dimanche 30 mars 2025

Le feu que nous allumons reviendra nous hanter



L’écrivain israélien Dror Mishani : 

“Je suis horrifié … le feu que nous allumons reviendra nous hanter… Pour notre gouvernement, il n’y a plus d’êtres humains, seulement des ennemis sans visage, et il n’a plus aucune retenue, ni légale ni morale. Et cette violence sans retenue ne s’arrêtera pas à Gaza, c’est sûr… Un gouvernement qui cause la mort de centaines de Palestiniens en une nuit ne s’arrêtera pas là…”

“En Israël, beaucoup de gens refusent d’entendre parler des Palestiniens. Ils ne veulent pas connaître la souffrance de l’autre...

Ce genre de réflexe est terriblement dangereux : c’est la garantie que la guerre ne finira jamais. Dans ce contexte, la réaction des Israéliens aux idées de Donald Trump a été horrifiante : la très vaste majorité pense que le déplacement de la population palestinienne hors de Gaza serait une bonne idée. J’ai peur que, même si le président américain change d’opinion sur le sujet, l’idée n’ait pris racine dans l’esprit des Israéliens…

Des dizaines de milliers d’Israéliens, parmi les plus éduqués, sont déjà partis. Des universitaires, des gens qui travaillent dans la tech, des médecins, des écrivains. C’est un processus silencieux qui peut, lui aussi, nous détruire.

Quant à moi, je ne resterai pas si le programme de Donald Trump visant à déplacer la population palestinienne était mis à exécution. Le fait d’être là en sachant ce que l’armée israélienne a fait à Gaza n’est déjà pas confortable. Je me demande parfois si, par ma seule présence, je ne soutiens pas tacitement les opérations militaires. D’un autre côté, je veux essayer d’avoir une petite influence sur le débat dans mon pays. Je ne veux pas rester par peur ou par habitude, mais pour tenter de combattre l’extrême droite en Israël.”