vendredi 31 octobre 2025

Amnesty International accuse les États-Unis de crimes de guerre après le bombardement d’un centre de migrants au Yémen


Amnesty International fait état de bombardements américains sur un centre de détention de migrants au Yémen. L’association réclame une enquête pour crimes de guerre et des réparations pour les victimes.


Amnesty International dénonce des bombardements aériens menés sciemment par l’armée américaine le 28 avril 2025 contre un centre de détention pour migrants, à Saada, dans le nord-ouest du Yémen. L’opération a fait 61 morts et 56 blessés.

L’armée américaine serait responsable de crimes de guerre au Yémen. Selon Amnesty International, elle aurait frappé sans discernement, le 28 avril 2025, le centre de détention de migrants de Saada dans le cadre de l’opération « Rough Rider », une offensive de militaire de grande ampleur lancée par les États-Unis contre les rebelles houthis de mars à mai 2025.
Les bombardements américain sur un site civil suscitent l’indignation

Cette offensive n’aurait dû viser que des infrastructures militaires. Mais l’enquête menée par Amnesty International, qui s’appuie sur des entretiens avec des migrants survivants de l’attaque, ainsi que sur l’analyse d’éléments numériques comme des images satellite, des photos et des vidéos, démontre que l’armée américaine a failli à faire la distinction entre des biens à caractère civil et des objectifs militaires. Une omission meurtrière : le bilan est de 61 morts et 56 blessés.

« Les témoignages bouleversants des rescapés décrivent un bâtiment civil, rempli de détenus, bombardé sans discernement. Cet événement est un manquement meurtrier des États-Unis au devoir de respecter une de leurs principales obligations au titre du droit international humanitaire : mettre en œuvre toutes les mesures possibles afin de confirmer que la cible d’une attaque est bien un objectif militaire », a déclaré Kristine Beckerle, directrice régionale adjointe pour le Moyen-Orient et l’Afrique à Amnesty International.

Selon les témoignages, l’espace était ouvert, montrant clairement les personnes présentes à l’intérieur, toutes des migrants privés de libertés et incarcérés dans le camp. À cela s’ajoute le fait que le camp était connu publiquement pour ses fonctions et utilisé depuis des années par les houthis pour y incarcérer des migrants. Ces éléments auraient dû permettre à l’armée américaine de déterminer que le camp n’était rempli que de civils.

Alors qu’en vertu du droit international, les États-Unis sont sensés tout faire pour déterminer si la cible visée est un objectif militaire et, en cas de doute à cet égard, s’abstenir de lancer une attaque, Amnesty International pointe du doigt un manquement.

Les récits des survivants et des preuves numériques

Les rescapés ont déclaré s’être réveillés terrifiés et avoir couru vers le portail du centre de détention. Ils ont appelé à l’aide en hurlant et ont tambouriné à la porte, demandant aux gardiens de la prison de les laisser sortir afin qu’ils puissent se mettre en sécurité.

Au lieu de cela, les gardiens ont tiré des coups de semonce pour que les détenus restent à l’intérieur. Quelques minutes plus tard, une deuxième frappe aérienne américaine s’est abattue sur le centre de détention pour migrants. Les autorités houthies, elles, nient toute faute concernant les conditions de détention et ont fourni une liste des victimes de l’attaque américaine.

Parmi les survivants, Amnesty International en a interrogé une quinzaine, qui offrent des témoignages glaçants. 14 d’entre eux ont subi des blessures graves dont ils garderont des séquelles à vie.

« J’étais enseveli sous les décombres et, au bout d’une heure environ, mon frère est venu me sortir de là », a raconté l’un des survivants à Amnesty. « Je saignais… J’avais une blessure à la tête et j’ai perdu la vue d’un œil… C’est un miracle que nous ayons survécu et que nous soyons sortis de là ».

Amnesty réclame une enquête pour crimes de guerre

Face à ces manquements, Amnesty International exige la tenue d’une enquête pour crimes de guerre afin de déterminer les responsabilités de l’armée américaine et ses manquements dans l’opération, pour envisager ensuite de potentielles réparations aux victimes et à leurs proches.

« Les rescapés de cette attaque méritent que justice leur soit pleinement rendue. Ils doivent bénéficier dans les meilleurs délais de réparations complètes dignes de ce nom, à savoir : restitution, indemnisation, réadaptation, satisfaction et garanties de non-répétition », a déclaré Kristine Beckerle.

Pointés du doigt par Amnesty International, le commandement militaire américain (CENTCOM) et le commandement opérationnel conjoint spécial (JSOC) des États-Unis n’ont pas apporté ou que très vaguement des réponses. Le CENTCOM a simplement déclaré « évaluer tous les signalements de dommages aux civils », les prenant tous « au sérieux » et les examinant « avec rigueur », une réponse jugée insuffisante par l’association.

Source