dimanche 19 octobre 2025

Profession de foi d’un judéo-nazi




Pour ceux qui pourraient être dubitatifs au sujet du terme d’État judéo-nazi, voire qui pourraient le juger incongru, la lecture de l’entretien d’un certain «C»., recueilli par Amos Oz (reproduit ci-dessous presque in extenso) est conseillée. Cette prose a été publiée, le 17 décembre 1982, par le quotidien israélien Davar (journal de la «gauche sioniste», ayant paru de 1925 à 1996). Vous comprendrez alors pourquoi le génocide des Palestiniens était prévu et, accessoirement, pourquoi le sionisme est bel et bien un projet contre les juifs. Et, comment le sionisme se nourrit de l’antisémitisme. Et, comment il l’excite. Vous comprendrez aussi que «le sale boulot du sionisme n’est pas fini»…

«Peu importe le nom que vous me donnerez. Appelez-moi un monstre, un assassin si vous voulez. Mais retenez ceci : je n’ai aucune haine contre les Arabes. Bien au contraire. Je suis beaucoup plus à l’aise avec eux, avec les Bédouins surtout, qu’avec les juifs. Les Arabes, ceux du moins que nous n’avons pas encore pervertis, sont des gens fiers, irrationnels, cruels, généreux. Les Yid (1) sont complètement faussés. Si l’on veut les redresser, il faut d’abord les tordre violemment dans le sens opposé.

