"Je ne pardonnerai pas à ceux qui se sont tus sur Gaza. Quelqu'un qui vient aujourd'hui vous parler de justice sociale, de féminisme, d’humanisme aura perdu toute crédibilité pour porter ces combats là." Aymeric Caron
lundi 6 octobre 2025
L’État sioniste, une secte nationaliste
La création de l’État sioniste se révéla être encore plus de mauvais augure que l’autre création des juifs talmudiques de Russie - la révolution communiste. La seconde partie de ce compte rendu des années de paroxysme a donc à voir avec les événements dans l’État sioniste, pendant les huit ans entre sa création par la terreur en 1948 et son attaque de l’Égypte en octobre 1956.
En ces années-là, le petit État improprement nommé « Israël » se révéla être quelque chose d’unique dans l’histoire. Il était gouverné, tout comme il fut conçu, installé et en grande partie peuplé, par des juifs non sémitiques de Russie, de la race des Khazars. Fondé sur une tradition tribale datant de l’Antiquité, avec laquelle ce peuple ne pouvait avoir aucun lien de sang imaginable, il développa un chauvinisme féroce basé sur l’application littérale de la Loi des Lévites dans l’ancienne Juda. Minuscule, il n’avait pas d’existence en propre et dès le début vécut seulement des richesses et des armes que ses puissants sympathisants des grands pays occidentaux pouvaient soutirer à leurs pays. Pendant ces années, il l’emporta sur les seigneurs de la guerre les plus belliqueux de l’Histoire, dans des paroles et des actions guerrières. Dirigé par des hommes de la même origine que ceux qui exerçaient la terreur en Pologne et en Hongrie, il menaça quotidiennement les sept peuples sémitiques voisins de la destruction et de l’asservissement prescrits pour eux dans le Deutéronome des Lévites.
Il fit cela dans la croyance non dissimulée que son pouvoir dans les capitales occidentales était suffisant pour dissuader les gouvernements de ces pays de jamais contredire sa volonté, et pour ordonner leur soutien en toutes circonstances. Il se comportait comme si l’Amérique, en particulier, était sa colonie, et les actes de ce pays se conformaient à cette idée. À l’intérieur de ses frontières, ses lois contre la conversion et le mariage mixte étaient celles du ô combien cité Hitler ; au-delà de ses frontières s’étendait une horde d’Arabes indigents, qu’il avait repoussés dans le désert, et dont le nombre s’éleva, par les naissances, à presque un million au cours de ces huit ans. Par des massacres et des raids répétés, on rappela à ces populations, et à leurs hôtes involontaires, que le sort de Deir Yassin leur pendait au nez aussi : « détruis totalement, homme, femme et enfant, … ne laisse rien en vie qui respire ». Les pays occidentaux, ses créateurs, murmurèrent des reproches tout en lui envoyant de l’argent et les moyens nécessaires à la guerre qu’ils prétendaient craindre ; ainsi, comme Frankenstein, ils créèrent l’organisme destructeur qu’ils ne pouvaient contrôler.
Fondé sur l’imagination, le petit État n’avait pas d’existence réelle, juste le pouvoir de répandre le malaise de par le monde - qui dès le moment de sa création n’eut aucun véritable moment de répit pour sortir de la peur. Il commença à accomplir les paroles de la Promesse ancienne : « À partir d’aujourd’hui, je répandrai la terreur et la crainte de toi parmi les peuples qui sont sous tous les cieux… [et qui] seront dans l’angoisse à cause de toi ».
Abandonné à ses propres ressources, il se serait effondré, tout comme le « Foyer National juif » des années de l’entre-deux-guerres se serait effondré. L’envie puissante de le quitter une fois encore commença à surmonter l’envie puissante d’y entrer, et cela en dépit du pouvoir du chauvinisme, qui pendant un temps triomphe de presque toutes les autres impulsions chez ceux qui y cèdent. En 1951, déjà, les départs auraient dépassé les arrivées, excepté que l’ « ouverture incroyable » mentionnée plus tôt (New York Herald Tribune, avril 1953) se fit alors « dans le Rideau de Fer » (où les ouvertures n’ont guère lieu, à moins d’être intentionnées ; l’État communiste révolutionnaire avait à l’évidence un but calculé en réapprovisionnant l’État sioniste révolutionnaire avec des habitants à cette période). Néanmoins, en 1952, 13 000 émigrés partirent et seulement 24 470 entrèrent, et en 1953 (la dernière année pour laquelle je possède des chiffres), l’émigration dépassa l’immigration, selon l’Agence juive. Un certain Dr Benjamin Avniel, prenant la parole à Jérusalem, dit au mois de juin que dans les cinq premiers mois, 8500 immigrants étaient arrivés et 25 000 personnes étaient parties.
