les Palestinien sont abattus par des colons israéliens illégaux
Post de Yuval Abraham, journaliste d'investigation israélien et coréalisateur du film documentaire "No Other Land" :
"Un colon israélien vient d'abattre Awdah Hathaleen, un militant remarquable qui nous a aidés à filmer « No Other Land » à Masafer Yatta, en Cisjordanie occupée." (Awdah Hathaleen décédera à l'hôpital)
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Un tribunal israélien a libéré le colon Yinon Levi qui a assassiné le Palestinien Awdah Hathaleen.
Yinon Levi, a été placé en résidence surveillée mardi après qu'un tribunal de première instance de Jérusalem a refusé de le maintenir en détention.
Le journal israélien Haaretz a rapporté que Levi était accusé d'homicide involontaire et d'utilisation illégale d'arme à feu en lien avec le meurtre d'Awdah Hathaleen, militant palestinien de 31 ans et professeur d'anglais, abattu lundi soir dans le village d'Umm al-Kheir, au sud d'Hébron.
Hathaleen était bien connu pour son activisme, notamment pour avoir aidé les créateurs du film oscarisé "No Other Land", qui documente les attaques des colons et des soldats israéliens contre la communauté palestinienne de Masafer Yatta.
Des images publiées par le groupe israélien de défense des droits de l'homme B'Tselem semblent montrer Levi ouvrant le feu sur Hathaleen lors d'une confrontation dans le village.
Malgré les preuves visuelles et les sanctions antérieures imposées à Levi par l’Union européenne et les États-Unis suite à des attaques passées contre des Palestiniens, les autorités israéliennes l’ont libéré et assigné à résidence.
Le président américain Trump a levé les sanctions contre Levi et d'autres colons accusés de violence extrémiste après son entrée en fonction en janvier.
"Le ministre israélien Ben Gvir distribue des fusils d'assaut automatiques aux colons illégaux en Cisjordanie occupée afin qu'ils puissent tuer des civils palestiniens."
Le fabricant de missiles européen MBDA, basé en France, équipe des bombes qui ont tué des enfants à Gaza
Le principal constructeur européen de missiles fabrique des ailerons servant au guidage de bombes larguées sur des civils à Gaza, révèlent Disclose, The Guardian et Follow the Money. D’après notre enquête, ces munitions équipées de composants MBDA ont été utilisées par l’armée israélienne dans 24 bombardements. Plus d’une centaine d’enfants sont morts dans ces attaques.
Au milieu des flammes surgit la silhouette d’une enfant. Hanin al-Wadie, 5 ans, vient d’être victime d’un bombardement israélien, à Gaza City, dans l’école où elle s’est réfugiée avec sa famille. Dans une vidéo prise le 26 mai 2025, on peut entendre des rescapées crier à la fillette de « sortir » d’une salle de classe en feu, ici même où sa sœur et ses parents viennent de perdre la vie. La petite Hanin, elle, s’en sort avec le visage et les bras brûlés aux 2e et 3e degrés. Sur les 36 personnes tuées dans cette attaque aérienne, dix-huit sont des enfants.
Dans les décombres de l’école Fahmi Al-Jarjawi, des experts militaires ont identifié une pièce de métal servant à équiper un missile utilisé par l’armée de l’air israélienne : le GBU-39, une bombe de 110 kilos produite par l’américain Boeing. Ce composant clé est facilement reconnaissable : il s’agit d’un aileron « Diamond Back wing », fabriqué par le missilier européen MBDA, dont le siège social est situé au Plessis-Robinson, en Île-de-France, révèlent Disclose et The Guardian, en partenariat avec le média néerlandais Follow the money. Selon Brian Castner, expert en armements chez Amnesty International, ces ailes sont une pièce indispensable au guidage du GBU 39, « une arme de haute précision qui ne peut rien faire sans elles ».
Ce type de bombes a été largué par Tsahal dans au moins 24 frappes, entre le 2 novembre 2023 et le 26 mai 2025. Elles ont causé la mort de plus de 500 personnes, d’après un décompte réalisé par Disclose et ses partenaires à l’aide de rapports de l’ONU, d’Amnesty International, de divers médias et les recherches de Trevor Ball, qui collabore avec l’Armament Research Services. Les cibles principales ? Des écoles, au nombre de 16, transformées en abri par les Gazaoui·es. Autrement dit, des bâtiments civils protégés par le droit international. Mais aussi les camps de déplacé·es de Nuseirat et Rafah, les 24 mai et 6 juin 2024, ainsi qu’une mosquée de Gaza City. Selon notre enquête, plus d’une centaine d’enfants sont morts dans l’ensemble de ces attaques aériennes.
En dépit des appels du conseil des droits de l’Homme de l’ONU à cesser les ventes d’armes à Israël en raison du risque « plausible » de génocide, le groupe MBDA assume la fourniture de pièces détachées utilisées par l’armée israélienne. En guise d’explications, Julien Watelet, le responsable de la communication du groupe européen indique que le marché, selon lui, s’inscrit « dans le respect de toutes les lois américaines ». On pourrait même dire que la vente des missiles se poursuit avec la bénédiction de la Maison-Blanche : en février dernier, Donald Trump a approuvé la fourniture à Israël de plus de 2 000 missiles GBU-39. Un marché qui s’ajoute aux 2 600 unités livrées par Joe Biden depuis le 7 octobre 2023, selon les données recueillies par le centre de recherche SIPRI.
De fait, les ailerons Diamond Back wing ne sont pas fabriqués en Europe, mais dans l’État américain de l’Alabama, où le groupe européen possède une filiale baptisée MBDA Inc. Or, même si la production et la fixation des Diamond Back wing sur les GBU-39 se fait outre-Atlantique, c’est bel et bien en Europe que les profits sont engrangés. En l’occurrence, par MBDA UK, la filiale britannique de la multinationale. D’après ses comptes de 2023, les plus récents disponibles en ligne, elle a réalisé 40 % du chiffre d’affaires du groupe sur un total de 4,4 milliards d’euros cette année-là. « MBDA tire profit des ventes d’armes à Israël » résume Sam Perlo-Freeman, coordinateur de recherche pour l’ONG britannique Campaign against arms trade (CAAT).