Voilà en un mot toute mon idéologie. Donnez à l’État d’Israël le nom qui vous plaira. Appelez-le un État judéo-nazi, comme le fit Leibowitz. Pourquoi pas ? Comme on dit, mieux vaut être un judéo-nazi vivant plutôt qu’un saint mort. Et si je suis un autre Kadhafi, cela m’est égal. Je n’ai pas besoin de l’admiration des Gentils non donné aux païens par les juifs et les premiers chrétiens]. Je n’ai pas besoin qu’ils m’aiment. Je n’ai pas besoin que des juifs comme vous m’aiment, non plus. Il faut que je vive. Et je veux que mes enfants vivent, eux aussi, avec ou sans la bénédiction du pape et des pasteurs du New York Times. Je tuerai quiconque lèvera la main sur mes enfants. Je l’exterminerai lui et ses enfants, par tous les moyens, propres ou non. Je l’éliminerai, qu’il soit chrétien, musulman, juif ou païen. L’histoire nous enseigne que celui qui répugne à tuer est tué par les autres. C’est une loi implacable. Même si vous me prouvez par a plus b que la guerre actuelle au Liban, qui n’est pas finie, est une guerre sale et immorale, cela m’est égal. Et même si vous me prouviez que nous n’avons atteint aucun de nos buts au Liban, ni réussi à instaurer un régime ami, ni à vaincre les Syriens, ni même à détruire l’OLP, même alors cela me serait égal ; cela valait quand même la peine de faire cette guerre. Et même si, dans un an, la Galilée est encore bombardée par les Katiouchas, cela m’est égal. Nous ferons une autre guerre, nous détruirons, nous tuerons encore et encore, jusqu’à ce qu’ils aient eu leur compte. Et savez-vous pourquoi tout cela en vaut la peine ? Parce que, apparemment, cette guerre nous a valu la haine du monde soi-disant civilisé. C’est cela qu’il fallait. Qu’on ne vienne plus nous rebattre les oreilles avec la pureté unique des juifs, avec l’enseignement moral tiré de l’Holocauste, avec ces juifs qui seraient ressuscités des chambres à gaz purs et justes. Assez ! La destruction d’Ein Hilweh (quel dommage qu’on n’ait pas entièrement débarrassé le monde de ce nid de guêpes), les salutaires bombardements de Beyrouth, le massacre microscopique des Arabes dans leurs camps – et peut-on parler de massacre quand il s’agit de cinq cents Arabes ? – quel dommage que les Phalangistes s’en soient chargés ! C’était à nous de le faire, de nos mains délicates ! Toutes ces actions légitimes ont mis fin une fois pour toutes à cette histoire d’un peuple unique qui serait un phare pour les Gentils. Foutaises ! C’est cela qu’il fallait ! Plus de peuple unique, plus de phare, et bon débarras ! Il faut vous faire une raison : je ne vois pas pourquoi je vaudrais mieux que Khomeini, Brejnev, Khadafi ou Mrs Thatcher, ou Harry Truman qui a tué 500 000 Japonais avec deux bombes, légitimes. Je n’essaie pas d’être plus intelligent qu’eux. Plus rapide, plus efficace, oui. Mais je ne cherche pas à être meilleur, plus reluisant. Dites-moi, est-ce que les hommes malfaisants sont punis ici-bas ? Si quelqu’un essaie de leur mettre des bâtons dans les roues, ils lui coupent bras et jambes. Ce qu’ils veulent, ils le prennent ; cela ne leur donne pas d’indigestion, le ciel ne se dérange pas pour les punir. Alors, à partir de maintenant, je veux qu’Israël entre dans le club. Peut-être qu’alors le monde commencera à avoir peur de moi, au lieu d’avoir pitié. Peut-être que les autres vont se mettre à trembler, à avoir peur que je me mette en colère au lieu d’admirer ma grandeur d’âme. Tant mieux ! qu’on aie peur, qu’on dise que nous sommes des forcenés. Qu’on comprenne que nous sommes un peuple violent, dangereux pour nos voisins, pas normal, capables de devenir fous furieux si un seul de nos enfants est assassiné, et voir rouge, et mettre le feu à tous les puits de pétrole du Moyen-Orient. Au fait, si cela arrivait à votre enfant, et je ne vous le souhaite pas, est-ce que vous ne diriez pas la même chose ? Qu’ils se disent, à Washington, à Moscou, à Damas et en Chine, que si l’un de nos ambassadeurs est assassiné – ou même un consul, ou le vice-président des philatélistes – nous sommes capables de déclencher la troisième guerre mondiale, sans hésitation. Et je suis sûr que si nous disons cela, on nous respectera un peu plus. Ces jeunes, ces intellectuels occidentaux, tous ces hypocrites, ces bonnes femmes mielleuses reconnaîtront là la force de la colère et du désespoir. Si nous sommes en colère, si rien ne nous retient plus, c’est parce que nous avons été victimes de l’injustice. Et parce que nous avons été des victimes, il faut qu’ils aillent manifester pour nous, s’identifier à nous. C’est ainsi que fonctionne leur esprit malade, à ces belles âmes ! Lisez Franz Fanon. De toute façon, qu’il y ait ou qu’il n’y ait pas de manifestation de soutien en faveur de cet État dangereux et dément qu’est Israël, ce qui est important, c’est qu’on nous traite avec beaucoup d’égards. Il ne faut pas irriter l’animal blessé. Il était temps. Il y a autre chose, de plus important encore. Le fruit le plus doux de cette guerre du Liban : maintenant, ce n’est plus seulement Israël que l’on hait. Grâce à nous, on hait aussi tous les juifs Feinschmecker (Yehudonim) (2) de Paris, de Londres, de New York, de Francfort et de Montréal, tous à l’abri dans leurs trous. Enfin, ils haïssent tous ces gentils Yid, qui se prétendent différents, pas comme bandits israéliens, eux qui sont des juifs propres et convenables. Exactement comme le juif viennois ou berlinois qui conjurait les antisémites de ne pas le confondre avec le Ost Jude sale et vociférant qui essayait de s’introduire dans les milieux culturels, à peine échappé de son ghetto puant d’Ukraine ou de Pologne. Ils peuvent bien s’égosiller clamer qu’ils condamnent Israël, qu’eux, ils pensent bien, que jamais ils n’ont voulu, que jamais ils ne voudront faire de mal à une mouche, que toujours ils préféreront se faire égorger plutôt que de se battre, que leur mission est d’enseigner aux Gentils comment être bons chrétiens, comment tendre l’autre joue. Cela ne leur servira à rien. Maintenant, on va leur taper dessus à cause de nous, et cela fait plaisir à voir. Ce sont les Yid qui ont persuadé les Gentils de céder aux salauds de Vietnamiens, de céder à Khomeyni, à Brejnev, d’avoir pitié du Cheik Yamani parce qu’il avait été si malheureux quand il était petit, et en un mot, de faire l’amour, pas la guerre. Ou de ne faire ni l’un ni l’autre : d’écrire une thèse sur l’amour et la guerre.

Nous avons tiré un trait là-dessus. Maintenant, le Yid est rejeté. Il a non seulement crucifié Jésus, mais il a crucifié Arafat, à Sabra et Chatila. On les identifie à nous, et cela, c’est excellent ! On profane leurs cimetières, on brûle leurs synagogues, on retrouve tous les vieux surnoms, on les exclut des clubs respectables, on tire sur leurs restaurants, on massacre leurs jeunes enfants, on les oblige à effacer tout signe distinctif, à déménager, à changer de profession, bientôt on écrira sur leurs murs : Yid, en Palestine ! Et savez-vous ce qui arrivera ? Ils iront en Palestine parce qu’ils n’auront pas le choix.