C’était l’évolution naturelle, si « Israël » était livrée à elle-même, car elle n’avait rien d’autre à offrir que le chauvinisme. Le portrait des conditions de vie sur le territoire est donné par les autorités juives. M. Moshé Smilanski (fort de soixante ans d’expérience en Palestine) écrivit dans la Jewish Review [NdT : la revue juive] de février 1952 :
« Quand le mandat britannique a pris fin, le pays était riche. Les entrepôts alimentaires, privés et gouvernementaux, étaient pleins et il y avait un bon stock de matières premières. Le pays avait trente millions de livres à la Banque d’Angleterre, en plus de fonds britanniques et américains en grande quantité. La monnaie en circulation était d’environ trente millions de livres, qui avaient la même valeur que la livre sterling… Le gouvernement mandataire nous a laissé un héritage de valeur, le port profond d’Haïfa, deux digues à Jaffa et Tel Aviv, des chemins de fer, de nombreuses routes et des bâtiments gouvernementaux de qualité, des terrains d’aviation militaires et civils très bien équipés, des casernes militaires de qualité et les raffineries de Haïfa. Les Arabes qui ont fui ont laissé derrière eux environ cinq millions de dounams de terre cultivable, comprenant des vergers, des orangeraies, des oliveraies, des vignes et des arbres fruitiers, environ 75 000 maisons d’habitation en ville, dont certaines très élégantes, environ 75 000 magasins, usines et biens mobiliers, des meubles, des tapis, des bijoux, etc. Tout ceci représente de la richesse, et si nous, en Israël, sommes tombés dans la pauvreté, nous accusons l’excessive centralisation bureaucratique, la restriction de l’entreprise privée et la promesse d’un régime socialisant pour notre époque ».
En avril 1953, M. Hurwitz du Parti révisionniste d’Israël parla, devant une audience juive à Johannesburg, de la « dégradation » de l’État sioniste. Il dit qu’il ne pouvait rester aveugle à cette situation alarmante :
« Économiquement, le pays est au bord de la faillite. L’immigration a diminué et durant les derniers mois, il y a eu plus de gens qui ont quitté le pays qu’il n’y en a qui y sont entrés. De plus, nous avons 50 000 chômeurs et des milliers de plus qui sont au chômage partiel ».
On pourrait comparer ces deux citations (j’en ai de nombreuses autres d’une teneur similaire) venant de résidents juifs, à l’image de la vie en Israël que les populations occidentales recevaient de leurs hommes politiques. Un certain M. Clement Davies (leader du Parti libéral britannique - qui avait 401 sièges à la Chambre des communes en 1906, et 6 sous son leadership, en 1956), devant une audience juive à Tel Aviv, « salua les progrès en cours dans l’État juif, qui pour lui semblaient être un miracle de progrès le long de la voie de la restitution du pays à une terre où coulaient le lait et le miel » (publié dans le même journal juif que les remarques de M. Hurwitz). À la même période, M. Franklin D. Roosevelt Junior, en campagne électorale à New York (où « le vote juif » est considéré comme décisif) dit : « Israël est une parcelle de vie et d’espoir dans l’océan des populations arabes grouillantes. Elle « vend la liberté » pour le monde libre avec plus de succès que toute la propagande que nous avons pu envoyer des États-Unis d’Amérique ».
M. Adlai Stevenson, faisant campagne pour la présidence de 1952, dit au public sioniste qu’ « Israël a accueilli parmi elle, à bras ouverts et chaleureusement, tout son peuple en recherche d’un refuge contre l’adversité… L’Amérique ferait bien de prendre exemple, concernant ses propres politiques d’immigration, sur la générosité de la nation d’Israël, et nous devons œuvrer dans ce but » (la seule signification possible à cela est que le peuple américain devrait être chassé des États-Unis et qu’on devrait rendre leurs terres aux Indiens nord américains). Un autre aspirant à la présidence, un certain M. Stuart Symington, dit qu’« Israël est un exemple de la manière dont la détermination, le courage et l’action constructive peuvent finir par l’emporter, pour les idéaux démocratiques, au lieu d’abandonner le terrain à l’impérialisme soviétique » (à environ la même période, les professeurs de l’État israéliens étaient en train de chanter le Drapeau Rouge [l’hymne du parti travailliste - NdT] par décret gouvernemental, le Premier Mai, tandis que les politiciens de Washington et de Londres fulminaient contre « l’antisémitisme derrière le Rideau de Fer »).