Questionnée par Disclose sur les mesures que le groupe met en œuvre pour respecter « ses obligations en matière de droit international », pour reprendre les termes récemment adressés par le conseil de l’ONU « à tous les acteurs privés » sur place, MBDA déclare « être en conformité avec les lois nationales et internationales applicables au commerce des armes ». Également sollicité, Airbus, détenteur de 37,5 % des parts de la société, n’a « rien à ajouter ». Pas plus que le leader anglais de la défense BAE Systems, propriétaire, lui aussi, de 37,5 % des parts de la firme.
En dépit de ces déclarations, l’entité britannique pourrait être considérée comme un profiteur de guerre. Elle s’expose à une plainte similaire à celle visant un fonds d’investissements irlandais qui a investi dans des banques et agences de tourisme accusées de financer des colonies israéliennes. Seule chose à faire pour cesser toute complicité dans des crimes de guerre, selon le chercheur de la CAAT, Sam Perlo-Freeman : que MBDA UK revende sa filiale américaine.
En France aussi, le groupe s’expose à des poursuites pour recel de crimes de guerre. Comme l’explique Cannelle Lavite, co-directrice du programme entreprises et droits humains à l’European Center for Constitutional and Human Rights (ECCHR) : « S’il est démontré que la société MBDA récolte les revenus de la filiale américaine alors que son siège social est en région parisienne, cela veut dire qu’elle en profite. Or, ces revenus sont tirés de ce qui apparaît être un crime ».
Dans ce cas, pourquoi la direction de MBDA fait-elle preuve d’une telle assurance ? Probablement parce que les États européens demeurent impuissants, par exemple, à décréter un embargo sur des armes fabriquées hors du Vieux continent. Ceci dit, plaide le chercheur Sam Perlo-Freeman, le « Royaume-Uni pourrait sanctionner les entreprises qui arment Israël et bannir les investissements anglais qui les alimentent en capitaux ». Les massacres quotidiens — pas moins de 600 victimes entre les 10 et 17 juin — pourraient fournir de solides arguments à un tel désengagement. Mais l’Europe s’obstine à regarder ailleurs. À ce jour, les menaces de « sanctions ciblées » contre Israël, brandies par le Royaume-Uni, la France et le Canada, en mai dernier, n’ont trouvé aucune suite.
« Le génocide se poursuit, car, pour beaucoup, il est lucratif », tranche Francesca Albanese, rapporteuse spéciale de l’ONU sur la situation des droits humains dans les territoires palestiniens occupés. Exaspérée par l’immobilisme des PDG comme des dirigeants politiques européens, la juriste italienne s’est donnée comme mission de pourchasser les « profiteurs » du génocide. Dans son dernier rapport, publié le 3 juillet, elle cible plusieurs dizaines de multinationales. Si MBDA n’est pas mentionné, c’est parce que, de son propre aveu, l’inventaire ne représente que « la pointe émergée de l’iceberg ».
Vue du ciel, Gaza paraît lunaire. Quelque 50 millions de tonnes gravats recouvrent ce territoire où 57 000 personnes, dont 15 600 enfants, ont été tuées depuis le début de l’offensive israélienne, selon l’Unicef. Pendant que les survivant·es risquent leur vie à chaque distribution de nourriture, MBDA et ses actionnaires continuent de s’enrichir. « La suite dépend de nous tous », exhorte Francesca Albanese. Charge aux « syndicats, aux avocats » et aux « gens ordinaires » de se mobiliser, dit-elle, pour faire pression sur les entreprises impliquées dans des crimes de guerre en Palestine. Par exemple, le missilier MBDA.
Dieu comme agent immobilier, la Bible comme acte de propriété, et l’armée comme notaire armé
« La plupart des sionistes ne croient pas en Dieu, mais ils croient qu’il leur a promis la Palestine. » Ilan Pappé, historien israélien. Voilà tout le résumé.
C’est au nom de textes sacrés qu’ils ne lisent pas, d’un Dieu auquel ils ne croient pas, qu’ils revendiquent une terre qu’ils n’ont ni habitée, ni cultivée, ni héritée — mais qu’ils volent, rasent et souillent à coups de bulldozers, check-points et M16.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes :
70 % des “juifs” israéliens sont laïcs, n’ont rien à foutre de la Torah, n’ont jamais vu l’intérieur d’une synagogue — mais deviennent soudain très croyants dès qu’il s’agit de bétonner une colline et dégager une famille arabe.
Moins de 20 % pratiquent réellement le judaïsme. Mais 100 % se découvrent prophètes quand il s’agit de justifier un vol de terre.
Dieu comme agent immobilier, la Bible comme acte de propriété, et l’armée comme notaire armé.
L’arnaque du siècle.
Ce n’est pas une occupation. C’est une startup de colonisation sous contrat divin… sans jamais avoir lu les CGU célestes.
Un civil palestinien lève les bras sur ordre des soldats d'occupation puis lui tirent dans le dos."
L'histoire d'un enfant palestinien nommé Amir
Amir est allé chercher de l'aide mais a été tué, ce qui a incité Agular à rompre son silence :
"Le 28 mai, au site de distribution sécurisé n° 2, ce jeune garçon, Amir, s'approche de moi, me tend la main et m'embrasse. Il ne porte pas de chaussures. Ses vêtements tombent de lui tellement il est maigre… Il n'a pas de boîte, il a un demi-sac de riz et de lentilles, et il nous remerciait.
Il a marché 12 kilomètres pour y arriver… et quand il est arrivé, il nous a remerciés pour les miettes qu'il a reçues… et il les a posées sur le sol avec ses mains fragiles, squelettiques et émaciées, et il m'a embrassé et m'a dit « merci ».