Tout cela, ce sont les bénéfices que nous avons retirés de la guerre au Liban. Maintenant dites-moi, est-ce que cela n’en valait pas la peine ? Le bon temps est proche. Les juifs vont venir. Les Israéliens n’émigreront pas, et ceux qui avaient émigré vont revenir. Ceux qui avaient choisi l’assimilation comprendront que cela ne leur servira à rien d’être la «conscience du monde». La «conscience du monde» va comprendre à force de coups de pied au cul ce qu’elle n’a pas voulu comprendre dans sa tête. Les Gentils en ont toujours eu par-dessus la tête des Yid et de leur conscience. Et les juifs n’auront qu’une chose à faire : rentrer, tous, et vite, et mettre des portes blindées, construire une bonne muraille avec des mitrailleuses au coin, et se battre comme des enragés contre qui oserait seulement chuchoter dans la région. Et si quelqu’un ose seulement lever la main sur nous, il faut lui prendre par la force la moitié de son territoire et brûler l’autre moitié. Y compris le pétrole. Et même en nous servant des armes nucléaires. Jusqu’à ce que l’adversaire perde l’envie de se frotter à nous. Et savez-vous ce qu’il y a au bout de tout cela ? Attendez, vous allez avoir une surprise. Je vais vous dire ce que nous aurons gagné à la fin. Trois excellentes choses, et très morales. Des choses que vous-mêmes, vous voudriez bien, mais vous ne savez pas comment vous y prendre :Tous les juifs vivront ici.
Il y aura un complet et total retour à Sion.
Une paix véritable et durable.

Voilà. À ce moment-là, nous aurons la paix. Et nous aurons aussi tout ce que nous voudrons. Quand nous aurons clos ce chapitre, le chapitre de la violence, vous pourrez jouer votre rôle. De la culture et des valeurs humanistes tant que vous voudrez, et la solidarité des peuples, et le phare des Gentils. Créons un État humaniste tel que le monde entier nous acclamera, soyons les champions de la morale. C’est ainsi que va l’histoire. Tout d’abord, Josué et Jephté la Galaadite débarrassent le terrain, effacent le souvenir d’Amaleq, puis vient le temps du prophète Isaïe avec le loup et l’agneau et tout le zoo angélique. Mais à la condition qu’à la fin des temps, nous soyons nous, le loup, et les Gentils, l’agneau. Par simple précaution. Vous vous inquiétez peut-être de savoir si je ne crains pas ces masses de Yid qui arriveront ici, fuyant l’antisémitisme, qui risquent de nous oindre d’huile d’olive et de nous rendre doux comme eux ? Écoutez ceci : il y a les ruses de l’histoire, la dialectique, l’ironie.

Qui a agrandi l’État d’Israël presque jusqu’aux dimensions du royaume de David ? Qui a reculé les frontières depuis le mont Hermon jusqu’à Ras Muhamad ? Levi Eshkol. Qui aurait cru que ce pût être ce gordoniste, ce timoré, cette mauviette ? Et qui pourrait nous faire rentrer derrière les murs du ghetto ? Qui est ce corbeau stupide de la fable de Krilov, à qui le renard demanda de chanter pour lui faire lâcher son fromage ? Qui lâcha le Sinaï contre une image de marque ? Le Grand homme : Menahem Begin. Vous voyez, on ne peut rien savoir d’avance. Il n’y a qu’une chose dont je sois sûr : tant qu’on se bat pour sauvegarder son existence, tout est permis. Tout ce qui est interdit est alors permis. Même chasser les Arabes de Cisjordanie, tout. Oui, des judéo-nazis : Leibowitz a raison. Et pourquoi pas ? Écoutez-moi : un peuple qui s’est laissé massacrer et détruire, qui a permis qu’on fasse de ses enfants du savon, et des abat-jour de la peau de ses femmes, ce peuple-là est un criminel pire encore que ses propres bourreaux. Pire que les nazis. Vivre dans un monde de loups, sans poings, sans dents, sans ongles, c’est un crime plus grave que de massacrer. Les petits-enfants de Himmler, de Heidrich, d’Eichmann vivent très bien et prospèrent. Ils en profitent même pour nous faire la morale. Les petits-enfants des rabbins d’Europe orientale et tous les juifs humanistes et pacifistes qui philosophaient si bien à Prague et à Berlin ne feront plus la morale à personne. Ils ne sont plus là ; ils ne seront plus jamais là.