Face à l’inversion prolongée de la vérité par les hommes politiques de tous les partis d’Amérique et d’Angleterre, seules des protestations juives - comme dans les décennies précédentes - se firent entendre (pour la raison donnée auparavant, qui est que l’on empêcha efficacement les écrivains non-juifs de publier de telles protestations). M. William Zukerman écrivit :
« La théorie généralement acceptée selon laquelle l’émergence de l’État d’Israël servirait à unifier et à cimenter le peuple juif s’est révélée fausse. Au contraire, le Congrès » (le Congrès sioniste de Jérusalem, 1951) « a démontré de manière dramatique que la création d’un État politique juif après deux mille ans a introduit une nouvelle et puissante distinction, que les juifs en tant que groupe n’ont pas connue depuis des siècles, et qu’il est probable qu’Israël séparera plutôt qu’elle n’unira les juifs à l’avenir… D’une façon quelque peu mystique, Israël est censée avoir une juridiction unique sur les dix à douze millions de juifs qui vivent dans tous les pays du monde en dehors d’Israël… Elle doit continuer à s’agrandir en important des juifs du monde entier, peu importe s’ils vivent heureux dans leur pays actuels… Les juifs qui vivent dans ces pays depuis des générations et des siècles, doivent selon cette théorie être « rachetés » de « l’exil » et amenés en Israël par un procédé d’immigration de masse… Les leaders israéliens de tous les partis, depuis l’extrême droite jusqu’à l’extrême gauche, y compris le Premier ministre Ben Gourion, ont commencé à exiger que les juifs américains, et particulièrement les sionistes, tiennent leurs engagements envers l’ancienne patrie, quittent « l’exil » américain et s’installent en Israël, ou au moins y envoient leurs enfants… Le Congrès de Jérusalem a officiellement marqué la fin de la gloire du sionisme américain et l’inauguration d’une période d’intense nationalisme moyen-oriental… façonné sur le modèle de feu Vladimir Jabotinsky, qui rêva d’un grand État juif sur les deux rives du Jourdain, pour y inclure tous les juifs et pour devenir la plus grande puissance militaire du Proche-Orient ».
M. Lessing J. Rosenwald protesta de façon similaire :
« Nous déclarons notre invariable opposition à tous les programmes destinés à transformer les juifs en un bloc nationaliste aux intérêts particuliers dans l’État étranger d’Israël. La politique dictée par M. Ben Gourion pour le sionisme américain encourage les sionistes à intensifier leurs efforts pour organiser les juifs américains en bloc de pression politique indépendant, aux États-Unis. Ce programme est destiné à transformer les juifs américains en colonie spirituelle et culturelle d’un État étranger… Nous pensons que le nationalisme « juif » est une distorsion de notre foi, la réduisant, depuis des dimensions universelles, aux dimensions d’une secte nationaliste ».
Les protestations juives, c’était tout naturel, étaient suscitées par la crainte de l’effet du sionisme, en tant que générateur de discorde, sur les juifs. Cela n’était qu’un aspect infime du problème : le véritable danger du sionisme se trouvait dans sa capacité à diviser les nations du monde entre elles et à les amener à entrer en collision, catastrophe dans laquelle les grandes populations de l’humanité seraient impliquées dans une proportion de cent ou d’un millier pour chaque juif.
Décrire cette évidente probabilité était une hérésie dans les années 1950, et les protestations non-juives restèrent impubliées, tandis que les protestations juives furent inefficaces. En 1953, le journal juif de New York, Commentary, fut ainsi en mesure d’annoncer que la catastrophe prévisible s’était rapprochée un peu plus, en ces termes : « La survie et la consolidation d’Israël sont devenues un élément définitif de la politique étrangère des États-Unis et aucun résultat ou changement électoral n’affecteront cela ».
Voilà, une fois encore, la mystérieuse référence à un pouvoir supérieur à tous les présidents, Premiers ministres et partis sur lesquels j’ai attiré l’attention plus haut. C’est ce que M. Léopold Amery, l’un des ministres britanniques responsables de la Palestine durant la période de l’entre-deux-guerres, dit un jour : La politique est fixée et ne peut changer. Le secret intime de toute l’affaire est contenu dans ces affirmations menaçantes, dans lesquelles l’accent d’autorité et de connaissance supérieure est clair. Elles sont laconiques, mais spécifiques et catégoriques, et expriment la certitude que l’Occident ne peut, et ne voudra se retirer du jeu de l’ambition sioniste en aucune circonstance. La certitude doit reposer sur quelque chose de plus solide que les menaces, ou même la capacité à influencer « le vote juif » et la presse publique d’une façon ou d’une autre. Le ton est celui de maîtres qui savent que les galériens doivent faire ce qu’on leur ordonne parce qu’ils sont enchaînés et ne peuvent s’échapper.
Le New York Times, dont j’estime qu’il s’exprime avec autorité au nom du « pouvoir juif » dans le monde, a souvent fait allusion à cette secrète entente, ou capitulation, ou quoi que cela puisse être dans sa nature : par exemple, « En essence, le soutien politique que l’État d’Israël a aux États-Unis rend toute décision antagoniste aux intérêts israéliens impossible à envisager pour une administration américaine » (1956).
Si cela fait juste allusion au contrôle de la machine électorale, cela veut dire que la méthode de gouvernement parlementaire par les « élections libres » a été complètement falsifiée. À mon avis, c’est le cas en Occident en ce qui concerne le présent siècle.
Cette situation en Occident seul a permis au nouvel État de survivre. Il a été maintenu en vie par des infusions d’argent venu d’Amérique.
Douglas Reed.