samedi 21 septembre 2024

Le peuple élu

Source de l'illustration : l'article de Sylvain Cypel : 
“Les jeunes juifs américains tournent le dos à Israël”


En 1965, le rabbin Lubavicher expose ainsi les fondements religieux du racisme sioniste : « La différence entre un Juif et un « fils de Noé » (c'est-à-dire : un « Gentil ») n'est pas une différence de degré — le Juif devant être situé au niveau supérieur —, mais une différence de nature : ils sont fondamentalement différents. C'est vrai en ce qui concerne le corps : 

Le corps du Juif est d'une nature complètement différente de celui des Gentils… 

Mais c'est surtout vrai en ce qui concerne les âmes, puisque celle d'un Gentil prend sa source dans les trois sphères impures, tandis que celle du Juif est enracinée dans la sainteté

L'homme s'appelle Adam parce qu'il a un corps et une âme ; à partir de cela, on peut comprendre la différence entre un fils de Noé et un Juif ». 

Israël Shahak, qui cite ce passage (EURABIA, n° 43, juillet-août 1975), conclut : « J'appelle cela du Nazisme juif ». 

Ce genre d'aberration serait-il un phénomène isolé ? Nullement. C'est ainsi que deux étudiants d'une université israélienne, Menakhem et Aryé, se réclament (dans HaAretz du 19/9/1975) de la vérité contenue dans l'affirmation divine : « Je vous ai choisis ». Ils précisent ainsi leur pensée: « C'est la même chose avec les animaux… Le Gentil (Goy) a été créé aussi pour une raison bien particulière. La différence entre les Juifs et les Gentils est une différence de nature. C'est une différence d'essence, comme celle qui existe entre le monde minéral et le monde animal… Nous nous référons totalement à la parole : Je vous ai choisis. C'est cela qui crée une différence de nature. » 

Emile Gillabert, un psychanalyste non-conformiste, publie, en 1977, un ouvrage sur « Moïse et le phénomène judéo-chrétien » (Le Monde du 10//1977). A ses yeux, le phénomène de l'hitlérisme a pris le contrepied du judaïsme : il est une réponse, marquée par la folie, « à l'entreprise mégalomaniaque » de la geste guerrière Yahvé-Moïse. Gillabert énumère « les manifestations semblables » des deux phénomènes : surestimation pathologique, orgueil, intolérance, mépris, xénophobie, autoritarisme, incapacité de se remettre en cause, suspicion, crainte exagérée de l'agressivité d'autrui, persécution, logique reposant sur des prémisses fausses. Il conclut en disant : « Hitler est le seul exemple de l'histoire à avoir fourni un fanatisme racial à la mesure de celui d’Israël. Il répondait à une idéologie fondée sur le sang par une autre idéologie fondée sur le sang ». On comprend que l'ancien secrétaire de presse du Dr Goebbels, Wilfried von Owen, qui s'est réfugié à Buenos Aires, puisse assurer, aujourd'hui, que « certaines des grandes théories nationales-socialistes sont encore valables. Amateur de parodoxes ( ?), il estime que les Israéliens sont les premiers à le démontrer, en appliquant le slogan hitlérien du Blut und Boden (« le sang et la terre») qui incite à défendre son pays au prix de son sang » (Le Monde du 23 juillet 1975). 

Un député britannique, R. J. Maxwell-Hyslop, a déclaré, à la Chambre des Communes, le 18 octobre 1973, qu'en visite à Jérusalem, six semaines après la guerre de juin 1967, il est invité à déjeuner par le président de la Commission des Affaires étrangères à la Knesset, le Dr Hacohen. Celui-ci attaqua les Arabes avec un tel mépris, que l'Anglais lui dit : « Je suis profondément choqué de vous entendre parler d’êtres humains en des termes qui devaient être ceux de Julius Streicher quand il parlait des Juifs. N'avez-vous donc rien appris du passé ?» Jusqu'à mon dernier jour je me souviendrai de sa réponse. Il tapa sur la table avec les deux mains et dit : « Mais ce ne sont pas des êtres humains : ce sont des Arabes ! » (C.R. des séances de la Ch. des Communes, col. 502,18/10/73).

Une curieuse « annonce payée » (mais un journal est toujours libre de refuser ce genre de publicité) a paru, sous le titre de : « Vous ne laisserez pas âme qui vive », dans une page bimensuelle du supplément religieux de Maariv, le 13/8/1976. On peut y lire ceci :

« Comment une nation » (juive, bien entendu), « dont le niveau moral est aussi élevé, a-t-elle pu en venir à exterminer les gens, hommes, femmes et enfants, qui se trouvaient sur son chemin vers la Terre promise ?… 

La réponse est la suivante : le caractère sacré de la vie humaine, en tant que valeur suprême, n'est pas contenu dans la Bible. C'est tout simplement une invention des Gentils… Il est des situations qui peuvent exiger la mort des hommes et même la destruction du monde entier ». 

