C’était l’évènement que toute la Biennale attendait. Pour la 82e édition de la Mostra de Venise, le Lido a accueilli l’équipe du film The Voice of Hind Rajab. Le long-métrage aborde la guerre à Gaza sous le prisme d’une fillette tuée en tentant de fuir la ville sous les bombes israéliennes. Avant même les projections du film, ce dernier était dans toutes les têtes. Et la conférence de presse qui a eu lieu ce mercredi restera peut-être l’un des moments les plus forts de cette édition.
Le long-métrage de Kaouther Ben Hania a été présenté à la presse lors de plusieurs projections, puis comme pour tous les films en compétition, l’équipe du film s’est réunie devant les journalistes pour la traditionnelle conférence de presse visible sur YouTube. Mais celle-ci ne s’est pas déroulée comme toutes les précédentes.
Avant même que la première question ne soit posée, la comédienne Saja Kilani a pris la parole pour faire une déclaration au nom des acteurs et de toute l’équipe du film. Une déclaration solennelle puissante pour souligner les violences commises sur la population civile par l’armée israélienne à Gaza depuis bientôt deux ans. « Est-ce que ça ne suffit pas ? Les tueries de masses, la famine, la déshumanisation, la destruction, l’occupation. The Voice of Hind Rajab n’a pas besoin qu’on le défende. Ce film n’est pas un point de vue, ou un fantasme. Il est ancré dans la vérité. Le destin de Hind est celui de toute une population », a énoncé l’actrice, la voix assurée.
Assez. Pas un jour, pas demain, maintenant
Le film retracera son histoire du point de vue des opérateurs du Croissant rouge palestinien qui étaient en ligne avec la petite fille durant le bombardement au cours duquel elle a perdu la vie. « L’histoire de Hind c’est celle d’une petite fille qui appelle à l’aide ’sauvez-moi’. La vraie question est celle-ci : comment avons-nous laissé une fillette avoir besoin de supplier qu’on lui sauve la vie ? Il faut que la voix de Hind résonne dans le monde entier, et vous rappelle le silence qui étouffe Gaza. Qu’elle mette un mot sur le génocide qu’on refuse de nommer. Et qu’elle porte ce message : Assez. Pas un jour, pas demain, maintenant », a conclu la comédienne palestinienne, reprenant le mot « enough » inscrit sur son pins, identique à celui porté par toute l’équipe du film.
Le soutien de Joaquin Phoenix
La réalisatrice a aussi répondu à une question concernant les récents soutiens de poids reçus par le film affirmant n’avoir « jamais imaginé cela possible ». Les figures du 7e art que sont Brad Pitt, Alfonso Cuaron, le réalisateur du film La Zone d’Intérêt Jonathan Glazer, ou Joaquin Phoenix ont en effet, quelques jours avant sa présentation, apporté leur soutien à The Voice of Hind Rajab en devenant producteurs exécutifs du film. La star de Joker était d’ailleurs présente ce mercredi en compagnie de son épouse. Joaquin Phoenix et Rooney Mara ont en effet été photographiés sur le tapis rouge de la conférence de presse affublés d’un pins rouge de soutien à la Palestine, représentant une main levée et un cœur noir, symbole d’un appel au cessez-le-feu.
Sur le tapis rouge officiel qui a eu lieu quelques heures après, le couple de célébrités américaines était à nouveau présent aux côtés du casting. Tous portaient du noir rendant leur pins très visible. L’acteur Motaz Malhees tenait dans les mains un portrait de Hind Rajab.