mercredi 17 décembre 2025

1000 pasteurs évangéliques participent au projet théopolitique d'Israël




Une vaste délégation de 1000 pasteurs chrétiens américains, menée par le pasteur Mike Evans (Friends of Zion), était en Israël début décembre pour marquer un soutien massif à l'État d'Israël. Organisée en collaboration avec le ministère des Affaires étrangères, cette visite vise à renforcer l'image d'Israël sur la scène internationale.

Dans le cadre de cette visite, la délégation s'est rendue à la Knesset à Jérusalem ainsi qu'en Cisjordanie

Les 1000 pasteurs ont participé à un événement dans la capitale en présence de l'ancien otage Omer Shem Tov, qui a ému l'assistance en chantant un psaume ''Shir Lamaalot''.

D'après un article d'israj.

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Parmi ces pasteurs figurent des personnalités médiatiques et des influenceurs des médias sociaux de premier plan, dont beaucoup bénéficient d'une audience considérable, et plus de 200 d'entre eux ont des liens directs avec la Maison Blanche.

Sa mission est de lutter contre l'antisémitisme et de former les jeunes générations aux États-Unis et dans le monde entier. « Il ne s’agit pas d’une visite en Israël, mais d’une réunion d’information de haut niveau visant à charger ces pasteurs évangéliques de devenir des partenaires de l’État d’Israël pour atteindre son objectif ultime. »

Boban Driçlek.


Le projet théopolitique d'Israël


(...) ce que semblent vouloir déclencher les machiavélo-sionistes est une guerre mondiale d’où sortiront affaiblis et morcelés tous les ennemis d’Israël, pour des décennies à venir, de sorte qu’Israël pourra même se passer des États-Unis, ruinés par leurs dépenses militaires comme le fut l’URSS dans les années 80, et de surcroît détestés à travers le globe. Plus rien ne s’opposera alors à la phase finale du plan sioniste, consistant à parachever le nettoyage ethnique et annexer la totalité de la Palestine, prélude à une nouvelle expansion pour reconstituer le « Grand Israël ».

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Dans l’Allemagne de la fin du 19ème siècle, la notion biblique de « peuple élu » a été transposée par les pères fondateurs du sionisme dans le paradigme racialiste qui dominait alors en Occident. Mais le sionisme est avant tout un rêve biblique, comme son nom l’indique (Sion est le nom donné à Jérusalem 152 fois dans la Bible hébraïque) : « La Bible est notre mandat », proclama Chaim Weisman, futur premier président d’Israël, à la Conférence de Versailles en 1919.

Bien qu’agnostique, David Ben Gourion (né Grün en Pologne), était habité par l’histoire antique de son peuple, au point d’adopter le nom d’un général judéen ayant combattu les Romains. « Il ne peut y avoir aucune éducation politique ou militaire valable sans une connaissance profonde de la Bible », répétait-il. Envisageant une attaque contre l’Égypte dès 1948, il écrit dans son journal : « Ce sera notre vengeance pour ce qu’ils ont fait à nos aïeuls à l’époque biblique. » Ben Gourion prenait la Torah pour un récit historiquement fiable, et aujourd’hui encore, l’État hébreu la revendique comme histoire nationale, refusant les preuves archéologiques que le Royaume de Salomon, comme la plus grande partie de l’« histoire biblique », appartient au domaine du mythe et de la propagande. Pour les sionistes, récits et prophéties bibliques restent un modèle et un programme immuables.

Ainsi, le nettoyage ethnique planifié par Ben Gourion en 1947-48, qui fit fuir 750 000 Palestiniens, soit plus de la moitié de la population native, rappelle celui ordonné par Yahvé à l’encontre des Cananéens : « Faire table rase des nations dont Yahvé ton Dieu te donne le pays, les déposséder et habiter leurs villes et leurs maisons » et, dans les villes qui résistent, « ne rien laisser subsister de vivant » (Deutéronome 19 h 1, 20 h 16). 