Et puis il a récupéré ses affaires, est retourné vers le groupe, et puis il a été la cible de gaz poivré, de gaz lacrymogène, de grenades assourdissantes et de balles, et il a été la cible de tirs, à ses pieds et en l'air, et il s'est enfui... et les FDI tiraient sur la foule... ils tiraient...
Et ils tiraient sur cette foule et les Palestiniens, les civils, les êtres humains, tombaient au sol, et Amir était l'un d'eux...
Amir a marché 12 kilomètres pour aller chercher de la nourriture, n'a reçu que des restes, nous a remerciés pour cela, et est mort."
Génocide à Gaza : 114 avocats contre la France
Leur communication a pour objet principal de présenter à la CPI « un choix de déclarations et d'actions des membres de l’exécutif français » qui pourraient être qualifiées « de complicité par voie d'aide et d'encouragement dans les crimes commis par les forces de défense israéliennes contre des civils palestiniens au sein du Territoire Palestinien Occupé. »
Le document attaque fort en lâchant dans les premières pages que « Les requérants considèrent que le Président du Sénat et la Présidente de l’Assemblée nationale, ainsi que des députés et sénateurs français, ont joué un rôle de soutien diplomatique, politique et moral à l’État d’Israël alors qu’ils ne pouvaient pas ignorer ni l’intention des dirigeants israéliens ni la nature des crimes commis dans le Territoire palestinien (Bande de Gaza et Cisjordanie Occupée). »
Ils énumèrent ensuite les rôles présumés des membres du gouvernement et des députés de la commission des affaires européennes dans la facilitation du génocide à Gaza mais ces derniers ne sont pas les seuls dans le viseur des avocats.
« La demande d’enquête auprès du Bureau du Procureur est limitée, à ce stade, aux membres précités de l’exécutif français et des députés français précités. Cela ne préjuge cependant pas d’une saisine ultérieure concernant d’autres ministres, élus du Parlement, voire des élus locaux (maires, présidents de départements etc…), dirigeants de médias publics ou privés, dirigeants de groupes de lobbying déclarés ou non déclarés, et dirigeants d’associations ayant justifié, encouragé ou prêté assistance à la commission des crimes dans le Territoire Palestinien Occupé par l’armée israélienne ».
Dans le viseur des avocats aussi la société pro israélienne Elnet sur laquelle Blast a enquêté et qui est citée comme étant une pierre angulaire de l'influence et de la désinformation orchestrée par les soutiens du gouvernement de Benjamin Netanyahu.
Extraits : « À propos des mandats d’arrêt émis par la CPI contre le Premier ministre israélien et son ancien ministre de la Défense, le directeur exécutif d’ELNET a publié, le 21 novembre 2024, un post dont la teneur est sans ambiguïté :
« En délivrant un mandat d’arrêt international […], le Procureur Général […] a planté le dernier clou dans le cercueil de la Cour pénale internationale. Ce jour restera gravé dans la mémoire de l’humanité, comme le jour qui a vu l’effondrement moral et la faillite du système judiciaire international hérité de la seconde guerre mondiale et de l’ONU. […]. Mais le monde peut dormir tranquille, Israël et les États-Unis, seuls contre tous s’il le faut, continueront à mener le combat pour la démocratie, la liberté et les valeurs de la civilisation occidentale. ».
Lors du rassemblement du 26 mars 2025 intitulé « Pour la République…la France contre l’islamisme », organisé par ELNET, Son Excellence Monsieur Antonio GUTERRES, Secrétaire Général de l’ONU, a été dénoncé par les intervenants et hué par le public. Le ministre français de l’Intérieur, Monsieur RETAILLEAU, et le ministre français des Outres-Mers, Monsieur VALLS, étaient présents. Le Président de la République, ainsi que plusieurs ministres, ont été ou sont toujours également proches d’ELNET, comme vient de le révéler une enquête journalistique. Madame Aurore BERGÉ a fait partie du voyage organisé par ELNET en janvier 2023. Mais elle était déjà un soutien assumé du gouvernement israélien en 2021 et aurait rencontré le 28 mai 2019, en sa qualité de députée française, une délégation du « conseil régional de Samarie » dont tout le monde sait qu’il s’agit d’une « institution » totalement illégale puisqu’elle regroupe des colonies situées en Cisjordanie Occupée. A cette époque, ELNET ne se cachait d’ailleurs pas de chercher à obtenir la reconnaissance par la France de Jérusalem comme capitale d’Israël, en violation totale des résolutions des Nations Unies, tant de l’assemblée générale que du conseil de sécurité. Madame BERGÉ est aujourd’hui ministre chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les Discriminations, au sein du gouvernement BAYROU. Il apparaît donc qu’au plus haut sommet de l’exécutif français se trouvent des ministres ayant été, et étant toujours, soumis volontairement ou pas, à l’influence directe de l’État d’Israël, via ELNET notamment. »
« Les requérantes apportent par la présente communication des éléments en fait et en droit qui sont susceptibles démontrer que l’exécutif français peut être considéré comme complice d'un certain nombre de violations du droit international humanitaire, constitutives de crimes relevant de la compétence de la Cour, commises par les forces armées israéliennes contre des civils palestiniens dans le Territoire palestinien occupé (ci-après le « TPO »), y compris la bande de Gaza. »
« La présente communication démontre également que le Président français et les ministres cités ci-dessus ont agi, par une série d'actes positifs et d'abstentions, dans le cadre de leurs fonctions officielles en pleine connaissance du fait que leurs actions et abstentions apporteraient une aide substantielle aux auteurs des crimes concernés ; de sorte qu'ils doivent être considérés comme ayant agi « dans le but de faciliter la commission de ce(s) crime(s). »
Le premier ministre François Bayrou est également ciblé : « Très récemment encore, le 22 mai 2025, le Premier ministre, François BAYROU a refusé un débat à l’Assemblée nationale sur la situation à Gaza, se bornant à déclarer insupportable la situation des civils à Gaza, mais sans en imputer la responsabilité à l’armée d’occupation, et sans annoncer la moindre mesure sanction ni la moindre mesure permettant à la France de satisfaire à ses obligations au regard de la Convention de 1948 sur la prévention et la répression du crime de génocide.