Lisez les poèmes d’Uri Zvi Grinberg (3) au lieu de toute cette pommade écrite par Gordon et Martin Buber. Lisez le poème intitulé Mon Dieu, les Gentils, père. Il faudrait peut-être l’apprendre par cœur. Peut-être qu’un jour cela sauverait vos enfants. Si vos parents, si comme il faut, au lieu d’écrire des livres sur l’amour pour l’humanité, et de chanter «Écoute, Israël», en marchant vers la chambre à gaz, étaient venus à temps, et si – n’en tombez pas à la renverse – s’ils avaient tué six millions d’Arabes, ou un seul million, qu’est-ce qui serait arrivé ? Sans doute, il y aurait deux ou trois pages désagréables dans les livres d’histoire, on nous aurait couverts d’injures, mais nous serions aujourd’hui une nation de 25 millions de personnes. Respectable, n’est-ce pas ? Nos écrivains auraient écrit de beaux livres, comme Günther Grass et Heinrich Böll, sur notre complexe de culpabilité, notre honte et nos remords, et nous aurions reçu plusieurs prix Nobel de littérature et de morale. Notre gouvernement aurait peut-être payé des indemnités, sur le revenu de son pétrole d’outre-Euphrate, aux Arabes qu’il n’aurait pas réussi à exterminer. Mais les juifs vivraient sur leur terre ; 25 millions de juifs, du canal de Suez jusqu’aux gisements de pétrole. Et, croyez-moi, malgré nos crimes, nous aurions reçu toutes sortes de propositions de la part de tous ces salauds. De Moscou, de Pékin, de Washington. Malgré le sang sur nos mains.

Écoutez : aujourd’hui encore, je me porte volontaire pour faire le sale boulot pour Israël ; pour tuer les Arabes, autant qu’il en faudra, pour les déporter, les expulser, les brûler, nous faire haïr par le monde entier, faire trembler le sol sous les pieds des juifs de la Diaspora de telle sorte qu’ils soient obligés de se précipiter ici en pleurant. Même s’il faut pour cela faire sauter une ou deux synagogues par-ci par-là. Je m’en fous. Et je m’en fous si cinq minutes après que tout cela sera fini, vous m’envoyez devant une cour de Nuremberg. Mettez-moi en prison pour la vie, pendez-moi si vous voulez, comme criminel de guerre. Ensuite, vous pourrez laver votre conscience juive et entrer dans le club respectable des nations humanistes qui sont grandes, saines et prospères. Je veux bien me charger du sale boulot, vous pouvez m’accabler de tous les noms les plus maudits. Ce que vous n’arrivez pas à comprendre, c’est que le sale boulot du sionisme n’est pas fini, et de loin. C’est vrai qu’on aurait pu le finir dès 1948, mais c’est vous qui n’avez pas voulu, c’est vous qui vous y êtes opposés. Et tout cela à cause de la judéité de votre âme, à cause de la mentalité de la Diaspora, à cause de votre complexe Hisbet Hiza (4). Quel dommage !

Nous pourrions avoir tout cela derrière nous, nous pourrions être une nation normale, avec des valeurs d’amour, des relations amicales avec nos voisins d’Irak et d’Égypte, avec bien sûr quelques crimes sur la conscience, comme tout le monde, comme les Britanniques et les Français et les Allemands et les Américains, qui ont déjà oublié ce qu’ils ont fait aux Indiens ; comme les Australiens qui ont déjà oublié qu’ils ont presque totalement éliminé les aborigènes ; et comme tous les autres. Et alors, qu’est-ce qu’il y a de mal à cela ? Être une nation civilisée, respectable, avec quelques crimes sur la conscience. Cela se fait dans les meilleures familles. Et je vous l’ai déjà dit : je veux bien me charger des crimes, en compagnie de Sharon, Begin et Raful. Et je suis d’accord pour qu’ensuite vous suiviez votre route vers un avenir radieux et sans tache. Vous écrirez des livres par lesquels vous vous rachèterez de mes crimes. Et vous serez pardonnés. Vous serez admis dans les meilleures maisons.

Le monde admirera votre vertu. Mais seulement après que le canon, ou mon répugnant napalm auront ôté aux Indiens tout désir de scalper mes enfants et les vôtres et que des millions de Yid seront venus s’installer ici. Quand ce pays sera assez vaste, assez grand.

Pourquoi est-ce que je les appelle Yid ? Je vais vous le dire. Ou plutôt, pas moi, qui suis un judéo-nazi ; non, c’est Moïse qui vous le dira, le Moïse de l’Ancien Testament. Et voici ce qu’il disait de nous : «Parmi ces nations mêmes, tu ne seras pas en paix, et la plante de tes pieds ne connaîtra pas le repos, car Dieu t’affligera là d’un cœur craintif, d’une vue troublée et d’un esprit plein de douleur».

