mercredi 2 juillet 2025

Gaza : 200 ONG appellent à la fin du programme d'aide israélien





Dans une tribune, plus de 200 ONG demandent l’arrêt d’un programme d’aide à Gaza soutenu par les États-Unis et Israël. Selon elles, cette distribution, pilotée notamment par la Gaza Humanitarian Foundation, aurait causé la mort de plus de 500 Palestiniens et blessé près de 4000 personnes en quatre semaines.

“Ces mesures visent à entretenir un cycle de désespoir, de danger et de mort.” Dans une tribune publiée ce mardi 1er juillet, plus de 200 ONG ont appelé à mettre fin au système de distribution d’aide alimentaire actuellement en place à Gaza. Elles dénoncent la mort de centaines de Palestiniens tentant de se procurer la nourriture ou d'accéder aux points de distribution.

Selon les mêmes ONG, les semaines qui ont suivi le lancement de ce programme ont été parmi les plus violentes et meurtrières depuis octobre 2023.

Le document pointe du doigt le système de distribution mis en place fin mai, géré par la Fondation humanitaire de Gaza (GHF). Cette structure, créée en février 2025 et soutenue par l’administration de Donald Trump ainsi que le gouvernement de Benjamin Netanyahu, bénéficie d'un financement opaque.

Les ONG réclament le retour à l'ancien système, en vigueur jusqu’en mars. Celui-ci permettait la coordination de l'aide par des agences de l’ONU et plusieurs ONG, jugées plus transparentes et mieux implantées sur le terrain. Gaza est aujourd’hui un territoire "assiégé", "affamé" et "dévasté" par plus de 20 mois de guerre et confronté à une crise humanitaire aiguë, rappelle la tribune.

Quatre points de distribution pour 2 millions de personnes

Les signataires estiment que le système de distribution mis en place ne respecte pas les standards de l’aide humanitaire. L’organisation, qui affirme avoir distribué 7 millions de repas, fait néanmoins l’objet de vives critiques.

Avant le blocus total imposé du début mars au 20 mai 2025, environ 400 points de distribution d’aide humanitaire étaient accessibles dans la bande de Gaza. Ils étaient principalement gérés par l’ONU, notamment l’UNRWA, qui, bien qu’interdite depuis octobre 2024 en Israël et dans les territoires occupés, continuait à y opérer ainsi que par diverses ONG.

Mais depuis la levée partielle du blocus et l’arrivée de la GHF, il ne reste plus que quatre points de distribution pour les deux millions d’habitants de l’enclave palestinienne : trois dans le sud, un dans le centre, et aucun dans le nord, pourtant il s'agit de la zone la plus touchée par les bombardements israéliens.

Des distributions dans la grande confusion

Les ONG dénoncent l’extrême difficulté d’accès aux points de distribution, situés dans des zones militarisées sous contrôle israélien. L’entrée est soumise à une coordination avec l’armée, une procédure hors de portée pour la majorité des civils.

Les distributions, souvent organisées de nuit et sans préavis, se déroulent dans une grande confusion : aucune file, aucun rationnement, chacun tente de se servir au milieu de scènes de panique. L’attente est interminable, les produits sont parfois revendus à prix fort. Plusieurs témoins décrivent un chaos total.

L’armée israélienne, quant à elle, a démenti la semaine dernière une enquête publiée par le journal de gauche Haaretz, citant des soldats israéliens qui disent avoir reçu l’ordre de tirer sur des civils près des centres d’aide.

Elle affirme "opérer pour permettre et faciliter la distribution de l’aide humanitaire" par la GHF, et « sécuriser les routes menant aux centres de distribution, afin que l’aide parvienne aux civils plutôt qu’au Hamas ».

"Aujourd'hui, les Palestiniens de Gaza sont confrontés à un choix impossible : mourir de faim ou risquer d'être abattus alors qu'ils tentent désespérément d'atteindre la nourriture nécessaire à leurs familles", déplorent les ONG signataires de la tribune.