Le 7 mai 2025, le Premier ministre a également minimisé la gravité des crimes commis par l’État d’Israël et même justifié l’action israélienne en ces termes : « Nous ne devons cependant pas oublier que cette bombe n'aurait pas explosé sans un détonateur. Ce détonateur, ce sont les événements du 7 octobre : un pogrom, il n'y a pas d'autre mot, qui a tué, déchiré et blessé des jeunes filles, des jeunes garçons, des enfants et des bébés. Cela, pour nous, est tout aussi insupportable. »
Ainsi, François Bayrou fait sienne la position israélienne de riposte normale aux attentats du 7 octobre 2023, ce qui constitue 19 mois après le début de ladite « riposte » et la publication de plusieurs dizaines d’enquêtes et rapports précités, un soutien explicite à la manière dont l’armée israélienne « riposte ». »
Et le document, éloquent, de conclure : « Il est démontré que l’exécutif français a joué un rôle déterminant dans l'apport d'un soutien à Israël sous diverses formes ; et que cet appui a eu un effet substantiel sur la perpétration des crimes en question… Il est démontré que les autorités françaises savaient qu'elles participaient (et participent toujours) à la commission des crimes en question, en aidant et en encourageant les auteurs. Leur connaissance des conséquences de leurs actes ou de leur conduite établit la mens rea requise pour la responsabilité personnelle en cas de complicité par aide et/ou encouragement. »
Le document peut-être consulté et téléchargé en cliquant sur ce lien :
mardi 29 juillet 2025
Filmer la destruction d'un peuple, témoigner du génocide de l'intérieur
https://www.youtube.com/watch?v=NKjlMKj469I
Les autorités israéliennes accélèrent ainsi leur entreprise d’éradication de tout un peuple, toujours en toute impunité, au mépris des droits humains les plus élémentaires et dans une indifférence internationale généralisée.
Le judaïsme n’est pas seulement une religion. C’est aussi un projet politique
Le judaïsme n’est pas seulement une religion. C’est aussi un projet politique fondé sur une idée dominante : la disparition des frontières, l’unification de la terre, et l’instauration d’un monde de « paix ».
Chez les juifs religieux, cette aspiration à un monde pacifié, unifié, globalisé, se confond avec l’attente fébrile d’un Messie qu’ils attendent depuis trois mille ans, et qui viendra restaurer le « royaume de David ».
Chez les juifs non-croyants, ce messianisme a pris la forme d’un militantisme politique en faveur de toutes les utopies mondialistes.
C’est la raison pour laquelle tant de juifs se sont impliqués dans l’aventure communiste tout au long du XXe siècle, avec une frénésie toute particulière. Mais dès avant la chute du système soviétique, nombreux furent ceux qui avaient compris que la démocratie libérale était beaucoup plus efficace pour effacer les frontières et dissoudre les identités nationales. Il s’agit, encore et toujours, de travailler à l’instauration de l’Empire global, qui doit être aussi l’Empire de la Paix. Telle est la « mission » du peuple juif.
Pendant des siècles, cette espérance a nourri et modelé l’esprit des juifs du monde entier, isolés parmi les autres peuples, et cultivant farouchement cet isolement, comme s’il y avait une revanche future à prendre sur le reste de l’humanité. Cet esprit de revanche se retrouve dans de nombreux textes de la littérature cosmopolite. C’est un des traits caractéristiques du judaïsme. L’étude de la production philosophique, littéraire et cinématographique permet en effet de mettre à jour les grandes lignes de l’esprit juif, en général, et de la personnalité de l’intellectuel juif, en particulier. On constate alors une étonnante homogénéité de pensée entre les juifs des quatre coins du globe, qu’ils soient athées ou croyants. Tous semblent formés à la même école, ne parlant des langues étrangères que pour exprimer les mêmes idées, les mêmes émotions, les mêmes paradoxes, la même espérance messianique, la même foi en la victoire finale.
Hervé Ryssen, intro de "Psychanalyse du judaïsme".
On le sait : ils se croient élus, supérieurs, détenteurs d’un droit divin inscrit dans un vieux récit sacralisé, transmis par voie orale pendant des siècles par des scribes aux mœurs douteuses, puis figé sur papier comme un acte de propriété mythologique sur une terre déjà habitée.
Mais les entendre le dire, calmement, sans gêne, comme une évidence… c’est autre chose.
Ce n’est pas seulement de la foi. C’est une idéologie raciale. Un suprémacisme religieux maquillé en héritage. Un mythe colonial, enraciné dans la certitude que certains êtres humains valent plus que d’autres.
Un apartheid mental. Un délire mystique devenu discours d’État.
L’Europe est morte à Gaza
Les deux conflits déterminants du siècle – l'Ukraine et la Palestine – marquent la désintégration politique de l'UE : il ne lui reste plus qu'à inventer une menace russe imaginaire pour se donner une nouvelle raison d'être.
Article de la journaliste et autrice Benedetta Sabene, initialement publié en italien sur son Substack.
Les deux crises internationales majeures qui ont marqué à jamais cette décennie, voire ce siècle — la guerre en Ukraine et le massacre en cours à Gaza — ont révélé toute l'inconsistance de la politique européenne. Dépourvue de toute autonomie décisionnelle, l'UE n'est plus qu'une annexe de la politique étrangère américaine.
