"Le pape François n'a jamais hésité à rappeler aux chrétiens du monde, depuis 18 mois, qu'il est impossible de taire ce qui se passe à Gaza.
Je vois bien les difficultés de beaucoup de mes frères et sœurs catholiques, en France, à comprendre les enjeux.
Il y a ceux qui me disent : mais critiquer Israël c'est s'allier aux antisémites. Terrible confusion, offensante pour les très nombreux juifs à travers le monde, et jusqu'en Israël, qui rejettent le gouvernement Netanyahou et sa prétention de parler pour les juifs du monde entier.
Il y a ensuite ces catholiques qui me disent : mais vous n'allez pas défendre l'islam, quand même ? Comme s'il n'y avait pas de Palestiniens chrétiens et comme s'ils n'étaient pas autant maltraités que leurs compatriotes musulmans. Comme si les musulmans et les chrétiens ne croyaient pas au même Dieu, créateur et miséricordieux. Comme si nous n'étions pas, chrétiens, musulmans, et juifs, 3 communautés filles d'Abraham. Comme si l'on regardait l'identité d'une victime avant de la secourir !
La Guerre de Gaza, la colonisation accélérée de la Cisjordanie, l'abandon du Liban et du peuple syrien auxquels nous assistons nous font prendre conscience du terrible silence de la plupart des chrétiens occidentaux devant les millions de morts causés par les guerres américaines depuis 35 ans au Proche- et au Moyen-Orient.
Les chrétiens de France et d'Occident ont un sérieux examen de conscience à faire. Seraient-ils secrètement fascinés par la puissance de l'argent américain et par les déchaînements de violence des armées occidentales au Proche-Orient ?
En 1991, saint Jean-Paul II avait supplié Washington et ses alliés de ne pas mettre le doigt dans l'engrenage d'une nouvelle violence au Proche-Orient. Une génération plus tard, son successeur le pape François a ce geste prophétique d'appeler quotidiennement au téléphone le curé de la paroisse de la Sainte Famille à Gaza.
Certains diront que ces voix prophétiques seront toujours étouffées par le vacarme des bombardements. Mais il est facile de répondre: est-ce parce que le navire est en pleine tempête que l'on va jeter la boussole à la mer ?