Le journal de Felicia Langer, Zu Ha-Derekh, a publié, le 26 janvier 1977, le texte suivant (reproduit par Afrique-Asie n° 144 du 19/9/1977) :

La solution de Meïr Khalfon

(A leur tour, les sionistes proposent une « solution finale » pour régler le problème palestinien.)


Le lycée municipal A., de Beersheba, comme tout établissement scolaire qui se respecte, publie mensuellement une feuille qui permet aux élèves, ou en tout cas aux « bons » élèves, de discourir plus ou moins doctement sur les sujets les plus divers. Dans l'édition du début de l'année, par exemple, il y a eu une grande discussion entre plusieurs élèves de la classe terminale (17-18 ans) sur le problème arabe. 

L'élève Meïr Khalfon écrit : 

On parle beaucoup des dangers de l'accroissement rapide de la population arabe dans les diverses régions de l'État d’Israël, de leur assimilation à la vie de l’État, et du fait que la jeunesse arabe se joint aux terroristes. Il y a aussi l'anxiété perpétuelle devant la terreur et l’éventualité que des civils soient frappés. Il faut donc agir fermement et prendre les mesures préventives suivantes : 

- Tout Arabe attrapé et accusé d'appartenir à une organisation hostile sera emprisonné immédiatement pour une longue période, sa maison sera détruite et sa famille expulsée vers un des pays arabes. 

- Il faut limiter l'aide financière aux municipalités et aux politiciens arabes, afin de les réduire à la misère, et utiliser cela pour établir fermement le pouvoir d’Israël dans ces villes. 

- Lorsque des Arabes manifestent et protestent, il faut leur tirer dessus immédiatement, et ne jamais se conduire avec réserve, à partir du moment où ils essaient de résister, de quelque manière que ce soit, aux soldats de l'armée de défense d’Israël. 

- Tous les terroristes qui vivent actuellement dans le confort des prisons israéliennes doivent être transférés dans des prisons spéciales.

- Il faut établir des sortes de ghettos fermés, où on mettra tous les Arabes sur la terre d’Israël ; et toute sortie de ces ghettos, que ce soit pour aller travailler ou pour tout autre motif, sera contrôlée par l’armée, si bien qu’au moment d’un acte terroriste, il sera facile de découvrir ceux qui l’ont perpétré. 

- Il faut empêcher l'aide économique et médicale aux musulmans [souligné dans l'original] vivant dans des pays arabes touchés par la guerre ou d’autres calamités ; cette aide doit être redirigée vers les pauvres de notre pays. 

- Les études des Arabes seront limitées au lycée. S'il veulent les continuer, qu’ils le fassent dans un pays arabe, à condition de ne jamais être autorisés à revenir en Israël. 

- Limiter les mouvements des Arabes dans les villes juives. 

- L’armée doit annexer le Sud-Liban et en expulser tous les habitants musulmans. 

- Créer une unité spéciale contre le terrorisme, indépendante de l'armée, qui agira de son propre chef en Israël et à l'étranger pour exterminer l'ennemi palestinien et liquider les dirigeants terroristes. Il faut se souvenir et apprendre sans relâche : « Un Arabe reste un Arabe, et l’État d’Israël n'appartient qu'aux Juifs ! »

Sous le titre : « Nazisme au lycée municipal », deux filles de la même classe, Ronit et Haggit Hagai, font remarquer que Meïr Khalfon n'est rien d'autre qu'un hitlérien, tout en soulignant que la maladie est de plus en plus répandue en Israël. [...]

Le 9 mars 1977, c'est encore à Ramalla, à l'hôpital cette fois, qu'Eytan Grosfeld, collaborateur d'Israël Shahak, est allé voir des étudiants du Centre de formation d'enseignants, qui avaient organisé une grève de solidarité avec les prisonniers, d'Ashqelon : frappés pendant des heures, couverts de blessures, de fractures ouvertes, certains avaient les mains et les jambes brisées (EURABIA n° 77 d'avril 1977, p. 14). On comprend que Shmuel Toledano, démissionnaire, en janvier dernier, de ses fonctions de conseiller de premier ministre pour les Affaires arabes (depuis douze ans), peu suspect de tiédeur, puisque, pendant quinze ans, il fut agent du Mossad à l'étranger, ait pu déclarer au journaliste Doron Rosenblum (Ha-Aretz du 28/1/77) : « Je ne voudrais pas être la place d'un Arabe en Israël ».

Vincent Monteil (1913-2005, le dernier des grands orientalistes français), "Dossier secret sur Israël : Le terrorisme"