Malgré une certaine indifférence collective à l'égard de la guerre en Ukraine — un événement qui a pourtant métamorphosé en experts en géopolitique la plupart d'entre nous, mais dont l'intérêt du public s'est depuis émoussé —, il est impossible d'analyser ce qui se passe à Gaza sans tenir compte de l'Ukraine. Qualifier d'“incompétence” la gestion des deux crises par les dirigeants européens serait une analyse trop simpliste, car le traitement différencié entre l'Ukraine et la Palestine n'est pas qu'une erreur méthodologique ou une question morale. C'est une stratégie parfaitement cohérente, qui s'inscrit dans la structure des relations internationales et la division du monde en blocs militaires et sphères d'influence.
L'invasion de l'Ukraine par la Russie en février 2022 a incité l'Union européenne à déployer un activisme humanitaire sans précédent. Sanctions contre Moscou, milliards d'euros d'aide militaire et humanitaire à Kiev, accueil inconditionnel des réfugiés, censure de tous les médias russes sous prétexte de “lutte contre la propagande” (tout en renforçant simultanément la machine de propagande de Kiev durant des mois), etc. J'ai personnellement démystifié des dizaines de rapports manifestement faux dans la presse italienne, de simples copier-coller de The Kyiv Independent et autres médias ukrainiens se livrant à une propagande de guerre incessante, et une mobilisation diplomatique et médiatique sans précédent en faveur du gouvernement ukrainien.
Ce même gouvernement ukrainien, sous la présidence de Petro Porochenko, a commis de nombreux crimes de guerre, comme le bombardement d'infrastructures civiles dans le Donbass ou le déploiement de bataillons paramilitaires extrémistes qui, selon les observateurs internationaux, se sont rendus coupables d'atrocités effroyables sur dissidents et civils. Sans parler de la catastrophe humanitaire provoquée par le conflit avec les séparatistes de l'est, contre lesquels Kiev a opté pour une approche “radicale” qui a fait plus d'un million de déplacés à l'intérieur du pays et des milliers de morts parmi les civils. À l'époque, l'Union européenne était bien moins encline à défendre les civils ukrainiens bombardés par Porochenko dans l'est, tout comme elle se montre aujourd'hui incapable d'exprimer la moindre solidarité envers les Palestiniens massacrés par dizaines de milliers et piégés dans une bande de terre sans issue. En effet, ce n'est pas la couleur des cheveux ou des yeux des victimes qui importe — les habitants du Donbass étaient blonds aux yeux bleus, tout comme à Kiev —, mais leur appartenance à une faction. Cela dit, le racisme, l'islamophobie et la russophobie ont été et restent des éléments essentiels du discours et de la perception publique des deux conflits.
En février 2022, Ursula von der Leyen a condamné les crimes du gouvernement russe contre les civils ukrainiens, les violations du droit international et les attaques contre les infrastructures énergétiques. Des mesures ont été prises pour défendre Kiev contre Poutine, surnommé le “boucher”, et toutes les épithètes possibles et imaginables lui ont été attribuées ces derniers mois.
Souvenez-vous ! À l'époque, on parlait de la “renaissance européenne”, d'une nouvelle ère où le monde démocratique, enfin uni et déterminé, ferait barrage à l'autoritarisme et à la violence des “hordes russes”. Les valeurs européennes des droits de l'homme et de la légalité internationale, fièrement revendiquées par les pays de l'UE, étaient invoquées en tous lieux et sont devenues les fondements du discours officiel, repris en chœur par tous les médias.
Dans un premier temps, cela a fonctionné. Lorsque j'ai commencé à travailler dans le domaine de la communication publique, d'abord sur Instagram, puis en tant que journaliste et essayiste, pour tenter d'expliquer les racines profondes du conflit entre la Russie et l'Ukraine (que je suivais bien avant 2022, contrairement à la plupart des experts de pacotille) le climat était si tendu que j'ai reçu des centaines, voire des milliers d'insultes, de menaces de mort, de viol et toutes sortes d'attaques publiques et privées. Certains m'ont même accusée d'être directement payée par Poutine, d'autres de colporter la propagande russe, d'autres encore d'être complice de l'envahisseur et d'avoir du sang sur les mains. L'hystérie collective était si inquiétante que j'ai souvent eu peur de m'exprimer. Mais pire encore, cette vague de haine et de rage a disparu du débat public aussi vite qu'elle était apparue. Voilà pourquoi il est crucial, aujourd'hui, de mettre les choses en perspective.
Si la réactivité de l'Europe face à l'agression russe prouve que la volonté politique existe, elle ne se manifeste que lorsqu'elle correspond aux intérêts stratégiques des États-Unis. Les actions de Bruxelles et des gouvernements européens ne sont guidées que très rarement par des considérations véritablement humanitaires : ce qui compte, c'est ce qui sert la stratégie américaine. Isoler la Russie, briser l'axe Moscou-Berlin pour réduire son influence en Europe, rompre le partenariat énergétique russo-allemand (et donc russo-européen), affaiblir l'Allemagne en tant que moteur économique de l'Europe pour saper son autonomie politique, empêcher la Russie de devenir une puissance eurasienne et la cantonner à l'Asie : voilà les véritables motivations des États-Unis et de l'Europe.
Depuis octobre 2023, date à laquelle Gaza a été soumise à une offensive militaire dévastatrice ayant fait des dizaines, voire des centaines de milliers de morts (en grande majorité des femmes et des enfants), des millions de déplacés, détruit des hôpitaux, provoqué une famine et causé la destruction systématique des infrastructures civiles, l'Union européenne n'a pas condamné fermement Israël. Bien que ce massacre ait été dénoncé dès le début comme un « génocide plausible » par des dizaines de juristes, de rapporteurs de l'ONU et même par la Cour internationale de justice, l'UE n'a jamais adopté de position tranchée. Pire encore, elle n'a pris aucune mesure concrète. Parmi les actions les plus notables de l'UE au cours des deux dernières années, on peut citer :
- le refus d'appeler au cessez-le-feu immédiat au début du conflit, se contentant de rabâcher le mantra du droit d'Israël à se défendre ;
- la suspension du financement de l'UNRWA sur la base d'allégations non vérifiées, alors que la population de Gaza était déjà au bord d'une crise alimentaire catastrophique ;
- le soutien explicite à Israël de nombreux États membres, en particulier l'Allemagne ;
- la répression interne des manifestations pro-palestiniennes, souvent qualifiées d'“antisémites”, alors qu'elles ne font qu'appeler au respect des droits humains et du droit international.