Ce qui rend ce concept de « peuple élu » bien plus toxique que les formes séculières de racisme – outre sa totale immunité à toute rationalité – est l’autre face de la pièce : l’idée que tout autre peuple sera « maudit » s’il ne sert pas le peuple élu. Le Dieu biblique abattra sa « vengeance » sur ses ennemis, les « peuples qu’il a condamnés », et son épée, après les avoir « dévorés », sera « remplie de sang et repue de graisse » (Isaïe 34 : 5-6, Jérémie 46 : 10). 

Ce rêve insufflé par le Dieu biblique à son peuple élu n’est pas seulement un rêve racial national qui déclare les Cananéens (les Palestiniens autochtones) tout juste bons à être « exterminés sans pitié » (Josué 11 h 20) ou réduits à l’esclavage (Genèse 9 h 2 427). C’est très clairement aussi un rêve impérial. On évoque souvent ces vers du deuxième chapitre d’Isaïe (repris dans Michée 4 h 1-3) comme preuve que le message prophétique est pacifique : « Ils briseront leurs épées pour en fait des socs, et leurs lances pour en faire des serpes. On ne lèvera plus l’épée nation contre nation, on n’apprendra plus à faire la guerre. » Mais on omet généralement les vers précédents, qui indiquent que cette Pax Judaica ne viendra que lorsque « toutes les nations » rendront hommage « à la montagne de Yahvé, à la Maison du Dieu de Jacob », lorsque Yahvé, depuis son Temple, « jugera entre les nations. » 

Ben Gourion, véritable père d’Israël, était guidé par cette vision prophétique, qu’il reprit à son compte en 1962 dans une déclaration publiée par le magazine américain Look, où il émettait cette prédiction pour 1987 (le prochain quart de siècle) : « Toutes les armées seront abolies, et il n’y aura plus de guerres. À Jérusalem, les Nations Unies (de vraies Nations Unies) construiront un sanctuaire aux prophètes pour servir à l’union fédérale de tous les continents ; ce sera le siège de la Cour Suprême de l’Humanité, où seront réglés tous les conflits entre les continents fédérés, comme l’a prophétisé Isaïe. » 

Cette vision d’un Nouvel Ordre Mondial centré sur Jérusalem inspire aujourd’hui, plus que jamais, de nombreux intellectuels juifs. Jacques Attali, dans l’émission qu’il anime sur la chaîne Public Sénat avec Stéphanie Bonvicini, se prend à « imaginer, rêver d’une Jérusalem devenant capitale de la planète qui sera un jour unifiée autour d’un gouvernement mondial ». 

Lors du Sommet de Jérusalem qui s’est tenu du 11 au 14 octobre 2003 dans le lieu symbolique de l’hôtel King David, une alliance fut scellée entre sionistes juifs et chrétiens autour d’un projet « théopolitique » faisant d’Israël (selon les termes de la « Déclaration de Jérusalem » signée par les participants), « la clé de l’harmonie des civilisations », en remplacement des Nations Unies, devenues « une confédération tribalisée détournée par les dictatures du Tiers Monde ». 

« L’importance spirituelle et historique de Jérusalem lui confère une autorité spéciale pour devenir le centre de l’unité du monde. […] Nous croyons que l’un des objectifs de la renaissance divinement inspirée d’Israël est d’en faire le centre d’une nouvelle unité des nations, qui conduira à une ère de paix et de prospérité, annoncée par les prophètes. » Trois ministres israéliens en exercice, dont Benjamin Netanyahou, se sont exprimés à ce sommet, et l’invité d’honneur Richard Perle reçut à cette occasion le Prix Henry Scoop Jackson. 

Le soutien de nombreux chrétiens évangéliques à ce projet ne doit pas surprendre. Avec plus de 50 millions de membres, le mouvement Christians United for Israel est devenu une force politique considérable aux États Unis. Son président, le pasteur John Hagee, auteur de "Jerusalem Countdown : A Prelude to War" (2007), déclare : « Les États-Unis doivent se joindre à Israël dans une frappe militaire préemptive contre l’Iran pour réaliser le plan de Dieu pour Israël et l’Occident, […] une confrontation de fin du monde prophétisée dans la Bible, qui mènera à l’Enlèvement des saints, la Tribulation et la Seconde Venue du Christ. »

Le Nouvel Ordre Mondial n’est-il pas, en définitive, le faux nom de l’Empire de Sion ?

Laurent Guyénot.