dimanche 19 octobre 2025

Malgré le cessez-le-feu, la France livre du matériel militaire à Israël




Une semaine après la signature du cessez-le-feu entre Israël et le Hamas, Disclose révèle qu’un lot de matériel fabriqué par la société française Sermat doit être expédié en Israël, lundi 20 octobre. Ces composants sont destinés à des drones conçus par Elbit Systems, l’un des principaux fournisseurs de l’armée israélienne. Depuis le début de la guerre à Gaza, il s’agit du quatrième contrat mis au jour par Disclose entre une entreprise française et un acteur de l’industrie militaire israélienne.

Mercredi 15 octobre, le transporteur UPS a pris en charge une marchandise sensible qu’il doit acheminer en Israël. À l’intérieur : huit colis contenant des générateurs électriques, ou « alternateurs », fabriqués par la société Sermat, spécialisée dans « la fabrication d’électromécanismes destinés aux marchés […] de l’aéronautique, de l’armement et du domaine spatial ». Livraison prévue le 20 octobre. Destination : l’entreprise d’armement Elbit Systems, à Karmiel, dans le nord d’Israël. D’après notre enquête, ces pièces détachées sont conçues pour équiper des drones Hermes 900. Un modèle massivement utilisé par l’armée israélienne à Gaza.

Cette livraison, qui intervient une semaine après l’adoption du plan de paix et un fragile cessez-le-feu entre Israël et le Hamas, est la dernière d’une longue série. Depuis deux ans, le constructeur français a livré, selon nos informations, 29 alternateurs à Elbit Systems, l’un des principaux fournisseurs d’armes de l’État hébreu. Mais ce n’est pas tout : Sermat a aussi livré 171 actionneurs à son client israélien ; des moteurs électriques qui servent à « la stabilisation et [au] contrôle précis » de drones, selon le fabricant. Plus des trois quarts de ces actionneurs ont été livrés par avion entre 2024 et aujourd’hui. Montant total des livraisons : 843 300 euros.

Après les maillons pour munitions de mitrailleuses d’Eurolinks, les « transpondeurs » pour drones livrés par Thales début 2024 et les tubes de canons d’Aubert & Duval, qui devaient quitter le port de Fos-sur-Mer en juin 2025, avant leur interception par les dockers, Disclose révèle donc un quatrième marché entre une entreprise française et un fournisseur d’armement à l’armée israélienne. Et ce, alors que la Cour internationale de justice alerte sur le risque de génocide du peuple palestinien depuis le 26 janvier 2024. Et en dépit des déclarations du Premier ministre, Sébastien Lecornu, qui a encore affirmé, mardi 14 octobre, à l’Assemblée nationale, qu’aucune « arme française n’est allée à la destination de Tsahal ». Sans fournir de garantie.

Selon nos informations, les alternateurs en cours d’expédition sont conçus pour équiper des drones Hermes 900. Ces aéronefs capables de voler plus de 30 heures sont massivement déployés à Gaza depuis le déclenchement de l’offensive israélienne en réponse aux attaques du Hamas le 7 octobre 2023. Ils peuvent être armés de missiles et de bombes guidées comme les Mikholit. Des débris de ces bombes ont été identifiés par Trevor Ball, chercheur pour le média d’investigation Bellingcat, dans plusieurs attaques contre des civils. Comme celle qui a visé un convoi humanitaire et tué neuf personnes, dont trois journalistes, le 15 mars dernier.


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“La seule chose que je ne peux pas accepter, vraiment, vraiment, c'est de dire que la France a participé à un génocide à Gaza. Pas une arme française n'est allée à la destination de Tsahal”, a déclaré le Premier ministre français Sébastien Lecornu, le mardi 14 octobre, à l'Assemblée nationale.