Iyad Alasttal, réalisateur palestinien, était sur France 24 pour évoquer son documentaire "Pour l'honneur de Gaza". Dans ce film, il est question du quotidien d'habitants de Gaza. "Les Palestiniens de Gaza sont des gens normaux comme à Londres, Paris ou Amsterdam", explique le réalisateur qui a souhaité donner la parole à ceux qui vivent une situation catastrophique.
Une mémoire contre l’oubli
« Le fait de ne rien entendre est lié à la mort, pas au calme de la fin de la guerre. » Cette phrase est l’une de celles que l’on peut entendre dans le film de Iyad Alasttal, journaliste et cinéaste palestinien, réfugié en France. Elle résume douloureusement la réalité d’une situation que plus personne ne peut hésiter à qualifier de génocide. Pour qu’un génocide soit en cours, il n’est nullement nécessaire que toute une population risque de disparaître. L’intention d’en exterminer le plus grand nombre suffit. Et à Gaza, entre les bombardements des équipements publics, des lieux de culte, des immeubles et de leurs habitants, l’interdiction de laisser entrer l’aide alimentaire et médicale, les coupures d’eau et d’électricité, l’objectif est bien de provoquer l’agonie d’un peuple.
Iyad Alasttal témoigne de cette tragédie qui dure depuis 595 jours. Mais il témoigne aussi de l’intense volonté des Palestiniens de continuer à vivre et de leur préoccupation permanente de ne pas laisser les enfants survivants (au moins 17 000 d’entre eux sont morts) s’abandonner au désespoir alors que d’aucuns n’ont plus ni parents ni famille et que leur existence présente ne ressemble en rien à celle d’avant.
Né en 1987 à Khan Younès, dans le sud de Gaza, Iyad Alasttal a suivi des études de cinéma à l’université de Corte, en Corse. Diplômé en 2013, il revient dans l’enclave où, en 2015, il commence à produire et tourner de courts documentaires sur la vie quotidienne de ses habitants. Certaines de ces Gaza Stories diffusées sur YouTube seront primées.
Il quitte la Palestine pour la France en février 2024 et entreprend bientôt la réalisation de Pour l’honneur de Gaza, travaillant avec des collaborateurs restés au pays, mettant au point le scénario, choisissant les personnages et montant les rushes. Le film a été terminé en 2024, ce qui explique qu’on y voit moins de bâtiments détruits qu’aujourd’hui et que le paysage n’est pas encore totalement réduit à un immense champ de ruines.
« Infecté par une maladie qui s’appelle l’espoir. »
L’ambition de Iyad Alasttal n’est pas de montrer les pilonnages incessants de l’aviation, le déploiement des soldats et les fusillades qui s’en suivent, ni la progression dans les rues défoncées des Merkava, les fameux chars israéliens qui n’hésitent pas à démolir les maisons et à écraser les gens.
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