Macron, "antisémite" ?
Tout comme de Gaulle, Mitterrand, Chirac, Sarkozy ou Hollande, Emmanuel Macron a beaucoup donné à la communauté juive de France. Il aura suffi d'un seul écart de sa part pour qu'il soit considéré par certains excités comme "antisémite", comme l'avaient été de Gaulle, Mitterrand et Chirac avant lui. En l'occurrence, Macron vient de nouveau de confirmer que la France doit maintenant cesser de livrer des armes à l'Etat hébreu. Il n'en fallait pas plus pour susciter "un grand émoi dans la communauté". On le sait, il y a chez certains d'entre eux une "grande intolérance à la frustration" (cf. mon livre "Psychanalyse du judaïsme").
Voici ce que j'écrivais en 2007 dans le livre intitulé "Le Fanatisme juif", page 190, chapitre "critiquer Israël". Vous voyez bien qu'il n'y a rien de nouveau : ... Ces pressions exercées contre toute personne qui ose émettre une critique, et les représailles qui s’ensuivent, ne sont pas nouvelles en France, et peuvent même s’exercer contre les plus hauts personnages de l’État. Le journaliste François Brigneau, dans le journal National Hebdo du 31 octobre 1996 ─ rappelait les déboires du général de Gaulle après ses propos tenus après la guerre des Six Jours, en 1967 :
« Le général de Gaulle nourrissait pour l’État hébreu une amitié particulière. On cite souvent son toast : “Israël, notre ami, notre allié…” prononcé d’une voix vibrante. » Le 2 juin 1967, pourtant, de Gaulle décidait l’arrêt total et immédiat des envois d’armes au Moyen-Orient. Le 5 juin, l’armée israélienne attaquait sur tous les fronts. La Guerre des Six jours s’ouvrait par l’écrasement au sol de l’aviation égyptienne : « Partout victorieux, les soldats de la Paix (Shalom ! Shalom !) occupaient le Sinaï, le Golan et la Cisjordanie. L’embargo ─ qui ne fut ni ne devait être jamais respecté ─ ne les avait pas gênés. De Gaulle le maintenait néanmoins, condamnait Israël et refusait de “tenir pour acquis les changements réalisés sur le terrain par l’action militaire”. »
Le 27 novembre, dans une conférence de presse demeurée célèbre, il osait parler de « l’État d’Israël guerrier et résolu à s’agrandir », et d’un « peuple sûr de lui et dominateur ».
« Aussitôt, les chofars sonnaient dans tous les coins, écrit François Brigneau. Le Grand Rabbin Kaplan accusait le général de Gaulle de “donner la plus haute des cautions à des campagnes de discrimination.” Raymond Aron, que l’on tenait pour un esprit supérieur et modéré, écrivait : “Le général de Gaulle a sciemment, volontairement, ouvert une nouvelle période de l’histoire juive, et peut-être même de l’antisémitisme”.
Six mois plus tard, en mai 1968, un chahut d’étudiants, conduit par des meneurs en majorité juifs, orchestré par toutes les radios, tournait au soulèvement et ébranlait le pouvoir gaullien. Encore onze mois et il s’effondrerait, au soir du référendum perdu. »
Le référendum d’avril 1969 sur la régionalisation avait en effet provoqué le départ du général. François Brigneau présente ici les témoignages suivants, tirés de l’ouvrage de Samy Cohen, intitulé "De Gaulle, les gaullistes et Israël" (Alain Moreau, 1974, p. 209). « Un livre qui n’est pas hostile aux sionistes », tient-il à préciser.
Six mois après le référendum, François Mauriac a ainsi pu s’exprimer : « J’ai vu, quelques mois avant le référendum, des hommes que la politique du général vis-à-vis de Jérusalem rendait fous. Et ce n’était pas des individus dépourvus de moyens. »
Dans le Libre Journal du 19 décembre 2003, Brigneau relate encore : « Six mois plus tard, dans le Figaro littéraire, François Mauriac révélait “ce que personne n’ose rappeler, tant on a peur d’être accusé d’antisémitisme”. Une des causes du triomphe du “non” au référendum, ce fut la politique du Général à l’égard d’Israël. Je regrette de n’avoir pas conservé certaines lettres où des amis juifs, fervents gaullistes, devenaient d’un seul coup des adversaires implacables” (24 novembre 1969).
Le livre de Samy Cohen donnait encore le témoignage de Léon Noël, ambassadeur, qui dénonçait les « Israéliens de France » : « Lors du fatal référendum d’avril 1969, écrivait-il, leur opposition a pesé sur le résultat au point qu’il n’est pas exagéré de les tenir pour responsables, en grande partie, du résultat. »
Edmond Michelet, ancien déporté, ministre de la Justice, ministre d’Etat le confirmait : « Ceux qui ont fait basculer effectivement la majorité, ce sont des centaines de milliers de juifs… Ils ont entre leurs mains une grande partie des ... »
Hervé Ryssen.