Le conflit ukrainien a ainsi disparu de l'actualité et du discours public, car le traitement différencié est si flagrant que même ceux qui ignorent tout de la politique internationale sentent immédiatement que quelque chose ne va pas. Ce “quelque chose”, c'est qu'Israël est un allié stratégique des États-Unis (et donc de l'Union européenne, qui n'a aucune autonomie réelle en matière de politique étrangère), et que les États-Unis sont prêts à tout, y compris à bombarder l'Iran et à sanctionner des responsables de l'ONU, pour le défendre.
L'exemple le plus récent en est Francesca Albanese, avocate et universitaire italienne, qui occupe le poste de rapporteure spéciale des Nations unies sur les droits de l'homme dans les territoires palestiniens occupés depuis 2022. Dans le cadre de sa fonction, elle a publié des rapports détaillés sur l'illégalité de l'occupation israélienne, les politiques d'apartheid et les violations du droit humanitaire durant l'offensive sur Gaza. Elle est ainsi devenue l'une des voix les plus influentes dans le débat public sur le sort des Palestiniens de la bande de Gaza grâce à son travail monumental d'information et de dénonciation.
Son engagement est rigoureux et conforme au mandat de l'ONU. Elle est pourtant devenue la cible d'une campagne de dénigrement féroce, tant sur le plan personnel que politique, et a été sanctionnée par Israël et les États-Unis.
{ Voir : Les états voyous ouvrent la chasse contre Francesca Albanese}
Les accusations (vous vous en doutez) sont l'antisémitisme, la partialité et la propagande. Mais en fin de compte, le seul véritable “crime” de Francesca Albanese est d'appliquer le droit international à tous, y compris aux alliés des États-Unis.
Comme l'a souligné le journaliste Paolo Mossetti, le président italien Sergio Mattarella n'a pas hésité à manifester sa solidarité envers l'ancien rédacteur en chef de Repubblica, Molinari, lorsqu'il a été hué par des étudiants, et a rapidement appelé Giorgia Meloni après qu'un internaute anonyme a insulté sa fille Ginevra sur X. En revanche, lorsqu'une citoyenne italienne est sanctionnée et diffamée par une campagne publicitaire Google financée par le gouvernement israélien simplement pour avoir rempli son mandat à l'ONU, aucune institution italienne n'a jugé bon de lui manifester son soutien.
L'Europe se montre d'une part totalement incohérente, avec pour effet d'accroître la méfiance et le scepticisme de l'opinion publique à l'égard des politiques de l'UE depuis le début du massacre à Gaza. D'autre part, elle tente aujourd'hui de restaurer sa légitimité politique via la guerre et la création d'un ennemi commun autour duquel se rallier, à savoir la Russie. Une invasion russe de l'Europe est désormais présentée comme hautement probable et quasi imminente, justifiant “l’urgence” de l'augmentation des dépenses militaires à 5 % du PIB, alors que les médias européens décrivent simultanément l'armée russe comme enlisée en Ukraine depuis plus de trois ans, combattant à coups de pelles et peinant à progresser de quelques kilomètres.
La crise de l'Union européenne n'est pas seulement politique, elle est existentielle. En l'absence d'un projet politique fédérateur et face à ses incohérences flagrantes aux yeux des citoyens européens, seule la menace extérieure semble pouvoir réaffirmer la légitimité politique. Le soutien à l'Ukraine, bien que légitime en termes de solidarité internationale, a ainsi été instrumentalisé non pour défendre des principes juridiques fondamentaux, mais pour repositionner l'UE en tant qu'acteur international pertinent, même si son action se limite pour l'instant au domaine militaire.
La guerre en Ukraine a accéléré une transformation déjà en cours, à savoir la résurgence des blocs militaires comme structure principale de l'organisation géopolitique. D'un côté, l'expansion et le renforcement de l'OTAN ; de l'autre, l'émergence d'alliances alternatives entre la Russie, la Chine, l'Iran et d'autres acteurs du “Sud global”. Cette logique marque une rupture définitive avec l'illusion de l'après-guerre froide selon laquelle le droit international finirait par supplanter la force. Nous assistons désormais à un retour brutal à un monde bipolaire dont les conséquences sont visibles en Ukraine comme en Palestine.
L'Union européenne, pourtant en mesure de se poser en troisième pôle autonome, stabilisateur et médiateur entre les États-Unis et la Russie (ainsi qu'en Méditerranée avec la Palestine), a préféré se rallier sans réserve au bloc atlantique. Il en résulte une soumission diplomatique et militaire apparemment irréversible.
Or, c'est précisément parce que le monde se regroupe autour d'une logique militaire qu'il est plus urgent que jamais de défendre, de redéfinir et de promouvoir le rôle du droit international en tant que fondement commun. Une Europe renonçant à cette mission se trahit non seulement elle-même, mais contribue également à déstabiliser des régions entières, à déclencher de nouveaux conflits et à maintenir un état de guerre perpétuelle.
En bref, l'Europe est morte à Gaza. Et ce ne sont ni le militarisme ni le réarmement qui la sauveront, pas plus qu'ils ne sauveront les Ukrainiens ou les Palestiniens.
Par Thomas Fazi. Source : Europe died in Gaza
Traduit par Spirit of Free Speech
lundi 28 juillet 2025
La Riviera de Gaza
La société israélienne acclame le massacre de Gaza et considère le génocide non pas comme un crime, mais comme l'accomplissement d'un fantasme utopique.