Voilà en peu de mots ce que c’est que la Diaspora. C’est la description du Yid. Et cela, le sionisme en viendra à bout. Mais il faut pour cela que les Yid comprennent où ils vivent et ce qui les attend s’ils ne rentrent pas avant que la nuit soit sombre. Et le Yid ne comprend pas vite les choses. Si vous ouvrez les yeux et si vous observez le monde autour de vous, vous verrez que l’obscurité revient. Et nous savons ce qui attend un juif surpris dehors à la nuit tombée. C’est pourquoi je suis heureux que cette petite guerre au Liban ait effrayé les Yid. Il faut qu’ils aient peur, il faut qu’ils souffrent. Il faut qu’ils rentrent avant que la nuit ne soit tout à fait noire. Je suis antisémite, dites-vous ? Bon. Censurez-moi, ne publiez pas ce que je dis. II n’est pas nécessaire de citer un antisémite. Vous pouvez, à la place, publier ce que disait Lilienblum (5), et lui, on ne peut pas le taxer d’antisémitisme ; il y a même une rue qui porte son nom à Tel-Aviv. «Est-ce que tout cela n’est pas le signe évident que nos ancêtres voulaient, et que nous voulons être misérables ? Qu’il nous plaît de vivre comme des bohémiens ?» C’est Lilienblum qui dit cela, pas moi. Écoutez, j’ai lu la littérature sioniste. Croyez-moi, je peux apporter les preuves de ce que je dis. Voudriez-vous entendre ce que disait Herzl lui-même ? «Quand une personne est en bonne santé et que ses affaires vont bien, tout le reste est supportable». Je ne sais pas si Herzl parlait yiddish, mais cet aphorisme vient tout droit de l’esprit faussé des Yid. C’est une pensée qui ouvre la voie vers Auschwitz. Lilienblum et Herzl ne vous suffisent pas ? Alors, écoutez Maimonides, physicien et philosophe de renommée internationale. Voici ce qu’il a dit de nous : «C’est cela qui nous a fait perdre notre royaume, qui a causé la destruction du Temple et qui a perpétué notre diaspora… c’est que nos pères ont péché… qu’ils n’ont pas appris la guerre, et qu’ils n’ont pas affronté les nations conquérantes». Les nations conquérantes, non pas la défense d’âmes de propriétaires ! Pas la ligne verte ! Pas une guerre «imposée» !

Au fait, vous pouvez écrire que je suis la honte de l’humanité. Cela m’est égal. Au contraire, je vous propose une affaire : je ferai tout pour chasser les Arabes d’ici, je ferai tout ce que je pourrai pour exciter l’antisémitisme, et vous écrirez des poèmes sur les malheurs des Arabes, et vous vous tiendrez prêts à assimiler les Yid. Je les obligerai à se réfugier ici et vous leur apprendrez à être un phare pour les Gentils. Je détruirai Horbat Hizat, et vous ferez des manifestations contre moi, et vous écrirez. Vous serez l’honneur de la famille, et moi la honte. C’est d’accord ? […]»

Texte complet sur : https://www.palestine-studies.org/sites/default/files/jq-articles/ou-va-israel.pdf

Il fait partie du dossier «Où va Israël ?», qui contient aussi :

– Nazification de Israël Shahak, https://www.palestine-studies.org/sites/default/files/jq-articles/nazification.pdf

– Réponse à un juif nazi. Le cauchemar de «C». de Boas Evron, https://www.palestine-studies.org/sites/default/files/jq-articles/reponse-a-un-juif-nazi-le-cauchemar-de-c.pdf


1) Yid signifie juif en polonais, mais le mot a valeur d’insulte. En Russie, Roumanie et quelques autres pays, c’était uniquement une insulte. Son emploi ici, au lieu de «juif», dans le texte hébreu, est un exemple de haine de soi-même, très forte chez les sionistes, et faussement attribuée à leurs opposants juifs.

2) Feinschemecker est une injure antisémite juive. Yehudonim, ou petits juifs, est un mot hébreu usuel pour traduire les injures dirigées contre les juifs.

3) Poète de langue hébraïque. À partir de la fin des années vingt, il s’est fait le propagandiste d’idées proches du nazisme. Il a beaucoup contribué à exaspérer la haine contre tous les non-juifs.

4) Hirbet Hiza est le titre d’un roman célèbre de Izhar Smilanski, et un classique de la littérature hébraïque, écrit vers 1950. Il décrit et condamne la prise d’un village palestinien par l’armée israélienne, et certaines atrocités commises à cette occasion.

5) Un proto-sioniste de Russie (vers 1880-1900).