jeudi 20 mars 2025

"Chaque jour, nous vivons dans un état de terreur indescriptible"



Les quadricoptères israéliens s’approchent de nos tentes tous les jours, mais aujourd’hui, au moment même où je vous parle, ils se sont beaucoup rapprochés. Ils ont commencé à émettre le bruit d’une ambulance, puis l’ont remplacé par des aboiements violents de chiens, puis par des cris des mères palestiniennes. Après cela, ils s'envolent au loin.

Chaque jour, nous vivons dans un état de terreur indescriptible. Ma maison – ou plutôt ma tente – se trouve désormais à environ deux kilomètres du mur de l’apartheid. Chaque jour, ils tentent de nous intimider et de nous terrifier de toutes les manières possibles. Mais je ne suis pas sûr de pouvoir vous dire que je suis encore capable de vivre dans de telles conditions. L’espoir en nous demeure, mais il commence à s’estomper, tout comme le corps de mon ami a été brisé en morceaux, des morceaux que j’essaie de rassembler chaque jour.

Ma famille et moi portons sur notre dos une tristesse, un chagrin et une angoisse suffisamment lourds pour former une montagne de larmes.

Mais je sais aussi que leur brutalité est un signe de leur peur. Ils ont peur, même du drapeau palestinien que j’ai hissé au-dessus de ma tente.

La mort vit parmi nous, mais la peur vit en vous. Quelle occupation honteuse vous faites.

Témoignage d'Omar Hamad, traduit par Meriem Laribi.

Meriem Laribi est journaliste indépendante. Elle a écrit "Ci-gît l'humanité - Gaza, le génocide et les médias".

Tel un journal de bord, cet ouvrage retrace sa veille médiatique d'une année de génocide commis par Israël à Gaza du 7 octobre 2023 au 7 octobre 2024. Suivant les événements au fil des semaines, elle démasque les fausses informations et la propagande qui se déversent dans les médias afin de nous livrer une histoire immédiate du premier crime contre l'humanité diffusé sur les réseaux sociaux. Refusant toute fausse neutralité face à la barbarie, l'auteure fait part de l'horreur et parfois du désespoir qui peuvent l'envahir face à cette tragédie mais sans jamais la faire renoncer à mener la bataille de la vérité. Ouvrage préfacé par Alain Gresh.