Les Israéliens ne voient pas d'un mauvais œil les images des cadavres squelettiques d'enfants palestiniens qu'ils ont affamés à mort. Ils ne considèrent pas non plus comme un crime de guerre le massacre de familles abattues sur des sites d'aide humanitaire, conçus non pas pour distribuer de l'aide, mais pour attirer les Palestiniens affamés dans un immense camp de concentration au sud de Gaza, en vue de leur expulsion. Ils ne ne sont pas choqués par les bombardements et tirs d'artillerie aléatoires qui fauchent ou blessent des dizaines de civils palestiniens, et tuent en moyenne 28 enfants par jour. Pour eux, rien de barbare dans la destruction méthodique de Gaza, pulvérisée par les bombes et rasée par les bulldozers et les excavatrices, qui a privé pratiquement toute la population de tout abri. Ils se moquent de la destruction des usines de purification de l'eau, la liquidation des hôpitaux et des cliniques, où le personnel médical est souvent dans l'incapacité d'agir, affaibli lui-même par la malnutrition. Ils continuent d’ignorer les meurtres de médecins et de journalistes, dont 232 ont été assassinés pour avoir tenté de documenter l'horreur.
Les Israéliens ont perdu toute lucidité, tant sur le plan moral qu'intellectuel. Ils perçoivent le génocide par le prisme d'une classe médiatique et politique en faillite qui ne leur dit que ce qu'ils veulent entendre et ne leur montre que ce qu'ils veulent voir. Ils s'enivrent de la puissance de leurs armes industrielles et de leur permis de tuer en toute impunité. Ils baignent dans l'adulation et la croyance absurde d'être à l'avant-garde de la civilisation. Ils pensent que l'extermination d'un peuple, y compris d'enfants, accusés d'être des parasites, va rendre le monde, et surtout le leur, plus heureux et plus sûr.
Ils sont les héritiers de Pol Pot, des tueurs qui ont perpétré des génocides au Timor oriental, au Rwanda et en Bosnie, et oui, des nazis. Israël, comme tous les États génocidaires — aucune population depuis la Seconde Guerre mondiale n'a été dépossédée et affamée aussi rapidement et avec une telle cruauté —, adopte une solution finale dont Adolf Eichmann aurait été fier. [1]
La famine a toujours été la dernière étape planifiée du génocide. Dès ses débuts, Israël a méthodiquement détruit les infrastructures alimentaires, bombardant les boulangeries et bloquant les livraisons des denrées de première nécessité à Gaza. Depuis mars, il a encore accentué cette politique en coupant quasiment tous les approvisionnements de vivres. Il a attaqué l'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), dont dépendaient la plupart des Palestiniens pour se nourrir, en l'accusant, sans la moindre preuve, d'être impliqué dans les attentats du 7 octobre. Cette accusation a servi de prétexte aux bailleurs de fonds, comme les États-Unis qui ont accordé 422 millions de dollars à l'agence en 2023, pour cesser leur soutien financier. Israël a ensuite interdit toute activité à l'UNRWA.
Selon le Haut Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme, plus de 1.000 Palestiniens ont été tués par des soldats israéliens et des mercenaires américains pendant les bousculades chaotiques autour des rares colis alimentaires distribués lors des rares ouvertures des quatre sites d'aide gérés par la Gaza Humanitarian Foundation, soutenue par Israël.
Après 21 mois de bombardements intensifs qui ont fait de Gaza une zone lunaire, et alors que les Palestiniens sont contraints de vivre dans des tentes, ou sous des bâches rudimentaires, ou dans la rue, que l'eau potable, la nourriture et l'aide médicale sont devenues pratiquement introuvables, et que la société civile a été anéantie, Israël a lancé sa macabre campagne pour affamer les Palestiniens et les chasser de Gaza.
Une personne sur trois à Gaza passe plusieurs jours sans manger, selon l'ONU.
La famine n'est pas exactement un spectacle plaisant. J'ai couvert la famine au Soudan en 1988, qui a coûté la vie à quelque 250.000 personnes. J'ai des lésions pulmonaires, héritage de mon contact avec des centaines de Soudanais atteints de tuberculose. J'étais en bonne santé et assez fort pour combattre l'infection. Mais eux, faibles et émaciés, n'y sont pas parvenus.
J'ai vu des centaines de silhouettes squelettiques, des fantômes humains, cheminer péniblement dans le paysage désertique du Soudan. Les hyènes, habituées à se nourrir de chair humaine, s'attaquaient régulièrement aux petits enfants. Au milieu d'amas d'os blanchis, à la lisière des villages, j'ai vu des dizaines de rescapés, trop faibles pour continuer à marcher, s'allonger en groupe et ne plus se relever. Ces squelettes étaient souvent ceux de familles entières.
Le manque de calories est fatal pour les populations affamées. Pour survivre, elles mangent n'importe quoi : aliments pour animaux, herbe, feuilles, insectes, rongeurs, voire de la terre. Elles souffrent de diarrhées constantes. Elles ont également du mal à respirer en raison d'infections respiratoires. Elles réduisent en minuscules morceaux les aliments souvent avariés récupérés et les rationnent dans une vaine tentative de calmer les douleurs lancinantes de la faim.
La famine réduit le taux de fer nécessaire à la production d'hémoglobine, une protéine présente dans les globules rouges qui transporte l'oxygène des poumons vers le reste du corps, ainsi que de myoglobine, la protéine assurant aux muscles l’apport en oxygène. Cette carence, associée à d'autres déficits, notamment en vitamine B1, affecte le fonctionnement du cœur et du cerveau. L'anémie s'installe. Le corps se met à s’auto-dévorer. Les tissus et les muscles se dégradent. La régulation de la température corporelle n'est plus assurée. Les reins ne répondent plus. Le système immunitaire vacille. Les organes vitaux s'atrophient. La circulation sanguine ralentit. Le volume sanguin se réduit. Des maladies infectieuses telles que la typhoïde, la tuberculose et le choléra se propagent alors, tuant des milliers de personnes.
Toute concentration devient impossible. Les victimes émaciées sombrent dans le repli sur soi et une apathie mentale et émotionnelle. Elles ne veulent plus être touchées ni déplacées. Le muscle cardiaque s'affaiblit. Même au repos, elles sont dans un état de quasi-insuffisance cardiaque. Les blessures ne guérissent pas. La cataracte altère la vision, même chez les jeunes. Finalement, le cœur s'arrête, terrassé par les convulsions et les hallucinations. Ce processus peut durer jusqu'à 40 jours chez un adulte. Les enfants, les personnes âgées et les malades meurent les premiers. Tel est l'avenir qu'Israël réserve aux deux millions d'habitants de Gaza.
Les Israéliens, eux, se projettent dans un tout autre avenir. Ils entrevoient le paradis. Ils imaginent un État juif ethno-nationaliste où les Palestiniens, dont ils ont volé et occupé la terre, dont ils ont asservi le peuple et l'ont réduit à vivre sous un régime d'apartheid, auraient disparu. Ils rêvent de cafés et d'hôtels construits sur les décombres recouvrant les corps de milliers, voire de dizaines de milliers de Palestiniens. Ils visualisent des touristes se prélassant sur le front de mer de Gaza, vision confortée par une vidéo générée par intelligence artificielle et mise en ligne sur les réseaux sociaux par Gila Gamliel, la ministre israélienne de l'Innovation, des Sciences et de la Technologie.
Cette nouvelle vidéo met en scène des Israéliens insouciants dégustant un repas dans un restaurant en bord de mer. Des yachts de luxe sont amarrés sur une mer Méditerranée scintillante. Des hôtels et des buildings rutilants, dont une Trump Tower, fleurissent sur le front de mer. De beaux quartiers résidentiels s'élèvent là où l'on ne voit aujourd'hui que des monceaux de béton brisé et déchiqueté. On y voit également Benjamin Netanyahou et son épouse Sara, ainsi que Donald et Melania Trump, déambuler le long du front de mer.
Gamliel, tout comme d'autres dirigeants israéliens et Trump, use cyniquement du terme “émigration volontaire” pour décrire le nettoyage ethnique de Gaza. Il occulte le choix cornélien réellement imposé aux Palestiniens : partir ou mourir.
Le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, a appelé à une “annexion pour raisons de sécurité” du nord de la bande de Gaza, en promettant de faire de Gaza “une terre indissociable de l'État d'Israël”.
Il a proféré ces propos lors d'une conférence à la Knesset intitulée “La Riviera de Gaza — du rêve à la réalité”, qui présentait des projets de création de colonies juives à Gaza. Il a déclaré qu'Israël “relocaliserait les Gazaouis dans des pays tiers” et que Donald Trump serait favorable à ce plan.
Amichai Eliyahu, le ministre israélien du Patrimoine, qui a déjà proposé de larguer une bombe nucléaire sur Gaza, a déclaré que
“Gaza toute entière reviendrait aux Juifs”. Selon lui, le gouvernement israélien “fait tout pour que Gaza soit rayée de la carte”. Il a qualifié les Palestiniens de nazis. “Dieu merci, nous sommes en train d'éradiquer ce fléau. Il faut éradiquer cette population nourrie d'idéologie nazie par Mein Kampf”.
Les génocidaires fantasment sur l'éradication d'une population autochtone et l'expansion de leur État ethno-nationaliste. Les nazis ont mené une offensive génocidaire incluant la famine de masse contre les Slaves, les Juifs d'Europe de l'Est et d'autres peuples autochtones, qualifiés d'“Untermenschen”, c'est-à-dire de sous-hommes. Les colons devaient ensuite être envoyés en Europe centrale et orientale afin de germaniser le territoire occupé.
Ces tueurs ne mesurent pas l'ampleur des crimes qu'ils commettent. Les propriétés de luxe en bord de mer dont rêve Israël ne verront jamais le jour, pas plus que la capitale moderne exclusivement serbe avec sa cathédrale au dôme doré, son imposant palais présidentiel, sa tour horloge de 15 étages, son centre médical ultramoderne et son théâtre national doté d'une scène tournante de 22 mètres, qui n'a finalement jamais été construite sur les ruines de la Bosnie.
On y verra plutôt des immeubles hideux peuplés de colons juifs, de racistes, de proto-fascistes et médiocres en tout genre. Ces ultranationalistes, organisés en milices paramilitaires pour s'emparer des terres palestiniennes, ont rejoint l'armée israélienne et ont assassiner plus de 1.000 Palestiniens en Cisjordanie depuis le 7 octobre. Ce sont eux qui incarneront Israël. Ils sont l'équivalent israélien des 3 millions de membres de la Pancasila Youth, l'organisation indonésienne d'extrême droite, qui, en 1965, est responsable d'un génocide qui a fait entre 500.000 et 1 million de morts.
Ces milices rebelles, équipées d'armes automatiques fournies par le gouvernement israélien, ont lynché Saifullah Musallet, un Palestino-Américain de 20 ans qui tentait de protéger les terres de sa famille, il y a deux semaines. Il est le cinquième citoyen américain tué en Cisjordanie depuis le 7 octobre.
Et quand les Palestiniens ne seront plus qu'un lointain souvenir, ces voyous et ces brutes israéliens se retourneront les uns contre les autres.
Le génocide à Gaza signe l'abolition de l'État de droit, tant pour les Israéliens que pour les Palestiniens. Il sonne le glas du dernier semblant de code éthique. Les Israéliens ne sont plus que les barbares qu'ils prétendent condamner. S'il y a une quelconque justice pervertie dans ce génocide, c'est que les Israéliens, une fois qu'ils en auront fini avec les Palestiniens, seront contraints de vivre ensemble dans un délabrement moral absolu.
Par Chris Hedges, le 26 juillet 2025.
Traduit par Spirit of Free Speech
https://numidia-liberum.blogspot.com/2025/07/la-riviera-de-gaza.html